L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Un point de vue équilibré
Message Publié : 08 Mars 2005 19:48 
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Texte écrit en septembre 2002 sur un autre forum par Albertuk. Mais la clarté du propos mérite de le reproduire intégralement.


Albertuk a écrit :
[b]Avec un certain retard, voici mon point de vue sur le débat au sujet de l’exhumé de 1840.

Fragilité des témoignages humains ?
Tout d’abord, avant d’aller aux faits, AM (Albert Martin) met l’accent sur ce problème et cite la disparité de la date de débarquement à Ste Hélène. Cette date était bien le 17 octobre 1815. Je ne pense pas que quelqu’un en ait douté parmi les témoins. Si un livre de 1819 cite la matinée du 19 octobre, c’est une erreur évidente mais pas du fait des témoins en 1819. Tout le monde admet la date du 17 octobre au soir. C’est officiel. Par exemple, une plainte de la part de Bertrand à Cockburn, en date du 5 novembre 1815, précise ces détails :
« The Emperor embarked on board the Bellerophon off the island of Aix on July 15th and stayed on this ship until August 7th when he was transboarded to the Northumberland, which then sailed to St Helena, which she reaches and anchored on October 15th at 9 AM. He stayed on board on the 15th and 16th after 95 days; on the 17th at 8PM…”. Napoléon débarqua donc le 17 octobre à 20 heures.
Comme en toute chose, il faut s’en tenir aux témoignages des seuls témoins et non à des écrits romancés comme les deux siècles suivants en sont pleins. De plus, choisissons ceux des témoignages qui sont le plus proches des faits. Par exemple, en général, les récits de Montholon (écrits bien après les faits et… par Alexandre Dumas !) et ceux de Las Cases (qui dramatise pas mal et quitte l’Empereur en fin 1817 de toute façon) sont sujets à caution à mon humble avis. Ceci dit, peut être n’y a t’il pas vraiment erreur. Le 15 octobre, les vaisseaux ancrent devant Jamestown. Le 16, Cockburn débarque pour rencontrer le colonel Wilkes et s’enquérir des possibilités de logement de tout le monde. Napoléon ne débarque que le 17 au soir et passe la nuit à Porteus House, puis le lendemain il s’installe aux Briars. Peut être que Montholon et sa famille ne débarquèrent que le 19 octobre, jusqu'à ce que un logement adéquat soit rendu disponible en ville.
Bref, je veux bien admettre la faiblesse de témoignages, comme argument de type ‘général’ et surtout pour des témoins qui écrivirent des années après les faits, mais je ne pense pas que l’exemple cité par AM soit le bon.

Honnêteté des témoins (et des pseudo-historiens ?)
CB (Christophe) de son coté prône sa foi inébranlable envers les témoins du drame. Cependant, tout le monde admet que ceux ci n’étaient pas tous les meilleurs compagnons d’exil pour Napoléon. Gourgaud fut un sang chaud et finit par le trahir. Las Cases fut sans doute trop passionné pour que ses écrits puissent être honnêtes et objectifs. Ces deux hommes quittent l’île en 1818 de toute façon. Bertrand fut tiraillé entre les désirs de sa femme de rentrer en Europe et ceux de son soi-disant devoir (qui ne l’empêchera pas d’écrire sans arrêt qu’il rentrera en Europe). Jusqu’aux derniers moments de l’Empereur, Bertrand se contentera de se présenter chaque jour le matin vers 10-11 heures pour une heure d’entretien (?) avec l’Empereur. On ne peut pas dire qu’il partagea vraiment la vie d’exil de celui-ci… Quant à Montholon ? Certes un menteur quand il faut pour la bonne cause, mais il resta humain envers l’Empereur et se soucia fort de s’assurer que celui-ci reste en vie le plus longtemps possible alors que les Bertrand n’attendaient que l’issue fatale qui leur permettraient de rentrer en Europe au plus tôt tout en respectant les formes et l’honneur.
Le 6 mai 1821, Mme Bertrand discute avec des officiers anglais venu rendre visite à Napoléon sur son lit de mort. Duncan Darroch écrit d’elle : “She said that she hoped to be permitted to go home, ‘now it was all over’.” On appréciera l’attitude de Mme Bertrand et ses premières pensées à retourner en Europe dès que possible. Et Montholon, qui fut le seul officier proche de Napoléon (et le testament prouve cette reconnaissance impériale), se voit déverser les accusations actuelles, même par ses propres descendants. Ses écrits sont quasiment inutiles à fins de témoignages. Quant aux serviteurs, dont Marchand et Ali, ils faisaient leur travail, et la palme revient à Marchand sans aucun doute. Mais leurs écrits ne furent faits que des années après les faits, et les détenteurs de ses manuscrits ne rendent pas ceux-ci disponibles à une recherche historique. Alors ? On peut sans doute douter de certains passages ou de la partialité des éditeurs qui choisissent les morceaux.
Quand on ajoute à cela le fait que le masque mortuaire est une supercherie évidente, et que les témoins ‘honnêtes’ n’aient jamais dénoncé celle ci, alors peut on réellement penser comme CB que leurs témoignages sont paroles d’Evangile ? J’en doute. Quant à AM, il admet la supercherie du masque mais ne pousse pas jusqu'à mettre en doute l’honnêteté des témoins. Bref, je ne rejoins pas du tout leur opinion de dire qu’il n’y a AUCUN doute de la bonne foi des témoins… !?! Pour moi, je ne sais pas si Napoléon est aux Invalides ou si le masque est celui de Cipriani, mais j’estime que les doutes sont suffisants pour justifier l’interet des historiens à éclaircir ce point. Apparemment, même Tulard suggère qu’une analyse ADN s’impose. Alors ? Pourquoi s’y opposer si ce n’est par interet des ‘légalistes’ à (peut être) ne pas remuer la boue qui sortirait de ce scandale éventuel ? Bref, ce n’est plus l’interet historique qui prône ici à mon sens (car le doute existe et que tout historien honnête se doit de l’éclaircir) mais l’interet tout court avec un grand ‘I’. Ce n’est plus seulement l’honnêteté des témoins qui est alors en cause, mais aussi celle des pseudo-historiens, gardiens zélés de leurs interets.

Le gros et le détail
Je ne suis pas toujours d’accord avec certaines hypothèses de BRH (Bruno Roy-Henry) notamment sur la substitution avec Cipriani. Il émet aussi des doutes de ce sujet qui ne devait pas être le thème central du débat mais plutôt une tentative d’explication de qui est aux Invalides. Soit. Dommage que CB et d’autres en fassent le thème principal et la risée de tout le reste. Pour ma part, le gros du problème est (1) la supercherie du masque mortuaire non denonce par les témoins au XIXe siècle (alors, si ils se turent sur ceci, pourquoi pas sur autre chose ?), et (2) l’état de conservation de Napoléon qui, en 1821, est enterre en pleine décomposition et le nez visiblement abîmé et, en 1840, retrouve soudain l’apparence d’un Bonaparte en pleine forme (et personne n’a explique ce phénomène). A mon humble, cette supercherie et cette apparence parfaite me suffisent à douter de la personne aux Invalides. Alors bien sur, il y a tout le reste des détails sur lesquels on peut débattre et tomber d’accord d’un cote comme de l’autre, mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, je pense. Et les détracteurs de BRH font fort de noyer le poisson dans des détails qui ne sont pas tous prouvable à coup sur, voire qui veulent éveiller la dérision envers les lecteurs. Enfin, si on admet comme AM que la gaze était tellement épaisse qu’il était difficile de se rendre compte de détails permettant de reconnaître l’Empereur (par exemple au point de ne pas savoir s’il y avait barbe ou non), alors on devrait penser que cette reconnaissance à la va-vite sans prendre le temps nécessaire d’examiner le cercueil lui-même (on s’empressa de refermer le tout au bout de deux minutes) ne devrait pas donner suffisamment de certitude, surtout quand on voit le nombre de détails discordants… Voyons alors ces détails selon le plan propose par CB.

Le nombre des cercueils
Pour ma part, j’admets qu’il y avait 4 cercueils (fer blanc, bois, plomb, acajou). Je pense qu’il y a eu confusion sur le nombre et l’ordre des cercueils car Montholon fut en charge de ces détails et qu’il n’était pas un bon exemple d’organisateur. Même le rapport secret d’Hudson Lowe (cite dans Rohan-Chabot) en date du 14 mai 1821, ne mentionne que 3 cercueils… Mais Lowe n’assista pas à cette mise en biere et dut se contenter des rapports des uns et des autres. Comme témoin anglais, on peut cependant citer l’enseigne Duncan Darroch qui illustre ce cafouillage au sujet des cercueils. Le 6 mai 1821, il écrit à sa mère : “The first will be tin, the second lead, and third and fourth wooden”. Puis le 9 mai il rectifie: “I gave you a wrong statement of the coffins. The first is tin, second mahogany, third lead, fourth mahogany, and fifth stone”. Pour Darroch, il y a bien eu 4 cercueils puis un 5eme fait de ciment (dans la Vallée du Tombeau bien sur).

Le chapeau
Ce point-ci me gêne un peu. En 1821, Bertrand mentionne que le chapeau est mis sur les genoux (par manque de place de le mettre sur la tête)… Mais en 1840, les jambes sont vues en flexion. Je vois mal pourquoi, s’il y avait un tel manque de place en 1821, on aurait pu mettre le chapeau sur les genoux comme dit Bertrand. La logique eut ete de le mettre soit sur les cuisses (Ali et Marchand écrivent ainsi des années plus tard, comme l’a constaté Rohan-Chabot, après le retour des Cendres) ou en bas des jambes (ce qu’écrit Antommarchi, mais il est le seul à le faire). En tout état de cause, si on admet ce qu’écrivent Ali, Marchand et Rohan-Chabot, le chapeau n’aurait pas pu glisser en bas des jambes alors que les jambes étaient en flexion. Mais la vraie question est plutôt : les jambes de Napoléon étaient elles en flexion en 1821? Peut être que non si, comme l’explique AM, le corps devint en flexion lors de la manipulation du cercueil sur un chemin en forte pente. A voir. Par ailleurs, au sujet du poids du cercueil, AM mentionne huit grenadiers pour le porter en 1821 et dix en 1840. D’après la lettre de Darroch, témoin oculaire prolifique, en date du 9 mai 182, il mentionne sur la procession: « Six of our own Grenadiers, without arms, marched on each side ». Il semble que six grenadiers (seulement) furent nécessaires au port des cercueils. A voir avec d’autres sources.

Les décorations
Il est évident que Napoléon fut enseveli avec toutes ses décorations, en tenue de grand apparat. En plus des témoignages déjà cités, Darroch mentionne aussi dans sa lettre du 6 mai 1821 (lors de la visite des officiers anglais à Napoléon sur son lit de mort), «He was dressed in full uniform, green [of the Imperial Guard], turned up with red breeches, and long boots, a good many Orders on his breast, sword by his side, and cocked hat on, spurs also on. He lay on the iron camp bedstead that he had carried with him always, and on it was spread his military cloak, on which he lay”. Un peu plus loin, il précise sans connaitre toutefois le nom de ces décorations: “On his left [breast] were a star and two Orders of the kind”. Il n’y a aucune raison de penser que l’on retira toutes ces décorations de Napoléon pour l’ensevelir. En 1840, des témoins mentionnent aussi ces décorations. A priori, je pense donc qu’il n’y a pas de problème soulève à ce sujet.

L’uniforme
J’admets le point que les parements étaient rouges. En plus des témoins français, Darroch mentionne aussi : «He was dressed in full uniform, green turned up with red breeches”. Antommarchi est le seul à avoir mentionne des parements jaunes. Comme il a écrit après les faits, j’estime qu’il s’est trompe involontairement.

Bottes et éperons
Ali et Marchand écrirent bien après les faits et donc ont pu perdre le souvenir de ce détail. Mais les témoignages de 1821 parlent tous de bottes et éperons, même Darroch qui veilla lui-même sur l’Empereur dans la chambre mortuaire ; il écrit : « and long boots, a good many Orders on his breast, sword by his side, and cocked hat on, spurs also on ». Le mot ‘spurs’ signifie éperons. Peut être, lors de la mise en biere, on retira ces éperons mais alors personne ne mentionne ceci alors qu’on mentionne que le chapeau fut mis sur les genoux ou cuisses à cause de la place. Les éperons ne causèrent pas de problème a priori, Or, en 1840, les témoins mentionnent que les bottes reposent sur le fond du cercueil, donc sans éperons a priori. A voir donc.

Les vases
Je tends à me ranger de l’avis qu’il n’y a pas de problème à ce sujet. Mais ceci dépend un peu de la position des jambes, je pense. Avant la mise en bière, les vases sont gardés « de côte » du corps mis en bière, et on attendait la décision finale d’Hudson Lowe pour les ensevelir avec Napoléon ou autoriser les français à les ramener en Europe. Lowe décida pour la première option, et ces vases furent mis alors dans le cercueil. Impossible de savoir si c’était entre les jambes ou aux extrémités latérales du cercueil. Si on pense que Napoléon lui même avait assez de place dans le cercueil sans besoin de fléchir les jambes en 1821, alors il n’est pas logique de lui écarter celles ci (sans doute raidies) pour caler les vases entre les jambes. Si on pense que Napoléon avait déjà les jambes fléchies dans son cercueil en 1821, alors on a pu écarter celles ci pour y loger ces vases. Je ne me fis pas assez aux écrits d’Antommarchi pour conclure à un problème. Peut être les archives anglaises auront ce type de détail.


Il y aurait d’autres détails à discuter aussi.

Les dents
En 1821, on fait un effort pour maintenir la bouche de Napoléon fermée. Le 6 mai 1821, l’opération d’avoir mis un foulard pour maintenir cette bouche fermée semble avoir porter ses fruits car Darroch décrit Napoléon sur son lit de mort ainsi : « He seemed in a profound and quiet slumber, except for the livid colour of his lips and cheeks ». Il ne mentionne pas les dents mais seulement les lèvres… La bouche était donc fermée le 6 mai 1821. A priori, on devrait retrouver la bouche fermee en 1840. Mais ce n’est pas le cas. Qui plus est, trois dents sont visibles et parfaitement blanches alors que Napoléon avait de mauvaises dents noircies par les réglisses. Ce point de la bouche ouverte devrait être éclairci.

Les orteils saillants
Si le corps a subi une enflure peut être sous l’influence des gaz de sa décomposition, peut etre que les orteils usèrent les bas et les bottes. Ca paraît un peu difficile comme argument, mais pourquoi pas ? Il eut fallu que les témoins de 1840 remarquent une taille forcement anormales de ces orteils. Il n’en est rien. Et le reste du corps aurait du souffrir du même phénomene aussi. La soie des bas ne serait à peine visible compte tenu de la forte gaze qui recouvre le tout. A voir. Ce qui me gêne le plus dans ce point c’est (a) la bonne qualité a priori des matériaux tels que soie et bottes (pourquoi se détériorent ils ?) et (b) la symétrie, dans une moindre mesure, du problème sur les deux bottes.

Qualité du caveau
Rohan-Chabot le trouve en parfait état en 1840. Rien ne prouve que la première construction de 1821 (faite forcément à la va-vite après que anglais et français aient débattu du lieu de sépulture, Europe ou vallée des géraniums) ait tenu le coup. Je dirais que, puisque le caveau était si parfait en 1840, peut être avait il été refait justement ! Mac-Carthy semble avoir été d’accord la-dessus mais je n’ai pas les détails de son affirmation. A Ste Hélène, il est connu que pas mal de tombes ne résistent pas à l’épreuve du temps. En 1821, on a pu faire un travail rapide de mauvaise qualité et, suite à un dégât accidentel entre 1821 et 1840, avoir refait le caveau en beaucoup plus solide… C’est une spéculation mais, si on admet qu’il y a eu substitution, alors il faut admettre un motif de celle-ci : l’accident me paraît alors plus logique que de croire à un vaste plan mettant en œuvre la momie de Cipriani. Mais comme le dit BRH, peu importe de savoir pourquoi et comment, car en premier chef il importe seulement de savoir si Napoléon est bien aux Invalides.

Moulage de la main de Napoléon
Est ce une supercherie de Bertrand ? Ca en a tout l’air vu qu’aucun témoignage ne confirme qu’on ait pris une telle empreinte. Pire, Ali mentionne qu’il fut dommage que cette empreinte n’ait pas été prise. Alors, il faut le reconnaître : Bertrand ment. Comme il aura menti, comme les autres ‘témoins’, au sujet du masque mortuaire. Ceci est encore un argument contre les légalistes qui voient ces témoins comme tous honnêtes.

Taille du cercueil / corbillard
Le cercueil de 1840 semble être trop grand pour le corbillard. Nous devrions aider BRH (par pétition ou démarche) à en avoir le cœur net car ceci constituerait une preuve incontestable d’une supercherie. Ca semble plus facile que de demander un morceau d’épiderme aux Invalides ! Si le morceau de cercueil (le quatrième) en acajou de 1840 démontrerait qu’il était trop grand pour le corbillard, ça serait une preuve de la véracité de la thèse de BRH.

Voyage de O’Meara à Ste Hélène
Oui celui-ci est bien repasse à Ste Hélène, avant 1830. Il y aurait plante un troisième saule sur la tombe de Napoléon. Ce fait est relate dans un journal indien ci-dessous :
« Later in his honour, a third weeping willow tree was grown there by Dr Barry O'Meara, an Irish-born English naval officer, who used to attend to the medical needs of Napoléon in St. Helena. Around this time, Dr Barry O'Meara's nephew, namely A.O. Meara, happened to be living in Shimla. He was a renowned dental surgeon of the British Indian summer capital of Shimla, who had once extracted the teeth of Abdur Rehman, the Amir of Afghanistan. Dr Barry O'Meara sent several cuttings from the weeping willows planted by him at Napoléon's grave to his nephew in Shimla. These cuttings travelled all the way from the tiny St. Helena around the circuitous Cape of Good Hope, then across the Indian Ocean and the Arabian Sea and finally by land, to be planted in the strange environment of Indian soil in Shimla.”
Ceci tendrait à montrer que la substitution, si elle avait eu lieu, n’avait rien à voir avec O’Meara et Cipriani car le docteur fait un pèlerinage à Ste Hélène et plante un saule, et envoie des souches à son neveu en Inde.

Corbillard ramené par Hudson Lowe à Londres en 1828
Pourquoi le geôlier de Ste Hélène ramena ce corbillard ? Cet équipage ne servit qu’une fois à Napoléon (pour l’enterrer) et donc ne constituait pas même un souvenir de la captivité de l’Empereur. Drôle de souvenir en tout cas.

Surveillance de la tombe entre 1821 et 1840
Pour la garde de la tombe, BRH a raison de mentionner que Ste Hélène ne devient plus possession du gouvernement britannique à partir du départ d’Hudson Lowe en juillet 1821. Un gouverneur commercial de la Compagnie des Indes redevient l’autorité à Ste Hélène. Pourquoi le gouvernement britannique devrait il prendre un tel risque sur la surveillance de la tombe du plus grand de ses ennemis? Pire, après quelques mois, la garde du tombeau n’est plus faite par un groupe de gardes mais par un vieux sergent anglais à la retraite. Il vivait près de la tombe avec sa femme et faisait du commerce de reliques : eau de la source, morceaux de saules, livre d’or pour les visiteurs du tombeau (conservé au National Army Museum de Londres). Bref, on est loin de la soi disant crainte de voir une bande de bonapartistes enrages venir libérer l’Ogre de Ste Hélène… Pourquoi cette nonchalance anglaise à partir d’un certain moment ?

Autres points sur lesquels j’ai peu d’informations
- Mèche de Bovis : ces cheveux ne sont pas similaires à ceux connus de Napoléon
- Caricature de Gourgaud : peu ressemblante à cause des favoris
- Vrai masque mortuaire de Napoléon : est ce celui du RUSI ?
- Masque de Noverraz : de quand date t’il ?
- Tombe Cipriani : les autorités de Ste Hélène admettent cependant que la plupart des tombes n’a pas passé pas l’épreuve du temps sur l’île ; étrange tout de même qu’on ne sache ce que sont devenus les restes de Cipriani, si la tombe fut détruite ; mais pour ma part, je ne crois pas trop a la substitution Cipriani donc la disparition de sa tombe n’est pas un point majeur pour moi a priori
- et bien d’autres points encore

Dans mon message ci-dessus, je fais mention des lettres de Duncan Darroch par simple complément d’information d’un témoin oculaire anglais qui donne pas mal de détails. Elles sont citées dans le livre de Sir Knowles sur les rapports de l’officier d’ordonnance Luytens, publie en 1904. Il n’y a pas de source manuscrite connue de ces lettres Darroch. On peut les prendre avec la réserve qui se doit. Mais il faudrait alors aussi mettre en doute les écrits d’Ali tant que les manuscrits ne deviennent pas accessibles à tous les chercheurs.

En conclusion, je pense qu’il y a un faisceau de présomptions pour la théorie de la substitution. Les vrais historiens, eux, devraient chercher à en avoir le cœur net. Quant aux pseudo-historiens… bah ils continueront à feindre d’ignorer les faits qui soulèvent ces doutes, et croiront que Bertrand, Las Cases, Gourgaud et Montholon étaient des purs évangélistes. Des que le temps me le permettra, je fouinerai dans les archives et témoignages anglais pour recueillir des compléments d’information. Il est vrai qu’une petite analyse ADN sur un morceau d’épiderme étalé dans un musée poussiéreux ferait bien avancer les choses, à moins que les autorités se font fort de l’en empêcher.

Sur les mobiles, il faut tout de même être d'accord avec BRH que ceux ci sont secondaires dans l'énigme qui nous préoccupe ici. Car, il n'est pas nécessaire de connaitre ce qui se passe dans la tête d'un criminel pour l'incriminer de ses crimes. Idem pour l'Angleterre si il est prouvé que le gouvernement anglais de 1815-1830 avait quelque motif.

Or, ce motif, quel qu'il soit, ce gouvernement l'avait! Car on peut rappeler qu'il y avait bien en juillet 1815 un ordre (secret) du gouvernement anglais de ramener le corps de Napoléon en Angleterre en cas de décès! On devine l'inquiétude que devait susciter la dépouille mortelle de l'Empereur pour des masses populaires l'ayant traité en demi-Dieu. Cet ordre avait toutefois été modifié plus tard. Mais l'intention initiale y était...

Cependant, si la substitution a eu lieu par suite de la destruction accidentelle de la tombe initiale, alors on comprendrait bien que le gouvernement anglais ait cherché à remaquiller le tout au plus près de la situation antérieure, quitte à y mettre un sosie embaumé, donc ressemblant à l'Empereur, avec tout l'apparat que les Anglais avaient sous la main ou avait pu récuperer de ce qui serait resté de cette destruction.

Barry O'Meara est bien venu à Ste Hélène avant 1830. Je n'ai pas beaucoup de détail sur ce voyage malheureusement. Hudson Lowe est aussi passé par l'île en 1828 lors de son premier retour de Ceylan. Personnellement, je doute qu'O'Meara ait eu quoi que ce soit à voir avec le gouvernement anglais. Il a été rayé de l'Amirauté et attaqué par Hudson Lowe en diffamation à Londres et ce dernier recevait les copies des lettres d'O'Meara à l'Amirauté qui auraient incriminé le docteur dans ses communications illicites qui finissait dans les quotidiens anglais comme le Morning Chronicle. Bref, on voit mal O'Meara être à ce point de connivence avec un gouvernement d'alors tout en étant attaqué de toute part. Cela dit, Hudson Lowe finit par lâcher prise sur le docteur et laissa tomber l'affaire, à son grand tord personnel d'ailleurs car il a laissé son nom à jamais taché aux yeux de la posterité. Ce qu'affirmait O'Meara n'était pas toujours vrai envers l'ex gouverneur, donc pouvait facilement être attaqué sur de nombreux points. Peut être cet abandon des poursuites de la part de Lowe cachait des pressions gouvernementales... Je piocherai cette question à l'occasion.

Albert - UK

PS--
Pour la petite histoire, notons qu'un parent O'Meara a servi dans les armées révolutionnaires, participa à l'expedition en Irlande, fut fait prisonnier, puis échangé, rejoint l'armée napoléonnienne dans la guerre d'Espagne. Il fut mis en retraite comme colonel en 1811. Biographie dans le Dictionnaire des Colonels, Quintin.
Un autre O'Meara, le Baron Guillaume (William) O'Meara, servit aussi les armées de Napoléon, fut ADC de Clarke, se maria avec la soeur de la maréchale Clarke, puis fut ADC de Lannes et fut blessé à Essling le 21 mai 1809 alors que le maréchal fut mortellement touché par un boulet à cette bataille. C'est lui qui fut ensuite chargé de commander l'ile de Lobau. Il meurt en 1828. Source: Dictionnaire des Generaux, G. Six
Etonnant clins d'oeil de l'Histoire, n'est ce pas?


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