L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : En Adriatique
Message Publié : 10 Mai 2006 23:34 
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Ne pouvant atteindre l’Angleterre dans son île, Napoléon songe toujours à la frapper en Egypte et forme à cet effet une flotte en Adriatique dont l’Empire français ou ses satellites occupent les deux rives.

C’est dans ce contexte en effet que le ministre de la Marine Decrès met Dubourdieu à la disposition du Prince Eugène et en lui donnant l’ordre de rejoindre Milan, lui écrit en ces termes : "Il faut gagner par là, par vos services, une distinction toute particulière. Je ne pouvais vous mettre sur un théâtre où vous puissiez ressortir davantage. C’est parce que je vous ai cru une forte et noble ambition et le désir de chercher des occasions extraordinaires que j’ai obtenu de S.M. qu’elle vous mit sous les ordres du Prince".

A Lissa, nom italien de l’île dalmate de Vis, actuellement yougoslave, au Sud-Est de Split (Spalato), les Anglais ont installé une importante base pour contourner le Blocus continental, comme Héligoland en mer Baltique, regorgeant de produits tropicaux et industriels et constituant en outre un dangereux repaire de corsaires.

Napoléon veut en finir avec cette île maudite et décide de s’en emparer en deux phases. D’abord une intervention limitée avec deux frégates, que l’on qualifierait aujourd’hui d’opération-commando ou de raid, c’est-à-dire un coup de main ayant pour objectif la destruction maximale des installations anglaises et la capture de prisonniers, puis une opération amphibie avec une division navale de six frégates et un corps de débarquement de 500 hommes.

Placé à la tête de deux frégates, Dubourdieu appareille d’Ancône le 23 octobre 1810. Il a la chance de ne pas rencontrer d’ennemis pour lui barrer la route, et après avoir forcé l’entrée du port Saint Georges de Lissa et détruit les magasins et ateliers anglais ainsi que plusieurs navires, il réussit à échapper à la flotte anglaise et rallie Ancône avec six prises, dont deux corsaires, et 300 prisonniers.

Mis en vedette par la réussite de cette opération, Dubourdieu est désigné pour former une Division navale à Venise et en prendre le commandement pour s’emparer de Lissa et y établir une base française.

Pour cette désignation, Dubourdieu a été en concurrence avec le capitaine de vaisseau Pendiez, plus ancien que lui, et pour régler ce conflit, le vice-roi propose à l’empereur d’élever le capitaine de vaisseau Dubourdieu au grade de contre-amiral "en France ou au service de l’Italie". L’intéressé a du reste, pris les devants en demandant cette promotion au ministre dans une lettre du 24 février 1811.

Dubourdieu suit de près la formation de cette Division navale franco-italienne, composée d’officiers français et italiens et d’équipages disparates, français, italiens (vénitiens pour la plupart) illyriens. Elle comprend en effet trois frégates françaises, trois frégates italiennes et quelques navires italiens secondaires, bricks et chébecs :

- frégates françaises de 44 canons : Favorite Capitaine Dubourdieu

" Danaé": Villon

" Flore": Péridier

- frégate italienne de 40 canons : "Corona": Pasqualigo

- frégates italiennes de 32 canons:

" Bellona ": Dodero

" Carolina ": Buratowich


Dernière édition par Bruno Roy-Henry le 24 Mai 2006 9:05, édité 1 fois.

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Message Publié : 23 Mai 2006 19:58 
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Le 12 mars, cette division partie de la veille d'Ancône, se présente devant le port Saint-Georges à Lissa. En plus des trois frégates françaises et des 3 autres vénitiennes, elle comprend deux goelettes et un chébec. Et transporte 550 soldats.

Les quatre frégates anglaises du commodore Hoste sont à six milles sous le vent. Dubourdieu ordonne de former également une ligne et d'attaquer à petite distance. Mais il commet l'erreur impardonnable de foncer seul avec sa frégate La Favorite, sans attendre les autres bâtiments...

Canonné simultanément par les 3 frégates de têtes des Anglais, il vise la frégate lourde l'Amphion, qui fait fonction de navire amiral et qui porte Hoste. Pour lui, tout va se résoudre par un duel entre les deux navires portant les deux chefs...

Il tente alors d'aborder celle-ci, après lui avoir envoyé la salve de ses pièces de 24. C'est au cours de cette manoeuvre que le pont de sa frégate est balayée par la mitraille des caronades anglaises... On est surpris qu'un chef aussi prometteur que Dubourdieu n'y ait pas songé...

Une partie de l'équipage qui se préparait à sauter sur le pont est couchée par ce feu meurtrier. Dubourdieu lui-même tombe et expire presque aussitôt !

Dès lors, le combat change d'aspect. Très menacées, les frégates anglaises reprennent l'avantage: bien qu'ayant engagées successivement leurs adversaires, nos frégates sont très malmenées. Drossées par les courants vers la côte, les deux lignes virent de bord pour s'en éloigner; la Favorite, désemparée, n'y parvient pas et va s'échouer sur la côte, désormais inutile...

Vers midi, après une vigoureuse défense, la Bellona amène son pavillon; les frégates françaises La Flore et la Danaë, très avariées, s'éloignent pour gagner l'île de Lesina, suivie de la Carolina vénitienne. La Corona, demeurée en arrière, sans mât d'artimon, sans vergues de hune, est prise vers 3 heures après une résistance honorable.

La Favorite est brûlée par son équipage qui n'est pas parvenue à la déséchouer. Sans désemparer, une fois à terre, cet équipage gagne le port de Saint-George et prennent pied sur un petit navire afin de regagner Lésina.

Les frégates anglaises se réparent à Lissa, tandis que La Danaë, la Flore et la Carolina le font à Lésina. Elles rallieront Raguse le 23 mars.

Dubourdieu, audacieux capitaine qui promettait, s'est-il laissé emporter par le désir d'obtenir un succès éclatant ? On peut le penser; sa supériorité numérique aurait dû de toute façon lui donner la victoire. Plutôt que de se mettre en situation de subir le feu des caronades anglaises, il aurait pu essayer un ballet comme sous l'Ancien Régime, de manière à désemparer les frégates ennemies (comme Renaud avec la Cybèle et la Prudente, en 1794).

A tout le moins, il n'aurait pas dû s'avancer isolément et imprudemment sur la frégate amiral portant son adversaire. Certainement que le désir de redorer le blason de la marine impériale aura compté dans son attaque téméraire. Il est mort en brave, mais sans profit pour l'éclat de la marine de Sa Majesté Impériale...


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