La tactique de la contre-pente n'a rien de géniale en soi: elle est une adaptation pragmatique de l'ordre mince face à la "furia francese"!
Je pense que Wellington a réfléchi posément à cette difficulté qui avait provoqué l'effondrement des armées de l'Ancien Régime face au torrent révolutionnaire...
Je sais que Charlie va évoquer la bataille de Maïda où -le 4 juillet 1806- les charges des Français de Reynier se brisèrent sous les feux de salves puissants et ajustés de l'Anglais Stuart.
Mais, Maïda est aux alentours d'une plage, le terrain est relativement plat...
Stuart n'a pas innové: il a appliqué les recettes classiques de l'ordre mince, avec une infanterie parfaitement entraînée au tir. Le Brown Bess a fait la différence: calibre plus fort, donc balle plus lourde...
Mais cadence de tir voisine du fusil français, à condition que l'infanterie française s'entraîne aux feux de salve, ce que -précisément- elle ne sait plus faire... En dehors des bonnes troupes et des compagnies de grenadiers!
Pourtant, à Iena, tous les feux de salve de l'armée Prussienne, aussi puissants et ajustés que ceux des Anglais à Maïda, ne lui ont pas permis de triompher!
Pourquoi cette différence ? A Iena, l'attaque principale de l'infanterie française est toujours précédée par une nuée de tirailleurs: ceux-ci s'avancent à 2-300 m de la ligne ennemie et tirent posément sur les gens qui leur font face: ils sont couchés ou agenouillés, dissimulés autant que possible, derrière un arbre, dans les herbes, profitant du moindre repli de terrain.
La ligne ennemie veut-elle s'en débarrasser ? Il faut qu'elle s'avance, s'exposant à la manoeuvre de l'adversaire au lieu de l'attendre... A-t-elle accompli 100 m pour exterminer les gueux qui lui font ces piqûres de moustique que ceux-ci décampent pour reprendre leur manège plus tard!
Soudain, les Français dévoilent des pièces de canons qu'ils ont su faire intervenir au moment opportun: elles crachent à mitraille... le bel ordonnancement des lignes à la Frédéric II est rompu: alors, ces braillards de Français se précipitent, baïonnettes baissées, et sans brûler une amorce, défoncent Prussiens, russes, autrichiens et anglais sans coup férir... Comme un bélier qui fait craquer les plus lourdes portes!
L'intuition de Wellington a été de se dire qu'il fallait empêcher l'action des tirailleurs, en tout cas, éviter l'action destructive de l'artillerie très mobiles des Français.
Pour cela, il fallait conserver l'ordre mince, la discipline de tir, la précision des feux et... se contenter de s'abriter derrière la ligne de crête d'une pente quelconque... A l'abri des vues et des coups! Prenons l'exemple d'un bataillon anglais contre un bataillon français, par hypothèse, forts de 450 hommes chacun!
Alors la colonne française peut bien se précipiter: elle fonce sur un ennemi qu'elle verra au dernier moment, qu'elle devine mais qu'elle ne peut jauger. Et si l'anglais n'est pas ébranlé par le feu du canon ou la fusillade des tirailleurs, 450 fusils s'abaisseront pour cribler de balles 450 Français -qui, s'ils veulent répliquer- ne pourront opposer que 150 fusils du fait de leur formation en colonnes...
C'est simple, mais il fallait y penser...
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