13. Napoléon Jusqu’à maintenant, je lisais souvent votre « web journal » parce que j’ai du respect pour l’État d’Israël et pour son courage. Moi qui ne suis pas juif, j’ai même, parce que je l’admire, parce qu’il est patriote et qu’il est un grand homme, déposé une prière pour Ariel Sharon sur votre site. Je ne vous lirai plus. Le début de votre article sur Napoléon est simplement abject (votre lecteur dit « un peu sévère », c’est un euphémisme. Celui qui signe Marc est plus proche de la vérité, même s’il a mal tapé les dates auxquelles il se réfère). Il vous déshonore. Ne parlons pas de cette citation, dont la source n’est même pas mentionnée. Le degré le plus bas du journalisme ! Je connais ainsi nombre de citations hostiles à Napoléon que certains auteurs sont allés puiser, sans le préciser il va de soi, entre autres dans les Mémoires de Metternich. Une indéniable garantie d’objectivité ! Si votre chroniqueur le reste de son analyse est remarquable était de bonne foi (la situation actuelle au Liban peut expliquer, par une forme d’amalgame courante, cette charge indigne contre Napoléon), il saurait que Napoléon n’a jamais déclaré de guerre, et que l’appellation de « guerres napoléoniennes » n’est qu’une honteuse manipulation sémantique fabriquée de toutes pièces par les Anglais, qui voulaient faire oublier qu’ils avaient dépensé 66 millions de livres or (de l’époque, c’est un chiffre officiel) pour payer les monarchies d’Europe afin de déclarer des guerres incessantes à Napoléon) pour l’abattre lui et cette France dont il avait fait une nation forte, rivale d’Albion. Ce que les Anglais ne pouvaient supporter. Il n’y a pas de guerres napoléoniennes, mais des guerres de Coalition. J’ose espérer que vous saisirez la nuance. Je vous rappelle aussi les nombreuses tentatives anglo-royalistes d’assassinat de celui que vous appelez le (futur) « boucher » : une vingtaine de morts et 56 blessés le 24 décembre 1800 lors de l’attentat de la rue Saint-Nicaise. Ces informations mensongères ont été reprises ensuite par les royalistes français, désireux de faire oublier que de 1800 à 1815, en prenant les armes contre leur pays, ils ne sont rien d’autres que ce que ceux qui ont connu l’occupation en France appellent des « collaborateurs », dont la plupart ont été activement complices des déportations de vos compatriotes. Le père d’un historien français bien connu figure dans cette sinistre liste des « 1 060 criminels de guerre et de quelques complices » dressée par le site juif « Mémoire juive et éducation ». À Austerlitz, Napoléon n’a jamais donné l’ordre de tirer sur les étangs par où s’enfuyaient les Russes dont le souverain avait déclaré la guerre à la France. Au contraire, il a fait soigner les blessés que le tsar, en s’enfuyant, avait laissé sur le terrain. C’est l’erreur d’un commandant de l’artillerie de la Garde Impériale qui est à l’origine de cette légende tenace, parce que bien pratique. Quant aux fameux étangs, présentés par la propagande antinapoléonienne comme de véritables abysses, ils n’étaient, en fait, que des viviers artificiels de peu de profondeur. Quand les « étangs » furent dragués, on y trouva les cadavres de 160 chevaux et de… deux soldats russes. Il est d’ailleurs piquant de noter que les culpabilités sont toujours à gravité variable selon qu’elles incombent à Napoléon ou à ses ennemis : sauf erreur, personne n’a jamais fait reproche aux Russes d’avoir, au passage de la Berezina en 1812, tiré à boulets redoublés sur la Grande Armée en retraite. Pourtant, il y avait, dans cette cohue, nombre de civils, de femmes et d’enfants innocents, qui furent massacrés par milliers. Quant à l’Espagne évoquée par votre lecteur, elle fut, c’est incontestable, une véritable erreur, mais il était hors de question de laisser les Anglais utiliser le Portugal où ils régnaient en maîtres absolus comme base de départ vers l’Espagne, puis vers la France. C’est ce qui se passera en 1814. La Russie elle aussi fut une erreur tragique, qui ne trouve son origine que dans la volonté de Napoléon d’obliger le tsar à respecter les clauses du traité de Tilsit de juillet 1807, relatif au Blocus continental, qui ruinait – et c’était bien ainsi – l’Angleterre. Être Juif et traiter ainsi l’homme qui vous a fait sortir de la condition humiliante qui était la vôtre, qui a fait de vous des citoyens à part entière, qui a mis vos rabbins sur un pied d’égalité avec les prêtres catholiques et les pasteurs protestants est, je l’ai écrit plus haut, sordide, et indigne du représentant d’un État valeureux comme Israël. Ce n’est tout de même pas sans raison, à moins que vous ne soyez masochiste, qu’un cru casher de bordeaux porte le nom de Napoléon « en reconnaissance, dit l’étiquette, de ce que l’Empereur a fait pour la communauté israélite ». Fin de citation. Napoléon est décidément le bouc émissaire idéal du monde entier, celui qui cristallise sur sa tête tous les mécontentements Il y eut d’abord celui des anciens colonisés, qui, furieux d’une loi qui eût pu mettre en valeur quelques aspects de la colonisation française – il doit bien y en avoir – conduisirent le gouvernement français à mettre aux oubliettes la commémoration de la victoire d’Austerlitz, qui, notons-le, n’est pas la victoire de Napoléon mais celle de l’État français sur les deux monarchies qui lui avaient déclaré la guerre. Aujourd’hui, c’est Israël qui entre dans ce jeu peu honorable parce qu’il est mécontent de la position française dans l’affaire du Liban. Un dernier mot : vous cherchez un « boucher » de cette époque ? Traversez la Manche et demandez où se trouve la tombe de William Pitt. Vous serez arrivé.
Jean-Claude Damamme Écrivain Membre de la Société des Gens de Lettres Membre de l’Association des Écrivains Combattants Représentant pour la France de la Société Napoléonienne Internationale de Montréal
(PS : je m’attends à ce que certains passages soient supprimés pour cause de non-conformité avec votre « éthique »)
Jean-Claude Damamme, Neuilly/Seine (04/08/2006)
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