Bonjour,
Citer :
En quittant le 70ème l’Empereur avait une figure sévère. Il se dérida en s’approchant de moi à petits pas, les mains derrières le dos, et quand je l’eus salué de mon épée, je lui trouvai l’air bienveillant. Après avoir attentivement fixé sur moi son regard d’aigle :
« Je vous connais ; vous sortez de ma Garde ? »
« Oui, Sire, j’ai eu l’honneur d’en faire partie, et je vous dois tous mes grades »
« Bien. Combien d’hommes présents ? »
« Mille huit cent trente, Sire »
« Combien en avez-vous perdu hier ? »
« Deux cent vingt »
« J’ai vu du moulin votre contenance devant l’ennemi, vous avez bravement repoussé ses charges. C’est bien, nous nous reverrons. Les prussiens ont abandonné beaucoup de fusils sur le champ de bataille ; qu’en fait-on ? »
« Sire, nous en faisons des jambons, suivant la coutume »
« Vous avez tort, grand tort. J’ai donné ordre de recueillir soigneusement ces fusils pour en armer nos gardes nationales dans l’intérieur, et l’artillerie est chargée de compter aux soldats qui en font la remise trois francs pour chaque arme conservée »
« Sire, cet ordre ne pas point encore été communiqué »
Se tournant alors vers le groupe doré qui le suivant :
« Vous l’entendez, un ordre aussi important n’est pas encore connu ; qu’on y remédie, et au plus tôt. Adieu, colonel, je suis content de vous et de votre régiment. »
Cela dit, l’Empereur passa à un autre régiment, vers ma droite, et peu à peu il s’éloigna tout à fait. Je ne l’ai plus aperçu depuis cette courte apparition, et Dieu sait si jamais elles doivent se réaliser, ces paroles de bonté et d’espoir sorties de sa bouche en me parlant :
« Nous nous reverrons ! »
Fantin des Odoards, Journal
Un témoignage touchant et très intéressant. . .
Amicalement