L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 19 Avr 2024 2:34

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 1 message ] 
Auteur Message
Message Publié : 19 Sep 2004 10:56 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15628
Metternich informe Talleyrand du retour de l'île d'Elbe

Metternich raconte que c'est lui-même qui a informé Talleyrand , alors au Congrès de Vienne , du retour de Napoléon . Nous sommes le 12 mars et la dépêche destinée à Metternich arrive au beau milieu d'une fête .
-Talleyrand à Metternich : "Savez-vous où il va ? "
-Metternich : "Le rapport n'en dit rien."
-Talleyrand : " Il débarquera sur quelque côte d'Italie et se jettera en Suisse."
-Metternich : " Il ira tout droit à Paris ! "
En fait , Talleyrand trouvait là la confirmation de ses craintes . C'est pourquoi il avait proposé en 1814 une déportation aux Açores.Il rédigea lui-même la proclamation unanime des Puissances déclarant Napoléon , le lendemain 13 mars , " ennemi et perturbateur du repos du monde".Le soir même , Talleyrand écrit encore :
"L'histoire ne fournit aucun exemple d'un pareil repoussement de tout le genre humain".
Tout montre que Talleyrand fut surpris de l'événement qu'il interpréta mal tout en en ayant eu la prescience , qu'il réagit avec rapidité , et que son hostilité à Napoléon était telle qu'il n'aurait certainement pas couru le risque de favoriser son retour.


François (Jeu 14 fév 2002 à 19:17:23)

Talleyrand innocent . Louis XVIII inconséquent .

Il y eut au moins quatre facteurs qui intervinrent dans la décision de Napoléon de quitter l'île d'Elbe :

-1/ Il s'ennuyait : quand l'île fut organisée , il n'y eut plus que des journées vides et des soirées sans vie

-2/ La crainte des Barbaresques : cette question est mal connue mais Napoléon avait des phobies , et il avait celle d'une attaque de pirates algérois ( éventuellement stipendiés par ses ennemis ) sur l'île d'Elbe ( la question ne sera réglée que par Charles X ); Napoléon avait fait inclure dans le traité de Fontainebleau un article 5 aux termes duquel les Puissances se chargeaient de faire respecter le drapeau de l'île d'Elbe par les pirates barbaresques , ce qui prouve que ce n'était pas un faux problème à l'époque et que Napoléon dans sa débâcle en faisait une préoccupation essentielle ( terreurs d'enfant corse à qui on racontait les multiples et horribles histoires de débarquements de pirates ou souvenir du retour d'Egypte sans protection ? qui sait ? )

-3 / La rumeur qui lui parvenait d'un transfèrement prochain aux Açores , à Ste-Hélène ou aux Antilles ( on parlait de Ste-Lucie )

-4 / La question financière surtout. Napoléon était parti de Fontainebleau avec 4 000 000 F. Il pouvait compter sur l'île d'Elbe avec un budget annuel de 120 000F en droits de douane et impôts indirects ainsi que sur un revenu de 300 000 des mines gérées par Pons de l'Hérault.
Mais , surtout , l'article 3 du Traité de Fontainebleau prévoyait le versement par le Trésor français de 2 000 000 F par an qui ne furent pas payés malgré les mises en garde des puissances dont Talleyrand se faisait l'écho depuis Vienne auprès de Louis XVIII . Telle cette lettre du 13 octobre 1814 :
"On se demande souvent si , et Castlereagh ( le secrétaire au Foreign Office ) m'a nettement posé la question , nous exécutons le traité du 11 avril. Le silence du budget sur ce point a été remarqué par le tsar de Russie . Le prince de Metternich dit que l'Autriche ne paiera pas ses intérêts si la France n'exécute pas ses propres obligations.En toute occasion , cette question réapparaît sous différents formes , et presque toujours d'une façon déplaisante.Si pénible qu'il soit d'insister sur ces questions d'argent , je ne puis que dire à Votre Majesté qu'il serait désirable d'agir à cet égard. "
La réponse de Louis XVIII est , hélas ! , accablante pour lui : pour la honte des Capétiens et de tous ceux qui les vénèrent , le Roi indiqua qu'il était disposé à verser une somme plus importante " si l'excellente idée des Açores était mise à exécution" .
On peut en conclure , hélas , qu'il ne fut pas nécessaire de prévoir en plus un piège destiné à favoriser le départ de l'île d'Elbe . Le manquement à la parole donnée par le Roi , associée aux nouvelles du continent annonçant la renaissance du sentiment napoléonien , suffirent à déterminer Napoléon. En tous cas , je crois qu'on peut laver Talleyrand de tout soupçon à cet égard.

François (Jeu 14 fév 2002 à 21:17:29)


Posté le: Vendredi 15 Fév 2002 15:03 Sujet du message: Un traquenard: certainement...

Robert Ouvrard, sur le site histoire.org
forum consulat et empire, a expliqué qu'un général autrichien s'était présenté à Napoléon début février 1815 (transporté par la Royal Navy, of course!); on ne connaît pas l'exacte teneur du message, mais M. Ouvrard suppose qu'il avait trait à la non-opposition de l'Autriche à un retour de Napoléon, à la condition qu'il approuve le traité de Paris de 1814...

On peut penser, également, que l'Autriche préconisait aussi d'attendre la fin du Congrès de Vienne...

En précipitant les choses, Napoléon aurait permis aux Alliés de se concerter alors que les troupes étaient encore sous les drapeaux, interdisant ainsi à l'Autriche de résister à l'emportement général!

Je veux dire par là que le 1er mars 1815, le Congrès de Vienne n'était pas encore dissous, les souverains encore en contacts et les troupes russes, prussiennes, autrichiennes et autres, pas encore démobilisées...

Parvenue à Vienne le 7 mars 1815, cette nouvelle du débarquement de "Buonaparte" ne les prit pas au dépourvu... Il suffira au Czar de prendre un fiacre pour conférer de la situation avec le roi de Prusse ou l'empereur d'Autriche.

Napoléon aurait attendu un mois et le Czar était à Moscou, le roi de Prusse à Berlin, etc.

Et -peut-être- (j'insiste sur le "peut-être"), l'Autriche aurait pu calmer les ardeurs d'une nouvelle coalition...

Mais c'est supposer qu'elle souhaitait réellement le retour de Napoléon! Ce qui -je le reconnais- est loin d'être certain!

Cependant, c'est bien ce que ce général Autrichien aurait fait croire à Napoléon...

Si tel était vraiment le cas, il était -de toutes façons- quasiment impossible à l'Autriche de se désolidariser des autres coalisés alors que le Czar et la plupart des autres souvrains d'Europe étaient encore à Vienne!


Roy-Henry (Ven 15 fév 2002 à 16:09:20)


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 1 message ] 

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 20 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  
cron
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB