Détails intéressants ; les retranchement de Rouen à la date du 4 décembre 1870 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... Image.zoomLa ligne au nord et à l'est de Rouen présentait un développement de 40 km. Elle n'était qu'à moitié terminée, dans ses aménagements, mais complète dans son développement *. Les travaux commencés activement le 23 novembre s'étaient poursuivis sans désemparer jusqu'au 4 décembre au soir. Sur les 46 pièces de marine qui devaient l'armer, deux seulement étaient en état de tirer. Briand n'avait que 15 000 hommes de troupes d'active, mais pouvait compter sur les 10 000 hommes de la garde nationale de Rouen et sur les mobiles encore en ville. Soit 25 000 hommes. Il restait des fusils pour armer plusieurs milliers de volontaires, notamment les ouvriers qui avaient travaillé à l'édification des retranchements. Il devait donc pouvoir compter sur 35 000 à 40 000 hommes, les uns exercés, les autres pleins de bonne volonté.
Les Prussiens se présentèrent devant l'enceinte le 5 au matin. La trouvant vide de défenseurs, ils la franchirent sans difficulté et entrèrent dans la ville. Accueillis à coups de fusil, il est bien évident qu'ils n'auraient pas tenté l'assaut le jour même. Ce qui donnait automatiquement une journée de répit à la défense. A notre avis, les Prussiens auraient encore mis une journée supplémentaire pour s'installer, reconnaître les points faibles de la défense et positionner leur artillerie. C'est donc le 7 décembre au plus tôt qu'ils auraient commencé le bombardement de points choisis à l'avance pour y lancer un assaut. Deux ou trois, au maximum, selon leurs habitudes.
Qui sait ce qui pouvait être accompli en 48 heures par les défenseurs ? La faible artillerie de Briand pouvait être mise en ligne, plusieurs autres pièces de marine convoyées aux points prévus, tous les chevaux et charrettes de l'agglomération étant réquisitionnés... Enfin, des renforts pouvaient se mettre en route et gagner la ville par le sud, encore libre de ses communications.
Examinée sous cet angle, l'évacuation de Rouen par Briand avec 25 000 hommes fut une faute qui déboucha sur une catastrophe !
* Au minimum, ces retranchements présentaient un fossé de 2 m de large, profond de 1 m à 1, 50 m, avec un parapet en terre, haut de 1,50 à 2 m avec des positions de tir aménagées. Si bien que les fantassins prussiens auraient eu à escalader un obstacle de 2,50 m au moins. Il leur fallait se munir d'échelles, soit en les réquisitionnant aux alentours, soit en les fabriquant sommairement.