François a écrit :
En 1868 , un ami de François-Régis Chantelauze , historien de Louis XVII et du cardinal de Retz , visite Saint-Denis . Il est intrigué par le cercueil en plomb sans inscription et s'informe à son tour . On lui explique que c'est sans doute le cardinal de Retz découvert il ya ... trois ans (!). Il informe aussitôt son ami Chantelauze , spécialiste du cardinal , qui lui répond , le 5 mai 1868 , qu'il connaît bien Viollet-le-Duc et va lui demander d'ouvrir le cercueil.
Surprise ! Le 4 août 1869 , Chantelauze écrit à nouveau à son ami pour l'informer du résultat de sa démarche auprès de l'architecte. Voici ce qu'il lui dit :
" M.Viollet-le-Duc , qui dirige cependant en chef les travaux de Saint-Denis , ne m'a pas semblé bien comprendre ce dont je venais lui parler .Il m'a eu l'air de ne se souvenir que très vaguement qu'il y eût un cercueil de plomb déposé dans le petit caveau royal de la crypte , et il n'a jamais entendu dire que ce fût plutôt celui de Retz que celui de tout autre personnage .Je lui objectai qu'il serait bien facile d'établir la vérité sur ce point en faisant ouvrir le cercueil. A ce mot , ce grand architecte a bondi de toute sa hauteur .Je lui proposais là une chose absolument inattendue et qui n'était pas de sa compétence ...Ouvrir le cercueil , cela lui semblait être plutôt du ressort du Chapitre de Saint-Denis ...Il me recommanda d'aller voir un abbé membre de ce chapitre , M.Jacquemet , qui possède à fond son église abbatiale et qui a publié un livre sur les tombeaux....Je m'en fus aussitôt voir cet abbé ...Il me parut en effet savoir beaucoup de choses , hormis celle qui m'intéressait . Il me parla longuement...mais il ne savait pas le premier mot de ce dont je venais lui parler .
Il paraît donc , mon cher ami , que le cercueil de la crypte n'intéresse personne de ces messieurs , et qu'il leur importe peu qu'on y trouve ou non ce qui peut rester du cardinal de Retz...Le chanoine Jacquemet , à qui m'avait envoyé M. Viollet-le-Duc , m'a , à son tour , renvoyé à M.Viollet-le-Duc lui-même. C'est lui seul qu'une semblable initiative concerne , me répondit l'abbé.
De telle sorte , mon cher ami , que je ne suis pas plus avancé qu'au premier jour , et qu' à moins d'un ordre très supérieur , le pauvre cardinal ( si tant est que ce soit lui ) continuera à être foulé aux pieds dans sa chape de plomb par les visiteurs de la crypte...
Je ne veux cependant pas perdre tout espoir de tirer cette affaire au clair . Quand vous serez de retour , nous en conférerons de nouveau:il doit y avoir quelque moyen pour obliger cet architecte à faire ouvrir le cercueil..."