L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 07 Jan 2011 18:00 
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1858. Napoléon III en Bretagne



Durant l’été 1858, l’empereur des Français visite la Bretagne avec son épouse Eugénie. Une visite triomphale qui visait à conforter le régime dans une région travaillée par les royalistes légitimistes et les républicains.

Sous la Seconde république et le début du Second empire, le comportement politique des Bretons se singularise déjà. En 1848, ils accordent certes le score confortable de 53,4 % au candidat à la présidence Louis-Napoléon, mais c’est 20 % de moins qu’en France. Un demi-siècle plus tôt, la Bretagne avait été marquée par les violences des guerres de la Chouannerie. Les royalistes y conservent donc de solides assises. Dans les villes, les libéraux penchent plus pour la république que le régime autoritaire mis en place par l’empereur.

En 1858, le projet de voyage en Bretagne apparaît donc stratégique pour Napoléon III. Il s’agit d’une visite de propagande, visant à montrer l’intérêt que l’empereur porte aux Bretons, ainsi qu’à illustrer les progrès apportés par le régime : stabilité, ordre et innovations technologiques. L’empereur doit ainsi emprunter la nouvelle ligne de chemin de fer entre Rennes et Paris. Une dernière préoccupation anime les Bonapartistes : préparer l’opinion catholique à une entrée en guerre de la France afin de favoriser l’unité italienne. À la fin du mois de juillet 1858, Napoléon III a en effet rencontré le premier ministre du Piémont, Cavour, à Plombières. Ils y ont évoqué l’aide de la France en faveur de l’unité italienne, ce qui sous-entend une probable entrée en guerre contre l’Autriche-Hongrie, contrôlant alors une partie de l’Italie du nord, mais qui implique également de froisser le pape. À l’époque, en effet, le souverain pontife dirige les États pontificaux, un vaste territoire autour de Rome, qui coupe la péninsule en deux. Le pape et le parti ultramontain voient donc d’un mauvais œil cette unification italienne qui menace son pouvoir temporel.


Le voyage semble avoir été préparé de longue date avant son annonce en 1858. Établi en 1852, le Second empire semble alors solide. En 1856, Napoléon III a remporté la guerre de Crimée et l’impératrice lui a donné un héritier. En janvier 1858, il a échappé à l’attentat d’Orsini. « Le voyage de Bretagne préoccupait depuis longtemps les populations de la vieille Armorique, estime l’Illustration de l’époque. Il y a plusieurs années déjà, il en avait été question dans le pays : on parlait d’un vœu de l’impératrice à sainte Anne, patronne des Bretons ; on parlait d’une visite de l’empereur au port de Brest et, plus tard, de l’inauguration du chemin de fer à Rennes. » Le voyage est préparé par le général Fleury, premier écuyer et aide de camp de l’empereur. Du côté de la police, on prépare aussi le séjour impérial en arrêtant quelques opposants, notamment du côté de Ploërmel.

Le 3 août, Napoléon III quitte Saint-Cloud pour la Normandie. Le 5 août, il est à Cherbourg où il visite le port militaire et rencontre la reine Victoria d’Angleterre. Le 9 août, le couple impérial embarque sur le navire amiral, le Bretagne, en direction de Brest où ils abordent le lendemain.

Ils y sont accueillis par les notables, puis visitent l’arsenal. Le soir, une réception et un grand bal sont donnés à Brest. Un spectacle de danses et musiques bretonnes leur est proposé. « Cinquante jeunes couples bretons, relate l’Illustration, se tenant par la main, ont fait leur entrée dans la salle et, précédés du hautbois et du traditionnel biniou, ils ont défilé devant le trône de leurs majestés en costumes. » Le 11 août, pendant une visite de la rade, l’empereur indique aux élites brestoises qu’il est favorable à la création d’un port de commerce dans la cité du Ponant, un vieux projet resté longtemps en butte à l’hostilité des militaires.

Le lendemain, l’empereur et sa suite quitte Brest. « À la sortie de Brest, un grand nombre de cavaliers bretons attendait l’empereur pour lui servir d’escorte d’honneur », écrit le journaliste de l’Illustration. Le couple impérial passe ensuite par Landerneau, Rumengol, Châteaulin et Quimper où la préfecture a été décorée d’arcs de triomphe végétaux. Lors du dîner à Quimper, un incident survient. Une pièce de feu d’artifice explose, faisant huit blessés heureusement sans gravité. Un grand bal populaire breton, au son des binious et bombardes est donné ce soir-là. Plusieurs aristocrates ralliés à l’empire demandent à Napoléon III de proclamer son fils « duc de Bretagne », ce qu’il se refusera cependant à faire.

Les 13, 14 août sont passés dans le pays de Lorient, où l’empereur visite notamment l’arsenal de Lorient. On lui y fait la démonstration des nouveaux canons « rayés ». Un navire est lancé devant le couple impérial. Le 15 août, jour de fête mariale, l’empereur et sa femme se rendent à Sainte-Anne-d’Auray pour une messe. Un geste évident envers les catholiques. En se rendant ensuite vers Vannes, ils rendent visite à la cousine de l’empereur, la princesse Napoléon Baciocchi, installé à Colpo où elle dirige l’établissement éducatif de Cornhoët. Une inscription en breton « Deut mad er Korn er hoëd » accueille d’ailleurs Napoléon III. Celui poursuit ensuite vers Pontivy, redevenu depuis 1852, « Napoléonville », comme sous le Premier empire. Un grand défilé de cavaliers en costume blanc du pays y est organisé.

Le 17 août, l’empereur est à Saint-Brieuc où il assure les édiles que la future ligne de chemin de fer Paris-Brest passera par chez eux. Le 18 août, il visite Saint-Malo et annonce la création d’un nouveau quai sur le Sillon, ainsi que la modernisation des infrastructures portuaires. Le 19 août, il est à Rennes, où il prononce un grand discours devant la foule. Un discours qui sera ensuite distribué dans toute la région, sous forme d’affiches bilingues en français et en breton. Il quitte la Bretagne sous les vivats en prenant le train qui vient juste d’arriver à Rennes et dont les lignes seront ensuite prolongées vers Brest et Quimper.

Même les opposants à l’empire en conviennent, ce voyage a été un succès pour Napoléon III. Les Bretons l’ont accueilli avec enthousiasme. Même des républicains comme le folkloriste Luzel, y vont de leur panégyrique. Dans un poème en breton, ce dernier célèbre ainsi le voyage impérial, concluant par un vibrant « Gwened, kernew, Leon, Treger laret : Doué ‘viro Napoléon / Vannetais, Cornouaille, Léon, Trégor, dîtes ensemble : Dieu préserve Napoléon »… Quant aux royalistes, ils n’ont guère pu s’exprimer. Héritier du trône de France, exilé, le comte de Chambord lance aux légitimistes bretons qui lui avaient promis de perturber le voyage : « vous m’avez trompé ! »

En 1858, Napoléon remportait donc un succès en Bretagne avec ce voyage. Mais l’illusion était trompeuse. En 1870, après la défaite contre la Prusse, après le désastre de l’armée de Bretagne au camp de Conlie, l’empire s’effondrait totalement. Et ils ne restaient guère de partisans de Napoléon dans la péninsule, la fin du XIXe siècle étant marqué par le retour du traditionnel affrontement entre Blancs et Bleus, entre monarchistes et républicains…


:salut:


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Message Publié : 04 Fév 2011 20:52 
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On reste quand même stupéfait par le désamour qui se déchaîna à l'encontre de l'empereur vaincu dans un conflit engagé contre lui, presque à son insue... Comment, avec un bilan économique et social autrement moins brillant que Louis Napoléon, avec un charnier humain autrement plus conséquent, l'oncle parvint encore à rassembler des partisans sous ses fenêtres jusqu'après waterloo...
Il est vrai que le neveu avait été élu par erreur, puis haï par de grands esprits (Hugo et l'antisémite Karl Marx); son règne, comme le personnage, ne fut que paradoxe...


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Message Publié : 07 Fév 2011 13:21 
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Comment, avec un bilan économique et social autrement moins brillant que Louis Napoléon, avec un charnier humain autrement plus conséquent, l'oncle parvint encore à rassembler des partisans sous ses fenêtres jusqu'après waterloo... Ti'Breton) ...

Votre conclusion, cher Ti'Breton, me fait frissonner, tombant aussi brève et cinglante que le couperet d'une guillotine ! :grands yeux:

Pensez-vous, avec la sincérité qui vous caractérise habituellement, pensez-vous qu'il soit judicieux, voire plausible, de comparer deux périodes de l'Histoire aussi contrastées,( tout en étant complémentaires l'une de l'autre) que le Premier et le Second Empire ?
Pensez-vous honnêtement que les deux Hommes qui l'orchestrèrent puissent être mis en parrallèle, hormis par le nom qui leur confère ce lien de parenté ?

Personnellement, je ne le crois pas.

Je ne retracerai pas ici le bilan positif du règne de Napoléon 1er que vous connaissez comme moi, mais je voudrais tout de même rappeller quelques points qu'il ne faut pas perdre de vue pour une juste analyse.

Il est pour habitude, lorsque l'on évoque Napoléon III, de mettre en exergue l'extraordinaire avancée dans le domaine social et industriel. Ce n'est bien sûr pas contestable.
Mais le génie "multiple" de l'Oncle ne s'est pas retrouvé chez le neveu, loin s'en faut !
Napoléon III ne fut pas le visionnaire qu'était Napoléon 1er, et, par conséquent, ses actions sur le plan politique et militaire manquèrent d'éclat.
Le principe des nationalités qu'il voulait faire prévaloir en Europe, son côté quelque peu imbu des principes humanitaires, firent ressortir du personnage une diplomatie plutôt "brouillonne".
Il s'engage avec les Anglais dans la guerre de Crimée, connaît de graves déconvenues au Mexique, tout comme en Italie, pour terminer dans une guerre désastreuse que fut celle contre la Prusse.
Elle lui coûtera en effet son trône et ternira le bilan de son règne.

Voilà peut-être un début d'explication à votre questionnement sur le manque de popularité du neveu par rapport à l'Oncle, une cinquantaine d'années précédentes ...

Ceci dit, et bien qu'il soit tout-à-fait exact de reconnaître à Napoléon III son action positive dans le domaine social et industriel, force est de reconnaître tout aussi bien que l'oeuvre du grand Homme que fut l'Oncle, ne manque guère d'éclat, et ceci tous domaines confondus ... Politique, militaire, social, économique, culturel, artistique, littéraire, architectural ...
Bref, nul ne peut contester que Napoléon 1er fut, en même temps qu'un remarquable dirigeant politique, un organisateur et un administrateur de talent qui réussit le brillant exercie de faire basculer la France de l'Ancien Régime dans la modernité du XIXème siècle.

Car en effet, la gloire que lui apporta ses victoires militaires ne lui firent pas oublier les affaires intérieures, même s'il déplora souvent n'avoir jamais assez de temps à leur consacrer !

L'un de ses plus grands mérites reste pourtant d'avoir donné à la France ce système administratif et juridique efficace qui lui faisait si gravement défaut pour assurer au pays une gestion ferme.
Par ailleurs, en centralisant tous les pouvoirs, il assura la santé financière de l'Etat, et instaura de grands travaux publics.
Il contribua également à la prospérité de l'industrie, qu'il protégea par un service de douanes rigoureux.
Soucieux d'une agriculture florissante, mais s'inquiétant d'un commerce peu actif, il instaura le crédit et les chambres de commerce ; quant à l'armée, il la fit renforcer, possédant ainsi rapidement la plus imposante "machine de guerre" que le monde ait jamais connue ...

Et ce que représente le Second Empire, c'est essentiellement la mise en application des principes et des institutions établis sous le Premier Empire. Une sorte de continuité dans le chemin tracé par Napoléon 1er.
Et c'est en restaurant l'Empire et en faisant connaître à la France des années de paix intérieure, que Napoléon III a démontré l'intérêt et l'efficacité du régime bonapartiste.

Pour ce qui est des guerres, Napoléon 1er n'a cessé d'y être confronté, le plus souvent bien malgré lui, et ce n'est pas parce qu'il fût également un maître dans le domaine militaire, qu'il faut l'accuser d'avoir provoqué "un charnier humain".
Les guerres de l'époque, hélas, dans leur conception globale, ne pouvaient s'inscrire dans la défense de notre pays, sans comptabiliser de morts, beaucoup trop de morts ...

Mais, encore une fois, sur le bureau de Bonaparte, Premier Consul, se trouvait le dossier de la guerre !...




:salut:


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Message Publié : 08 Fév 2011 10:43 
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Chère Rose,

Je savais bien que mon petit monologue allait déclencher l'Ire de la favorite de l'empereur défunt, qui a en vous la réincarnation de ce brave Lassalle...
Soyons clairs : il est évident - et qui pourrait prétendre le contraire - que l'oeuvre de Napoléon Ier est considérable, immense, d'autant plus qu'elle fut bâtie sur les ruines de la révolution. Il sut s'entourer de surcroît d'hommes d'une grande finesse et d'une intelligence sure, (le choix des hommes est l'une des qualités premières du commandement)
Les avancées administratives, industrielles (moindres), agricoles (moui....) sont incontestables. La gloire du drapeau et la reconnaissance internationale du pays, incontestables aussi. Le développement du nationalisme (parfois à son insue surtout après les premiers revers militaires) certains.
Quant à l'économie, permettez moi juste de préciser que le baromêtre financier qu'était la rente était sans cesse, comme tout l'équilibre de l'empire d'ailleurs, aléatoire en fonction des périples militaires.
Je vous reconnais aussi une vision européenne (moi l'anti-européen convaincu...) même si celle-ci s'exprima surtout dans le mémorial, sublimité propagandiste qu'il est tout aussi délicieux de parcourir que d'en établir un parallèle avec la réalité de l'histoire. Vous l'avez compris chère Rose, mon Bonapartisme s'arrête à Tilsitt et je ne suis pas le seul à lire l'Histoire de cette manière...
Il est vrai que Napoléon Ier avait contre lui une réalité : son combat était perdu d'avance, il voulait remuer l'ordre établi, et ceci fur, dès son couronnement, sa perte. Bien entendu son génie militaire et stratégique, cette capacité à s'occuper de tout permirent au rêve de demeurer vivace, mais le jeu était truqué...
Napoléon III lui prit le pouvoir d'une manière fort différente, même s'il est intéressant de faire une comparaison avec le coup d'Etat du 18 brumaire (ou 19 c'est selon)
Me semble t-il, mais je ne suis qu'un modeste amateur d'Histoire, la grande différence rentre l'oncle et le neveu se trouve être dans le comportement, la volonté et surtout la force de caractère. Napoléon Ier était un homme d'ordre, un dictateur dans l'âme qui eut d'autant plus de facilité à s'imposer que les Français étaient las de la corruption, du chaos, et de la guillotine...Ils étaient en manque "d'homme fort".
Napoléon III arrive dans le siècle des Hugo, Balzac, Baudelaire, Thiers, Cavaignac, des esprits forts, un républicanisme bien en place avec, ce qui reste un vrai paradoxe, une méfiance sans fin du suffrage universel. Il ne prend pas le pouvoir d'un peuple ruiné et désoeuvré, mais d'une nation de "veaux gras" ou la haute bourgeoisie s'est solidement implantée...Elu par erreur, sans autorité naturelle, son intelligence et sa finesse d'analyse se heurtent à une absence totale de majorité, et ce durant l'ensemble de son règne. Notons au passage que les revers militaires ne furent pas si nombreux, que l'Italie lui doit d'une certaine manière son indépendance et que la vaeur d'un grand homme ne se compte pas uniquement sur les champs de bataille...Napoléon n'avait même pas les bonapartistes avec lui ! Monarchistes, républicains, conservateurs, socialistes, une vraie curie dont jamais il ne se débarrassa...
Ses avancées sociales sont minimes au regard de sa volonté première (écrite avant son accession au pouvoir contrairement au mémorial de l'oncle) L'extinction du Paupérisme est un petit bijou plein de sagesse et de saine analyse...Ses voyages en Amérique et en Grande Bretagne lui permirent de placer la France sur de bons rails économiquement parlant, et sans cette fichue appartenance à la famille Bonaparte, il serait sans doute aujourd'hui dans le pré carré des plus grands dirigeants de notre Histoire. Hélas, vite malade, marié à une Eugénie dirons nous "influente", il fut plus aimé à l'extérieur des frontières qu'à l'intérieur du territoire...C'est la faute à Hugo serait-on tenté d'écrire...


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Message Publié : 08 Fév 2011 16:11 
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Cher Ti'Breton,

Pardonnez à ma ténacité, mais je vous rassure, cela signe bien plus le plaisir d'échanger avec vous. :4:

Vous avancez, à la charge de Napoléon 1er, que le contexte de l'époque expliqua son arrivée, puis sa fulgurante ascension auréolée de succès.
A la décharge de son neveu, vous évoquez sa maladie.

Bien. Toutefois, à ces deux réflexions, j'apporterais quelques nuances.

Certes, les évènements de l'époque, en un mot les conséquences de la Révolution, exigeait un "homme fort" qui ne pouvait que rétablir une situation par trop controversée et fragile.
MAIS ce peuple qui attendait l'homme fort, ne savait pas que cet homme était un génie, dans la personne de ce futur Empereur, c'est une intelligence impressionnante qui illuminait son regard d'éclairs bleus acier, son bon sens, sa vivacité d'esprit et sa vision précise et juste des idées qu'il concrétisait aussitôt, tout cela, ce n'est pas la Révolution et ses conséquences qui lui ont donné !

je vais être un peu "pêle-mêle" et je m'en excuse, mais je reprends votre propos qui consiste à dire que votre bonapartisme s'arrête à Tilsitt ...

Pensez-vous qu'il soit possible de ne l'être plus, après l'avoir été sincèrement ?
Par ailleurs, et pour conforter mon idée, je dirais que même si Napoléon 1er aimait à concentrer sur sa seule personne, (et vous avez raison de dire qu'Il se trouva en équilibre fort instable après 1807), même s'il aimait à concentrer en lui seul pouvoirs et décisions, il n'en reste pas moins vrai que tous ceux qui l'entourèrent dans ses débuts, tous ses "conseillers" fiables à une certaine époque, finirent, tout à tour, à le trahir ; et, sur sa prodigieuse lancée, il se retrouvait peu à peu de plus en plus seul, Lui qui, pour rester debout, n'avait d'autre choix que de continuer à avancer, même dans l'adversité qui l'environnait !

Vous parlez aussi d'un bouleversement de l'ordre établi qui aurait contribuer à sa perte ...
Mais aujourd'hui encore, n'est-ce pas le mêm schéma qui s'inscrit au sein de nos gouvernements successifs ?
Ne cherchent-ils pas toujours à bousculer habitudes et acquis susceptibles d'assombrir plus qu'il ne faudrait, l'avenir des hommes ?

Dans le caractère et la personnalité de ces deux Hommes de notre Histoire, tout ou presque divergeait.
Napoléon III fut le contraire de son Oncle dans le fait de son idéalisme et de sa trop grande crédulité sur le genre humain.

Il en fut victime, sans nul doute. La maladie l'attaqua brutalement comme vous le soulignez ; mais Napoléon 1er a souffert physiquement presque tout au long de sa vie ; toutefois, il a enduré ses souffrances sans mot dire ...

Enfin, pour vous persuader, cher Ti'Breton, que je sais rester lucide, je terminerai par un point négatif : le divorce d'avec la ravissante Joséphine.

Je pense en effet que le peuple français l'a mal vécu, car la France, c'était Napoléon ET Joséphine. :ange:



:salut:


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Message Publié : 08 Fév 2011 17:10 
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Et le plaisir est partagé...

Revenons à nos moutons...A nos aigles devrais-je écrire.
Ce sont souvent à l'utilisation qu'ils font d'évènements extraordinaires que l'on reconnaît les grands hommes. Sur ce point l'oncle vaut le neveu, le génie de l'analyse est là, l'action est pensée et exécutée avec maestria et avec quelques coups de chances... (n'oublions pas le déroulement du 18 brumaire, lamentablement mené, qui a bien failli finir aussi piteusement que Boulogne pour Louis quelques années plus tard)

Néanmoins, si Louis XVI s'était comporté en monarque digne de ce nom, point de révolution, ou tout du moins aurait-elle pu être étouffée dans l'oeuf, mais il manqua le train du parlementarisme et, comme tant d'autres, ne fut point aidé par sa femme...Et Bonaparte, moins amoureux des Français que certain de son incroyable destin, s'empara d'une couronne jetée dans le caniveau avec l'intelligence sublime de créer un empire, donc de respecter la république (en supprimant environ 70 journaux d'opposition)

Quant à Louis Napoléon, une fois encore élu sur un malentendu par ces voyous de parlementaires et politicards véreux, il cacha adroitement son jeu et, grâce à la "petitesse d'esprit" du général Cavaignac conjuguée aux lois de 1850 restreignant le suffrage universel, il transforma adroitement l'essai...au grand dam du panier de crabes sur lequel trônait l'ignoble Thiers...

Il est vrai Rose que Napoléon "le grand", après avoir embourgeoisé et couvert d'honneurs ses amis de la première heure, vit ses derniers cèder aux fauteuils luxueux de la diplomatie, du compromis, délaissant la fureur exalée des premières années au profit d'un confort savamment entretenu et alimenté par les alliés...Ils lâchèrent Napoléon qui, lui aussi, se retrouva pratiquement seul.
Mais je maintiens, non seulement je persiste à penser que Napoléon crut très rapidement que son empire ne lui survivrait pas, mais je pense que l'après Tilsitt, et surtout le blocus continental, précipitèrent ou justifièrent les guerres destructrices à venir...Quant à Joséphine, j'aurais à leur séparation moi aussi abandonné politiquement l'empereur.

Le pauvre Napoléon III lui, idéaliste social mais réaliste quant aux hommes (beaucoup moins aux femmes) ne parvient jamais à rassembler qui que ce soit autour de lui, à l'exception de Persigny et de son demi-frère...Là encore, si l'on excepte le principe qui veille que les Bonaparte n'ont pas été très heureux dans le choix de leurs impératrices, il y a une différence. Napoléon Ier était le père de l'armée qui le suivit à peu près partout et à peu près tout le temps...Rien de tel pour le neveu puisque d'armée française - dont il se méfiait avec une prudence infinie - il n'y avait point.

Un mot sur le comparatif avec nos dirigeants actuels...Puisqu'il s'agit d'un autre sujet qui nous occupe également (Bruno doit être satisfait, ça chauffe...) Nous n'avons plus d'hommes d'Etat depuis De Gaulle, d'ailleurs De Gaulle n'était pas un homme d'Etat, c'était un homme d'Histoire, la nuance est de taille. Depuis lors comme je l'ai déjà écrit, nous n'avons affaire qu'à des syndicats partisans n'ayant en aucun cas la volonté de dservir mais plutôt celle (le raccourci est facile) de se servir; donc, aucune comparaison possible à mon sens...
Le Général De Gaulle qui d'ailleurs, et sur plusieurs points, se rapproche de l'analyse de l'auteur de "l'extinction du paupérisme"...A plusieurs reprises dit-on, et souvent de manière fort discrète, il reconnaissait volontiers au vaincu de Sedan une proximité d'analyse notamment sur le monde politique... Cette réalité, notée dans de nombreux ouvrages sur le Général, resta secrète, tant l'image de notre dernier souverain reste misérable et peu reconnu.


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Message Publié : 08 Fév 2011 18:03 
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Un mot sur le comparatif avec nos dirigeants actuels...Puisqu'il s'agit d'un autre sujet qui nous occupe également (Bruno doit être satisfait, ça chauffe...) Nous n'avons plus d'hommes d'Etat depuis De Gaulle, d'ailleurs De Gaulle n'était pas un homme d'Etat, c'était un homme d'Histoire, la nuance est de taille. Depuis lors comme je l'ai déjà écrit, nous n'avons affaire qu'à des syndicats partisans n'ayant en aucun cas la volonté de dservir mais plutôt celle (le raccourci est facile) de se servir; donc, aucune comparaison possible à mon sens... Ti'Breton) ...

Ce n'est pas un comparatif global que je voulais faire, et, sans doute, me suis-je exprimée maladroitement ...

Je relevais simplement vos propos évoquant le "bouleversement, par Napoléon 1er, de l'ordre établi" ;
sur ce point, parfois nos dirigeants tentent de bousculer certaines choses, mais ils n'y parviennent que peu souvent, voire pas du tout, contrairement au Grand Homme qui allait toujours au bout de ses entreprises...

Pour le reste, je partage vos impressions, notant au passage l'hommage rendu au Général de Gaulle :2:
Un homme d'Histoire, vous avez parfaitement raison, j'apprécie et approuve la subtilité du mot ...

Le Blocus continental, vaste sujet également, il est certain qu'il fût le générateur de l'incursion de Napoléon dans la Péninsule Ibérique, et du terrible épisode russe ...


:salut:


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