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Bonjour,
Voilà une proposition de traduction intégrale dudit rapport, étant bien précisé que mes connaissances en italien sont relativement modestes et que je ne suis pas non plus un scientifique;
d'où une relative imprécision dans ma traduction et... la conclusion qui s'impose à savoir que j'invite toute personne plus qualifiée que moi à compléter ce travail voire à rectifier mes possibles erreurs.
Cela étant, j'ai cherché à coller au plus près de la réalité de cette analyse, en occultant systématiquement les points dont je ne maîtrisais pas à 100 % la traduction : parties remplacées par le sigle (...).
Je n'en dirai pas plus si ce n'est que je ne suis pas certain d'avoir appris grand chose dans cette accumulation de données.
Voilà, le résultat (attention ! c'est assez long..) :
Mesures avec activation neutronique sur la présence d'arsenic dans les cheveux de Napoléon Bonaparte et de membres de sa famille
(M. Clemenza, E.Fiorini, L.Guerra, C.Herborg, M.Labra, E.Orvini, A.Piazzoli, E.Previtali,
F.Puggioni, A. Santagostino)
1.Introduction
Les résultats obtenus au cours des dernières décennies dans la physique fondamentale nucléaire (…) ont conduit à de considérables développements dans les techniques adoptées pour la recherche d'évènements nucléaires rares [1]. Nous pensons en particulier aux évènements produits de particules lourdes avec interaction faible tel que les WIMPS (Weakly Interacting Massives Particles) [2] qui pourraient constituer un tiers environ de la masse de notre Univers. La récente découverte des oscillations du neutrino [1, 3-7] a ces dernières années fortement stimulé les recherches d'évènements rares de basse énergie comme les interactions de neutrinos solaires [7]
(...)
Dans toutes ces expériences et en particulier dans celles sur les WIMPS (...) menées avec des révélateurs à semi-conducteurs ou thermiques [9-11], il est indispensable d’étudier et de réduire le fond d'évènements impurs qui pourrait masquer les interactions qu'on voudrait révéler. Une technique particulièrement apte à reconnaître la présence de traces minimes d'éléments qui peuvent produire ce fond, les "éléments dans la trace", est l'activation neutronique.
Il s'agit en pratique (Fig. 1) de bombarder avec un flux de neutrons le matériel à analyser et de produire donc, suite à la capture d'un neutron par 'un isotope, des noyaux radioactifs qui peuvent (…) être déterminés grâce à la mesure de la radiation gamma émise (…).
(…)
La maîtrise de [cette] technique de mesure nous a portés à l'appliquer à des thématiques éloignées de notre activité principale qui tend à l’étude des interactions fondamentales. Nous rapportons dans ce travail les résultats des analyses archéométriques menées sur les cheveux de Napoléon Bonaparte et de quelques membres de sa famille. Les résultats jusqu'à présent disponibles sur le possible empoisonnement de l'Empereur ont en effet été obtenus avec une instrumentation et des techniques souvent dépassées et présentant des discordances qui n’ont pas permis de parvenir à des interprétations définitives.
Notre but n'est pas d'entrer dans les discussions souvent animées sur la cause de la mort de l'Empereur, mais d'exposer étroitement les résultats de notre analyse effectuée avec une instrumentation et des techniques plus modernes ainsi que sur une série nombreuse d’échantillons.
2. Allusion aux mesures précédentes
La mort de Napoléon après six ans de captivité dans l'île de Sainte-Hélène il y a près de deux siècles, a fait l’objet, spécialement dans les dernières décennies, de discussions continues sur sa cause. L'hypothèse d'un homicide par empoisonnement est soutenue sur la base de considérations médicales et physiques, par ailleurs contestées, rapportées dans un volume de B. Weider et de D. Hapgood [15] et dans des publications suivantes [16-17].
Cette conclusion se base principalement sur des mesures effectuées sur des cheveux de Napoléon prélevés après sa mort à Sainte-Hélène et orientées vers la recherche d'arsenic. Nous rapporterons ici seulement celles que nous considérons d’un intérêt majeur.
L'exposition à l'arsenic, comme à divers métaux lourds, peut déterminer une accumulation de celui-ci dans divers tissus et un dépôt dans les prolongements cutanés : ongles, peaux et cheveux. Ceux-ci sont en effet des structures de dépôt de divers minéraux, y compris les métaux toxiques, et pour cette raison ils ont historiquement revêtu un rôle important dans les analyses médico-légales surtout pour déterminer des intoxications chroniques ou (…). Les cheveux sont un révélateur des conditions de santé de notre organisme parce qu'ils permettent de tirer des informations sur le niveau intracellulaire des éléments minéraux essentiels pour la vie et sur la présence de métaux toxiques.
Le Minéralogramme (ou Tissutal Mineral Analysis = TMA), d’un développement récent, consiste en une analyse de laboratoire effectuée avec des méthodes physiques et chimiques, pour évaluer la présence de minéraux à l'intérieur du cheveu lui-même. Il s'agit d'un test de screening et donc par définition il ne fournit pas de diagnostic de maladie, de condition pathologique ou d'empoisonnement criminel, mais il est de grande utilité dans la correcte formulation d'un diagnostic. Bien qu’il concerne l'arsenic, une présence élevée dans les cheveux n'est pas nécessairement attribuable à un empoisonnement intentionnel : elle peut être provoquée par l'ingestion fortuite de cet élément via les aliments, l’eau ou la respiration.
Une méthode efficace pour ces recherches est celle de l’analyse par activation neutronique qui consiste en un bombardement de l’échantillon en question par un faisceau intense de neutrons thermiques. La capture des neutrons par quelques isotopes peut causer la production de noyaux (…). Si le temps de division par deux de ces noyaux n'est ni trop court ni trop long, on peut révéler la présence de ces isotopes par la spectroscopie gamma, qui a atteint dans la dernière décennie un degré élevé de sensibilité. L'arsenic présente des caractéristiques intéressantes du point de vue de l’analyse par activation neutronique.
(…)
La première mesure avec activation neutronique pour déterminer la présence d'arsenic dans les cheveux prélevés du corps de Napoléon après sa mort a été menée en 1961 par le Laboratoire de Harvell à la demande du médecin suédois S. Forshufvud [18]. Sur un cheveu de 1.74 cm de longueur, on avait observé la présence d'arsenic mais, étant donné la masse limitée et l'instrumentation disponible à l'époque, il avait été seulement possible d’indiquer une concentration d'arsenic comprise entre 10 et 38 ppm (note trad = partie par million = rapport de 10-6), de loin supérieure à celle présente dans les cheveux de la population actuelle. Nous reviendrons plus tard sur cette comparaison que nous considérons comme incorrecte.
Une mesure plus précise [19] fut effectuée sur plus de cheveux dont un long de 13 cm. Ces échantillons furent exposés à un flux de neutrons thermiques (…) sur une période de 24 heures. Pour évaluer la possible variation de la présence d'arsenic dans le temps (un cheveu croît avec une vitesse d’environ un centimètre par mois) le cheveu avait été coupé en fragments de 5 mm chacun et l'activation produite par les neutrons mesurée avec un compteur Geiger.
La mesure effectuée sur les fragments a indiqué que la présence d'arsenic variait de 11 à 3 ppm. Le résultat de cette mesure est rapporté en Fig.2 et a été utilisé comme une preuve supplémentaire de l'empoisonnement. Nous ne rapportons pas les erreurs qui à notre avis rendent le résultat douteux, même eu égard à la technique spectroscopique utilisée qui ne pouvait certainement pas permettre une sensibilité élevée. En outre, il est difficile d’imaginer comment, avec un compteur Geiger, il a été possible de distinguer l'As (n.trad. = symbole de l’arsenic) de tous les autres éléments activés qui sont sûrement produits à l'intérieur des cheveux du fait de leur exposition à un intense flux de neutrons.
Une mesure suivante qui s’avère d’un intérêt considérable [20, 21], avec un résultat contraire à l'hypothèse d'empoisonnement, s’est fondée sur les analyses d'un fragment de la tapisserie de la maison de Longwood (Fig. 3) où habitait Napoléon. Dans ce cas la masse élevée de l’échantillon (Fig. 4) permettait une simple analyse par fluorescence X. En tenant compte de la moyenne sur tout le mur, le contenu d'arsenic s’est avéré être de 0.08 g/m², une valeur particulièrement élevée et actuellement non admissible pour les structures domestiques normales. Les auteurs excluent donc l'hypothèse de l'empoisonnement, en retenant que l’accumulation d'arsenic dans les cheveux est le produit des émanations du métal des murs.
Des données contraires à l'hypothèse d'empoisonnement sont également rapportées dans une mesure suivante [22], où pour la première fois est utilisée la spectrométrie gamma. Un échantillon a été irradié pendant 15 heures avec un faisceau de 2.5 x1011 n/cm²/s et mesuré après 7 heures avec un révélateur GeLi. La procédure a été répétée après un lavage en obtenant le même résultat. On a aussi relevé d’autres éléments, mais la vague indication de la présence d'As (1.4±1.2 ppm) n'est pas retenue comme une évidence d'empoisonnement.
D’autres mesures et considérations négatives ont suivi [23,24], que B. Wilder (sic – note trad = confusion Ben Weider – Billy Wilder ou quelque chose m’échappe ??) a d'autre part réfuté en se basant aussi sur le résultat qui lui a été transmis par le FBI [25], qui avait mesuré deux cheveux en trouvant des valeurs égales à 33.3 et 14 ppm d'As respectivement, et sur ceux obtenus de J. Mace [26].
Une série de mesures a été effectuée avec la méthode de la spectroscopie par absorption atomique de P. Kintz et de son groupe [27] sur cinq cheveux, dont un de 1816, et a permis de révéler des concentrations comprises entre 6.99 et 38,53 ppm qui sont prises comme indication d'intoxication.
Un résultat plus récent a été obtenu avec la technique d'activation neutronique [28] en analysant deux cheveux prélevés de Napoléon le jour après sa mort et un prélevé en 1814 lorsque Napoléon était dans son premier exil à l'île d'Elbe et reçut une visite de sa sœur Paolina Borghese. Les concentrations d'arsenic ont donné respectivement 1.85 ± 0,11 / 3,05 ± 0,18 et 33,3 ± 2,2 ppm.
Les concentrations mesurées pour contrôle sur un homme et une femme vivants donnaient respectivement 32±3 et 33 ± 2 ppb (note trad. = partie par milliard, rapport de 10-9) : donc très inférieures à celles relevées dans les cheveux de l'Empereur. Les auteurs observent que le contenu d'As à l'île d'Elbe, où on ne peut évidemment pas supposer une quelconque forme d'empoisonnement, est très élevé (trop à notre avis !) et qu'on ne peut pas donc parler d'un empoisonnement ultérieur à Sainte-Hélène. Ce point sera discuté ensuite.
Une mesure intéressante, bien que nous la sachions non publiée, gentiment communiquée par le professeur Gerbier, a été menée en 1995 à Saclay par le Dr. Sophie Ayrault sur deux cheveux de Napoléon provenant du musée de Lausanne. La difficulté dans la révélation du pic gamma à 559 keV par un révélateur au germanium est due à la présence dans la même région énergétique des pics dus à l'activation de Na, de Br et Sb. En tenant compte des erreurs, les résultats sur les deux échantillons sont compatibles entre eux dans un facteur deux avec une valeur moyenne autour de 4.5 ppm.
Toutes ces mesures, sauf les dernières, ont été conduites avec des instrumentations modestes et ont souvent fourni des résultats contradictoires. Donc il a été décidé de mener une recherche systématique sur les cheveux non seulement de Napoléon, mais aussi de ses contemporains, en la confrontant avec les données sur les cheveux de personnes actuellement vivantes. La grande aide reçue des musées Napoléon de Rome, Glauco Lombardi de Parme et de Malmaison à Paris, conjointement à l’échantillon qui nous a été fourni par le Consul Honoraire de France à Sainte-Hélène, nous a permis de recueillir une considérable quantité de matériel historique tout à fait adapté nos analyses.
3. Détails expérimentaux et matériel recueilli
Toutes les mesures d'activation rapportées dans ce travail ont été effectuées en utilisant comme source de neutrons le réacteur Nucléaire TRIGA Mark II du Laboratoire d'Énergie Nucléaire Appliquée (LENA) de l'Université de Pavie (Fig. 5). La spectrométrie a été menée à terme avec des révélateurs de germanium (…) HpGe, soit dans le laboratoire de Radiochimie du Département de Chimie Générale de la même Université soit auprès du Laboratoire de Radioactivité Ambiante de l’Université -Section INFN- de Milano-Bicocca, où ont été aussi effectuées les délicates mesures sur la masse des échantillons.
Le flux dans le canal central du réacteur est de 1.2x1013 n/cm²/s. Pour l’analyse quantitative, il a été utilisé un standard de référence avec des contenus certifiés des éléments en traces. On a évalué le rapport entre les activités induites de chaque élément dans le standard et dans l’échantillon objet de l’analyse.
(…) Comme nous l’avons constaté dans ce travail, à côté de l'erreur physique dans la mesure de l'élément en trace dans un cheveu, existe une variabilité biologique qui induit une imprécision entre des cheveux du même individu. Pour cette raison et pour valider et vérifier les mesures de type archéométrique il a été mesuré systématiquement dix cheveux d'une même personne de nos contemporains pour les confronter avec les échantillons historiques objet de cette recherche.
Nous avons utilisé exclusivement du matériel historique généreusement fourni par des Musées d'importance internationale, qui ont certifié son authenticité. Ce matériel (Tableau I) consiste dans :
- cheveux prélevés au Roi de Rome (l'Aiglon) dans les années 1812, 1816, 1821 et 1826, fournis par le Musée Glauco-Lombardi de Parme,
- cheveux prélevés à l’Impératrice Joséphine à sa mort en 1814, fournis par le Musée de la Malmaison de Paris,
- cheveux prélevés à Napoléon Bonaparte enfant en Corse, fournis par le Musée Napoleonico de Rome,
- cheveux prélevés à l'Empereur pendant son exil à l'Île d'Elbe, fournis par le Musée Napoleonico de Rome,
- cheveux prélevés à l'Empereur sur l'île de Sainte-Hélène le jour de sa mort (5 mai 1821) et le jour suivant (6 mai 1821), fournis par le musée de Malmaison de Paris.
4. Résultats
Dans le but d'éliminer d’éventuelles contaminations extérieures, tous les cheveux ont été traités, avant le rayonnement, avec la même procédure standardisée IAEA [29] : chaque cheveu est lavé en acétone sous agitation pendant dix minutes. On effectue ensuite trois lavages successifs dans une eau distillée deux fois , pendant dix minutes pour chaque cheveu, toujours avec agitation. Ensuite, on procède à une nouvelle série de lavages avec acétone pendant dix minutes. Chaque échantillon est ensuite inséré dans une éprouvette et chaque groupe d’échantillons sera irradié pendant 8 heures avec un faisceau de 10 13n/cm²/s. Après 10-12 heures, utiles pour éliminer les décadences à brève vie moyenne, on procède à la mesure avec spectroscopie gamma.
4-1 Mesure sur des cheveux contemporains
Avant d'entamer les analyses des cheveux d’intérêt historique il a été procédé à des mesures systématiques sur des cheveux prélevés en différentes régions de la tête d'un sujet contemporain. En effet, il a été observé, même par le passé, qu'on pouvait avoir des différences considérables entre des cheveux prélevés en divers points et que ceci pourrait, en principe, introduire une incertitude difficilement quantifiable dans les interprétations des résultats [30].
Les résultats sont rapportés dans le Tableau II.
Les erreurs, relevées d’un point de vue relatif, sont de considérer entièrement acceptable une donnée dont la concentration d'arsenic est très réduite : (…).
Les fluctuations sont imputables à la petite masse des échantillons, et aux possibles différentes positions relatives entre le cheveu et le révélateur, avec par conséquent une fluctuation de l'efficacité de mesure.
Les basses concentrations en arsenic dans les cheveux contemporains analysés sont entièrement compatibles entre elles, avec une valeur moyenne d’environ 60 ppb (note trad = 0,06 ppm), et en accord avec des mesures rapportées dans beaucoup d'études menées sur la population actuelle.
Donc, nous avons décidé d'insérer, (…) un cheveu actuel pour chaque rayonnement de cheveux d’intérêt historique. Ceci afin d’établir, pour chaque mesure effectuée, la stabilité des paramètres et la répétitivité des méthodes et procédures analytiques.
4-2 Mesures sur les cheveux du Roi de Rome et de l'Impératrice Joséphine
Les concentrations d'arsenic sur ces cheveux sont rapportées dans le Tableau III et dans la Fig. 6. Les données relatives au Roi de Rome sont compatibles entre elles et couvrent une période de 14 ans, avec une valeur moyenne de 9.4±0.3 ppm. Cette valeur est presque de deux ordres de grandeur ( ?) plus forte que la valeur moyenne relevée dans les cheveux actuels. Il est évident qu'on ne peut pas parler dans ce cas d'empoisonnement, mais d'une ingestion constante probablement typique de ces temps.
On remarque que ces échantillons ont été prélevés en des temps éloignés de la mort du Roi de Rome et que les valeurs se répètent sur toutes les différentes phases de la vie de l’Aiglon.
L’échantillon de cheveux prélevés à l'Impératrice Joséphine immédiatement après sa mort est beaucoup plus limité. Les valeurs de concentration d'arsenic sont plus petites, mais la moyenne de 1.0 ± 0,3 ppm est aussi toujours supérieure d’au moins un ordre de grandeur par rapport à celles des cheveux actuels. Il semble de toute façon qu’on puisse exclure l'hypothèse, avancée récemment [31], d'un empoisonnement d'arsenic.
4-3 Mesures sur les cheveux de Napoléon Bonaparte prélevés après la mort et en différentes périodes de sa vie
Les résultats des mesures accomplies sur un échantillon considérable de cheveux de l'Empereur sont présentés dans le Tableau IV et la Fig. 7. Les deux échantillons prélevés à Napoléon enfant et ceux prélevés à l'Île d'Elbe présentent des valeurs moyennes de 7.3 ± 0,5 et 4 ± 0,3 ppm respectivement. Nous observons que pour les échantillons prélevés à l'île d'Elbe, la valeur rapportée par Lin, Alber et Henkelmann [28] apparaît considérablement différente par rapport au résultat des mesures conduites sur nos échantillons.
Il est possible de supposer un nettoyage insuffisant de la surface de l’échantillon qui aurait porté à des concentrations excessives non liées cependant à la structure interne du cheveu analysé.
Les valeurs de concentration d'As dans les cheveux de Napoléon prélevés après sa mort donnent, (…) , une valeur moyenne de 15.9 ± 0,7 et de 12.4 ± 1,2 ppm pour les cheveux des 5 et 6 mai, respectivement.
Après l’irradiation, le cheveu numéro 2, du 5 mai 1821, a été subdivisé en plusieurs parties pour identifier un possible accroissement de la concentration d'arsenic avec le temps (Tableau V). En se rappelant qu'un cheveu croît en moyenne de 1 - 2 cm par mois, on peut avoir de cette manière un panoramique des derniers mois de vie de l'Empereur.
La mesure des six fragments de cheveux s’est avérée particulièrement difficile à cause de la masse exiguë des échantillons à analyser. L’échantillon A correspond à la pointe du cheveu tandis que l’échantillon F est la partie la plus proche du cuir chevelu. On peut observer que la somme des masses des fragments ne donne pas la masse initiale de l’échantillon 2 (150 µg contre 165 µg). Cela est dû à l'erreur systématique de la balance qui fournit évidemment une valeur dans un intervalle de sensibilité, ainsi qu’au fait que les cheveux après le rayonnement sont en général plus légers à cause de la dispersion des substances volatiles lorsque le cheveu est posé dans le réacteur à une température plus élevée que celle ambiante.
On trouvera dans le tableau VI les valeurs de concentration mesurées : on observe qu’il n’y a pas une réelle tendance à une augmentation de la concentration et que les valeurs se distribuent assez uniformément autour de la valeur moyenne (Fig. 8).
Cette valeur moyenne s’avère être de 21,0 ± 1,0 ppm, plus élevée d’environ 20% par rapport à la valeur mesurée dans l’échantillon 2 avant le fractionnement : cela est clairement imputable à la réduction de la masse observée pour les fragments, déjà discutée auparavant, plutôt qu'à une plus grande efficacité de mesure obtenue sur des échantillons plus petits (…) .
Etant donné la concentration élevée que nous avons relevée dans toutes les mesures sur des personnes vivant du temps de Napoléon et pour lui-même à des époques diverses, il ne nous semble pas possible d’utiliser, pour confirmer l'hypothèse d'empoisonnement, la comparaison des mesures sur le contenu d'arsenic dans les cheveux de Napoléon après la mort avec les données relatives aux contenus actuels. En particulier, le niveau relevé dans les cheveux prélevés à l'île de Sainte-Hélène est supérieur de seulement 50% à celui mesuré sur une vaste statistique et en diverses périodes de temps dans les cheveux du fils, et dans un facteur deux si on le compare à celui mesuré sur les cheveux de Napoléon enfant qui, évidemment, ne peut pas être considéré en danger d'empoisonnement.
Même l'hypothèse d'une variation soudaine du contenu en arsenic, imputable à un empoisonnement aigu, n'est pas confirmée par notre mesure sur les fragments contigus d'un cheveu.
4-4 Mesures sur un autre matériel
On a envisagé plusieurs fois la possibilité que l'arsenic pouvait avoir des origines environnementales : des murs qui contenaient une considérable quantité d'arsenic [19,20] ou par ingestion. Merci à Messieurs M. Dancoisne-Martineau, Consul Honoraire de France à l'île de Sainte-Hélène qui nous a fourni de l'eau prélevée de la même source qui réapprovisionnait Napoléon et sa cour à proximité de la tombe où il a été enterré (Fig. 9). Les mesures pour la détermination de l’arsenic dans l’eau, étant donné la masse considérable d’échantillon à disposition, ont été exécutées avec des méthodes d'absorption atomique. La valeur moyenne d'arsenic dans l'eau, mesurée selon la Méthode EPA 200.9 [33] avec une instrumentation Perkin Elmer SIMMA 6000 pour Absorption Atomique avec réchaud à graphite (GFAA) a donné le résultat de 1.27 ppb (note trad. = 0,00127 ppm) avec des valeurs minimum et maximum respectivement à 0.80 et 2.00 ppb (note trad. = 0,0008 et 0,002 ppm).
Ces valeurs (Tableau VII) montrent que, actuellement, la présence d'arsenic dans la source qui fournissait l'eau potable à Napoléon n'est pas supérieure à la règle : les eaux potables destinés à la consommation humaine peuvent contenir au maximum 10 µg/l (note trad. = 10 ppb ou 0,01 ppm) (D.Lgs. 2 février 2001, n. 31 ; Dir. 3 novembre 1998, n. 98/83/CE).
Conclusions
Nos mesures conduites sur les cheveux d'une personne contemporaine, en même temps que celles sur des personnes vivantes à l’époque de Napoléon nous ont permis de vérifier que les secondes présentent une concentration arsénique supérieure d’environ deux ordres de grandeur par rapport aux premières.
En conséquence, il résulte que la procédure souvent adoptée pour confirmer l'hypothèse d'empoisonnement basée sur la comparaison du contenu arsénique entre les cheveux de Napoléon et les cheveux d’aujourd’hui est erronée.
Les résultats relatifs à des échantillons des cheveux de Napoléon prélevés le jour de sa mort et le jour suivant et analysés pour la première fois dans une quantité si élevée, montrent un bon accord entre les diverses composantes et sont comparables, en ordre de grandeur, à ceux relevés dans un ensemble nombreux et analogue prélevé sur le Roi de Rome sur quatre années différentes de sa vie.
Le contenu d'arsenic dans les cheveux de Napoléon à sa mort par rapport à celui mesuré dans les cheveux lorsque il était à l'Île d'Elbe est indubitablement plus élevé, mais il n'est pas tel qu’on puisse suspecter un empoisonnement intentionnel et en outre les valeurs d'arsenic relevées dans les cheveux de Napoléon enfant montrent des valeurs (…) compatibles avec celles obtenues à l'époque de sa mort à Sainte-Hélène.
Si on considère l’indice d'exposition chronique à l’arsenic pour la population humaine actuelle, le relevé de concentration dans le cheveu est supérieur ou égal à 10 ppm, mais (…) à la mort de l'individu on obtient une concentration dans les cheveux supérieure ou égale à 45 ppm [34].
Les niveaux d'arsenic dans les cheveux de Napoléon prélevés de son vivant et après la mort sont comparables avec ceux relevés sur des personnages historiques de l'époque. Ils révèlent indubitablement une exposition chronique qui à notre avis peut être simplement attribuée à des facteurs environnementaux, actuellement malheureusement difficilement identifiables, ou à des habitudes alimentaires/thérapeutiques.
De fait, il est difficile de penser que ce niveau de concentration arsénique puisse être ramené à un empoisonnement intentionnel de l'Empereur, (…).
Nous retenons en conclusion que ces résultats peuvent être d’une utilité considérable pour de futures recherches si celles-ci sont associées à des considérations historico-médicales qui sont en dehors des intentions et des prérogatives de ce travail.
Remerciements
Nous désirons remercier les professeurs Franco Bassani et Gilles Gerbier pour les discussions et les conseils au début de ce travail et les docteurs Davide Giamminonni, Stefania Pennati et Giovanni Terenziani qui ont contribué avec leur travail et leurs thèses de licence. Un vif remerciement au Directeur et au personnel de LENA pour l'aide continue et efficace reçue sur ce travail et aussi dans d’autres recherches basées sur l'activation neutronique. La plus vive gratitude va aux Musées Napoleonico de Rome et Glauco Lombardi de Parme et en particulier aux docteurs Julie Gorgoni, M.E.Tittoni et Francesca Sandrini, ainsi qu’au Consul Honoraire de France à Sainte-Hélène, Monsieur M. Dancoisne-Martineau. Un remerciement particulièrement vif au doc. Bernard Chevallier, Directeur du Musée de la Malmaison, qui nous a non seulement procuré de nombreux échantillons de cheveux d’un intérêt historique prélevés sur Napoléon après sa mort, mais aussi illustré avec grande compétence les derniers mois de la vie de Napoléon à Sainte-Hélène.
.. Voilà, je tiens à disposition le fichier .word de cette traduction, d'un maniement sans doute plus pratique que dans le corps d'un message; j'espère que ce travail pourra servir.
ps : à la relecture, je m'aperçois que les chiffres d'exposants (10 puissance x) apparaissent sur la même ligne que le 10, ce qui nuit évidemment à la lecture.. désolé
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