Inscription : 17 Août 2003 12:04 Message(s) : 30 Localisation : (94) Val-de-Marne - France
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Seule et regrettable exception dans l'armée napoléonienne : des meutes de chiens qui furent dressées pour tuer des hommes. C’est, en effet, sur la propre initiative du Général Rochambeau, Gouverneur général de l'île de Saint-Domingue ( après la mort de Leclerc ), que seront commises des atrocités sur la population noire avec des chiens dressés pour le combat.
Néanmoins, on associe Rochambeau à son prédécesseur, le général Charles Leclerc, à ce que l’on pourrait appeler une « guerre d’extermination » sur les populations noires, sans parler, bien sûr, de « génocide », terme si cher au pamphlétaire Ribbe. Voici donc une mise au point qui s’impose, compte tenu des attaques répétées sur le comportement de notre armée à Saint-Domingue : Tout en condamnant fermement les atrocités commises par les soldats français, je souhaitais mettre aussi l’accent sur la guérilla atroce qui fut menée par Toussaint-Louverture et son lieutenant Dessalines, et ce, je tiens à le souligner, bien avant l’expédition punitive de Rochambeau et de ses chiens. Pour cela, j’amène à la barre un précieux témoin à charge, nommé Étienne Descourtilz, médecin et naturaliste français ( 1775 - 1835 ) qui vécut à Saint-Domingue durant les terribles événements et qui fut l’un des plus éminents spécialistes de la faune et de la flore des Antilles. Lors de l’insurrection, des indigènes noirs, Étienne Descourtilz, fut réquisitionné comme médecin dans l’armée rebelle de Toussaint-Louverture. Peu après la prise du Cap par Leclerc ( 7 février 1802 ), c’est à dire une semaine environ après l’arrivée des troupes françaises dans l’île, Descourtilz est chargé par Toussaint-Louverture, de rassembler, non loin de cette ville, tous les colons blancs du Cap qui s’étaient réfugiés dans les mornes ( ce qui restait, car une partie des colons de cette ville avait été égorgée par les indigènes noirs ). Une fois les colons regroupés, Toussaint-Louverture leur fera un discours en jurant qu’on ne parviendra à lui « qu’en foulant les cendres des propriétés et des propriétaires ». Il fait ensuite rassembler les colons prisonniers en colonnes et les envois du côté de la rivière de l’Artibonite. Selon le médecin Descourtilz, une fois sur place, les blancs devaient être libres sur parole. En fait, ils furent tous poursuivis et massacrés.
Descourtilz témoigne :
Citer : « Leurs cervelles jaillissant de tous côtés, allaient s’attacher aux murailles ensanglantées ». L’endroit est couvert de cadavres mutilés. Les noirs envahissent ensuite la prison :Citer : « Les premiers numéros sont appelés deux à deux, attachés par les bras l’un à l’autre, dépouillés de leur argent, de leurs vêtements, puis lardés à coups de baïonnette ». Le lendemain, le massacre reprend et d’autres colons français sont criblés d’épines de cactus sous les aisselles et sous les cuisses et sont contraints à courir jusqu’au bout de leurs forces.Descourtilz : Citer : « Des femmes enceintes sont empalées, d’autres eurent les yeux crevés par des épingles, des enfants sont dévirilisés avec des mauvais ciseaux ». Les colons survivants continuent leur marche en direction du camp Plassac. Sur les lieux se trouvent des Espagnols qui avaient été réquisitionnés pour servir avec les insurgés. Mais les noirs décidèrent qu’ils n’avaient plus confiance en eux et les exterminèrent.Descourtilz : Citer : « L’un d’eux eut le corps scarifié profondément afin d’y pouvoir ranger des cartouches qu’on y allume. Non content de ces déchirements douloureux, on lui met dans la bouche un énorme marron d’artifice pour lui faire sauter la tête. Un autre a les membres désossés et son corps est ainsi abandonné. Un troisième est écartelé. Un quatrième a les paupières arrachées, les oreilles coupées, puis est saigné aux quatre veines ». Peu après, Descourtilz est enfermé à la Crête-à-Pierrot ou il assiste aux supplices de 6 soldats français. Descourtilz :Citer : « Le premier est dépouillé, éventré, a le cœur arraché, rôti, mangé ; tous ( hommes et femmes ) s’abreuvent au ruissellement de ses artères. Le second est dévirilisé, eut les intestins arrachés, enfin fut rôti. Le troisième a les membres cassés et est dépecé comme un animal. Le quatrième et le cinquième ont le corps déchiré pour y couler des balles fondues, puis attachés ensemble, ils sont jetés dans une casemate où on les laisse expirer. Le sixième eut les yeux crevés et arrachés, les ongles extirpés, le crâne scié en deux et ses restes ensanglantés sont jetés sur un feu autour duquel ces barbares dansaient, confondant leurs hurlements aux plaintes à demi étouffées des mourants qui expiraient dans des tourments affreux ». Selon Descourtilz, ce n’était là qu’une partie infime du martyr des blancs.Un colon, propriétaire et ancien député de Saint-Domingue, du nom de Jean-Baptiste Gérard, connu pour sa modération, relate ce que fut les mois de février et de mars 1802 :Citer : « Personne n’a pu imaginer cet excès de barbarie et de férocité de la part d’un homme » ( Toussaint-Louverture ) « Toussaint a tout ordonné, tout exécuté et s’est montré aussi cruel, aussi féroce qu’il se disait religieux et humain ».
Selon Jean-Baptiste Gérard, le second de Toussaint, ( Dessalines ) fut tout aussi barbare que son chef : Lieutenant de Toussaint-Louverture, le général Jean-Jacques Dessalines était d’une cruauté implacable ; il se livra à de nombreux excès dans ce domaine et aurait ordonné le massacre de plus de 1.500 colons blancs, qui furent torturés et égorgés, et fit pendre 500 officiers français. D’après Pierre Pluchon ( spécialiste d’Histoire coloniale d’ancien Régime et fut en poste à l’ambassade de France à Haïti ) il y aurait eu environ 20.000 blancs ( soldats et civils ) assassinés ou tués au combat dont plus de 3000 de tout sexe égorgés sur ordre de Toussaint-Louverture.
Qui commença la guerre d’extermination ? Peut-on ici aussi parler de crime contre l’humanité ?
À la décharge de Rochambeau et de ses chiens, qui ne justifie en rien, je le répète, les sauvageries qu’il a pu commettre avec ces animaux, il ne faut pas non plus occulter la barbarie et les actes d’inhumanité des insurgés noirs que je viens de détailler et qui dépassent de loin les limites du supportable. Je me dois d’ajouter également que toutes ces atrocités sont antérieures aux expéditions punitives de Rochambeau. Il n’est pas question ici de compter les points ou de prouver que l’un a été plus barbare que l’autre, mais simplement de faire, objectivement, la part des choses en dénonçant aussi les crimes monstrueux des autres. Pour ces soldats français, et certainement Rochambeau le premier, il faut essayer de comprendre quel fut leur état d’esprit au moment ou ils découvrirent leurs chemins littéralement jonchés de cadavres, des compatriotes femmes et enfants, ces corps ensanglantés et outrageusement mutilés. C’est une vision d’horreur qui a dû faire naître, dans l’esprit rudement éprouvé de ces hommes, la peur, la vengeance et, peut-être aussi la folie… !? Des atrocités ont été commises d’un côté comme de l’autre, on ne peut le nier et on ne peut être que consterné devant toute cette horreur.
Sources :
- « Voyages d’un naturaliste » par Etienne Descourtilz, Paris, Dufart père 1809. - « Voyage d’un naturaliste en Haïti 1799 – 1803 » par Etienne Descourtilz – Edition Plon 1935. - « Toussaint-Louverture » par Pierre Pluchon, Fayard 2002 - « L’esclavage dans les îles » par Jean-Louis Donnadieu – Historia thématique n°80 novembre 2002
_________________ MOUSTACHE un chien de légende
Membre des "Amis du Patrimoine Napoléonien" ( A.P.N. )
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