L'Énigme des Invalides

J'incite également à penser qu'il s'agit d'une liberté du scénario par rapport à la vérité historique.
Dans ce film, Napoléon et Cipriani se tutoient.
Or, je doute qu'il en fut ainsi dans la réalité.
A moins que quelqu'un ne soit en mesure de me contredire...

L'empereur tutoyait Cipriani, cela ne fait aucun doute, notamment en public.

Il existait une grande proximité entre-eux, liée aux souvenirs communs. Cipriani avait partagé l'existence de la famille Bonaparte à Ajaccio, dans les années 1784/1789 environ. Il était -pour ainsi dire- de la famille... Il avait assisté aux débuts du général Bonaparte à Toulon.

Qu'en tête-à-tête, Cipriani ait tutoyé l'empereur n'est pas impossible.

Gourgaud, en tout cas, ne supportait pas cette amitié entre l'Empereur et Cipriani. Cela le mettait dans une rage folle ! Il est vrai qu'il était d'une jalousie maladive, ne supportant même pas l'intimité qui existait entre Napoléon et "la Montholon"...

L'Empereur tutoyait-il d'autres personnages dans l'intimité ?
Etait-ce le cas avec les membres de sa famille ?
Ceux-ci agissaient-ils de même avec lui ?

beaucoup de mystères entourent M.Cipriani : moitié espion moitié maître d'Hôtel, demi-frère de Napoléon peut-être (je ne sais plus où j'ai lu cette assertion), une mort énigmatique et une description de cette mort extrêmement succinte, une tombe introuvable, des proches (femme, enfants) qui ne cherchent pas à obtenir le rapatriement de ses restes (par exemple en 1840),... comment ne pas laisser courir son imagination à son propos ?

dispose-t-on d'un portrait de Cipriani ?

Mystère autour de Cipriani, c'est le moins que l'on puisse dire... Pour cette fable d'une proche parenté avec Napoléon, je l'ai moi-même cité dans mon ouvrage pour la combattre (mais Antoine de Caunes la reprend dans son film, M. N). Selon moi, Cipriani était plutôt le fils naturel de Salicetti.



Un portait, non ! Une caricature sans aucun doute. Et mieux, même ! Son masque mortuaire, celui qu'Antommarchi a fignolé à partir de l'empreinte prise à Sainte-Hélène.

Sur la caricature:

http://www.empereurperdu.com/forum/phpB ... highlight=

Cette empreinte aurait été prise le soir de sa mort par O'Meara. Je dois l'admettre, je n'ai pas de preuve de ceci. Sauf des indices et des présomptions.

La seule preuve, c'est la proximité de ladite caricature et du profil du masque Antommarchi !!!

Il y a aussi cette discussion sur Cipriani (et bien d'autres...):

http://www.empereurperdu.com/forum/phpB ... 63&start=0

Peut-être que Cipriani était un véritable ami de Napoléon.

Pour preuve, il ne demandait aucune gloire, ne revendiquait rien. Etre près de son ami lui suffisait.

en tout cas, quand on est prospère comme il semblait l'être, pourquoi diable aller s'exiler au bout du bout du monde si ce n'est pour suivre un ami et/ou pour accomplir une mission ?

Joséphine, avez-vous pensez à Joséphine qui continua à entretenir une réelle relation amicale avec l'Empereur?
Les lettres qu'ils s'envoyèrent encore après le divorce, le prouvent:

Mon amie , je reçois ta lettre. Eugène te donnera des nouvelles de mon voyage et de l'Impératrice. J'approuve fort que tu ailles aux eaux. J'éspère qu'elles te feront du bien.
Je désire bien te voir. Je compte être à Saint-Cloud le 30 du mois.
Ma santé est fort bonne; il me manque de te savoir contente et bien portante. Fais-moi connaître le nom que tu voudrais porter en route.
Ne doute jamais de toute la vérité de mes sentiments pour toi; ils dureront autant que moi; tu serais fort injuste si tu en doutais.

Lettre écrite dans les premiers jours de juin 1810, au retour du voyage en Belgique.

Et à mon sens, la plus belle:

Fontainebleau, le 16 avril 1814
Je vous ai écrit le 8 de ce mois ( c'était vendredi) et peut-être n'avez-vous pas reçu ma lettre, on se battait encore, il est possible qu'on l'ait interceptée; maintenant les communications doivent être rétablies. J'ai pris mon parti, je ne doute pas que ce billet ne vous parvienne.
Je ne vous répéterai jamais ce que je vous disais; je me plaignais de ma situation, aujourd'hui, je m'en félicite, j'ai la tête et l'esprit débarassés d'un poid énorme; ma chute est grande, mais au moins elle est utile, à ce qu'ils disent.
Je vais dans ma retraite substituer la plume à l'épée. L'histoire de mon règne sera curieuse; on ne m'a vu que de profil, je me montrerai tout entier. Que de choses n'ai-je pas à faire connaître. Que d'hommes dont on a une fausse opinion!... J'ai comblé de bienfaits des milliers de misérables! Qu'ont-ils fait dernièrement pour moi?
Ils m'ont trahi, oui, tous; j'excepte de ce nombre ce bon Eugène, si digne de vous et de moi. Puisse-t-il être heureux sous un roi fait pour apprécier les sentiments de la nature et de l'honneur!
Adieu, ma chère Joséphine, résignez-vous ainsi que moi, et ne perdez jamais le souvenir de celui qui ne vous a jamais oubliée et ne vous oubliera jamais.
Napoléon
PS: J'attends de vos nouvelles à l'Ile d'Elbe; je ne me porte pas bien.



Cette lettre fut la dernière que reçut Joséphine. Elle mourut 42 jours après que Napoléon l'êut écrite, le 29 mai 1814.

Vu le temps écoulé entre ces deux lettres, nous pouvons penser aisément que Joséphine répondait.

_________________
L'art d'être tantôt très audacieux et tantôt très prudent est l'art de réussir. N.

merci pour cette lettre magnifique autant qu'émouvante..

la réponse est flagrante : nous cherchions des amis alors qu'il fallait se souvenir d'une amie...

l'amitié sincère entre un homme et une femme est une chose rare qui rehausse encore le personnage

Napoléon aimait tellement Joséphine que même après son divorce, il ne se sont jamais tout à fait quittés.

C'est vrai que Joséphine était son amie!