En 1812 Jean Pauly, armurier suisse installé à Paris, déposa le brevet d'un fusil à chargement par la culasse, tirant une cartouche à culot métallique prolongé par un tube de carton. Cette cartouche contenait balle, bourre et poudre, et le culot portait en son centre une petite pastille de fulminate de mercure. Un percuteur, armé par levier, venait frapper cette pastille quand, le tireur ayant pressé la détente, la gachette libérait ce percuteur.
Au début de janvier 1813, Savary avertit l'Empereur d'une découverte intéressante: "Sire, il existe à Paris, rue des Trois-Frères, un armurier nommé Pauly, qui est inventeur d'un fusil propre à l'usage des troupes, qui parait une découverte extrêmement avantageuse. Sur l'avis que j'ai eu que l'on cherchait à lui acheter son secret, je l'ai fait venir et lui ai fait apporter son arme. En ma présence, dans mon jardin, il en a tiré vingt-deux coups à balle en deux minutes. J'en ai été si étonné que je lui ai demandé si le général Gassiendi, du comité d'artillerie, avait vu cette découverte. Il m'a dit que oui, mais qu'il n'en entendait plus parler depuis qu'il était dans le besoin. J'ai pris alors sur moi de lui demander son fusil, que j'envoie au cabinet de Votre Majesté, parce qu'il m'a paru digne de sa curiosité. Le sieur Pauly m'a dit que ce fusil ne coûterait pas plus cher que celui d'infanterie; il pèse un quart de moins, et la cartouche à balle n'est que les deux cinquièmes de celle de l'infanterie. Tous les accidents auxquels le fusil d'infanterie est exposé par la pluie, par l'amorce, etc sont évités par celui-là. La seule précaution qu'il faut avoir avant de faire feu, c'est de relever le chien au repos avant de le charger. Je demande pardon à Votre Majesté, mais l'expérience que j'ai vue faite chez moi m'a rendu enthousiaste de cette arme, surtout pour les pistolets, qui sont si difficiles à recharger dans la cavalerie."
L'Empereur informé confiera une mission d'expertise à Duroc le 3 janvier. Malheureusement, cette affaire demeurera sans suite, ce qui est fort dommage. En effet, ce fusil avait une cadence huit fois plus élevée que celui de 1777 et possèdait des améliorations de mécanisme indéniables. Certains affirment que les études sur ce fusil ne furent pas menées à leur terme ! Il n'en est rien:
Si ce fusil offrait la cadence, stupéfiante pour l'époque, de pouvoir tirer 22 coups en 2 minutes ( sans trop prendre le temps de viser, il est vrai ). Il fut présenté à des essais en 1813, mais refusé. A juste titre, il faut le souligner car c'est encore là un de ces points sur lesquels d'aimables incompétents veulent démontrer la "carence technique" de Napoléon.
Beaucoup trop fragile pour être utilisé en campagne, il n'était pas au point au plan de l'étanchéité de la culasse par des "crachements" dangereux pour les yeux de l'utilisateur. Sa production se serait avérée trop complexe et coûteuse. ( En outre, mais la commission ne pouvait en faire état, en 1813 la France ne pouvait s'offrir le luxe des délais nécessaires pour la mise au point, puis pour les modifications à apporter aux ateliers de production des armes de guerre.)
Un des ouvriers de Pauly était un jeune allemand, Dreyse, qui mit au point plus tard, le fameux fusil Prussien du même nom.
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