Entretien réalisé par Philippe Delorme :
Monseigneur, que pensez-vous des "mystères" autour de la mort de Napoléon Ier ? Empoisonnement ? Substitution de cadavre ?
Le Prince Charles :
-J'avoue que pendant longtemps, les questions concernant la mort de Napoléon m'ont laissé indifférent, habitué à ce que l'histoire de mon aïeul suscite des polémiques débouchant le plus souvent sur des succès de librairie. Invité à donner mon avis, j'avais à l'époque, répondu par cette citation de la Bible: "Que les morts s'occupent des morts et les vivants des vivants." Pourtant je ne peux plus rester indifférent à la poursuite du débat, à la sortie d'ouvrages comme celui de MM. Lentz et Macé, dont le bandeau est très explicite : "Faut-il ouvrir le tombeau de Napoléon ?" Si les tenants de la vérité officielle posent la question, c'est donc bien qu'elle se pose. Comme on dit, il n'y a pas de fumée sans feu.
Deux questions de nature différente sont en débat : les causes de la mort de Napoléon et la présence de son corps aux Invalides. La première a fait l'objet d'importants travaux financés depuis plus d'une décennie par mon regretté ami, le Canadien Ben Weider, qui concluent à la présence d'arsenic à l'intérieur des cheveux, mais sans trancher de manière précise sur les motifs de l'empoisonnement. La question de la substitution du corps est soulevée par Georges Rétif et Bruno Roy-Henry, sur la base de certaines incohérences dans les témoignages lors de la levée du corps en 1840, et sur des mouvements confus autour des masques mortuaires. Les tenants de la vérité "officielle" - mort de l'Empereur par un cancer de l'estomac et présence du corps aux Invalides - s'expriment au travers de la Fondation Napoléon, gardienne de l'orthodoxie. Les historiens de la période, parmi les plus grands, restent dans un silence prudent. Les arguments échangés de part et d'autre ne mettent donc pas fin au débat. Il est évident que l'Histoire ne peut garder de doute sur le sujet.
- Souhaiteriez-vous une ouverture du tombeau de l'Empereur ? Et pensez-vous que les autorités seraient favorables à une telle démarche ?
Le Prince Charles :
-"La question n'est pas l'ouverture du tombeau, mais la confirmation de la présence de son auguste occupant. Or, l'ouverture ne me paraît pas nécessaire pour faire avancer cette preuve. D'ailleurs, cette question ne concerne pas seulement ma famille. Les ayants-droits de Napoléon, ce sont les Français et leur mémoire. Aussi, je préconise que le gouvernement se saisisse de leurs interrogations et nomme un magistrat ou un haut fonctionnaire pour les instruire. J'emploie le pluriel car ces questions sont liées : les moyens pour les élucider sont les mêmes.
Ce magistrat pourra entendre les historiens et les biologistes, préconiser d'éventuels compléments d'information : comparaison d'échantillons d'ADN d'avant et après la mort, analyse par des laboratoires publics, observation non destructive du tombeau, voire prélèvement de fragments par carottage. A ce stade, l'ouverture du tombeau ne s'imposera pas. Au terme de son travail, il remettra ses conclusions en précisant, le cas échéant, les points sur lesquels le doute subsiste. Je ne vois là rien qui porte atteinte au respect que nous devons à la dépouille du Grand Homme. Bien au contraire. Le devoir de mémoire est aussi un devoir de vérité. Napoléon appartient à l'Histoire. Il est une partie de la Nation. Je trouve choquant la persistance du flou autour de sa mort. Nous avons aujourd'hui les moyens de progresser dans les réponses aux questions qui se posent. Mettons-les en oeuvre sans préjugé. Je souhaite que l'on confirme la vérité et que l'on cesse d'entretenir le doute."
Point de vue Hors-série n°2, octobre 2009, p. 9
Ps: cette déclaration non reprise par l'AFP (pourquoi ?), est précédée d'un article affligeant de Thierry Lentz qui -comme d'habitude- nous régale de ses approximations et de ses berlues...
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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