L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 12 Sep 2004 18:53 
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Le congrès de Prague (1813) et ses conséquences!
Auteur: Roy-Henry
Date: 28/01/2002 14:00

Certains commentateurs affirment que Napoléon ne croyait pas à la paix. Beaucoup d’historiens prétendent que comme ses ennemis, il a utilisé les pourparlers de Prague pour gagner du temps et se préparer à la prochaine campagne.
Certainement ! Mais, ce qui était en jeu, c'était l'alliance autrichienne. Napoléon y comptait. A vrai dire, il avait seulement promis la restitution de l'Illyrie (sans Trieste), mais dès 1812, en compensation de la Galicie polonaise promise au futur Royaume de Pologne en cas de victoire sur les Russes!
En 1813, bien sûr, il n'était plus question de Royaume de Pologne. Alors, que donner en plus aux Autrichiens? Napoléon avait proposé la Silésie, longtemps regrettée par Marie-Thérèse d'Autriche. A dire vrai, il aurait pu sacrifier les intérêts de la Bavière et consentir à la restitution du Tyrol. Cette clause importait beaucoup à l'Empereur François. Mais Napoléon n'était pas un diplomate, c'était un soldat qui se serait senti "déshonoré", s'il avait agi ainsi envers un allié qui -jusqu'alors- s'était loyalement comporté.
En tout cas, s'il a gagné du temps, les Coalisés en ont mieux profité que lui ! Pour ce qui est de démasquer Metternich, cette théorie l’obligeant à accepter les conditions aurait été trop dangereuse politiquement.
Peut-être, mais ne pas le faire a été catastrophique, car les coalisés ont répandu partout que Napoléon était un fauteur de guerre, un tyran assoiffé de sang que rien ne pouvait satisfaire : et ils ont -par tous les moyens- répandu cette fable en France où beaucoup de gogos (un trait de caractère bien français!) l'ont pris pour de l'argent comptant. Thiers -sur un plan historique- s'est fait le chantre de cette théorie, complaisamment reprise par les historiens de la IIIème République (Seignobos etc.)
On peut répliquer que l'opinion publique n'est pas la seule chose qui compte en politique. Parfois la force brute vaut autant et même plus.
Céder aux conditions de Metternich –c’est ce qu’a dit Napoléon à Sainte-Hélène- n'aurait rien donné de concret. Des places fortes auraient été perdues, et l'Allemagne toute entière se serait, de toute façon, révoltée. C’était la campagne de France, mais dès 1813 et non en 1814.
Il semble bien que ce fut le raisonnement de Napoléon ; mais l'opinion des alliés confédérés fut ébranlée et manqua plus tard (Saxe, Bavière, Bade et Wurtemberg). Sans parler de celles des Français, jusque dans l'entourage de l'Empereur ! Quant à la campagne de France en 1813, c'eût été une aubaine: avec 500 000 hommes en France, Napoléon était invincible: jamais les Coalisés n'auraient osé franchir le Rhin et s'ils l'avaient tenté, ils auraient été écrasés!
Maintenant, peut-on admettre cette observation : loin d'élever le prestige français, jouer le jeu du conciliateur aurait abaissé le prestige de la France ?
Oui et non ! Il est bien évident que même en acceptant les propositions de Metternich, la paix était impossible. Mais le chancelier autrichien n'aurait pas pu jouer les bons apôtres et ça -croyez-moi- c'était déterminant !

Heureusement , vous êtes là...
Auteur: François
Date: 28/01/2002 14:01

...cher Bruno . Nous voilà sur le sujet sensible de l'alliance autrichienne sur laquelle je pense que Napoléon devait , avec la France , jouer son va-tout pour le XIX° et le XX° siècles.Je ne reviens pas sur les enjeux dont nous avons déjà beaucoup discuté . Je veux seulement poser une simple question : pourquoi n'avoir pas accepté d'emblée les six conditions de Metternich et le mettre ainsi au pied du mur , plutôt que de se résoudre à le faire après l'expiration de l'ultimatum ,ce qui laissait la partie belle à Metternich ? Je devine que vous allez me répondre , Bruno , que Metternich aurait alors fait de la surenchère . Mais , c'est là une spéculation classique des historiens de cette époque . Qu'en savons-nous réellement ? Pourquoi n'avoir pas dit "chiche" ?

5/12/2001

L'alliance autrichienne...
Auteur: Roy-Henry

Je me suis déjà exprimé sur le sujet, François, mais je pense que vous voulez en savoir plus : accepter les quatre conditions de Metternich (je ne connais pas les deux autres) savoir:
-abandon de la 32ème division militaire
-dissolution du Grand duché de Varsovie
-dissolution de la Confédération du Rhin et reconstitution de la Prusse
-Restitution de l'Illyrie,

aurait entraîné la réponse anglaise : indépendance de la Hollande, qui était la maîtresse anonyme (mais pas pour Napoléon) des négociations, ayant enchaîné Russie, Prusse et Autriche par le traité de Reichenbach (28 juin 1813).

L'alliance autrichienne n'était plus possible avec un Metternich... qui avait choisi son camp !

A la rigueur, elle était encore possible avec l'empereur François. Ce n'est que lorsque ce dernier apprit la défaite française de Vittoria en Espagne, qu'il ratifia la signature de son ministre. Jusque-là, il craignait le rappel de cette armée d'Espagne qui pouvait faire pencher la balance.

Vous avez raison sur un point, Napoléon devait accepter les quatre conditions pour pouvoir refuser publiquement la cinquième. Et ainsi démasquer la duplicité de Metternich aux yeux du monde...

Il s'est crû assez fort pour se dispenser de cette comédie: il a eu tort
comme la suite des évènements l'a démontré.

L'Autriche est revenue à la charge après la victoire de Dresde et a fait savoir qu'elle renouvelait ses propositions, à condition d'obtenir Trieste. Mais alors, les opérations militaires étaient allées trop loin. Cette proposition secrète était-elle sincère ? Après la défaite de Kulm et la prise de Vandamme, Napoléon ne revit plus jamais les émissaires autrichiens...

Au reste, rien n'est sûr concernant cette dernière négociation, car, seul, Napoléon en a parlée!

6/12/2001

Le testament de l'Ancienne France
Auteur: François

C'est toujours un grand plaisir , cher Bruno , de lire vos textes lumineux ! Merci pour celui auquel je me permets de répondre avec l'idée ,que vous connaissez bien , que la Révolution a brisé la politique étrangère de la France.La politique étrangère d'une grande Nation ne peut être affaire de circonstance : elle implique la définition d'un cap appuyé sur un principe national fondamental défini une fois pour toutes et auquel tous les gouvernements ont le devoir de se tenir.Observez par exemple la remarquable constance de la politique étrangère britannique depuis le premier conflit mondial : elle s'appuie sur l'idée d'acier que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont des intérêts vitaux , économiques , idéologiques , linguistiques , pour tout dire génétiques , communs , et c'est ce qui nous vaut d'estimer aujourd'hui Tony Blair de la même manière que nous estimions hier Margaret Thatcher.
La France de Louis XV et de Louis XVI , avec de grands ministres comme Bernis , Choiseul et Vergennes , avait construit de cette façon , à partir de l'idée-force de la communauté catholique , l'alliance franco-autrichienne complétée par le pacte de famille-Bourbon franco-hispano-italien.La puissance , la potentialité surtout , de cette alliance était considérable et elle promettait un fabuleux XIX° siècle , politique , militaire , culturel et religieux.
N'épiloguons pas sur la Révolution qui brisa ces espérances en faisant de la France l'ennemi du monde entier et la mit dans la nécessité d'une politique étrangère de navigation à vue , variant selon les intérêts, les rapports de force et les intrigues du moment , sans ligne directrice ni fidélité à aucun engagement. Napoléon a été formé à cette école et toute son action , ses versatilités , ses incohérences , et ses mécomptes , en sont imprégnés.
Le rêve de l'alliance russe , plutôt que de renouer résolument avec la politique capétienne de l'alliance franco-autrichienne qui couvrait le sud de l'Europe , et par conséquent toute l'Afrique du Nord ,l'illusion de la reconstitution de la Pologne complètement étrangère aux intérêts nationaux de la France , le gâchis du mariage autrichien demeuré inexploité , constituaient autant de gesticulations procédant de l'absence de continuité dans l'analyse des intérêts permanents de l'Etat , et ne pouvaient que conduire à la politique Metternich d'hostilité à la France , du moins la France révolutionnaire dont Napoléon n'avait pas su séparer son image.D'où les conditions de Prague ( j'en compte six car j' en vois deux dans votre unique condition ,Bruno , de la dissolution de la Confédération du Rhin et de la reconstitution de la Prusse , et j'en vois une supplémentaire dans l'indépendance des Villes Hanséatiques).
Alors, qu'a-t-il donc manqué à tout cela? Vous le savez bien : Talleyrand au lieu de Caulaincourt , ce dont Napoléon fera l'aveu en forme de regret déchirant , l'année suivante , dans une formule demeurée célèbre.
Pourquoi Talleyrand ? J'en viens à mon titre : Talleyrand était le dépositaire du testament de la politique étrangère de l'Ancienne France.Et j'aime à m'imaginer la scène ,réelle, où l'un des principaux artisans de la politique étrangère de l'Ancien Régime , le duc de Choiseul , ministre de Louis XV , accordant audience en 1784 au jeune abbé de Périgord ( introduit par son ami Choiseul-Gouffier ) , lui livra et lui légua le secret du destin de la France dans sa retraite de Chanteloup , à la veille de sa mort.Talleyrand ,toute sa vie , fut fidèle à ce dépôt ( Ah! Seigneur ! Comment un si grand homme a-t-il pu être aussi une pareille canaille ?) .Jamais ce visionnaire ne conçut sérieusement la politique russe comme un substitut sérieux de la politique franco-autrichienne : il savait que ce ne pouvait être que le complément de l'alliance autrichienne ,pour lui servir de prolongement et de garantie , mais en aucun cas comme une politique autonome.Parce que Napoléon ne comprit pas cela , il se sépara de Talleyrand qui lui fit si cruellement défaut lorsque , étant passé de l'alliance avec la Russie à la guerre contre la Russie puis à la défaite par la Russie , et ne pouvant plus compter sur l'Autriche , il se retrouva seul face aux conditions , faussées , je partage votre point de vue , Bruno , et pour cause , de Prague.

BRH

L'Ancienne France n'a pas toujours pratiqué l'alliance autrichienne ! Loin s'en faut... Sans parler de François 1er et de ses efforts pour s'opposer à l"hégémonie de Charles Quint, rappelez-vous de Richelieu qui n'a de cesse de diminuer les Habsbourg qu'ils soient d'Autriche ou d'Espagne!

Louis XV lui-même veut asseoir l'électeur de Bavière sur le trône impérial, ce n'est pas précisément pour plaire à l'Autriche; il va jusqu'à s'allier à la Prusse, comme Richelieu l'avait fait avec les princes protestants: toujours contre le Saint-Empire!

A dire vrai, la France aspire à la limite du Rhin et c'est aussi un dessein
capétien, qu'on le veuille ou non ! Il va sans dire que l'Autriche s'y opposera toujours parce qu'elle est, sa monarchie est GERMANIQUE!

Alors, évidemment, il y a le changement d'alliance; après avoir travaillé pour le roi de Prusse, Louis XV prend conscience du danger anglais et comme la Prusse se rapproche de l'Angleterre, Louis XV se décide à tenter l'alliance austro-française, car ainsi, le continent est stabilisé.

Politique audacieuse à l'époque, totalement incomprise de l'opinion publique et des "philosophes". marie-thérèse n'a-t-elle pas proposée les Pays-Bas autrichiens au Bien-Aimé?

L'Espagne étant "française" (avec Charles III), Naples acquis au pacte de famille, la France domine la Méditerranée et "plus un coup de canon ne peut se tirer en Europe", sans la permission du Roi de France.

Couronnement de cette politique, le mariage du Dauphin avec l'archiduchesse Marie-Antoinette. Ce bel édifice pouvait durer, permettant à l'Autriche de maintenir son influence par le Saint-Empire, dont la France accepte de lui laisser la direction: au vrai, c'est un édifice vermoulu, branlant, anachronique qui n'est plus dangereux.

Et ainsi, la jeune Prusse, ambitieuse et arrogante, plutôt anglophile, est contenue...

Les Girondins -je vous l'accorde- vont briser tout ceci: ils attaquent -à l'extérieur- ce symbole de l'Ancien régime; l'Assemblée Nationale vote la guerre (sur proposition de Louis XVI, mais a-t-il le choix?) contre le roi de Bohême et de Hongrie, comme si le corps germanique pouvait rester indifférent à ce défi! Et les jacobins ont vite fait de revêtir l'habit des Girondins, la dentelle en moins!

Napoléon va être l'héritier de cette politique: il n'a pas le choix; il affronte deux fois l'Autriche au nom de la République. Il voudrait écouter Talleyrand. Mais l'Autriche est devenue l'ennemi acharnée de la Révolution et Bonaparte puis Napoléon restera toujours pour elle le chat botté de la république, le croque-mitaine révolutionnaire.

Metternich est l'homme de cette politique; il ne peut pardonner l'influence prépondérante prise par la France Napoléonienne en Allemagne. L'alliance devient impossible!

Un bref instant, Napoléon tente de renouer les fils du destin avec Marie-Louise. Mais sa logique est devenue impériale. L'Autriche n'hésite pas: elle préfère restaurer et installer la Prusse dans une puissance qu'elle n' a jamais eue. Elle s'en mordra les doigts, 50 ans plus tard.

Pour suivre Talleyrand, il aurait fallu que Bonaparte redevienne Louis XVI avant d'être Napoléon. C'était impossible.

De toute façon, après 1807, Napoléon veut restaurer l'Empire de Charlemagne, faute de paix possible avec l'Angleterre: ce n'est pas un plan préconçu, mais le fruit de ses victoires; et alors, il abuse; en Espagne, en Allemagne.

Plutôt que de dénouer la crise en Espagne et sur les rivages anglais, il s'enfonce en Russie car il sent que le trait mortel qui l'abattra viendra d'Alexandre. C'est une autre histoire...

François

Je pensais , Bruno , que vous "m'accrocheriez" sur la Pologne , grande sacrifiée du choix austro-russe.
Je pensais que vous m'opposeriez Jean SOBIESKI , sauveur de Vienne , de l'Autriche et de la Chrétienté .
Je pensais que vous feriez valoir l'ingratitude d'une politique qui fait abstraction de ce qui est dû à la Pologne .
Pourquoi le nier ? Puisque vous ne me le dites pas , je le reconnais spontanément . C'est le grand défaut moral de cette politique qui se veut pourtant avant tout catholique .
Et à cet égard , l'attachement sentimental que Napoléon porte à la résurrection et à la survie de la Pologne , nonobstant l'intérêt national français , fait de lui l' authentique continuateur de la politique de Louis XV qui resta toujours marquée du souci désintéressé de la Pologne : il y a là un très grand témoignage en faveur de Napoléon , et quand on mesure ce que les affaires de la Pologne ont pesé sur son destin personnel ,on comprend mieux ce que veut dire un engagement moral sans lequel toute politique étrangère est désincarnée.
Pourtant , même considéré sous cet angle , le " sacrifice " de la Pologne peut encore apparaître comme un faux problème si l'on veut bien considérer tout ce que l'installation d'une paix durable avec l'Autriche et la Russie aurait pu apporter aux catholiques de Pologne avec la garantie de la France.
Au bout du compte , c'est vous qui avez raison , Bruno : la France a manqué sa vocation dès le XVI° siècle par ses complaisances pour l'Empire ottoman qui lui faisaient déserter son camp , qui en faisaient la grande absente de Lépante , et qui abdiquaient la défense de la Chrétienté des mains des fils de Saint-Louis dans celles des Habsbourg. Sourd à l'appel de Paray-le-Monial , Louis XIV scella le destin de ses descendants et le nôtre.Depuis ce temps , privée de la vocation religieuse qui fondait sa légitimité internationale depuis le baptême de Reims , ballottée au gré de circonstances que la Providence ne gouverne plus pour elle , l'histoire de la France n'offre plus ni cohérence ni continuité , et il faut se forcer au nom du drapeau , du 14 juillet et de la Marseillaise , que ne défendent plus aujourd'hui que leurs adversaires d'hier , pour trouver encore de la grandeur à ce qui ne dépend plus depuis deux cents ans que de l'Allemagne , de la Russie , de l'Angleterre et des Etats-Unis.


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Message Publié : 11 Oct 2016 15:21 
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Les Alliés et la paix. Albert Sorel. Revue des Deux Mondes.

Article VI du traité de Reichenbach. — « Le comte Metternich a été d’accord que les six conditions autrichiennes ne feraient que la base d’un traité préliminaire qui ensuite servirait de base à la négociation générale qui est le but des coalisés. Il est également d’accord que le traité préliminaire doive être mis en exécution sur-le-champ. » Hardenberg à Munster, 21 juin, après une conversation avec Metternich.

Le fin de l’affaire consistait à lui proposer des conditions qu’on serait sûr de lui voir refuser ; le choix n’était pas malaisé connaissant ses vues et les nécessités de sn politique. On jouerait, à coup sûr, avec lui, cette artificieuse partie. Napoléon ne pouvait pas reculer sans perdre son prestige, s’avouer vaincu sans s’exposer à de nouvelles exigences des alliés. Metternich savait que les meneurs de l’opinion à Paris, les confidens, émissaires et « affidés » de Talleyrand, se feraient une arme contre Napoléon du refus qu’il opposerait à des conditions que, dans l’état d’esprit où l’on était en France, on jugerait non seulement acceptables, mais excellentes. On l’engagerait de la sorte dans une impasse, et le moindre effet en serait de creuser davantage la séparation entre lui et les Français. S’il acceptait un congrès, on lui rendrait de plus en plus difficile d’y repousser les conditions nouvelles qu’on y élèverait, et, s’il rompait, on aurait eu le temps de se mettre en mesure de lui dicter la paix. Il aurait perdu les avantages de l’offensive, la supériorité du nombre, l’entrain à la guerre et la confiance de l’armée.

« Le passage de la neutralité à la guerre ne sera possible que par la médiation armée, » avait dit Metternich à son maître. Il en était à franchir ce pas. Le 7 mai, il dressa des instructions pour le comte de Stadion, qu’il dépêcha près d’Alexandre. Il y développait ses vues sur les bases de la paix à proposer à Napoléon. C’étaient : 1° la suppression du duché de Varsovie et le retour, en ce qui concerne l’Autriche, aux conditions antérieures à 1809 ; 2° la restitution à la Prusse de ses anciennes possessions dans l’Allemagne du Nord ; 3° l’abandon par la France de tout ce qu’elle possède en Allemagne, au-delà du Rhin ; 4° le royaume d’Italie hors des mains de Napoléon ; 5° la Hollande indépendante, la restauration du Pape ; 6° la restitution de toutes les provinces françaises en Italie ; 7° pour l’Autriche, la frontière d’avant Lunéville, le Mincio ou l’Oglio, plus le Tyrol, le Quartier de l’Inn, l’Illyrie, la Dalmatie. et la restitution de tout ce que lui avait enlevé, de ce côté-là, le traité de 1809. Voilà, dit-il, les conditions d’une bonne paix continentale ; mais il reconnaît qu’on doit distinguer un minimum et un maximum, selon les chances de la guerre.(...)



Caulaincourt avait engagé Metternich à forcer la note. Metternich, qui connaissait très bien Napoléon, ne pouvait pas se flatter de l’intimider en élevant les exigences, tout au contraire. Mais, persuadé que des conditions, même rigoureuses, seraient approuvées en France, et que, de toute façon, on reprocherait à Napoléon de les avoir repoussées, il n’avait pas hésité à conseiller à son maître de porter les points de quatre à six : moyen infaillible, selon lui, de décider le refus. Il indiqua donc les conditions suivantes : « Je les ai écrites d’après ce qu’il m’a dit, » rapporte Caulaincourt : — Dissolution du duché de Varsovie, — Dantzig à la Prusse, — restitution de la 32e division militaire, — renonciation au protectorat de la Confédération du Rhin, reconstitution de la Prusse avec une frontière tenable sur l’Elbe, — cession des provinces illyriennes à l’Autriche, — garantie de l’état de possession des puissances grandes et petites. Metternich ajouta, « d’ordre de l’Empereur, » que, faute d’acceptation le 10 août, l’Autriche déclarera, le 11 au matin, la guerre à la France ; que les conditions mises en avant ne conserveraient pas la moindre valeur au-delà de ce terme : « Notre alliance avec les puissances actuellement en guerre avec la France prenant son commencement le 11, nous ne recevrons, au-delà de ce terme, plus de communications qui nous soient adressées séparément [26]. » Il prononça ces mots : notre alliance avec les puissances actuellement en guerre avec la France ; il dit à quelles conditions le refus de Napoléon amènerait l’Autriche à passer à la coalition ; il ne dit point qu’il s’engageait à obtenir, des alliés les conditions notifiées à Napoléon, ni que les alliés ne prétendraient pas donner à la paix « une plus grande étendue ; » il n’eut garde de s’expliquer sur la question de savoir si les points de l’ultimatum constituaient des préliminaires ou un traité définitif, ni sur cette autre question plus urgente encore, si Napoléon, qui, en disant non, aurait la guerre, serait sûr, en disant oui, d’obtenir la paix immédiate aux conditions de l’ultimatum. Les termes de cet ultimatum : « Conditions que les cours de Russie et de Prusse paraissent mettre à des arrangemens pacifiques, » annonçaient le contraire, et, pour qui savait lire cette déclaration, ne signifiait que deux choses : des préliminaires susceptibles de développemens ultérieurs, alliance conditionnelle peut-être, mais alliance conclue entre l’Autriche et les alliés.

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Message Publié : 11 Oct 2016 19:27 
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Merci, voilà qui est intéressant :VE2:

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Châteaubriand


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Message Publié : 11 Oct 2016 23:14 
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c'est intéressant à 12 ans d'intervalle.....

OK je sors

:baton:


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Message Publié : 12 Oct 2016 9:11 
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C'est l'histoire du forum... Des sujets brûlants qui sont ensuite abandonnés... ou oubliés ! Encore que là, celui-ci devrait être "rangé" dans les archives du forum.

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Message Publié : 12 Oct 2016 13:08 
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Bonjour,

oui c'est navrant, mais hélas je crois que c'est la loi du genre...

un beau jour, les forums, blogs.... deviennent des astres morts
:ordre:

Ma valise est prête : direction Francfort demain pour la Campagne d'Allemagne 1806 !

(avec le Souvenir Napoléonien....personne n'est parfait)


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Message Publié : 12 Oct 2016 13:18 
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Demandez-leur de signer votre pétition ! :france:

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Message Publié : 12 Oct 2016 22:51 
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Inscription : 18 Août 2016 0:01
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Alors là....

une trentaine de membres du SN + l'historienne Natalia Griffon de Pleineville....

je ne suis pas certain qu'ils accrochent, mais j'essaierai !

:VE2:


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Message Publié : 13 Oct 2016 19:24 
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Courage et :pascontent:

Envoyez-nous des cartes postales de Prusse :rire2:

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Châteaubriand


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