Albertuk a écrit :
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"La réalité du témoignage de Darroch semble douteuse pour deux raisons : Pourquoi, puisque vous dites que l'on se préoccupa plus de l'autopsie de l'Empereur afin de déterminer les causes de sa mort, Darroch éprouva le besoin d'écrire à sa mère deux lettres à deux jours d'intervalle pour lui expliquer comment Napoléon fut mis en bière?
Je ne doute pas que cet homme aimait sa mère, mais de là à lui écrire presque tous les jours pour ce qui n'apparait etre, à vos yeux et probablement aux siens, qu'un point de détail?"
Imaginez un petit instant ce tout jeune officier, à peine entré dans l'armée en 1818, et à peine arrivé à Sainte-Hélène le 29 février 1820... On peut aisément comprendre que, sans doute dans sa première mission loin de la mère patrie et de sa mère, il éprouva le besoin d'écrire au foyer. Ceci me semble humain. De plus, une petite précision: Darroch écrit presque tous les jours, certes, mais n'envoya sa fameuse lettre (contenant les récits de plusieurs jours) qu'une seule fois, le 20 mai 1821. La raison est que, avant cette date, les quelques navires en partance étaient déjà chargés de toute la correspondance officielle et donc celle privée ne fut pas prioritaire. La lettre de Darroch raconte donc en un seul bloc le journal de ce que ce jeune officier rapporta alors presque jour après jour.
Après tout, pourquoi pas ? Cela dit, la lettre où Darroch revient sur sa première déclaration (deux cercueils en bois) a été mise en doute par certains auteurs. Je crois qu'il y a un un article à ce sujet dans l'ancienne revue des études napoléoniennes. Jean Tulard lui-même y a fait allusion, mais je ne retrouve pas cette citation.
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Pourquoi ces lettres, selon vous, publiées en 1904 n'éxistent plus?
On peut tres bien dire qu'elles ont disparu ce qui est étrange, ces lettres si importantes qu'on ne révèla qu'en 1904 et que l'on égarerait par "négligence" ou tout autre motif, certes,
Pourquoi croyez vous qu'elles n'existent plus?!? A mon humble avis, elles furent mises en vente il y a un siècle et se trouvent chez un collectionneur. Regardez le récit d'Ali de l'expédition de 1840 comme exemple... Il ne fut publié par son détenteur qu'en 2004 ! Les collectionneurs ne sont point historiens et plutôt des gardiens de temples et de secrets qu'ils jalousent à être les seuls à détenir
Rappelons que Darroch décéda le 15 octobre 1864, que son propre fils (prêtre) récupéra sa correspondance (Darroch aura certainement gardé comme relique le récit de sa "rencontre" avec l'homme le plus fameux de son siècle). C'est de ce fils Darroch que le magazine militaire, le Lancashire Fusiliers’ Annual, publia ces (ou cette) lettres en 1904. Après, le fils aura certainement vendu ce document pour aider sa paroisse. Qui sait?
Qui sait, en effet. Mais ce ne sont que des hypothèses. Il vaudrait mieux pouvoir disposer des originaux. C'est impossible sauf à espérer que ces lettres réapparaissent. Soyons patient, en attendant.
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mais il en va de meme aussi de "l'affaire Millington" ou les sources disparaissent aussi mystérieusement, cela fait beaucoup de disparitions tout de meme
Pour Millington, je pense que, simplement, il s'agissait d'un journaliste qui aurait rapporté le témoignage de cet homme. Donc il n'y a pas forcément de manuscrit égaré dans son cas.
Un journaliste qui se serait présenté comme étant du Ceylon Chronicle ? Et refilant l'info à son confrère du Worcestershire Chronicle ? Peu supposable. Ledit journaliste aurait choisi un organe de presse plus prestigieux que le petit Worcestershire Chronicle. On peut toujours supputer. Il n'en demeure pas moins que Millington n'a jamais écrit dans le Ceylon Chronicle ou tout autre personne en son nom. De plus, on ne peut contrôler la véracité de ses dires. On ne peut donc pas le retenir comme pièce historique. A la base, quelles qu'en soient les raisons, il y a un mensonge.
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alors que pour comfirmer le PV du 7 les légalistes réfutent les propos de Montholon et de Bertrand, qu'ils ne tiennent pas compte du revirement de Marchand...
Je trouve aussi un peu facile de déclarer que le PV du 7 ne concernerait qu'UNE partie du processus de la mise en bière alors qu'il est complet.
Allons, allons... Cette histoire de 3 cercueils relève du passé.
Oui et non. Le témoignage de Darling prouve que le "cercueil" intermédiaire était en bois ordinaire, ce qui est certainement la raison pour laquelle il ne fut pas mentionné. Les compagnons devaient bien savoir que Darling était en quête d'un cercueil en acajou convenable et qu'il parviendrait à ses fins. Ils ont donc constaté la situation le 7 au soir en devançant l'arrivée future de ce cercueil en acajou...
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Il y a tous les autres témoignages pour confirmer qu'il y a erreur à considérer le PV du 7 comme final.
Il n'y avait pas lieu de refaire un PV, du moment que l'on ne voulait pas mentionner le cercueil intermédiaire. Bertrand n'en parle pas dans ses cahiers et passe du fer blanc au plomb sans sourciller. Cet écrit confirme et atteste des intentions des signataires du PV du 7 mai.
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Par exemple, comme témoignage absolument ifféfutable et écrit juste après la mise en bière, il y a le rapport manuscrit du docteur Rutledge, envoyé à Thomas Reade qui lui avait ordonné de surveiller la dépouille mortelle de Napoléon. Ce document authentique est consultable dans les Lowe Papers volume 20133 feuillets 150-152. Rutledge, avec la précision d'un rapport médical, écrivit à Reade exactement ce qui se passa. Ce rapport indique que Rutledge lui-même plaça coeur et estomac dans leur récipient respectif et fit lui-même la soudure de ceux-ci. Il utilisa une pièce d'un shilling à l'effigie de Georges III pour fermer le vase du coeur.
Ceci ne prouve rien en soi. Antommarchi aussi a revendiqué ce geste; il prétend avoir soudé les vases lui-même. Il est vrai qu'Antommarchi a l'habitude de mentir.
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Détail précis: Rutledge précisa que ce shilling était en argent. Or Millington confirma ce petit détail affirmant que le coeur fut placé dans un vase en argent et soudé avec un objet du même métal. Les deux témoignages se confirment sur ce point alors que le rapport de Rutledge n'a jamais été publié depuis 1821 !
Oui, mais cette question est un peu embrouillée, parce qu'Antommarchi parle du nécessaire à éponge, de forme cylindrique, pour recevoir l'estomac. Il y a donc divergence... Enfin, Millington lui-même revendique ce geste et Darling, s'il indique que le docteur place le coeur dans la soupière et le remplit d'alcool, écrit: "et l'on soude un vieux shilling sur l'orifice". Il est peu vraisemblable que le docteur ait soudé lui-même à la place des ouvriers requis pour ce travail.
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Au sujet des cercueils, Rutledge parla d'une caisse en bois, au lieu de cercueil en acajou, pour le deuxième contenant, et que cette caisse fut vissée pour être fermée. Le troisième contenant était bien de plomb. Bref, le rapport de Rutledge, dicté par la nécessité de la précision et des ordres de Thomas Reade, ne fait aucun doute sur l'ordre et le nombre des cercueils le 7 mai. Quant à la nature du bois, il se pouvait être une caisse en acajou mais sans esthétique (pas d'un même morceau) et Rutledge pouvait aussi ne pas connaitre la nature de ce bois lorsqu'il écrivit son rapport.
Une caisse en bois ? Bigre, il faut que je retrouve ce rapport. Albertul me l'avait envoyé, mais je ne l'ai plus sous les yeux. S'il en dispose encore, il serait profitable à tous de le mettre en ligne... Quant à dire que ce pourrait être une caisse en acajou, c'est totalement exclu si on tient compte du témoignage de Darling. Cette supposition n'est pas recevable.
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Comme il est impossible de douter de la véracité du rapport de Rutledge à l'intention du gouvernement, il est alors facile de faire un recoupement avec des détails des autres témoignages ultérieurs, comme ceux de Millington et de Darling, pour croire que ces témoignages sont authentiques, car ils donnent des détails authentiques qui eux n'ont jamais été publiés.
C'est à dire qu'ils sont parfois contradictoires, aussi ne peut-on pas conclure si facilement à leur caractère "irréfragable"!

Mais il faut admettre qu'ils sont probablement dans la vérité lorsqu'ils se recoupent...
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Par exemple, Darling parle bien que c'est un vieux shilling (vieux, évidement parce qu'à l'effigie Georges III, roi déjà mort!) qui servit de fermeture au vase d'argent avec le coeur !). Personne n'aurait pu inventer un témoignage pareil avec un tel détail de précision. Et il y en a d'autres pour croire pleinement à cette authenticité.
Sûrement. Personne n'a contesté ce détail, je pense, si ce n'est les thuriféraires d'Antommarchi !
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Enfin le docteur Rutledge, ayant complété sa mission de surveillance, envoya un rapport final à Lowe le 7 mai à 20 heures qui dit:
I have the honor to inform your excellency that pursuant to instructions I witnessed the depositing of the body of Napoleon Buonaparte together with two silver vases containing his heart & stomach into three of the coffins prepared for the reception and which finally closed in my presence at eight o’clock P.M. on Monday the 7th of May 1821.
Ceci laisse transparaître une erreur. Le nécessaire à éponge n'était pas un vase. Et il était de forme cylindrique. Mais cette erreur a pu jouer des tours aux comploteurs, puisque l'on parle bien de deux vases à l'exhumation...
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Donc il y a bien eu 3 cercueils (ou caissons, comme on veut l'entendre) le soir du 7 mai. Et un quatrième (fait avec la table de Bennett) arriva le 9 mai, comme on le sait. Donc au total cela fait bien 4 cercueils.
Il serait préférable de dire trois cercueils et une caisse (ou caisson, si on préfère)!
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Le processus est complet, on y a meme mentionné : "Le cercueil [fer blanc-plomb-acajou] a été placé sur le lit de camp dans la chapelle ardente et recouvert d'un drap mortuaire en velours violet sur lequel nous avons étendu le manteau que, depuis la bataille de Marengo, l'Empereur portait dans toutes ses campagnes."
Je vois une possibilité à cette erreur du PV le 7. Peut être que, pour la postérité, on n'a pas voulu indiqué que le cercueil de Napoléon déposé dans la chapelle ardente était un cerceuil en plomb...! Ce n'était guère attrayant, et ceci explique qu'on recouvrit le tout d'un drap mortuaire. Si le cercueil visible avait été d'un bel acajou avec NAPOLEON écrit par dessus, on n'aurait sans doute pas mis de drap par dessus pour le cacher des yeux pendant deux jours, jusqu'au 9 mai.
Cette explication peut se rajouter à celle du caisson en bois ordinaire, en effet.
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Mais il y a encore un "mais" M AlbertUK, si l'Empereur disposait d'un mobilier en acajou, je suppose qu'il devait posséder une table en acajou utilisable pour la fabrication d'une seconde table?
Non, seul le mobilier du Nouveau Longwood était tout beau tout neuf, en acajou, et envoyé d'Angleterre. On avait mis beaucoup de travail à préparer celui-ci, et payé beaucoup d'argent à un menuisier célèbre. Les plans de ces meubles existent encore, et un livre a par ailleurs été consacré au seul mobilier du Nouveau Longwood. Beaucoup d'acajou, mais des petites meubles. Pas de table immense pour y découper 4 planches d'un seul tenant.
Ce qui exclut assurément que l'on s'en soit servi pour le caisson intermédiaire !
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Mais alors, pensez-vous que les français auraient accepté que l'on sacrifiat le mobilier impérial dans ce dessein?
Ce n'était pas le mobilier impérial. Ce mobilier de Longwood était plutôt rustique et fournit par le gouvernement anglais. Cockburn en acheta un certain nombre de pièces sur placa à bas coût en 1815. On le compléta par morceaux ici et là, au fur et à mesure des besoins. Après le départ des français en mai 1821, le tout fut vendu aux enchères en 1822 à Sainte-Hélène.
Ceci est un peu contradictoire avec ce qui a été dit plus haut.
Par conséquent, on peut s'en tenir à cette version: un caisson ou une caisse intermédiaire entre le cercueil de fer blanc et celui de plomb et un cercueil d'acajou. Pas assez présentable pour mériter d'être mentionné dans le PV de mise en bière de l'empereur.
Mais en 1840, la majorité des témoins décrit ce caisson intermédiaire comme étant en acajou et même avec des vis à têtes argentées. Et là, si c'était le cas, on ne comprendrait plus la position des compagnons de l'Empereur.
Enfin rappelons que les témoignages français ont autant de poids que ceux des Anglais...