Bonjour à tous,
J'avais envie de dire mon admiration pour un homme du Second Empire, au destin assez fascinant.
Un destin comme il semble bien difficile d'en rêver aujourd'hui...
Je veux parler du duc de Morny (1811-1865).
Ou plutôt, je ne saurais en parler comme l'a fait Jean-Marie Rouart dans son "Morny, un voluptueux au pouvoir", aussi vais-je seulement me permettre de vous inviter à lire cet ouvrage de 1995.
Je ne doute pas que la lecture de cette vie hors du commun, merveilleusement servie par le style de l'auteur, vous portera à vous attacher fortement au personnage à votre tour.
J'ai lu ce petit recueil en une soirée.
Je l'ai littéralement dévoré tant j'étais transporté par la découverte de ce personnage dont la vie de roman faisait rêver le jeune homme d'une petite vingtaine d'années que j'étais et qui s'apprêtait à affronter la vie d'adulte sans grandes certitudes.
Rouart excelle à dépeindre des hommes d'exception et leur époque disparue.
Mais ses critères sont bien arrêtés. Il s'attache - dans tous les sens du terme - à des hommes d'un genre bien particulier: ceux qui ayant fait ou eu beaucoup auraient pu faire ou avoir plus, ceux qui ne sont pas passés loin de connaître une réalisation totale, mais n'ont pas atteint ce Graal parce qu'ils ne l'ont sans doute pas assez voulu.
Des hommes que le goût du plaisir et le goût de vivre en somme ont amené à ne pas sacrifier leur existence à la postérité.
Rouart avoue sa fascination et sa sympathie profonde pour ces "ratés" de luxe en somme (cf. "La noblesse des vaincus", "Bernis, le cardinal des plaisirs").
J'en veux un peu à Rouart de faire de Morny un merveilleux "raté" (je suis ingrat car c'est pourtant lui qui me l'a présenté...

), même si je comprends ce qu'il veut dire et ne saurais finalement le contredire.
Morny aurait-il pu faire plus pour l'Empire?
Et aurait-il permis d'éviter la catastrophe finale si la mort ne nous l'avait pas ôté en 1865?
Je ne sais pas quoi répondre à ces deux questions.
Pour moi, Morny incarne parfaitement le Second Empire: élégance, puissance, mesure, générosité à l'occasion, défiance face à la morale toute faite, succès (au pluriel...), dynamisme, modernité, innovation.
Dieu que j'aurais aimé connaître cet homme.
Je lui rends visite parfois. Un peu honteusement car je ne suis pas un parent. Alors je prends des airs de duc à mon tour et lui dépose une fleur.
J'achète tout ce que je trouve sur lui (cette phrase peut être assimilée à une petite annonce

).
Mes bijoux, ce sont des lettres autographes de sa main.
Les sujets abordés ne sont jamais très importants hélas, même si parfois, en lisant entre les lignes, je découvre avec émotion et satisfaction une partie de l'intimité de Morny (je me fais fort de lui rendre cette correspondance dans l'au-delà

).
Morny est certainement le personnage le plus honni du Second Empire par tous les opposants au régime.
Ca en dit long sur eux.
