L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 02 Déc 2011 12:39 
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Albert Benhamou semble s'être rallié à la thèse du Masque de la Malmaison, comme étant le masque authentique de Napoléon, moulé sur le visage impérial par Burton, le 7 mai 1821, puis remodelé par Antomarchi dans "ses parties périphériques"... Ce masque de la Malmaison que nous appelerons désormais pour plus de commodité, le masque "José", nom du neveu d'Antomarchi qui prétendait en faire don à Napoléon III.

http://www.lautresaintehelene.com/autre ... aison.html

Nous rejetons entièrement ce roman, comme nous allons le détailler ci-après :

Citer :
Le docteur Antommarchi, une fois arrivé à Londres, put reprendre possession de ses bagages parmi lesquels se trouvait la caisse qui renfermait le moule positif de la face de Napoléon.


Correct. Sur ce point, tous les historiens sont d'accord, à condition de comprendre "la face" comme le visage de Napoléon. Sauf le baron de Veauce qui ne retenait qu'une "mini-face", selon une expression heureuse détaillée sur un autre forum...

Citer :
Bertrand lui demanda de créer un masque mortuaire en plâtre afin de l'envoyer à Madame Mère à Rome. Antommarchi a donc dû recomposer un masque complet, y compris une partie de la tête, en utilisant le moule positif et en le complétant par un ajout crânien, fait de mémoire, pour remplacer la pièce manquante qui, on le supposait, était restée en possession du docteur Burton après qu'il l'eût saisie à Longwood.


Malheureusement, l'accord ne dure pas et M. Benhamou avance une première contre-vérité ! Bertrand n'a jamais demandé à Antomarchi de créer un masque en plâtre en vue de l'expédier à Madame Mère. Il a demandé de réaliser une copie en plâtre fin afin de préserver les traits authentiques de l'Empereur au cas où l'original viendrait à être détruit ou à se perdre. 1

Citer :
Cette opération a été réalisée avec l'avis et l'accord de Bertrand. Et, pour éviter tout risque de perte en cours d'expédition à Rome, Bertrand demanda à Antommarchi de réaliser une autre copie qu'il garderait en lieu sûr à Londres, au cas où celle expédiée à Rome viendrait à se perdre.


Confirmation de ce que nous constatons. M. Benhamou interprète les écrits de Bertrand et leur font dire le contraire de ce qui est exprimé ! La copie est réalisée sur l'ordre de Bertrand, ce qui est exécuté par Antomarchi. A la suite de quoi nous sommes en présence de deux masques : l'original et sa copie. Ce qui exclut d'autres copies. 2

Citer :
Mis à part le masque envoyé à Rome, et celui de secours déposé auprès de Bertrand, il est possible qu'Antommarchi ait fait une autre copie que Bertrand aurait envoyée à Joseph Bonaparte en Amérique, comme étant le frère aîné de Napoléon, et donc le chef de la famille Bonaparte. Un tel masque a été répertorié parmi les collections du musée de Malmaison.


Possibilité n'est pas certitude. A dire vrai, c'est totalement exclu puisque Bertrand se proposait de recevoir les instructions de Madame Mère au préalable. Aucun masque ne fut réalisé à l'intention de Joseph. C'est si vrai que Joseph dut attendre 1833 pour recevoir un masque de la souscription qui lui fut adressé par Antommarchi. 3

Qu'une énième version du masque dit d'Antomarchi figure sous la rubrique "masque adressé à Joseph" à la Malmaison, ne prouve rien, sauf à démontrer que ce serait celui de 1833.

Citer :
Quant à l'original, c'est-à-dire le moule fabriqué par Antommarchi à partir du masque facial et des ajouts crâniens qu'il a dû réaliser, le docteur le garda, comme sa pièce d'ouvrage, et la fit expédier avec ses bagages au port de Livourne en Toscane, là où il devait se rendre pour reprendre ses affaires où il les avait laissées depuis son départ pour Sainte-Hélène deux ans et demi auparavant. Dans son ouvrage de 1825, Les derniers momens de l'Empereur Napoléon, il avait avec raison écrit: "Je restai possesseur du masque que je conserve religieusement." Par "le masque", il faut entendre celui originel fait à Londres, en combinant la partie faciale faite par Burton et des ajouts d'Antommarchi pour la partie crânienne, et qui servit à réaliser les copies sus-mentionnées.


Voilà que l'on glose sur la notion "d'original". Ce n'est plus le masque facial pris à Sainte-Hélène par Burton et expédié à Rome pour être remis à Madame Mère, c'est le moule du prétendu masque facial et des ajouts crâniens (et le cou complet), réalisé par Antomarchi. Ce moule a dû exister bien évidemment. C'est le creux, le négatif du masque de Cipriani, tiré de l'empreinte prise sur ce dernier le 28 février 1818 par O'Meara ou Baxter. Ajoutons que ce creux n'a jamais été retrouvé. Par contre, il est certain qu'Antomarchi en a tiré le masque de la Malmaison qui a servi, incontestablement, à réaliser le masque dit "Bertrand" et remis à son épouse comme en témoigne la dédicace écrite par Antomarchi à l'intérieur. 4

Citer :
Le masque expédié à Rome est bien arrivé sans encombre chez Madame Mère et le cardinal Fesch en eut la garde. Son biographe, l'abbé Lyonnet, en fit état dans son ouvrage (cf. L'autre Sainte-Hélène, page 367). Ce buste a dû continuer à être en possession de la famille Bonaparte, notamment par le chef de la dynastie, et passa notamment par les mains du Prince Victor.


Ceci est incontestable, mais concerne le masque authentique, celui réalisé par Burton à Sainte-Hélène. M. Benhamou se trompe totalement quand il affirme qu'il s'agirait du nouvel original modelé par le médecin corse. En tout cas, il n'en a aucune preuve, pas plus qu'il n'est en mesure de prouver que ledit masque aurait été récupéré par le prince Victor. Le masque dit "du prince Victor", fut donné par Mme Hortense Thayer, fille de Bertrand, au prince Victor, en 1891. 5

On voit bien par là, qu'il n'y eut aucune transmission via Madame Mère, puis le cardinal Fesch. Le véritable original, le seul masque authentique de Napoléon, fut vraisemblablement recueilli par Caroline Bonaparte au décès du cardinal. 6

Citer :
Puis, selon des sources, ce masque avait été offert au Musée de l'Armée, du temps où le général Exelmans en était le gouverneur, et où il se serait brisé. A moins qu'il y ait eu confusion avec le masque Bertrand. En effet, cette copie de secours avait été récupérée par la suite par le grand-maréchal et resta en sa possession. A sa mort, suivant la volonté de son père, sa fille Hortense, épouse Brayer, en a fait don au Prince Victor. Ce masque se trouve aujourd'hui dans les collections du Musée de l'Armée à Paris, et il n'est pas brisé !


La confusion est totale, c'est le cas de le dire !!!

Citer :
D'après Gérard Azémar, un descendant d'Antommarchi, mise à part les copies Madame Mère et Bertrand, d'autres copies avaient été réalisées:
- une pour le sculpteur Canova qui fut restituée à Madame Mère, qui l'offrit au Baron Larrey: ce masque aurait été exposé à la chapelle Saint-Louis des Invalides où il a été volé; un autre masque était supposé avoir été envoyé à Canova, mais son histoire est frauduleuse (voir le masque Burghersh); il se pourrait que cette autre version Canova soit elle aussi fausse, et que le masque ayant appartenu au Baron Larrey aurait simplement été un exemplaire de la souscription 1833


Ceci est fort possible, mais ne concerne finalement que les différentes versions du masque frauduleusement réalisé par Antomarchi afin de passer aux yeux de la postérité pour le masque mortuaire de Napoléon !

Citer :
- une pour Marie-Louise, qui deviendra le masque "Baden" ou "Lebendmaske": cependant, compte tenu de la très faible ressemblance de ce masque avec un masque de type Antommarchi, cette version semble peu plausible.


Le "Lebendmaske" est une autre fraude, réalisée probablement grâce à la complicité du comte Léon. Ce masque, en effet, présente des ressemblances troublantes avec ce dernier... Dont on sait qu'il était toujours désireux de s'enrichir à moindre frais !

Citer :
Quant au moulage fabriqué par Antommarchi, il a ensuite servi à réaliser un moule "industriel" qui permit de reproduire plusieurs copies en bronze et en plâtre pour la souscription de 1833. Antommarchi conserva cette nouvelle copie parmi ses souvenirs. Lorsqu'il décida de quitter la France en septembre 1834, il fit expédier en Corse tous ses souvenirs napoléoniens à son frère Domingo (Dominique) qui vivait dans leur ville natale, Morsiglia, dans la maison même du docteur. Antommarchi arriva à la Nouvelle-Orléans en fin 1834. Puis, il se rendit auprès d'un cousin à Cuba, Antoine Antommarchi, propriétaire de plantations de café, et il mourut le 2 avril 1838 à Santiago de Cuba.


Sur ce point, rien à objecter. C'est historique.

Citer :
A Paris, la société de fonderie de 1833 fut rachetée par une autre, Susse Frères, après quelques années. On procéda à la fabrication d'une nouvelle série de masques en bronze et en plâtre et, pour ce faire, on fabriqua un autre masque industriel qui servit à cette reproduction. Ce masque a ensuite été acheté en 1841 par Démidoff pour la collection napoléonienne qu'il conservait et exposait dans son musée de l'île d'Elbe. A la mort de Démidoff, sa collection fut dispersée par son neveu, héritier, et le masque a été acheté aux enchères par Lord Rosebery, l'auteur du fameux livre La dernière phase. Ensuite, il fut acheté par Octave Aubry auprès d'un antiquaire qu'il l'avait acquis aux enchères faites à la mort de Rosebery en juillet 1933 (centenaire de la souscription!): il se trouverait donc aujourd'hui dans une collection privée. Ce masque porte une couleur jaunâtre prononcée qui viendrait de la cire utilisée dans le procédé de reproduction, d'après sa description.

Masque Démidoff (source photo: d'Hautpoul)


Mais ce masque n'est-il pas le même que celui qui est exposé à l'ïle d'Elbe, dans la chapelle de la Miséricorde ? De toute façon, c'est toujours une énième version de la fraude d'Antomarchi...

Citer :
L'odyssée du masque Antommarchi, fabriqué à Londres en août 1821, est ensuite expliqué par les membres de la famille Antommarchi qui ont publié quelques essais sur cette question. Au décès de Dominique, en 1868, on trouva un testament rédigé de sa main par lequel il léguait tous ses biens à son demi-frère, José-Maria, qui vivait alors à Caracas au Vénézuéla. José-Maria vint en Corse en 1869 pour prendre possession de l'héritage familial, dont le masque mortuaire. Les affaires furent ainsi expédiées à Caracas. José-Maria, qui avait connu son demi-frère Antommarchi à Port-au-Prince à Cuba en 1837, un peu avant sa mort, a cependant voulu accomplir la volonté de celui-ci en offrant le masque au chef de la famille Bonaparte, c'est-à-dire Napoléon III à cette époque. Une correspondance officielle eut lieu à ce sujet entre José-Maria, l'ambassade de France au Vénézuela et la maison impériale à Paris. Mais la guerre de 1870 viendra contrecarrer ses plans, et le masque resta en possession de la famille Antommarchi.


Intéressant, mais cette offre se termina sur un refus. Les explications emberlificotées de José Antomarchi, fils de José-Maria n'y changent rien. Je reviendrais sur cette question.

Citer :
José-Maria fit publier en 1873 par un ami, le docteur Aristide Rojas, une notice expliquant l'origine du masque, où il déclarait être en outre en possession du moule qui avait été utilisé par le fondeur de la souscription 1833. Cette notice indiquait contenir les pièces suivantes:
- le masque original de Napoléon (celui fabriqué à Londres en août 1821, à partir du moule facial de Burton de mai 1821)
- l'ébauche du premier masque qui servit pour faire couler le moule en bronze (celui utilisé par le fondeur de 1833)
- le masque de bronze (une des premières copies sorties en 1833: Antommarchi en avait pris deux avec lui en quittant la France; et il offrit l'une de ces copies à la ville de la Nouvelle-Orléans, où elle figure toujours dans le musée municipal)


Mêmes remarques.

Citer :
José-Maria émigra à Bogota en Colombie en 1884. Plus tard, en 1905, sa fille Elisa se maria avec un Français, un certain Azemar, de Saint-Gaudens près de Tarbes, et rapporta le masque en France, qu'il n'aurait jamais dû quitter. Leur fils, Edouard, le mit en dépôt auprès du Musée de Malmaison en 1921 (lors des célébrations du centenaire de la mort de Napoléon), puis la pièce fut définitivement acquise par ce musée en 1944.


Précisions intéressantes, mais qui ne sont pas de nature à influer sur les réalités de la fraude du barbier corse... :salut:

Notes :

1/ La volonté de Bertrand nous est connue par l'existence du dessin d'Hervé fait à partir du plâtre monté à Sainte-Hélène et réalisé par le miniaturiste Hervé, ainsi que par ses instructions concernant une copie dudit plâtre :

"Cette caisse renferme un plâtre de la tête de l'Empereur Napoléon fait d'après le masque exécuté à Longwood par le Docteur Antommarchi (mensonge de Bertrand sur l'auteur du masque). Le comte Bertrand l'a déposé chez X... afin que si l'original venait à se perdre ou à se briser dans le transport de Londres à Rome, on pût en retrouver la copie. Il ne pourra être disposé du plâtre inclus dans cette caisse que d'après l'ordre du comte Bertrand et en conformité aux instructions que Madame, mère de l'Empereur, lui fera connaître.

Londres, ce 1er septembre 1821."

2/ L'original était expédié vers Rome par la voie maritime, via les douanes anglaises. La copie était réalisée avant le 1er septembre. Les dispositions concernant la copie s'appliquaient évidemment à l'original qui ne pouvait être remis qu'à Madame Mère, seule à même de décider l'usage qui en serait fait. Supposer qu'Antomarchi ait pu décider de la remise d'un exemplaire autre que celui du masque authentique réalisé par Burton, le 7 mai 1821, est évidemment impensable et doit être rejeté.

3/ Joseph aurait reçu un exemplaire de la souscription de 1833 et en aurait remercié Antomarchi. A vérifier...

4/ A l'impareggiabile merito di Madame Bertrand
Antommarchi
27 agosto 1821

Traduction: Au mérite sans pareil de Madame Bertrand, Antommarchi, 27 août 1821.

Si ce masque a été remis à Mme Bertrand, il n'est pas prouvé que ce soit le 27 août 1821. C'est certainement la date de l'exécution de la copie du masque authentique, mais on voit mal le "modeleur" réaliser deux "oeuvres" le même jour. Finalement, nous pensons que cette copie du "José" a été effectuée plus tard.

5/ Hortense Bertrand épouse Thayer (1809-1889). Selon ses dernières volontés, ce masque devait être remis "au prince impérial". Jérôme-Napoléon (Plonplon) étant décédé en 1891, c'est son fils Victor qui en recueillit le leg.

6/ Né à Ajaccio le 3 janvier 1763, il est mort à Rome le 13 mai 1839. Bien qu'il ait donné une grande partie de ses oeuvres à la municipalité d'Ajaccio, le cardinal avait légué une part importante de ses biens à sa nièce préférée, Caroline Bonaparte.

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

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Message Publié : 02 Déc 2011 21:57 
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Citer :
(1) OK pour le baron de Veauce: nous sommes d'accord qu'il a exagéremment rétréci la "face", probablement pour expliquer les lignes de brisure sur le masque Burghersh.

(2) Pour le plâtre envoyé à Mmé Mère: votre thèse est que c'est l'original Burton, si je vous comprends. Pour ma part, je crois que l'original Burton était trop limité (rappelons la description de Graves qui parle du "simple visage" sans ceci et sans cela etc) pour être tel quel envoyé à la famille Bonaparte: elle se serait posé des questions pour savoir pourquoi on avait fait un masque simplement facial au lieu de toute la tête ! Donc ce que je pense est que Anto a fabriqué un nouveau moule/masque à partir du Burton, en utilisant celui-ci et en y ajoutant des parties pour compléter le masque Burton. Une fois ce nouveau moule fait, il a fait des copies (deux à coup sûr: celle de Mme Mère et celle de Bertrand). Et Anto avait gardé le nouveau moule, le seul à contenir encore la partie Burton. A mon humble avis, Bertrand n'aurait pas voulu envoyer à Mme Mère ce moule car 1- on voit bien sur le masque Malmaison qu'il est pas très parfait, et que sa description (recueillie auprès du musée) en fait plutôt une pièce d'atelier (raccords, épaisseur du plâtre, imperfections et bulles d'air, etc), 2- toujours la crainte de lever des questions sur comment on en était arrivé à ce masque-là (avec, à la clef, l'aveu que des mains anglaises s'étaient posées sur le visage de l'Empereur pour faire ce masque... ce que Bertrand cherchait à dissimuler, notamment en posant Anto comme celui qui avait fait le masque à Longwood -- voir sa lettre à Burton en mai 1821)

(3) Que devient le nouveau masque-moule qu'avait fait Anto en août 1821? Bertrand ne veut plus en entendre parler, sans doute, afin de mieux dissimuler le travail de Burton (et d'éviter même d'éventuels complications légales). Aussi, notamment parce qu'il l'avait déclaré devant le juge de Bow Street, le masque envoyé à Mme Mère est "l'original" (selon sa lettre du 1er septembre 1821): certes le masque Mme Mère devait être le premier masque issu de la recomposition Antommarchi. Mais Anto a gardé son travail, "religieusement" il dit, et c'est le masque qui deviendra celui de Caracas-Malmaison. C'est mon simple avis.
Ainsi on peut trouver des zones d'ombre dans ce qu'écrit Bertrand parfois en parlant notamment d'original ou de copie: c'était pour noyer l'histoire et le rôle de Burton, tout en restant en phase avec ce qu'il avait déclaré (sur l'honneur) devant un juge

(4) masque "Joseph": il s'agit sans doute d'un masque de la souscription 1833; je mentionnais qu'il s'agissait peutêtre d'une autre copie d'août 1821 parce que je l'avais lu quelque part. Mais je suis d'accord que ceci est moins probable, tout simplement parce que Bertrand ne s'était engagé qu'à envoyer le masque mortuaire à Mme Mère (et en gardant une copie de secours en lieu sûr). Donc je ne crois pas à la fable de plusieurs masques fabriqués en août 1821, comme le supposait le descendant Antommarchi. Si la volonté avait été de faire plusieurs masques, il eut été plus simple d'impliquer Burton dans l'opération et de lui laisser aussi une copie, ceci en conformité aux promesses qui lui avaient été faites par Mme Bertrand à Longwood. Mais c'était sans tenir compte de la volonté du grand-maréchal qui, lui, ne voulait pas avouer le rôle de Burton. Donc on se contenta d'envoyer le masque à la mère du défunt, comme juré devant le juge de Londres.

(5) Concernant les confusions sur les masques actuels, ou brisés ou volés, il faut simplement noter qu'il y a eu plusieurs masques "Malmaison", et plusieurs masques au "Musée de l'Armée". Alors il est difficile de savoir duquel masque un ouvrage parle quand il n'y a pas d'autre indication. Un musée donné a souvent eu plusieurs copies du masque. Mais si on parle du masque Malmaison acheté auprès de la famille Antommarchi-Azémar ou du masque Bertrand-Victor (celui de l'inscription) ou du masque Burghersh, on sait de quoi on parle.

(6) OK pour le masque Baden dit "Lebendmaske": la fraude est évidente

(7) masque Démidoff: c'est celui issu de la fonderie Susse Frères, comme indiqué dans mon article et reproduit par une photo (merci d'Hautpoul). Il y a bien un autre masque à la Chapelle de la Miséricorde, île d'Elbe, mais c'est un bronze, donc possiblement issu de la production Susse que Démidoff avait acheté (peut-être en même temps que celui en plâtre qu'il garda) et fait don à cette église.

(8) Démarches de José-Maria, terminées par un refus: il n'en a pas eu d'explication lui-même. On manque de détail sur la conclusion de cette affaire. Comme je l'ai déjà écrit ici, le refus a pu être causé par un "cerbère" qui veillait à ne plus importuner Napoléon III avec des supposées reliques de son illustre grand-oncle (il devait en voir passer plusieurs chaque année), ou alors Napoléon III aurait changé d'avis en ayant été mis au courant de controverses sur le véritable auteur du masque: José-Maria avait écrit un détail qui sonnait faux, à savoir que le Dr Antommarchi avait réalisé lui-même le masque sur le visage de l'Empereur: or en 1870, cette version des faits était déjà reniée par au moins deux témoignages anglais publiés antérieurement (Dr Graves, Mme Ward).
Mais je suis d'accord qu'il y a eu accord tout d'abord (ceci est avéré par toute la correspondance en question) et ensuite refus (sans que l'on en connaisse la raison précise). Ce refus aurait évidemment été illucidé par une correspondance complémentaire s'il n'y avait pas eu Sedan.

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Message Publié : 05 Déc 2011 13:58 
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Sur un autre forum, M. Benhamou répond à Infernet. Comme il ne doute de rien, il entasse les suppositions les unes sur les autres...

Albertuk a écrit :
Citer :
Des Anglais, probablement et des proches de Cuvier, peut-être.

On n'en sait rien, à dire vrai. Peut-être s'agissait-il de Français en majorité, avec le peintre anglais Lawrence en plus. Mais peu importe: ce qui compte c'est de réaliser que, à partir de 1825, Anto a publiquement admis avoir en sa possession un masque de l'Empereur... Je n'ai aucun doute que, à la lecture de ce passage dans son livre, voire de l'article dans le canard de 1825, d'autres sont venus frapper à sa porte. c'est tout à fait naturel pour des anciens officiers ou compagnons d'armes de venir voir la relique du héros. Si vous étiez à Paris en 1825, j'ose penser que vous en auriez fait de même. :croixhonneur:
Bref, Anto a ouvert la boîte de Pandore dès 1825... alors que jusqu'alors on pensait que le seul masque était à Rome, en possession de Mme Mère, et que, "de longtemps", comme l'a écrit Lyonnet, on n'osait pas même toucher à la boîte qui le renfermait.
Tout ceci ne va pas dans le sens d'un grand secret qu'il aurait fallu garder jusqu'en 1833...


Partant d'une annonce confidentielle dans un journal paraissant en Belgique, faisant mention d'une visite du peintre anglais Lawrence au domicile d'Antomarchi, 32 rue de Rivoli, il considère que ce dernier a fait l'aveu public qu'il détenait le masque de l'Empereur. Mais cet aveu figure en toute lettre dans son ouvrage paru en 1825 ! Et il croit pouvoir conclure en indiquant que de très nombreux compagnons de Napoléon se seraient précipités rue de Rivoli ! Pure spéculation qu'aucun document ne vient attester. C'est une hypothèse, une de plus, bâtie à partir de rien, si ce n'est sa logique bien particulière. On n'en trouve aucune trace, dans aucune correspondance, aucune publication.

Albert a écrit :
Citer :
Quant aux personnalités dans le complot, pas plus d'une dizaine, certainement.

Hmmm... je ferais plutôt le compte en prenant compte de TOUTES les personnes qui auraient pu décrier contre le masque de 1833 (et pas seulement ceux qui ont pu voir le masque entre 1825 et 1833), si cela n'avait pas été celui de l'Empereur:
- Sainte-Hélène: 100 personnes, qui avaient vu Napoléon dans sa captivité et sa dernière année d'existence (rappelons qu'il sortait en calèche ou cheval deux fois par jour, grosso modo, pour la plupart de 1820)
- soldatestque anglaise (Bellerophon, Northumberland) qui a vu Napoléon tous les jours pendant des semaines: 1000 personnes?
- Français de l'Empire qui ont connu et vu Napoléon jusqu'en 1815: 10.000 personnes?
- quid de sa famille proche, de sa mère et son oncle?
Le complot devait être diablement étendu, et pas seulement limité à quelques personnes....


Billet ironique basé sur le fait que la plupart des personnes ayant vu Napoléon, de près ou de loin, n'auraient pas protesté en 1833, lors de la publication de son masque ! Mais comment serait-il capable d'énumérer lesdites personnes ayant vu ce masque en 1834 ? Faut-il rappeler qu'il n'y avait pas de télévision à cette époque ? Les journeaux étaient encore peu lus et encore moins bien distribués. La souscription ne porta que sur quelques centaines de masques. Comment les troupiers de la Grande Armée auraient-ils pu en prendre connaissance ? Malgré son caractère confidentiel, il y eut des protestations et des menaces de procès. Ce qui conduisit Antomarchi à fuir la France où son entreprise avait échoué... Peutèil seulement nous indiquer à quelle date le 1er masque Antomarchi fut introduit à Sainte-Hélène ? Ces propos sont donc grotesques et ne méritent pas que l'on s'y arrête plus avant.

Citer :
Citer :
Notons qu'ils n'ont rien écrit à ce sujet, ou qu'on en a trouvé aucune trace. Certainement leur avait-on recommandé la discrétion...

Parce qu'il n'y avait rien à écrire... tout simplement. Ils reconnaissaient Napoléon, sans doute plutôt avec la figure de Premier Consul (visage émacié) que celle de l'obèse d'octobre 1820 (qu'ils n'ont pas tous connu)
Quant à une discrétion recommandée... impossible de croire qu'elle peut forcer 10.000 personnes à se taire de leur vivant et par testament. Auraient-ils été tous soudoyés? Même pas pensable: la plupart auraient pris cette recommendation, même avec paiement offert, comme une grave insulte à la mémoire du grand homme. A-t-on aussi recommandé à Mme Mère de se taire ?


A l'interlocuteur qui note que l'on n'a trouvé aucun écrit de protestation jusqu'en 1833, il ose affirmer que c'est parce qu'il n'y avait rien à redire ! Mais si cela avait été le cas, le succès aurait été au rendez-vous en 1834 ! Même si la presse a été relativement discrète, il y a bien eu polémique. Toutefois, l'opposition républicaine considérant Antomarchi comme l'un des siens, il n'est pas étonnant qu'elle ne se soit pas emparée de l'affaire pour contrer la machine étatique du nouveau pouvoir. Le fait est que le pouvoir a lâché Antomarchi en se contentant de la poussée donnée au départ, mais qu'il n'a pas crû bon de réitérer par la suite...

Citer :
Citer :
Ce qui est certain, c'est qu'Antommarchi devait être prudent, surveillé qu'il était par la police royale.

Tout le monde sait que la police royale n'était plus aussi stricte vers 1825. Sinon Las Cases aurait été expulsé après avoir publié le Mémorial, ainsi qu'Anto après son ouvrage de 1825, et d'autres mémorialistes qui ont eux aussi osé écrire sur les gloires de nl'Empire et au sujet de Napoléon, de façon favorable, sans risquer la prison. On n'était plus, en 1825, au temps de la Terreur Blanche ! Les Français revendiquaient la liberté de la presse, et la liberté tout court, et c'est justement en essayant de la museler, en 1830, que Charles X perdit le pouvoir !
Le fait même qu'Anto ait avoué (dans son livre) avoir une relique de l'Empereur chez lui, et que le peintre officiel de Charles X se soit lui-même rendu auprès de l'ancien médecin de "l'Ogre Corse" pour voir cette pièce, prouve bien que le temps de la Terreur (Blanche) était bel et bien révolu, et ce malgré une certaine censure qui existait encore, bien entendu.


La police royale plus aussi stricte ? Il n'empêche qu'Antomarchi était surveillé comme tous les anciens compagnons de Sainte-Hélène. Gageons qu'il ne devait pas y avoir de queue rue de Rivoli pour visiter son musée. La presse royaliste ne s'en est pas faite l'écho, preuve qu'elle devait savoir à quoi s'en tenir sur l'authenticité dudit masque...
Quant à Lawrence, j'ignorais qu'il était le peintre officiel de Charles X ! En définitive, s'il a exécuté un portrait de Charles X, cela n'en faisait pas un peintre officiel de la cour française...

Citer :
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Je n'ai pas parlé des frères et soeurs de Napoléon. Mais de Pauline et de Caroline. Pauline est morte en 1825. Elle était donc hors-jeu.

Elle a très certainement vu le masque de son frère depuis 1821... De même ses frères et soeurs qui se trouvaient ou visitaient Mm Mère à Rome. En doutez-vous alors que c'est chose tout à fait naturel ? Une interdiction aurait été suspecte et décriée par Pauline depuis 1821.
Donc, ayant certainement vu le masque de Napoléon, aucun de la famille n'a bronché. Ni même Mme Mère... Donc il faut croire que c'était le bon masque !! Inutile d'attendre 1825 voire 1833, pour constater ce fait avec la famille proche de Napoléon.


Le pauvre "Infernet" n'a jamais soutenu que Pauline n'aurait pas vu le masque authentique de Napoléon (l'original ayant été copié à Londres pour donner le Rusi) puisqu'elle reçut Antomarchi. Mais c'est très douteux pour ses frères. On ne sait rien à ce sujet. Donc, Caroline, Pauline, Fesch et Madame Mère ont vu le masque de Burton, cela ne fait aucun doute. Mais elles n'en ont point parlé, preuve que ces personnes en étaient honteuses, attristées devant cette funèbre et laide effigie. Il est certain que ça n'était pas là "l'image vive du génie" propre à diffuser le souvenir glorieux du Grand Homme !

Citer :
Citer :
Fesch leur avait-il montré le masque ? Ont-ils attendu 1834 pour découvrir l'Antommarchi, comme tout le monde ? Mystère...

Il eut été bien mystérieux que l'on empêchât Lucien et Louis de voir le masque de leur frère défunt. Alors l'explication simple, que vous refusez d'accepter, c'est qu'ils l'ont vu ce masque, bien entendu. Chsoe naturelle.


Aucun mystère. En tout cas, si Lucien et Louis l'ont vu, s'agissant du masque Burton, le résultat ne devait pas leur convenir, car ils n'en ont jamais parlé. Aucun témoignage na pu être recueilli sur leurs opinions, ni avant 1833, ni même après, s'agissant du masque antomarchi de la souscription. Ils n'ont livré aucun sentiment à la postérité, d'où le parfum de mystère entourant cette affaire. Sans doute ont-ils vu un masque de la souscription Antomarchi, après 1833, mais ils n'ont porté aucun jugement, ni pour le condamner, ni pour l'encenser. Au mieux, ils s'en sont lavés les mains...

Citer :
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Je ne reviens pas sur Jérôme qui lui préférait l'Arnott...

Personne n'a dit qu'il "préférai" le masque Arnott. Il a acheté ce masque, d'après sa description, et... a dû se rendre compte après achat qu'il s'était fait rouler dans la farine (ou le plâtre)... :lol: Ces choses arrivent tous les jours dans les ventes aux enchères. Dois-je rappeler les ventes d'objets issus de la "très fameuse collection Essling", même encore aujourd'hui... :razz:


A vrai dire, on comprend mal la portée de cet humour, car si Jérôme a accepté de céder le masque Arnott à Napoléon III, on conçoit mal qu'il ait eu conscience de s'être fait gruger !!! Ce que l'on sait des pièces officielles, c'est que Jérôme a revendiqué avoir acheté ce masque, dit qu'on le lui avait volé et a accepté de le transmettre à son neveu. Ceci est bien la preuve que les deux parents de Napoléon ne reconnaissaient pas dans les traits du masque antomarchi, ceux du Grand Homme !!! a priori, ils étaient mieux placés que quiconque pour s'en faire une idée !!!

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Pour ce qui est de la supercherie, Antommarchi ne voulait certainement pas être le seul à trinquer en cas de problème. Donc, sa dédicace était une forme d'assurance sur l'avenir. Au reste, ce masque Bertrand n'est pas sorti de chateauroux avant que Mme Thayer n'en fasse don au prince Victor... Votre observation est donc sans portée...

Elle n'est pas sans portée... Personne en août 1821 pouvait savoir ce qui se passerait après, et quand. Une chose est sûre, comme Bertrand comme Anto, ils avaient laissé comme consigne à leurs héritiers de remettre leur masque (historique) au chef de la famille Bonapare après leur décès. Pensez-vous donc que Bertrand aurait laissé sa fille Hortense se compromettre en remettant un masque qui le dénonçait aux yeux de l'Histoire (à cause de la dédicade Anto à sa femme sur ledit masque)??? Ne pensez-vous pas que Bertrand n'aurait pas préféré détruire ce masque plutôt que de tacher sa famille à jamais et exposer sa fille aux injures dans la presse etc si on apprenait la supercherie de son père? Quel père aurait laissé ce legs "empoisonné" à sa fille en mourant??? :(


Le voeu d'Antommarchi est hypothètique. C'est son frère José qui l'affirme pour mieux justifier sa démarche auprès de Napoléon III en 1869, lorsqu'il a tenté de se faire acheter le masque dit de "La Malmaison". Rien de tel n'a été noté dans le testament d'Antomarchi. Il savait bien que le véritable masque, le seul moulé sur le visage défiguré de Napoléon, était déjà en possession de la famille impériale, Madame Mère en l'occurence. Le reste ne le regardait plus.

Quant à Bertrand, idem. Aucun voeu de cette nature n'a été noté dans son testament. Etant le fraudeur en chef, il a tout fait pour faire réussir l'imposture, laissant même publier l'effigie de l'exhumé de Sainte-Hélène avec les traits du masque frauduleux, cette effigie qu'il savait être celle de Cipriani, et pour cause !!! Mme Thayer n'a pas bronché de tout le Second Empire et a prudemment conservé la copie mensongère dans un tiroir à secrets... Elle n'a pas songé à le remettre au prince impérial après le décès de Napoléon III en 1873. Peut-être craignait-elle un mouvement d'humeur de l'impératrice Eugénie qui devait savoir à quoi s'en tenir.

A dire vrai, le leg de 1891 a été décidé par les héritiers de Mme Thayer qui ignoraient tout des dessous de l'affaire. Frédéric Masson était présent, il a eu l'inventaire de la succession sous les yeux et en a déduit un peu vite que c'était là le voeu d'Hortense Bertrand. C'est ce qu'on lui a dit, mais rien de spécifique à ce sujet n'existait dans le testament...

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Evidemment qu'Antommarchi n'avait pas les moyens de se défendre tout seul ! Et comme il était menacé et que le pouvoir ne le soutenait que mollement, il a préféré s'éloigner.

Il n'a jamais parlé de menaces, ni à Paris ni à Cuba avec sa famille. Il a quitté la France car son nom était roulé dans la boue (ou le plâtre) par le corps scientifique et que, ne pouvant pas financièrement se défendre, il lui valait mieux quitter la France.


Qu'en sait donc M. Benhamou ? Le fait est que la souscription étant un échec, il a dû être interpellé ou menacé, sans même tenir compte des quolibets des phrénologistes. Au reste, ces derniers ne le diffamaient pas, mais constataient les anomalies de son travail. Surtout, il n'était pas soutenu comme il l'espérait : même Bertrand, le fraudeur-en-chef, le laissait tomber... Son amertume a dû être grande puisqu'il n'avait fait que suivre les instructions de l'astucieux couple Bertrand !

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Son masque n'a pas été déposé aux Invalides, il a fallu attendre 1841 !

ben oui, normal non? Dois-je rappeler que la dépouille mortelle de Napoléon a été rapportée en France en décembre 1840? Le gouverneur des Invalides, le vieux maréchal Moncey (qui devait sûrement avoir sa propre copie du masque Anto chez lui à titre personnel, n'aurait pu pas décemment prendre un masque mortuaire de Napoléon aux Invalides, de façon officielles, avant que le Roi n'ait accueilli lui-même les cendres de l'Empereur. Puis lorsque ceci fut fait, oui le vieux Moncey a fait entrer le masque mortuaire en question, et ce dès 1841. Il mourut lui-même en 1842, content d'avoir pu rendre un dernier honneur à son ancien maître. Et vous pensez que Moncey, connaissant son caractère et ses mots prononcés lors de la cérémonie des cendres ("maintenant rentrons mourir") ait pu accepter une relique qui n'était pas Napoléon??? Encore un qu'il faut ajouter au décompte des grands complotteurs... donc disons 10.001 à présent? :?


Encore une supposition !!! Moncey aurait eu un masque de la souscription en sa possession. Le fait devrait être vérifié avant même que de le supposer. "Infernet" s'est peut-être avancé, d'ailleurs. Mais, ce qui est certain, c'est que ce masque ne figurait pas dans la chapelle Saint-Jérôme, où il avait été pourtant prévu de le mettre. Seulement, les Invalides chargés de le garder, se seraient peut-être insurgés !!!

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Entre-temps, il n'avait pas vendu beaucoup de ses masques et ses successeurs Richard et Quesnel non plus, au point de faire faillite.

Connaissez-vous le nombre des masques vendus? Quant à la faillite, il s'agissait plutôt d'un différent entre les deux associés (Richard et Quaesnel justement) et d'une rupture amiable de l'association commerciale. Susse Frères a repris la partie fonderie. Et si l'opération de 1833 avait été un tel flop, pensez-vous que Susse Frères en ait ressorti à nouveau de ces masques que personne ne voulait?? Je crois que vous extrapolez un peu, non?


Oui, on le sait. Moins d'un millier à ma connaissance. Du moins, je l'ai lu quelque part. A vérifier. Pour ce qui est de la faillite, je n'ai pas de certitude, sinon que le juriste relaie l'historien : une faillite -procédure gravissime à cette époque- entraînait une prise de corps à l'encontre des faillis, outre la liquidation de tous leurs biens. Je doute donc fortement de l'argument avancé par M. Benhamou. Pour moi, c'est du flanc...

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Mais ils avaient payé le brevet, ce qui suffisait à antommarchi pour payer son voyage et tenter de vendre son effigie dans le Nouveau Monde !

Il n'est pas parti là-bas pour refaire ce commerce de masque et n'en a vendu aucun. Plutôt, il a fait don d'une de ses copies en bronze à la ville de Nouvelle Orléans.


"Infernet" eût dû employer l'expression "populariser" son effigie, plus exacte. Anto a fait don de l'autre bronze à la ville de Mexico. Un autre plâtre -que j'ai vu- avait été donné à la ville de Santiago de Cuba. Il fut racheté par un collectionneur cubain et figure désormais dans les collections du musée napoleonico de La Havane.

Petite anecdote, en 2002, j'ai fait remettre un exemplaire de mon livre au conservateur du musée et un autre destiné au Leader Maximo... Je n'en ai jamais eu aucune nouvelle... :diablotin:

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Message Publié : 05 Déc 2011 17:48 
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Eh bien, la réponse d'Albert n'apporte rien comme d'habitude, sauf une trouvaille, pour ne pas dire une bombe ! C'est que -un peu bousculé- il lui arrive parfois de lâcher une info capitale, liée à sa position de chercheur au sein de la nation anglaise...

Citer :

Mais bon la réponse BRH n'apporte rien. Il m'accuse de faire des hypothèses libres, mais semble oublier que lui fait les mêmes en sens inverse. Il continue notamment de penser que personne n'avait vu le masque avant 1833, sauf ceux qui étaient dans le "grand complot" plus ou moins, mais ne répond pas sur les points précis:
- pourquoi Mme Mère aurait été dans le complot depuis 1821?
- pourquoi des membres de la famille Bonaparte (Pauline notamment) auraient aussi gardé le silence?
- pourquoi personne parmi les Anglais alors à Ste Hélène n'a bronché en ayant vu le vrai masque (RUSI selon BRH) à Longwood en 1821, et en voyant autre chose dès 1834? Pourtant les voix ne s'étaient pas tues pour décrier qu'Anto en était l'auteur: mais pas pour contester le masque lui-même !
- pourquoi les gens qui ont vu le masque à Paris à partir de 1825 se sont tous tus ?


Mes réponses ne reposent pas sur des hypothèses, mais sur ce que je sais de cette affaire des masques, tout en reconnaissant que la matière n'est pas riche, sortie des ouvrages de Frédéric Masson et du baron de Veauce. Le volet anglais de la question ne m'est pas bien connue, autrement que par l'ouvrage de Watson. Mais c'est bien volontiers que je réponds à ses questions :

Madame Mère n'était pas dans le complot. C'était elle qui devait décider du sort du masque mortuaire. Aussi, est-ce elle qui décida de le tenir caché à jamais. Pour le projet de propagande conduit par les époux Bertrand, c'est autre chose. A-t-elle seulement vu le masque Antomarchi ? C'est probable, mais il n'y a aucune certitude, bien que ce fut là l'opinion de Rétif qui se basait sur le témoignage d'Hippolyte Larrey.

Quant aux autres membres de la famille impériale, tout au moins ceux qui auraient vu le masque de Burton à Rome, le fait est qu'ils ont gardé le silence. Aucun auteur -à ce jour- n'a pu dénicher le moindre document à ce sujet. Peut-être qu'il en existe, mais qu'on les produise alors. Ni Fesch, ni Madame Mère n'en ont parlé jusqu'à leur mort. Fesch s'est seulement exprimé devant un témoin, en désignant une caisse... Pourtant, les correspondances de Joseph, de Lucien et de Louis sont largement connues. Point de références au masque !

Quant aux Anglais de Sainte-Hélène en 1821, qui l'aurait vu, en dehors de Burton ? Darling, c'est sûr. Tout comme Darroch. Même Lowe ne l'a pas vu. Quant à Ward, c'est improbable, car rien ne permet d'affirmer que celui-ci aurait assisté Burton dans son travail...

Quant à ceux qui ont vu le faux masque officiel, pourquoi n'ont-ils rien dit ? Qu'est-ce que j'en sais, sinon qu'ils n'ont point parlé, sauf Lawrence, un Anglais comme il se doit ? Rétif a soutenu à bon droit que le projet des époux Bertrand était connu des Anglais, mais encore, qu'ils le soutenaient... Et ceci nous amène à la bombe d'albert...

Citer :
BRH semble croire que le masque était gardé jalousement, en grand secret, et que personne ne le voyait. Mais il se trompe. Partout où le masque passait, on courait pour le voir. Je donne ici un article que j'ai trouvé dans un canard anglais d'avril 1833 (là encore avant la souscription, qui a été commencée en mi 1833). Anto revenait de Londres avex "le" masque original (sa copie d'atelier qui ne quittait pas, semble-t-il). Que lit-on? Que tout le monde se ruait pour voir ce masque et que l'on se disputait l'honneur de porter la caisse le contenant jusqu'à la chambre d'hôtel d'Anto !! On est tout de même assez loin du grand secret et des cachoteries que BRH doit supposer pour faire avaler que le masque RUSI est le vrai de vrai...

Traduction:
Le moulage de Napoléon
Le Dr Antommarchi est arrivé de Londres il y a quelques jours à Calais, apportant avec lui le moulage original en plâtre du visage de Napoléon après sa mort. Alors qu'il a été ouvert à la Douane, une foule considérable s'est pressée pour le voir, et lorsqu'il a été renfermé dans sa boîte, un concours a été arrangé pour décider qui aurait l'honneur de la porter jusqu'à l'hôtel du Docteur.

Voici donc un bel exemple du grand secret derrière ce masque que personne ne voyait... ni ne reconnaissait..


C'est une information importante, inédite à ma connaissance ! Revenant de Londres, en avril 1833, Antomarchi voit ses bagages ouverts par la douane, dont le fameux masque original en plâtre, qui est ainsi vu par une partie des Calaisiens ! Rien que ça !!!

Alors là, les hypothèses fourmillent. Qu'est donc parti faire Antomarchi à Londres ? A-t-il été récupéré la boîte contenant la copie du masque Burton chez X, ou bien l'épreuve du masque Malmaison qu'il aurait pu confier au peintre Lawrence en 1825, lors de son passage à Paris ?

Il faudra attendre des précisions, car il est possible aussi qu'Antomarchi ait d'abord présenté son masque à Londres, alors qu'il était pourtant contesté comme ne pouvant en être l'auteur.

Il y a là un fait nouveau qui arrête nos réflexions et qui mérite de nouvelles investigations !!!

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Message Publié : 05 Déc 2011 17:59 
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Bastet a écrit :
" Le malfaiteur est justifié et on chasse le juste. C'est le bandit qui reçoit de l'or, tandis qu'on laisse affamé le faible. On fortifie encore la puissance du méchant, mais on ruine l'infirme, on abat le faible"

Et cela s'écrivait vers 2700/2500 en Mésopotamie :prie: ...


:salut:

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Message Publié : 06 Déc 2011 14:20 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Non seulement Antomarchi est allé à Londres en avril 1833, avec ou sans un exemplaire de son masque, mais il y était allé en mars, en compagnie du général Hulot pour y rencontrer Joseph ! C'est ce que nous apprend le journal du secrétaire de Joseph, un nommé Louis Mailliard :

"23 Février : Le gal Hulot nous arrive pour contrebalancer les Républicains qui sont aussi arrivés ici, il ne nous apprend rien de bien intéressant pour notre cause. Ces messieurs sont Bastide, Rouen, Cavaillon et Thomas, nous ne nous entendons pas avec eux.

4 Mars : M. Antommarchi, le médecin de l’Empereur, arrive.
10 mars : Le gal Hulot et Antommarchi partent pour Paris."

Conclusion : C'est Joseph (et non Madame Mère) qui a donné le signal de la conspiration pour faire connaître "le visage rayonnant de gloire" de l'Empereur sur son lit de mort (sic) ! C'est Joseph qui a choisi de faire passer un faux pour le visage de son frère, afin de servir ses idées politiques. L'objectif devait être de faire triompher la propagande liée au masque mortuaire, pour mieux réveiller les sentiments bonapartistes dans le pays. Toutefois, il se garda bien de donner publiquement son accord et de le faire connaître !!!


Peter Hicks « Joseph Bonaparte and the “Réunion de famille” of 1832-33 », Napoleonica. La Revue 2/2010 (N° 8), p. 30-52.
URL : http://www.cairn.info/revue-napoleonica ... age-30.htm.

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Message Publié : 06 Déc 2011 14:32 
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Inscription : 09 Nov 2005 14:28
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Boum ! Encore un scoop !!! :ordre: :AI: :VE2:

Vous ne vous arretez jamais, cher BRH ? :4: :honneur:


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