L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 19 Mars 2024 9:17

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 55 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 05 Juin 2021 22:47 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
D'après Justin Tripier le Franc (Histoire de la vie et de la mort du Baron Gros, le grand peintre ; 1880) :

"Après ces esquisses, qui lui servirent à se refaire la main et à retrouver son ardeur et son habileté de peintre, Gros fait le
portrait d'un cheval de bataille, appartenant à notre nouvel Alexandre. Entre autres, Bonaparte avait un cheval de prédilection, dont nous ignorons le nom, mais qui était connu par toute l'armée d'Italie, et qui, lorsque le premier consul l'eut aussi illustré par la victoire remportée à Marengo, le 14 juin 1800, reçut le nom de cette glorieuse bataille.

De retour à Paris, Gros voulut conserver à la postérité l'image de Marengo, de ce beau cheval favori du vainqueur, et en fit un
tableau de petite dimension d'après un croquis qu'il avait jadis exécuté en Italie. Ce cheval est blanc et vu de profil. Il est tenu à la main par un chasseur de la garde consulaire ; il est tout sellé et tout caparaçonné; il est prêt à être remonté par Bonaparte qui vient d'en descendre, et qu'on aperçoit dans le fond de la toile assistant, avec son état-major, du haut d'une colline, au combat qui a lieu sur le versant d'une montagne. Gros a ainsi motivé la pose de ce cheval sur le devant de son tableau.

Ce portrait historique du cheval blanc de Bonaparte offre toutes les richesses de la belle couleur de Gros et la supériorité
de son grand talent. Nous ignorons où se trouve aujourd'hui le cheval de Marengo, nous savons seulement qu'il a été vendu,
le 21 mai 1828, rue de Cléry, dans l'ancienne salle Le Brun, à M. le baron de Rothschild pour la somme de 1499 francs."

Nous remercions M. C. DROUET pour ces précieux renseignements.

Seulement, Gros n'était pas à Marengo, et la scène qu'il a peinte date plutôt de l'année 1797, où il suivait, en effet, Bonaparte.
Il est question de collines et de montagnes, choses qui n'existent pas autour de Marengo !

Et pour couronner le tout, Lejeune dans sa composition sur la bataille de Marengo, a représenté Bonaparte montant un cheval de couleur bai. Il semble bien que Gros se soit laissé intoxiquer par une anglomanie funeste, ou pour allécher les amateurs britanniques qui déjà, avaient plein la bouche du prétendu "Marengo".

En résumé, Ledit cheval ne venait pas d'Egypte et n'était pas monté par Bonaparte à Marengo ! La fumisterie anglaise commence sérieusement à se dégonfler !!!

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 05 Juin 2021 23:11 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
On lit dans le "Catalogue de la collection de tableaux provenant du cabinet de M. B***", publié à l'occasion de la vente des 21 et 22 mai 1828 en p.25 :

"N« 7.

Ce cheval blanc, tenu par un chasseur do la garde consulaire, est le portrait peint d'après nature du cheval de Bonaparte , est connu sous le nom de cheval de Marengo. M. Gros' a enrichi le fond de la toile d'une composition qui motive la
pose de l'animal sur un premier plan; c'est un combat dont l'action s'entrevoit sur le revers d'une montagne; des soldats républicains marchent avec précipitation pour se mettre en ligne ; on aperçoit Bonaparte avec son état-major sur le haut de la
montagne.

Ce portrait historique, devenu tableau, offre dans une petite dimension toutes les richesses do la palette de M. Gros et la supériorité de son talent."

A coup sûr, le cavalier tenant le fameux cheval blanc, n'était pas un chasseur de la garde consulaire, mais bien un cavalier de la compagnie des Guides, créée par Bonaparte pour lui servir d'escorte, après la surprise du lac de Garde...

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 07 Juin 2021 14:09 
Hors-ligne
Chercheur
Chercheur

Inscription : 14 Déc 2012 13:41
Message(s) : 506
L'auteur de ce catalogue est-il le baron Gros lui-même ?


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 07 Juin 2021 14:58 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
Non, c'est l'expert de la vente qui s'appelait Henry (ce n'est pas un parent)....

On ne sait donc pas vraiment si c'est Gros qui a baptisé le cheval de son tableau "Marengo" ou bien si c'est l'expert pour attirer la clientèle anglaise, déjà bien chauffée par tous les articles parus dans la presse londonienne concernant ce cheval... En tout cas, le baron Rotschild a craqué, sans que l'on sache si c'était le résident français ou anglais (pour rappel, Arsmshel Rothschild avait 3 fils, à Londres, à Paris et à Vienne !

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 10 Juin 2021 16:33 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
Fleury de Chaboulon (Mémoires pour servir à l'Histoire de la vie privée, du retour et du règne de l'Empereur Napoléon, en 1815 ; p. 186), raconte comment il a dû évacuer la ferme du Caillou jusqu'au Quatre Bras, puis comment il remonte le flot des fuyards pour obtenir des nouvelles de Napoléon ; il écrit :

"Après avoir vainement pressé de questions une multitude d'officiers, je rencontrai un page (le jeune Gudin) qui m'assura que l'empereur devait avoir quitté le champ de bataille. Je poussai plus loin. Deux cuirassiers, sabre levé, m'arrêtèrent (...)."

Il résulte de ce récit que le jeune Gudin n'a pas été fait prisonnier au Caillou par les Anglais. Ce n'est donc pas lui qui a pu donner à ces messieurs le nom de "Marengo" au cheval dont il est question, soi-disant monté par Napoléon de 19 à 22 heures, sur le champ de bataille de Waterloo !!!

D'une légende faussement sourcée, on en arrive carrément à une farce !

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 16 Juin 2021 17:22 
Hors-ligne
Docteur
Docteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 09 Nov 2005 14:28
Message(s) : 1311
le musée des invalides : exposition des farces et attrapes anglaises ! Mieux vaut en rire qu'en pleurer... :débat: :baton:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 16 Juin 2021 21:04 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
C'est le triomphe d'Hudson Lowe ! :louche: :pascontent:

farces et attrapes anglaises ! c'est vraiment l'expression qui tue !

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 18 Juin 2021 10:29 
Hors-ligne
Docteur
Docteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 09 Nov 2005 14:28
Message(s) : 1311
Oui, on peut le dire !!! :11: :beurk:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 24 Juin 2021 16:22 
Hors-ligne
Chercheur
Chercheur

Inscription : 14 Déc 2012 13:41
Message(s) : 506
Vraiment, nous sommes tombés bien bas... :11:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 05 Oct 2022 18:52 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15583
Pour mémoire, le recueil des farces et attrapes anglaises :

"Gérard
30 DÉCEMBRE 2016 @ 19:19

Marengo en effet fut capturé sur le champ de bataille de Waterloo à la ferme du Caillou au soir du 18 juin 1815 par un cavalier passionné William Henry Francis Petre (1793-1850), 11e baron Petre (dont la mère était sœur du 12e duc de Norfolk).
La ferme du Caillou, aujourd’hui un musée, avait été le dernier quartier général de Napoléon et fut incendiée au matin du 18 juin par le feu mis à une grange. L’empereur avait monté Marengo pendant la bataille, le cheval présentait les traces de cinq blessures et à Waterloo avait reçu une balle dans la queue.

Vers sept heures du soir, Napoléon sur Marengo regagna la ferme du Caillou alors que la victoire lui échappait mais il n’y resta pas longtemps car les Prussiens arrivèrent, Marengo avait été dessellé et l’empereur prit un autre cheval.
Petre ramena l’animal avec lui au Royaume-Uni et le fit mettre en vente aux enchères publiques ; il fut acquis par le capitaine John Julius Angerstein, lieutenant-colonel des Grenadier Guards. Angerstein avait un élevage de chevaux à New Barnes sur l’île d’Ely dans le Cambridgeshire où l’étalon serait resté jusqu’en 1827. Selon d’autres sources il ne serait devenu que plus tard la propriété d’Angerstein après ses diverses apparitions publiques.

Angerstein (ca 1732-1823) était un puissant homme d’affaires, collectionneur et mécène, l’un des fondateurs de la British National Gallery, et la tradition disait qu’il était le fils naturel de l’impératrice Anne de Russie, fille d’Ivan V, et d’un marchand londonien Andrew Poulett Thompson.

Marengo mourut vers 1832 à l’âge de 38 ans à Brandon, Suffolk. Son squelette fut donc conservé, avec deux sabots en moins, et plus tard vers la fin du XIXe siècle articulé par un employé nommé Wilmott, du London Hospital, la robe du cheval avait été confiée à un taxidermiste mais malheureusement elle fut perdue ou dégradée ; le squelette donc fut d’abord présenté au Royal United Services Institute à Whitehall, auquel il avait été légué, puis après la fermeture de ce musée vers 1962 dans le musée militaire de Chelsea à Londres, dans la Waterloo Gallery. On avait demandé au grand duc de Wellington s’il voulait bien faire exhumer son propre cheval Copenhagen pour qu’il soit placé au Musée de l’armée aux côtés de Marengo mais le duc refusa. Copenhagen que le duc montait à Waterloo mourut à 28 ans le 12 février 1836 et fut inhumé là où il avait vécu dans le parc de la résidence de campagne du duc Stratfield Saye House où l’on peut toujours lire sa pierre tombale.

La BBC en 2011 a imaginé une relation épistolaire entre les deux chevaux écrite par Marie Phillips et Robert Hudson, le grand réalisateur Stephen Fry prêtant sa voix à Marengo.

L’un des sabots restants de Marengo a été donné aux officiers de la Brigade des Gardes par J. W. Angerstein, capitaine des Grenadier Guards et lieutenant-colonel, le 8 avril 1840 sous forme de boîte à tabac à priser. Tous les jours ce sabot surmonté d’un couvercle en argent est utilisé après la relève de la Garde à Buckingham par le capitaine lorsqu’il s’assoit pour son lunch au mess des officiers du palais Saint James. S’il n’est pas posé sur la table il reste sur le buffet voisin. Il est écrit sur le couvercle : « Hoof of Marengo, Barb charger of Napoleon, ridden by him at Marengo, Austerlitz, Jena, Wagram, in the campaign of Russia and lastly at Waterloo ». Le barbe est en effet un cheval d’Afrique du Nord. Le quatrième sabot a été monté dans un encrier d’argent conservé par la famille mais qui est déposé au Household Cavalry Museum à Londres.

Marengo avait été désigné ainsi après la bataille du même nom le 14 juin 1800 au cours de laquelle il avait transporté son cavalier sans dommage. Il avait été importé d’Égypte en France en 1799 après Aboukir où il aurait été capturé et il avait alors six ou sept ans, on l’a dit né à Aboukir en 1794, c’était un cheval arabe gris clair ou gris fer, de petite taille, d’environ 1 m 40 au garrot, vraisemblablement provenant d’un élevage célèbre et multiséculaire, El Naseri. L’empereur le monta à Austerlitz, à Iéna, à Wagram. Il aurait été capable de galoper cinq heures d’affilée pour couvrir les 130 km séparant Burgos de Valladolid et il fit à jeun 80 km entre Vienne et le col de Semmering.
Il survécut à la retraite de Russie avec 52 autres chevaux du haras personnel de l’empereur en 1812. Il n’y avait pas plus sûr et plus courageux que lui.
Deux des chevaux de Napoléon servirent de modèles pour le portrait équestre du premier consul peint dans les années 1800 à 1803 par David, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard dont on connaît cinq versions : la jument La Belle que l’on peut voir sur la réplique de ce tableau qui est à Charlottenburg, et Marengo dont on reconnaît la robe grise dans les exemplaires de Versailles et de Vienne.
On connaît également un portrait de Marengo par le baron Gros passé en vente publique en 2012.
De son vivant Marengo fut une attraction en Angleterre, il figura dans des expositions à Pall Mall avec la selle, la bride et les bottes que l’empereur portait à Moscou. On pouvait voir la marque impériale sur la croupe de l’animal, le N couronné, et ses cicatrices.

Le peintre, le capitaine James Ward ou Howard (1769-1859), de la Royal Academy, l’a représenté en 1824 frémissant et regardant la côte, comme déjà en deuil de son maître (Napoleon’s Horse, Marengo, at Waterloo, collection du duc de Northumberland à Alnwick Castle, Northumberland). La toile fut ensuite présentée par la Royal Academy le 26 mai 1826 et attira de nombreuses foules à Somerset House. Cette peinture puissante a été reproduite dans de nombreuses lithographies. Marengo a également été représenté dans un ensemble de quatre estampes dédiées à George IV et qui étaient vendues en Angleterre, avec le Copenhague de Wellington, l’Adonis de George III que Ward a également peint et qui est statufié à Londres, et un cheval cosaque.

Ariane Bernucci, conservatrice au Natural History Museum, a été recrutée pour l’occasion par le National Army Museum, et comme l’a expliqué au Guardian, Sophie Stathie, du National Army Museum, l’armature de fer soutenant les os devait être complètement revue. Wilmott était en charge de la préparation des cadavres pour l’enseignement de la médecine, mais apparemment il ne connaissait pas beaucoup l’anatomie équine.
La tête était un peu tombante, les pattes étaient très rigides et le faisaient ressembler à une mule. Mais c’était l’une des curiosités les plus appréciées du musée.
Au printemps 2017 Marengo sera présenté avec d’autres reliques de Waterloo, des armes, des uniformes, une gourde abandonnée par Napoléon…

À signaler : Jill Hamilton, Marengo : The Myth of Napoleon’s Horse, Éditions Kindle 2000.

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 55 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB