L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 23 Mai 2005 8:17 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Par Guy de Rambaud:

Sur les origines des Orléans en effet et leurs droits, je m’intéresse à l’histoire et suis obligé de constater que :

Certes les lois fondamentales de succession au trône éliminent les descendants des princes qui ont commis le crime de lèse-majesté. (1) Philippe Egalité a voté la mort de Louis XVI, trahison qui a été dénoncée même par Robespierre. Mais le 10 février 1793, Philippe-Egalité va plus loin. Il déclare à la Convention qu’il est fils d’un cocher devenu l’amant de sa mère. Celle-ci est interrogée par des personnes étonnées par les propos de son fils. La princesse répond à chaque fois qu’elle n’en sait rien, tellement ses amants ont été nombreux. « Lorsque l’on tombe sur un fagot d’épines, bien maligne est celle qui peut dire : c’est elle qui m’a piquée ! » Je parle d’une affirmation du soi-disant duc d’Orléans devant des centaines de témoins et en rien d’une « sottise colportée » par moi. Ce régicide insulte ce jour là une fois de plus la famille royale. Il dit qu’il est "fils d’un cocher; que par conséquent, on devait le regarder comme une vrai sans-culotte" et il abandonne ses droits de succession. Il nomme même son père, un certain Lefranc, mais cela n’a aucune importance. Je crois que ce Lefranc, payé 100 francs par an, pouvait ne pas être fier d’avoir été le père d’un tel personnage. Un fils bon cocher aurait été certainement un moins triste sire.

Raoul de Warren, historien, expert en généalogie reconnu de tous, président de l’ANF après la guerre, spécialiste du droit royal, nous précise au passage que les Orléans n’étant pas les aînés, n’ont aucun droit au trône et il ajoute que l’acceptation du trône en 1830, du fait d’une révolution sanglante, par Louis-Philippe, est lui aussi un cas de lèse-majesté :

« Cette double attitude doit exclure à jamais les Orléans de la succession à la Couronne, car, conformément à l'arrêt de la Cour de Paris rendu en 1457 en présence du Roi Charles VII à l'occasion de la trahison de Jean III, Duc d'Alençon, c'est non seulement le coupable du crime de lèse-majesté qui est exclu du trône, mais aussi tous ses descendants.
« On ajoute que les prétendus droits des Orléans sont basés sur la renonciation imposée à Philippe V.(2) Or, les Orléans eux-mêmes, renoncèrent au trône en la personne de Philippe-Egalité qui renonça solennellement au trône pour lui et ses descendants, la première fois le 14 septembre 1792, au Club des jacobins, la deuxième fois le 7 décembre 1792 devant la Convention. On a même le texte de cette déclaration signée de lui, où l'on peut lire : « Je ne crois pas que vos comités entendent priver aucun parent du Roi d'opter entre la qualité de citoyen français et l'expectative prochaine ou éloignée du trône ..... mais dans le cas où vous l'adopteriez, je déclare que je déposerais sur le bureau ma renonciation formelle aux droits de membre de la dynastie régnante pour m'en tenir à ceux de citoyen français. Mes enfants sont prêts à signer de leur sang qu'ils sont dans les mêmes sentiments que moi. Louis-Philippe Egalité. » (3)
Là encore il s’agit pas de « propager des sottises. » Mais de s'interroger sur des prétendants au trône. Un site anglophone très sérieux nous permet d’avoir la version complète de ces textes :

http://www.chivalricorders.org/royalty/ ... 6-29pe.htm -

Raoul de Warren rappelle que : « Si donc on veut admettre la validité des renonciations, les Orléans, pas plus que les Bourbon d'Espagne, n'ont de droits à la Couronne. »

Sur les origines des Orléans, Raoul de Warren, écrit :
« Il n'est même pas certain que le Comte de Paris appartienne à la Maison de France, car on a prétendu que Louis-Philippe n'était pas le fils de Philippe Egalité, mais le fils d'un geôlier italien nommé Laurent Chiappini. Si l'on en croit l'ouvrage du docteur Renato Zanelli : « Histoire du Roi Chiappini et de Maria-Stella Newborough » (4) Philippe-Egalité qui séjournait en Italie à Madigliana en 1773 avec sa femme, sous le nom de Comte et Comtesse de Joinville, eut une fille, Marie-Stella, née le 17 avril 1773, qu'il échangea avec le fils du geôlier Chiappini qui venait de naître à la même époque, car il était indispensable qu'il eut un fils et non une fille pour pouvoir hériter de son beau-père le Duc de Penthièvre. Il est troublant qu'à la suite d'une réclamation de Marie-Stella devenue Lady Newborough, un jugement du tribunal ecclésiastique de Faenza en date, du 29 mai 1824 ait ordonné une rectification de l'acte de baptême de Marie-Stella pour la déclarer fille « du comte Louis et de la Comtesse de Joinville. » (5)

Raoul de Warren oublie de préciser que nous sommes encore en 1773 et donc sous l’Ancien Régime. Louis XIV avait stipulé au contrat du (futur) Philippe-Egalité qu’en cas d’extinction des mâles dans la famille d’Orléans les apanages (6) consentis à Mademoiselle de Blois qui formaient la fortune des Orléans devaient retourner à la couronne. Comme la femme du duc venait de perdre sa seule fille après quatre ans de mariage et que les médecins racontaient en se trompant que la duchesse ne pourrait pas avoir d’enfants mâles… Le duc de Penthièvre, le beau-père du futur Philippe-Egalité voulait de son côté le déshériter, s’il n’avait pas d’héritier mâle.

La jeune fille élevée par le geôlier italien nommé Laurent Chiappini épousera lord Newborough, duc, descendant des anciens princes de Galles, pair d’Angleterre, puis à la mort de celui-ci le baron Sternberg, neveu du prince Palhen, Premier ministre du Tsar. Je sais que certains croient aux fables orientales, mais croient- ils aussi aux contes de fées où les filles de geôliers italiens épousent des princes, vivant à des milliers de kilomètres de leurs maisons ? Cette comtesse de Sternberg intente dès 1823, une action contre le duc d’Orléans. Mais, bien entendu, Charles X interdit que l’affaire soit jugée. Il lui confère même des lettres patentes qui lui reconnaissent la qualité de prince de sang. Louis-Philippe, le récompensera comme l’on sait, et préfèrera transiger avec la princesse élevée par son père, le gardien de prison.

Le titre de comte de Joinville sera porté à nouveau par le cinquième enfant de Louis-Philippe, mais le peuple le surnommera à tort « le prince de Joinville. » Philippe Egalité utilisait ce titre pour se déplacer incognito. (7)

Le jugement ne sera pas contesté par les Orléans, ni par Louis XVIII. Ce jugement réunira d’importants notables et fera un énorme bruit dans toute l’Emilie. Lorenzo Chiappini témoignera en 1821 et enverra à « sa fille » lui dévoilant une partie du secret. Marie-Stella avait déjà appris d’un sieur Fabroni, neveu du confesseur de la comtesse Borghi qu’elle était « la fille d’un grand seigneur français le prince de Joinville. »

Robert Ambelain affirme que Philippe-Egalité a disparu le 2 février 1773 (bal au Palais royal) et est réapparu le 6 mai 1773 (rencontre avec Louis XV). A-t-on la preuve que le duc était à Paris à cette époque ? Je sais qu’il ne reçoit pas les députés du G.O. :. venant lui offrir la maîtrise de l’Ordre.

Pour moi, comme naguère pour Raoul de Warren, qui était un cousin et un ami de mon arrière-grand-père, tous ces détails m’amènent à penser qu’il y a bien eu substitution.

Ambelain va plus loin :

« Louis XIII ne pouvait avoir d’enfants », cela reste à démontrer !

Philippe d’Orléans, oui effectivement… à première vue cela semble là-encore improbable, mais il ne faut pas juger trop vite ce prince et le Régent. Ce dernier est un grand homme. Mais Louis XIV lui fait épouser une bâtarde, doublement adultérine car ses parents étaient mariés. Alors que depuis 1600 les bâtards de la noblesse ne sont plus maintenus dans leur noblesse (même s’ils sont « reconnus » par Henri IV et Louis XIII, du fait des grands services rendus par leurs pères)

Là je suis très réservé sur ces rumeurs… et aussi d’autres plus récentes. Je laisse cela à certains journalistes… dont M. Delorme ne fait pas partie. Il est d’ailleurs lui aussi souvent un bon historien, mais je le trouve cette fois-ci frappé de cécité, et un peu trop partisan.

Bien amicalement.
Guy de Rambaud.

(1) Raoul de Warren, Les prétendants au trône de France, SGAF 1947.
(2) Les Bourbons d’Espagne ou « blancs d’Espagne »… « légitimistes », cousins de Juan Carlos.
(3) Voir Vicomte Walsh, Les journées mémorables de la Révolution française. 1840 Tome IV, p. 213.)
(4) Vous avez aussi un chapitre dans « Crimes et secrets d’état ». André Castelot en parle lui aussi, mais il commet beaucoup d’erreurs du fait de sa méconnaissance du fonctionnement des loges maçonniques. Robert Ambelain qui est franc-maçon reprend point par point les affirmations de cet excellent historien, mais qui parle de choses qu’il connaît mal.
(5) Ce jugement du 29 mai 1824 est prononcé par le provicaire général Valerio Borchi, spécialement mandaté par Sa Sainteté le pape Léon XII. Le jugement montre
(6) Ce que les souverains donnent à leurs puînés pour leur tenir lieu de partage. Donner une terre en apanage, ou pour apanage. Leurs apanages sont réversibles à la couronne.
(7) Robert Ambelain a retouvé une lettre du 18 mai 1777, où l’ambassadeur des Pays-Bas, signalait que le duc de Chartres avait entrepris un voyage en Hollande sous ce nom…


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Message Publié : 23 Mai 2005 13:15 
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Inscription : 04 Nov 2003 22:47
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Arguties que tout cela ! Les Lois Fondamentales du Royaume sont sans ambiguïté et ne comportent pas d'exception ! La dévolution de la Couronne de France obéit aux deux seuls principes intangibles et absolus de primogéniture et de masculinité . Et celui que ces principes désignent comme le Roi n'a pas la faculté de se soustraire à cet état : ni la lèse-majesté demeurée impunie , ni moins encore la renonciation à ses droits , ne peuvent le délier .
C'est pour ce motif que la renonciation de Philippe V est invalide , nulle et de nul effet , et que sa descendance est dépositaire de la Légitimité française . Louis XX est indiscutablement Roi de France.
Cette même raison prive de tout effet l'abdication de Charles X et de Louis XIX en 1830 . Le duc d'Angoulême n'est devenu Louis XIX qu'à la mort de Charles X , et le comte de Chambord n'est devenu Henri V qu'à celle de Louis XIX .
En d'autres termes , les d'Orléans ne peuvent légitimement prétendre à la Couronne , non parce que Philippe-Egalité et son fils ont trahi à deux reprises la branche aînée , mais tout simplement parce qu'ils ne sont pas en rang de succession utile.
Les données qui ont présidé à l'Institution divine du Trône de Clovis sont absolument claires et les tripatouillages des hommes sont impuissants à les modifier . "Rex de deo , et ad mortem perduces!"

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