Après les masques mortuaires, après les cercueils, revenons à ce fameux détails des bottes "décousues" qui laissent passer quatre orteils de l'exhumé d'une manière symétrique, au pied droit comme au pied gauche.
Ce détail est un de ceux qui a le plus gêné les négationnistes de la substitution. Il y aurait une petite histoire à écrire sur les fables inventées pour nier la réalité des faits.
Rappel des observations des témoins:
Emmanuel Pons de Las Cases:
"Lorsque la feuille de fer blanc fut enlevée, on ne découvrit d'abord qu'une masse sans forme et au bout APPUYES sur les talons les pieds des bottes; la couture s'était ouverte et avait laissé SORTIR l'extrémité des pieds: on en voyait distinctement plusieurs doigts (...).
Journal écrit à bord de La Belle Poule, Paris, 1841 (BN LB51 4944), p. 234.
Docteur Rémy Guillard, chirurgien-major de La Belle Poule:
Les jambes étaient enfermées dans les bottes, mais, par suite de la rupture des fils, les quatre derniers orteils dépassaient de chaque côté. La peau de ces orteils était d'un blanc mat et garnie d'ongles.
Rohan-Chabot:
Les jambes sont prises dans des bottes; les coutures s'étant rompues, quatre des petits doigts de chaque pied saillent. Ils sont extrêmement blancs.
Souvenirs inédits - les 5 cercueils de l'Empereur - France - Empire, 1985 - p 90
Gourgaud:
Le bout des pieds était blanc, et il paraît qu'ils étaient sortis du bout des bottes à l'écuyère, les coutures de la tige de celles-ci ayant été probablement pourries.
Le retour des Cendres de l'Empereur Napoléon, Editions Arléa - 2003 - p. 54
Saint-Denis dit Ali:
Les bottes qui sont dessolées laissent voir le bout des pieds et les bas de soie ont pris la couleur de peau.
Journal inédit du Retour des Cendres 1840, Tallandier 2003 - p.179.
Abbé Coquereau:
une de ses bottes s'était décousue en laissant dépasser quatre doigts de ses pieds d'un blanc mat,"
Ce petit rappel des témoignages était indispensable afin que tout le monde y voie plus clair.
Regardons maintenant les tenants de l'histoire officielle:
Le premier d'entre-eux fut le colonel Mac-Carthy; il commença en niant les observations du regretté Georges Rétif de la Bretonne, soutenant que les bottes décousues ne l'étaient peut-être pas tellement, ou du moins une seule d'entre-elles:
Mac Carthy a écrit: Rétif a écrit: Tous les témoins de 1840 diront avec le docteur Guillard que [...]par suite de la rupture des fils, les quatre orteils dépassaient de chaque côté.
Affirmation inexacte: seul le docteur Guillard s'exprime ainsi, Las Cases dit "plusieurs doigts", Gourgaud "le bout des pieds"; l'abbé Coquereau ne parle que "d'une ces bottes décousues".
Naturellement MacCarthy avait ignoré le témoignage de Rohan-Chabot:
"les coutures s'étant rompues, quatre des petits doigts de chaque pieds saillent." !
Mais reprenons les citations une par une:
Gourgaud: "Le bout des pieds était blanc, et il paraît qu'ils étaient sortis du bout des bottes à l'écuyère."
En fait, Gourgaud -sans doute à la tête du cercueil- n'a pas bien vu la scène, juste aperçu de loin le bout des pieds. Il s'en rapporte pour le reste aux autres témoins: "il paraît..."
Le fait est pourtant établi par Gourgaud: si le bout des pieds est blanc, c'est bien qu'ils sont visibles, malgré les bottes et chacun d'entre-eux... Ce n'est pas fini...
Las Cases: "la couture s'était ouverte et avait laissé SORTIR l'extrémité des pieds: on en voyait distinctement plusieurs doigts."
L'extrémité des pieds. Les pieds étant écrits au pluriel, personne ne contestera qu'il y en a au moins deux (ne souriez pas, cela fait partie du schéma de critiquer les moindres détails). Las Cases précise que la couture étant ouverte, elle a permis à l'extrémité des pieds de SORTIR et de ce fait on en voit distinctement plusieurs orteils...
Coquerau est le seul à avoir vu une seule botte décousue. Il faut dire qu'il bénissait le cadavre et donnait l'absoute. Ce n'est donc pas étonnant; mais la botte décousue n'en a pas moins laissé dépasser quatre doigts de pied:
"une de ses bottes s'était décousue en laissant dépasser quatre doigts de ses pieds d'un blanc mat,"
Que conclure ? Que le colonel Mac Carthy était un désinformateur averti !
Malheureusement, il n'a pas été le seul et d'autres Français, prétendûment napoléoniens, n'ont pas eu honte de répéter de tels mensonges, uniquement pour complaire au "politiquement correct" ou à "l'historiquement acceptable", à moins que ce ne soit que pour l'édification de leur petit égo.
Il nous semble donc qu'il n'y a aucune difficulté pour admettre que les pieds de l'exhumé étaient bien sortis des bottes à l'écuyère, et de telle manière que huit doigts de pieds en étaient distinctement visibles.
Pour les autres, ceux qui resteraient décidément sceptiques, je leur propose d'expliquer leur scepticisme...
Il existe aussi une autre de critique, moins percutante, moins réputée et pour autant, tout aussi efficace !
Le procédé habituel de ces personnes, c'est d'affirmer que les témoins ne sont pas unanimes sur le fait que les bottes aient été décousues symétriquement en laissant sortir les doigts de pied de chaque côté, qu'ainsi Gourgaud et Coquereau notamment instilleraient un doute dans cette observation...
C'est du Mac Carthy, en petit. On pourrait presque dire du Mac Carthysme! Nous avons vu plus haut ce qu'il fallait en penser...
Il y a les techniciens; ceux-ci font valoir que les bottes pouvaient avoir un point faible de fabrication (par exemple, au niveau de la couture , à la pointe des pieds). Ainsi, c’est très logiquement que ce point faible serait apparu de manière symétrique de chaque côté des bottes !
On a beau leur faire remarquer qu'à cette époque (1815-1820), les bottes ne sont pas « manufacturées » mais sont le fruit du labeur des cordonniers qui les travaillent une à une et qu'au surplus, le fil de cordonnier est très solide, trempé dans de la poix pour le rendre imputrescible (cf. musée des arts et métiers à Paris), rien n'y fait.
Il semble aller de soi que si les bottes avaient cédé (il est précisé que le cuir en était très fin), ce serait plutôt au niveau du gros orteil, vers le haut, laissant intact la couture… ce qui n’est pas le cas ! L’usure au niveau des fils est donc très suspecte !
Mais non. Il n'en est rien. On en trouve pour soutenir que le fil incassable n'existe pas. Fort bien: comment expliquer que ce fil ait cédé des deux côtés et d'une manière symétrique ?
Alors, on voit arriver les professionnels. Ceux qui connaissent encore mieux le métier que les anciens cordonniers ou qui égalent le savoir des plus fins bottiers...
C'est -nous expliquent-ils doctement- que le point faible des chaussures est justement à cet endroit... A la jonction de l'empeigne et de la semelle.
Un fil peut se rompre. Est-il admissible que l'empeigne se sépare de la semelle en l'absence de mouvements, par le simple jeu d'une inertie scépulchrale ? Nous parlera-t-on de la pression des pieds ?
Allongez-vous sur le sol, les jambes légèrement fléchies, les pieds contre le mur, en insistant sur les talons (avec des chaussures de préférence), que constatez-vous ?
Les pieds se relèvent dans les chaussures, les jambes droites et tendues, si les pieds poussent sur le mur!
Jambes fléchies , les talons sont posés sur les coutures des bottes côté talon! La pression ne s'exerce plus sur le haut des chaussures.
Mais ce n'est pas tout. Admettons pour les besoins du raisonnement que ces coutures aient cédé le plus naturellement du monde...
Reste à expliquer pourquoi ces doigts de pieds sont sortis de cette limite théorique de l'empeigne et de la semelle (théorique, puisque ces deux éléments sont censés s'être dissociés) ?
Ira-t-on soutenir que c'est là encore par le jeu des forces naturelles ? On nous a opposé la rupture inertielle des fils pourtant jugés imputrescibles (mais pas incassables, nous l'admettons) ?
Alors, on nous parle de la rigidité des pieds ! Est-ce drôle. Les pieds d'un mort peuvent-ils être autrement que rigides ? On rétorquera que l'on faisait allusion à la rigidité cadavérique...
C'est que les apprentis-cordonniers sont rarement des médecins légistes. La rigidité cadavérique n'existe que durant trois jours. Elle ne s'oppose donc plus à ce que plus tard, on puisse passer des bottes à un cadavre "ancien"...
A condition que les bottes soient à la bonne pointure. Et si tel était le cas, les pieds de l'exhumé n'avaient aucune raison de dépasser des bottes mêmes décousues. Pour tout dire, on n'aurait pas même dû apercevoir leurs ongles de pieds.
Mais si les doigts de pieds "saillent", s'ils sont sortis des bottes, au-delà des coutures et c'est le cas (nous négligerons les dénégations hypercritiques), c'est bien parce que les pieds de l'exhumé étaient plus grands que les bottes qu'on lui a fait chausser à toute force, sans aucune gêne d'une quelconque rigidité cadavérique disparue depuis bien longtemps.
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