L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : La rupture de la paix d'Amiens
Message Publié : 22 Sep 2004 10:26 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Rupture de la paix d’Amiens. Version de M De Grèce
Michel de Grèce sa version de la rupture de la paix d’Amiens :

« En France les touristes anglais s’affolent. C’est la ruée vers les frontières, lorsque le 10 mai le gouvernement Français, par voix de presse, les rassure : ils sont et resteront sous la protection de la France, quoi qu’il arrive. Mais c’est pourtant la rupture, et le 12 mai l’ambassadeur anglais quitte Paris. Le lendemain, par ordre du gouvernement consulaire, les navires anglais sont détenus dans les ports de France, de Hollande et d’Italie du Nord. Quatre jours plus tard le gouvernement britannique décide de retenir les navires français et hollandais se trouvant dans les eaux britanniques. […] On en est là de l’escalade quant sans préavis le couteau tombe le 23 mai un décret du premier consul ordonne d’emprisonner tous les citoyens britanniques de sexe masculin sans exception qui se trouvent en France… »

L'ordre du 13 mai existe-t-il ?

Un tel ordre du gouvernement consulaire n'existe pas!

Même Caratini n'a pas osé écrire une chose pareille!

C'est tout dire...

Ce qui prouve -si besoin était- que le livre de M. de Grèce n'est pas un livre d'histoire, mais un roman...

Voici un extrait de "La France de l'Empire" (1926) de Louis Madelin :
"[Napoléon] avait, un instant, de 1800 à 1802, forcé l'Europe entière, l'Angleterre comprise, à s'incliner devant les faits accomplis avant son avènement. Mais l'Angleterre n'avait pu longtemps s'y résigner : la rupture de la paix d'Amiens-Sorel le démontre sans passion-fut voulue, préparée, consommée par le cabinet britannique. Et, du jour où l'Angleterre rentrait en guerre, le continent devait fatalement s'embraser. C'est que les chancelleries ne pouvaient, elles non plus, se résigner à ce que, grâce aux conquêtes faites sur elles de 1792 à 1802, une grande nation s'érigeât qui fit la loi à l'Europe".

Certes, il existe un arrêté du Premier consul du 22 mai 1803 qui ordonne de constituer prisonniers de guerre " tous les Anglais enrôlés dans la milice de 18 à 60 ans , ou tenant commission de SM britannique , actuellement en France".
Une lettre du 23 mai à Murat prescrit aussi d'arrêter tous les Anglais se trouvant alors à Livourne .

De Grèce pourrait faire référence à cette lettre datée du 13 mai, envoyée à Clarke, à Florence :

« L'ambassadeur d'Angleterre en France, Citoyen Ministre, vient de quitter Paris.

La guerre n'est cependant pas encore déclarée; mais cette conduite de l'ambassadeur, déterminée par des ordres de son Gouvernement, exige des précautions sur le résultat desquelles il sera statué selon le parti que prendra le Gouvernement anglais.

En conséquence, le Premier Consul m'a ordonné de vous faire savoir que son intention est qu'un embargo général soit mis dans les ports dépendants de Sa Majesté le roi de Toscane.

Les bâtiments chargés pour le compte de l'Angleterre ne devront éprouver aucune molestation; mais l'intention du Premier Consul est qu'il soit veillé à ce que ces bâtiments ne puissent disposer, jusqu'à nouvel ordre, d'aucune partie de la cargaison. »

Semonville et Saliceti auraient reçu la même lettre.

Seulement, la lettre du 13 mai parle d'embargo: autrement dit, les marchandises destinées à l'Angleterre sont bloquées et les navires anglais ne peuvent les convoyer. Cette mesure est-elle générale, ou s'adresse-t-elle d'abord à la partie des territoires contrôlée par la France qui est la plus éloignée ?

Une telle lettre ne pouvait toucher son destinataire avant le 15 mai. les mesures ordonnées ne pouvaient donc recevoir un début d'exécution avant le 16 mai, date à laquelle des pourparlers avaient encore lieu...

Le 18 mai, devant Audierne, la frégate anglaise Doris attaque un convoi escorté par le lougre l'Affronteur. Crânement, le petit bâtiment riposte: son commandant, Duthoya, est tué; le lougre est désemparé, puis emmené par la Doris. L'équipage est prisonnier!

Ceci prouve que les navires de Sa Majesté avaient reçu des ordres, pour ouvrir le feu, datés au plus tard du 13 mai 1803...

C'était une habitude, chez nos amis Anglais: agresser ses concurrents sans avoir déclaré la guerre.

1801: attaque et destruction de la flotte Danoise devant Copenhague, sans déclaration de guerre.

1804: attaque et capture de 4 frégates espagnoles transportant de l'argent provenant du Mexique, sans déclaration de guerre.

1809: attaque et violent bombardement de Copenhague, sans déclaration de guerre.

1940: attaque d'une partie de la flotte française à Mers-el-Kebir, sans déclaration de guerre.


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