L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 07 Sep 2004 22:16 
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MALO-IAROSLAVETZ : le tournant de la campagne de Russie.

Koutousov ayant rencontré Lauriston et feint d’accepter l’armistice qui lui est proposé en s’engageant à laisser son armée au repos, ces nouvelles, mandées à Napoléon l’encouragent évidemment à prolonger le séjour de la Grande Armée à Moscou. Cependant, le 13 octobre 1812, il gèle pendant la nuit et quand le soleil se lève, le givre enveloppe la capitale.

L’empereur en est impressionné : « dépêchons nous ; il faut, dans vingt jours, être dans nos quartiers d’hiver » ; aussi, convoque-t-il un nouveau conseil de guerre. Sauf Murat, qui commande l’avant-garde en contact avec les Russes au sud de Moscou, on y retrouve Eugène, Berthier, Davout, Ney, Mortier et Daru : tous sont d’accord pour tirer l’armée de l’oisiveté où elle est tombée.

Davout –toujours logique- soutient qu’il faut marcher vers le sud et accepter la bataille si Koutousov la propose ; de plus, on y trouverait un pays qui n’est pas épuisé. Berthier redoute par-dessus tout les combats ; il souhaite le retour pur et simple par la route de Smolensk ; toutefois, pour complaire à l’empereur, il accepte que l’armée puisse s’élever vers le nord, mais à condition de se rabattre aussitôt vers Witebsk (c’est le plan de Napoléon, quand il n’est plus temps de l’exécuter) ; Mortier opine comme Berthier ; Ney préfère appuyer l’avis de Davout, en soulignant que l’on est resté trop longtemps à Moscou et que seule la route de Kalouga est admissible. Eugène, encore trop timide pour oser un avis personnel, se range à l’avis de Berthier.

Seul de son avis, Daru soutient qu’il faut hiverner à Moscou : « c’est le conseil d’un lion » réplique Napoléon… Encouragé, Daru développe sa pensée : il existe, selon lui, assez de riz, de farine et de spiritueux pour tout l’hiver ; en étendant ses quartiers, l’armée se procurera assez de fourrage pour nourrir le bétail et les chevaux. Paraissant répondre aux éventuelles objections de l’empereur, il souligne que cette solution évite un mouvement rétrograde, toujours fâcheux, avec des soldats habitués à marcher en avant et non à suivre une retraite méthodique.

Les témoins rapportent que Napoléon se tût et réserva sa décision. Comme le dit Thiers, il faut chercher dans ses perplexités les raisons de son silence. Comme secrètement averti que tout pas rétrograde de sa part entraînera son déclin, il souhaite rester. S’il ne le peut lui-même, car il sait bien que le gouvernement de l’empire le rappelle, sinon à Paris, mais du moins à Vilna, pour préparer la campagne de 1813 et réparer les erreurs de Joseph en Espagne. Seulement, cette solution (outre la difficulté de subsister sur place), a le défaut de ne pas assurer les communications. Enfin, Koutousov sera libre de faire le blocus de Moscou ou d’envahir la Lithuanie : sans l’armée, comment défendre cette contrée ?

Il y aurait bien la solution de quitter Moscou avec la Garde et la plus grande partie de la cavalerie ; ainsi, on pourrait rallier Victor et Oudinot aux environs de Smolensk et attirer à soi les renforts encore stationnés en Prusse. Davout serait alors un gouverneur idéal de Moscou. 70 000 hommes garderaient la conquête de cette capitale, dont la conservation revêt un poids symbolique énorme. Et l’empereur pourrait commander à 80 000 environ, de quoi tenir en respect au moins 120 000 Russes. Il ne paraît pas qu’il y ait songé…

Réduit à partir, Napoléon préfère marcher vers le nord ; mais la mauvaise saison, l’apparition de Tchitchakov vers le Dniepr, le ramène nécessairement à suivre l’avis de Davout qui prône la marche vers Kalouga. Malheureusement, le beau temps qui demeure éblouissant, la lenteur des évacuations due au manque de voitures et surtout, la vague espérance de recevoir enfin une réponse du Czar à ses offres de paix, le retiennent encore quatre jours… Il se décide à donner ses derniers ordres pour la marche vers Kalouga, quand, le 18 octobre, passant en revue les 11 000 hommes du maréchal Ney, il apprend la subite attaque des Russes !

Que s’est-il donc passé dans le camp ennemi ? Le colonel Toll, de concert avec Benningsen (le vaincu de Friedland) a proposé d’attaquer à l’improviste la position mal gardée de Murat à Winkowo. Koutousov, craignant que son rival Benningsen ne le supplante, approuve cette intention : le plan consistera à tourner Murat par sa gauche en utilisant de nuit le bois qui sépare les deux camps et à fondre sur lui de front afin de l’écraser. Si ce mouvement réussit, Napoléon sera affaibli de 20 000 hommes, ce qui permettra ensuite de l’attaquer… L’armée russe étant désormais forte de 100 000 hommes par l’arrivée successive de 30 000 recrues et de 20 000 cosaques !

Le 18, dès l’aube, Sébastiani et la cavalerie légère, sont rejetés au-delà du ravin naissant de la Tsernitsnia ; au centre, l’infanterie réveillée en sursaut dans les villages où elle campe, court aux armes et vient faire le coup de fusil le long de ce même ravin, tandis que Poniatowski avec ses braves fantassins Polonais arrête net la marche des Russes. Murat se précipite au secours de sa gauche, complètement en l’air, et par des charges répétées et magnifiquement exécutées, parvient à disperser la cavalerie d’Orlov ; mieux, il enfonce et sabre quatre bataillons d’infanterie !

Après avoir livré le combat de Winkowo, Murat se retire sain et sauf sur Worowno. Il a perdu 1500 tués ou blessés et plusieurs centaines de prisonniers. Si les Russes lui ont pris 12 canons, ils ont perdu près de 2000 hommes ; le général Bagowout a été tué. Leur assaut ayant échoué, Napoléon risque à tout moment de leur tomber sur les bras avec toute l’armée !

Pourtant, ce dernier ne décolère pas : « Murat et Sébastiani se sont laissés surprendre. Les troupes ont pris l’habitude de mal se garder ; les reconnaissances sont faites avec négligence, il faut que je vois tout de mes propres yeux ! »

Napoléon voit surtout dans cette attaque une félonie de Koutousov : n’était-il pas entendu qu’un armistice tacite existait qu’il était convenu de dénoncer six heures à l’avance ? Il ajoute : « il ne faut pas que l’on dise en France qu’un échec nous a forcé à nous retirer. Il faut laver l’affront de cette surprise ; nous marcherons dès demain sur Kalouga, et malheur à ceux qui se trouveront sur mon passage ! »

Ainsi, l’empereur retrouvant l’esprit vif du général Bonaparte, décide de quitter Moscou afin d’infliger aux Russes une défaite encore plus cuisante que celle de la Moskowa et cette fois –il se le jure- il dispersera et peut-être anéantira , les bandes de Koutousov !

Selon Caulaincourt, la nouvelle du combat de Winkowo produisit sur la Grande Armée une forte impression : c’était la première fois que les Russes attaquaient depuis qu’elle avait franchi le Niemen. Bientôt, il en arrive une autre : « on part demain matin, tout préparer ! ». Il s’ensuit une activité indescriptible ; les gradés sont obligés de courir comme des fous pour dénicher leurs hommes ; ceux qui n’étaient pas de service, sont dispersés dans les bivouacs, les tentes ou les baraques montées sur les places ou dans les jardins, quand ce n’est pas dans les caves ou les maisons choisies et aménagées : y sont entassées butin et provisions.

On imagine la peine qu’il a fallu pour décider les soldats à quitter leurs trésors. Sans doute, l’empereur n’a pas formellement déclaré qu’on allait évacuer Moscou, il a parlé d’une marche sur Kalouga afin de donner une leçon aux Russes, mais peu d’entre-eux imaginent y revenir et aucun ne veut renoncer à son butin. Alors, on prendra sur soi tout ce qui est possible et le reste sera chargé sur des voitures…

Les officiers ne s’en privent pas, les sous-officiers aussi : pourquoi se gêner ? Bien sûr, pour le soldat, c’est plus difficile ; alors, ils se regroupent par escouade, par section et font en sorte de s’arranger avec une cantinière ou bien de s’approprier un espace dans les fourgons de l’intendance. Le plus souvent, les hommes se chargent de tout ce qu’ils peuvent emporter ! Naturellement, le soldat qui marche vers la porte de Kalouga s’aperçoit rapidement qu’il ne pourra pas traîner sa brocante bien longtemps (vases précieux, bijoux, vêtements de luxe, statuettes, petits tableaux etc.). Providentiellement, les juifs de Moscou lui propose d’échanger son butin à vil prix contre des pièces d’or. Certains troupiers parviendront à en recueillir plusieurs centaines…

Si les régiments se sont mis en marche à l’aube du 19 octobre, beaucoup ne quitteront Moscou que le soir : ce n’est pas une revue, mais une cohue : si les unités marchent par compagnie, elles s’agglutinent autour des nombreuses voitures qui portent des fardeaux invraisemblables. Entre des meubles encombrants, on peut apercevoir des cantinières juchées sur des montagnes de ballots avec maris et enfants. L’ensemble dégage une impression de transhumance qui évoque les foules bigarrées des peuplades germaniques lors des grandes invasions ! Le convoi formé par le flot de l’armée comprend plus de 40 000 voitures sur 20 km de long !

A cette vision, Napoléon est surpris, voire alarmé : il veut donner des ordres pour diminuer la trop grande quantité de bagages ; il se ravise, considérant que les difficultés de la marche contraindront les plus récalcitrants à se défaire des impédimenta trop encombrants. N’étant nullement résolu à évacuer Moscou, il s’est réservé la possibilité d’y revenir, en prescrivant la veille à Mortier de s’y établir avec 10 000 hommes, dont 4 000 de la jeune Garde, 4000 cavaliers démontés et un peu d’artillerie ; il lui recommande de se retrancher fortement au Kremlin, d’y réunir en attendant tous les éclopés et les malades et de faire déposer tous les blessés ne pouvant supporter une évacuation entre les mains du général Toutelmine.

Beaucoup ont vu dans cet ordre une feinte, Mortier n’étant nullement destiné à demeurer dans Moscou ; ils en veulent pour preuve que Mortier avait reçu l’ordre de miner le Kremlin pour le faire sauter à la 1ère injonction, de même que les églises de Moscou avaient été dépouillées de leurs ornements, la gigantesque croix de la tour du grand Ivan étant descendue de son faîte.

C’est oublier que ces trophées ont été rassemblées dès le 13 octobre et que les Russes ayant incendié Moscou, Napoléon n’avait plus rien à ménager en faisant sauter un poste que l’on ne pourrait plus défendre. C’est malgré lui que les hommes ont tout entassé dans leur barda et les voitures de l’armée. Défaire Koutousov, s’emparer de Kalouga et ensuite aviser.

Voilà son intention. Et ceci suppose une grande bataille qui pourrait bien être aussi meurtrière que celle de la Moskowa ! Que faire des blessés, sinon les évacuer sur Moscou ? En tout cas, le 20 octobre, l’armée est nettement engagée sur la route de Kalouga : elle vient camper entre Desna et la Praka un peu en avant des lignes de Koutousov qui semble l’attendre. L’empereur arrive promptement au château de Troitskoï. De là, il s’avance pour considérer la position des deux armées. Ce qui le frappe, c’est le soin mis par les Russes à se retrancher et l’ordre apparent des masses qu’il aperçoit dans sa lunette. En comparaison, la valeur militaire de ses troupes, chargées de butin et accoutrées de toutes les manières possibles, ne lui semble pas un gage suffisant de victoire : il faudra au moins une journée pour se déployer au milieu d’un encombrement de bagages et de voitures. Est-il certain que Koutousov se contentera cette fois d’assister aux préparatifs d’une attaque bien réglée sans broncher ?

Alors, l’empereur change ses plans avec une soudaine détermination : au lieu de combattre Koutousov à Taroutino, il envisage de l’éviter en se portant de la vieille route de Kalouga sur la nouvelle, en vue de s’épargner une bataille dont le succès est problématique. Le souci de s’épargner une perte de 15 ou 20 000 hommes entre certainement moins dans les préoccupations de l’Empereur que ne l’a écrit Thiers qui y voyait la raison essentielle de l’étonnante promptitude avec laquelle il a modifié ses plans (avec le souci supplémentaire d’avoir à traîner avec soi peut-être plus de 10 000 blessés).

Pourtant, Koutousov n’a que 80 000 hommes de troupes régulières (dont près de 30 000 recrues qui n’ont jamais vu le feu) et 20 000 cosaques ! Il est singulier que Napoléon ait douté à ce point de la valeur combative des Français, alors que dans le même temps, les soldats russes ne pouvaient pas s’être aguerries au point d’effrayer les vainqueurs de la Moskowa !

Seulement, ne pas livrer bataille implique l’abandon définitif de Moscou, sans espoir de retour ! L’empereur s’y résigne avec une facilité apparente, ce qui a pu faire croire, comme noous l’avons dit, que cette solution était déjà arrêtée dans son esprit depuis longtemps ! En réalité, laissant Koutousov derrière lui, il n’était pas admissible qu’il puisse abandonner Mortier réduit à ses propres forces et ainsi, condamné à capituler à brève échéance.

Aussi, lui fait-il porter aussitôt l’ordre de quitter la capitale, en faisant sauter le Kremlin et mettre le feu aux établissements publics et aux casernes ! S’agit-il d’une vengeance à retardement de Napoléon ? Courroucé de voir la propagande russe le peindre sous un jour cruel, lui imputant notamment l’incendie de Moscou, Napoléon se décide-t-il à jouer les incendiaires ? Pas vraiment ; mais ne rien laisser qui puisse conforter aussi peu que ce soit l’appareil militaire des Russes, oui, sans aucun doute ! Car le combat de Winkowo lui a décillé les yeux : la paix ne sera jamais signée ; les Russes veulent détruire la Grande Armée et s’emparer de son chef. Entre Napoléon et la Sainte Russie, c’est désormais une lutte à mort qui ne peut se terminer que par la disparition d’un des combattants !

En fait, seules une partie de l’arsenal et des murailles sauteront, la plupart des mèches ayant fait long feu, à cause des fortes pluies qui se déclenchent le 21 octobre (les derniers détachements français quitteront Moscou le 23 octobre, Mortier rejoignant l’armée le 27 octobre, un peu avant le champ de bataille de Borodino, ce qui n’était pas prévu) !

Malheureusement, ces pluies surprennent la Grande Armée au milieu de sa manœuvre, gâtant les chemins de traverse où s’embourbent voitures et canons ; Eugène, ayant déjà une partie de sa cavalerie et la Dion Broussier à Fominskoï, passe le premier et s’en tire assez bien. Davout doit passer en second, puis la Garde. Ney, resté à Gorki avec son corps et la dion Claparède doit prendre la place de Murat devant Worowno, s’y faire remarquer voire pousser des reconnaissances vers Podolsk afin d’amener Koutousov à craindre pour sa droite ! Une fois cette gesticulation accomplie, Ney accomplira une marche forcée le 23 au soir, se trouvera le matin du 24 à Ignatawo, à Fominskoï le soir et le 25, à Malo-Iaroslavets.

Ainsi, sans avoir livré bataille, Napoléon aura tourné son adversaire, tout en atteignant son objectif qui est Kalouga. Puis, il n’aura plus qu’à suivre la route qui doit le mener à hauteur de Smolensk. Belle opération sur le plan tactique ! Peut-être un peu moins sur le plan stratégique, car ne pas vaincre Koutousov, c’est l’avoir sur les talons pendant la retraite. Toutefois, pour mettre toutes les chances du côté de l’armée, Une lettre de Berthier est adressée au généralissime russe ; elle est datée du 1er jour de cette marche de flanc, soit le 21 octobre : dans la forme, c’est une dernière tentative de paix, accompagnée des protestations d’usage à l’encontre du manque de foi des Russes. En réalité, c’est une ruse de guerre pour endormir l’ennemi…

Le 23 octobre, Eugène atteint Borowsk, la cavalerie de Grouchy et la dion Delzons en tête, celle de Broussier au centre, la dion Pino et la garde royale italienne en arrière-garde. Il n’a plus qu’un pas à faire pour s’emparer de la petite ville de Malo-Iaroslavest, dernière forte position d’où les Russes pourraient tirer le verrou dans la direction de Kalouga. Poussant Delzons pour qu’il pénètre aussitôt dans la ville, Eugène fait forcer le pas, car Napoléon le lui a enjoint expressément : s’assurer de la ville pour permettre au reste de l’armée de déboucher.

Delzons y parvient très tard : il trouve le pont enjambant la rivière Lougéa détruit ; cependant, il fait passer comme il peut 2 bataillons dans la ville. Ce général s’occupe avant tout de la réparation du pont, essentiel pour assurer le passage de la Grande Armée ; comme aucun éclaireur ne signale de mouvement suspect, il renonce à porter toute sa dion au sud de la Lougéa, craignant de plus d’avoir la rivière à dos s’il est attaqué. Erreur d’appréciation qui va se révéler funeste !

Car, pendant que se déroule le mouvement imaginé par Napoléon, Koutousov ne reste pas inactif ; au départ, il s’attend à être attaqué violemment par les Français sur la position de Taroutino. Il ne songe nullement à prévenir son terrible adversaire par un coup de boutoir préventif, trop content de recevoir l’assaut sur des positions « préparées d’avance ».

Bien que des éclaireurs du général Doctoroff lui signalent la présence d’une dion ennemie à Fominskoï (il s’agit de Broussier), il estime que cette dion doit lier la Grande Armée commandée par Napoléon, que les Russes aperçoivent très distinctement sur la vieille route de Kalouga, avec des troupes sortant de Moscou et suivant la route de Smolensk (il s’agit des convois évacuant les malades et les blessés).

Koutousov qui n’est pas dénué de sens tactique, juge cette position très hasardée et décide de faire enlever la dion Broussier par le corps de Doctoroff, ce qui –au surplus- le garantira sur sa gauche. Doctoroff s’avançant le 22 jusqu’à Aristowo, croit découvrir une troupe considérable ; de plus, Koutousov est averti par des partisans du mouvement transversal qui s’opère sous ses yeux. Il en est soulagé : Napoléon a peur de l’affronter ! ne pouvant plus l’intercepter à Borowsk, il décide à la mi-journée du 23 de l’arrêter à Malo-Iaroslavetz ; il ordonne donc à Doctoroff de s’y porter à marche forcée tandis qu’il se presse de réunir l’armée russe pour la diriger toute entière vers cette ville par Letachewa.

Le 24 octobre, de très bonne heure, après une marche de nuit exténuante, le corps de Doctoroff parvient en vue de Malo-Iaroslavetz ; dès 5 heures du matin, avec 8 bataillons de chasseurs, il déloge les 2 bataillons français jetés dans la ville la veille au soir. Delzons se hâte de passer le pont, de gravir les hauteurs sous la mitraille russe et de pénétrer baïonnettes baissées dans la ville ; il parvient à en chasser l’ennemi. Doctoroff qui a maintenant sous la main 12 000 hommes, n’entend pas renoncer et se précipite dans la ville par toutes ses issues.

Delzons, avec moins de 5 000 hommes, plie sous le nombre. Il prend le temps de jeter une centaine de défenseurs dans l’église et rameute son monde l’épée à la main ; déjà, il a cédé la moitié de la ville aux Russes quand il prononce une contre-attaque : c’est alors qu’il tombe, frappé de plusieurs balles ; son frère se précipite pour le couvrir de son corps et l’arracher des mains de l’ennemi quand il s’écroule à son tour, atteint de plusieurs coups de feu. Ce qui reste de cette division reflue et va être précipitée dans la Lougéa quand le général Guilleminot (chef d’état-major d’Eugène) accourt au galop, suivi de la division Broussier.

Cette nouvelle troupe renouvelle la charge de Delzons avec autant de vaillance et refoule à son tour les Russes en–dehors de la ville malgré un feu épouvantable. Les baïonnettes font place nette. La dion Pino qui s’est déployée en arrière va s’engager à son tour, emmenée par Eugène en personne, afin de balayer définitivement les Russes du plateau qui surplombe Malo-Iaroslavetz et assurer ainsi un débouché définitif à la Grande Armée. Il est un peu plus de midi, quand surgit le corps Rajewski qui court plus qu’il ne marche au bruit de la canonnade. Eugène n’en est pas ému quand il aperçoit de loin les masses profondes de toute l’armée russe ; Il suspend le mouvement de la dion Pino pour faire face à une éventuelle tentative d’enveloppement.

Cependant, les Russes ne paraissent pas y songer et, tous ensemble, compagnies décimées de Doctoroff et soldats pleins d’ardeur de Rajewski, se jettent avec fureur dans la ville. Les Français tiennent ferme quoique l’ennemi alignent plus de 24 000 hommes contre 10 000 à peine. La ville, bombardée, incendiée, est prise et reprise six fois !

Une dernière fois, les Russes repartent à l’assaut et refoulent tout sur leur passage. Alors, la dion Pino, survenant par la gauche de la ville, parvient à refouler les masses de l’infanterie russe… Le corps de Rajewski, rameuté, se précipite sur les Italiens à la baïonnette, pensant n’en faire qu’une bouchée. Mais les Italiens du général Pino entendent faire honneur à leur Nation : ils tiennent bon, jusqu’à ce que –noyés par le nombre- il soient sur le point de lâcher pied. Eugène lance alors les chasseurs de la Garde Italienne pour les soulager et Malo-Iaroslavetz est définitivement conquise. Ce résultat est dû en partie à la centaine de défenseurs jetés par Delzons dans l’église au début de la bataille : dès que les colonnes russes dépassent cet édifice, elles sont surprises à chaque fois d’être fusillées dans leur dos ; à la fin de la journée, il ne restera plus qu’une trentaine de ces braves.

Cependant, si le jour baisse, rien ne dit que la bataille soit terminée, car toute l’armée russe accourt et semble devoir écraser le Vice-Roi qui envoie courrier sur courrier pour alerter son beau-père. L’empereur survient enfin avec les dions Compans et Gérard du corps de Davout ; celles-ci se déploient de part et d’autre de la ville et rendent un succès des Russes problèmatique. Les cris de « Vive l’empereur » deviennent formidables. Les généraux russes décèlent sa présence au travers de leur lunette et renoncent alors à la lutte en se retirant d’une lieue en arrière. Que faisait donc Napoléon pour arriver si tard ?

La veille de la bataille (23 octobre), Napoléon s’est établi à Borowsk. Ségur indique qu’il y fut informé de l’occupation de Malo-Iaroslavetz par Delzons et de ce que la route de Kalouga était vide d’ennemis, ; alors, l’empereur aurait voulu assurer ce succès par sa présence, allant jusqu’à donner l’ordre à sa maison d’y marcher. Si c’est le cas, il n’en demeure pas moins que cet ordre a été rapporté : ses aides de camp ayant fait probablement valoir le danger d’être enlevé par un « hourra » de cosaques.

Ce qui est certain, c’est qu’il passe la soirée dans les environs de Borowsk, du côté où il suppose Koutousov, examinant le terrain comme s’il était destiné à devenir un champ de bataille. Le lendemain, quand Napoléon apprend que les Russes disputent à Delzons la possession de Malo-Iaroslavetz, il ne s’en émeut guère et sort de Borowsk tardivement sans se hâter. Alors, le bruit du combat très vif lui parvient ; aussitôt, il galope pour se placer sur une hauteur et il écoute, inquiet, tout en scrutant l’horizon :

« Les Russes m’ont-ils donc prévenu ? La manœuvre est-elle manquée ? N’ai-je point mis assez de rapidité dans notre marche, pour dépasser le flanc gauche de Koutousov ? »

Il tend l’oreille et s’informe de la marche du reste de l’armée :

« C’est donc une bataille ! » N’y tenant plus, il s’élance sur la route qui conduit à la ville chèrement disputée à cette heure, rattrape le corps de Davout et presse le maréchal d’entraîner ses deux dions de tête. Cet effort –trop tardif- a le mérite d’impressionner les Russes qui abandonnent le champ de bataille. Une bande de Cosaques (ceux de Twer) manque de prendre un de ses officiers de sa suite à peu de distance du cortège impérial…

Napoléon se retire dans une cabane de tisserand, située sur le bord du ruisseau de Gorodnia et passe les premières heures de la nuit à recevoir rapports et nouvelles. Du récit de la bataille qui lui est fait, il résulte que plus de 4000 hommes ont été mis hors de combat pour une perte de 6000 russes. Il en ressort également que Delzons ayant pris position sur le plateau au-delà de Malo-Iaroslavetz, il aurait été soutenu par Eugène en arrière, et ainsi qu’il aurait immanquablement empêché le mouvement des Russes, jusqu’à ce que l’empereur accouru sur ce point, trouve le moyen d’accabler Doctoroff et Rajewski, contraignant Koutousov à le laisser passer sous peine d’être détruit en détail !

A onze heures du soir, Bessières fait son apparition et Napoléon l’envoit immédiatement reconnaître la position de l’ennemi. A son retour, ce brillant cavalier assure que le front des Russes est inattaquable :

« Trois cents grenadiers suffiraient là pour arrêter une division ». On voit alors l’empereur croiser les bras et baisser la tête, signe de sa préoccupation, et bientôt, livrer à tous d’amères réflexions :

« Mon armée est victorieuse, et je suis vaincu ! La route est coupée, ma manœuvre déjouée ; Koutousov ! un vieillard ! un Scythe ! m’a prévenu… Et je ne peux accuser mon étoile ! Le soleil de France ne semble-t-il pas m’avoir suivi en Russie ? Hier, encore, la route de Malo-Iaroslavetz n’était-elle pas libre ? Ma fortune ne m’a pas manqué ; c’est donc moi qui ai manqué à ma fortune ! »

Ce monologue pathétique (rapporté par Ségur) explique bien des choses et notamment l’espèce de dépression dans laquelle va sombrer l’empereur : perdu dans cet abyme de pensées désolantes, il n’a pas la force de se ressaisir. S’il veut prendre quelque repos, une brûlante insomnie l’empêche de retrouver le calme présidant aux grandes décisions. Qu’importe ! Le lendemain matin, il décide de se rendre compte par lui-même, puisqu’après tout, les Russes se sont retirés.

Le voilà qui s’avance imprudemment vers la ville, entouré seulement de quelques officiers, négligeant l’avis de ceux qui croient avoir aperçu des cosaques. Ce sont eux en effet qui entourent bientôt le petit groupe : Napoléon, Berthier, Caulaincourt mettent l’épée à la main ; Rapp, au 1er rang, est bientôt couvert de sang, son cheval est tué d’un coup de lance… L’escadron de service arrive enfin au triple-galop, mais cela ne suffit pas car le nombre de cosaques s’accroît sans cesse. Alertés, les escadrons de la Garde surviennent à leur tour et dégagent le groupe impérial sur le point de succomber. Mais ce n’est pas encore suffisant, il faut l’arrivée des troupes d’Eugène pour décourager les cosaques qui semblent avoir reconnu Napoléon. Il paraît que c’était Platov et 6 000 de ses meilleures recrues…

L’empereur rit de cette mésaventure et semble retrouver cette fermeté d’esprit indispensable à toute réflexion stratégique : il dépasse Malo-Iaroslavetz pour observer dans sa lunette ses fameuses positions des Russes que Bessières lui a dépeint comme imprenables. Derrière lui, ses officiers murmurent, mais il reste impassible, fixant plus particulièrement deux ou trois points. Enfin, il tourne bride et, laissant Eugène dans cette citée ruinée, revient vers Borowsk suivi de son état-major.

C’est là, dans cette obscure masure de Gorodnia que Murat, Davout, Berthier et Bessières le rejoignent, bientôt suivis par Eugène, car il convient de prendre un parti dont va dépendre l’issue de la campagne et le sort de l’armée !

Faut-il s’obstiner et livrer une seconde bataille pour percer sur Kalouga, ou faut-il se rabattre par la droite afin de gagner la grande route de Smolensk ?

Les positions tenues par les Russes sont-elles aussi formidables que l’a dit Bessières ? Sur ce point, il semble que l’inspection faite par l’empereur l’ait rassuré, contrairement –du reste- à ce qu’il a soutenu à Sainte-Hélène !Evidemment, il faut encore livrer bataille et celle qu’on s’est épargné devant Taroutino, se représente à nouveau. Certes, mais les Russes n’ont guère de temps pour se retrancher dans ces nouvelles positions ; on peut dire que Koutousov n’a pas choisi son terrain. Est-ce que le souci des pertes aurait encore arrêté Napoléon dans sa volonté de livrer enfin une bataille décisive ? C’est ce qu’affirme Thiers qui a soutenu que cette certitude de perdre 20 000 hommes au moins dont plus de 10 000 blessés que l’on aurait été obligé de laisser à la charité des Russes, cette certitude donc aurait été un déchirement du cœur et –pire encore- un grave péril : « car c’était démoraliser le soldat et lui dire que toute blessure équivalait à la mort ».

Pourtant, la réflexion de Napoléon ne peut que l’encourager à persister dans cette pensée de livrer bataille, parce que percer sur Kalouga, c’est aller s’établir victorieusement dans une province fertile ; de plus, c’est rétablir l’ascendant des armes par une victoire. Enfin, c’est installer la Grande Armée dans un pays riche où on ne pourra plus douter de son dévouement, une fois qu’elle aura été abritée et nourrie.

S’il y a un danger de s’affaiblir numériquement, il est largement compensé par un renforcement moral et on ne peut douter qu’un grand capitaine comme Napoléon ne se soit fait ces réflexions. Reste que l’historien ne peut pas toujours rendre compte de l’exact déroulement des faits et que, entre Thiers, Madelin ou Ségur, les versions sont trop différentes pour s’arrêter à une opinion certaine, objective… Nous avons pris le parti de nous en remettre à Ségur qui fut un témoin direct des évènements qui se déroulèrent au cours de ce fameux conseil de guerre tenu le 25 octobre 1812 au soir.

Pour le résumer, on peut relater que le silence de Napoléon au dilemme posé « percer ou revenir sur ses pas » conduisit Murat à s’exprimer le premier en faveur de la bataille, soulignant que la prudence contraignait à se montrer téméraire, quand fuir était dangereux et s’arrêter impossible ; que lui, Murat, se chargerait d’ouvrir la route de Kalouga avec sa cavalerie et celle de la Garde, peu important l’attitude des Russes et leurs bois impénétrables !

Cette vive intervention du Roi de Naples n’aurait pas paru susciter l’approbation impériale, Bessières aurait alors répliqué vertement à Murat, soulignant que pour de pareils efforts, l’élan manquerait, n’insistant que trop sur le trouble de la troupe, convaincue que tout soldat vainqueur mais atteint resterait la proie des vaincus ; que la force reconnue de la position ennemie serait encore doublée par la fureur des recrues russes dont on avait remarquées qu’à peine armées et vêtues, elles étaient venues se faire tuer sans broncher, ni reculer. Cette péroraison de Bessières s’achevant sur le mot retraite, le silence persistant de l’empereur lui aurait donné plus de poids…

C’est alors que Davout, voulant interrompre un silence qui devenait gênant, aurait constaté avec trop de vivacité l’accord d’une majorité pour se retirer, demandant seulement que ce fut par Medouin et Smolensk. Murat l’aurait interrompu en s’étonnant que l’on puisse proposer une si grande imprudence, une telle route inconnue offrant à l’ennemi l’occasion d’attaquer l’armée sur son flanc gauche et qu’à tout prendre, si la retraite était ordonnée, mieux valait prendre la route qui ramenait à Mojaïsk par Borowsk et Vereja. Il paraît qu’à ces mots, Davout étincelant de fureur, aurait souligné que cette route de Medouin qu’il proposait était fertile et qu’elle se résumait à une retraite par le chemin le plus court, quand toute perte de temps devenait mortelle, qu’au surplus, on en interdirait ainsi l’usage à l’ennemi, ce qui –hélas- devait se révéler parfaitement juste !

Présentant Napoléon comme perplexe, agité et tourmenté par des les spectacles contraires que lui présentait sa forte imagination, Thiers assure qu’il s’en serait remis au général Lobau. Ce dernier aurait répondu qu’il fallait sortir immédiatement par le plus court chemin d’un pays où l’on avait séjourné trop longtemps. Cet avis, prononcé avec énergie, aurait achevé d’ébranler l’empereur qui –tout en inclinant vers l’opinion dominante- aurait remis sa décision au lendemain…

Quoiqu’il en soit, le 26 octobre, à cheval de très bonne heure, Napoléon décide de reconnaître une dernière fois la position des Russes, preuve qu’il songe encore à la bataille. Justement, ceux-ci paraissent vouloir se retirer pour adopter une meilleure position. Ses lieutenants, Berthier, Bessières et même Eugène, le pressent de leurs instances pour qu’il décide la retraite, Davout restant silencieux. Tous sont encore incertains sur le parti que va prendre l’empereur quand on apprend que Poniatowski, partant de Vereja d’où il a chassé quelques partisans, vient d’essuyer un échec sur la route de Medouin, en y rencontrant un fort parti composé de troupes légères et de cosaques !

La direction intermédiaire conseillée par Davout étant fermée, on apprend encore qu’une chaude échaffourée s’est produite en arrière à hauteur de Borowsk. Ainsi, tous ces indices laissent plutôt penser que les Russes –loin de se retirer- paraissent vouloir envelopper l’armée. Alors, Napoléon, vaincu par les sollicitations de ses lieutenants et ces dernières nouvelles, se décide à ordonner la retraite par Vereja et Mojaïsk !

Or, presque au même moment, malgré les vœux ardents de ses lieutenants et de toute son armée, Koutousov venait de donner l’ordre itératif de se replier sur la position de Gonzerowo, abusé par les derniers coups de canons tirés par Davout chargé de l’arrière-garde ! Le témoignage du major Wilson, anglais détaché auprès du généralissime russe, est indéniable ; il raconte comment il soupire d’aise à la pensée que Koutousov se prépare au combat ultime, bien que la position des Russes si forte qu’elle soit, est mauvaise, adossée à un ravin fangeux que seul un pont branlant permet de franchir. Dès qu’il apprend la retraite projetée, il se précipite, furieux, chez le vieux chef, mais ses efforts sont inutiles et non seulement Koutousov entend se retirer vers Gonzerowo, mais encore plus loin vers le sud, au-delà de Kalouga, derrière la rivière Okra, dont le passage est préparé, comme les officiers de l’état-major l’assurent la mort dans l’âme au bouillant britannique !

Ainsi, pour avoir été trop matinal dans sa dernière inspection, Napoléon n‘a pu apercevoir que les prémices d’une retraite qu’il aurait pu transformer en déroute, s’il avait lancé sa cavalerie sur cette foule armée que Wilson dépeint comme se transformant à mesure en une cohue désordonnée ! Véritablement, le destin semble avoir hésité jusqu’au bout en ce triste lieu de Malo-Iaroslavetz.

Hélas, c’est Napoléon, c’est sa malheureuse armée, La France elle-même qui vont être frappés par la fatalité et de quelle façon ! Comme l’a écrit Louis Madelin : « de ce moment où Napoléon s’est donné l’apparence de craindre, pour la première fois la bataille, cet esprit, jadis si ferme, a perdu cette maîtrise des opérations et des évènements qu’il ne devait plus guère retrouver ! »

L’erreur est humaine et Napoléon, comme tout autre, n’en était pas exempt. Certains historiens ont minimisé l’épisode de Malo-Iaroslavetz, considérant que la Grande Armée n’en aurait pas moins été atteinte par le froid et la disette en gagnant le sud par Kalouga. Cette opinion paraît spécieuse, car si la Grande Armée naturellement aurait bien tout autant souffert du froid, elle se serait, du moins, convenablement ravitaillée et aurait ainsi échappé à la famine, cause essentielle de sa ruine, comme on le verra. Sans compter que Koutousov, hors de cause, n’aurait pu la harceler comme il le fit…
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Message Publié : 13 Sep 2007 14:30 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Dans cette affaire, Napoléon s'est toujours justifié par les positions formidables des Russes qui auraient rendu un succès problématique...

Ces positions ne l'étaient pas autant qu'on l'a dit, mais il semblerait que le témoignage de Wilson soit intéressé.

Autrement dit, si Koutousov envisageait bien une retraite, celle-ci n'aurait pas vraiment reçu un commencement d'exécution. Et son état-major y était opposé, estimant que ce serait une chance d'en finir avec l'armée française, même en la repoussant sur Moscou !

Je manque de témoignages russes sur cette affaire, en dehors de celui de Boutourline. Merci à tous de nous apporter vos lumières. :4:

Ps : vérification faite, Koutousov s'est bien replié à une lieue en arrière, laissant seulement Milodarovitch en avant-garde.
L'Empereur n'a jamais voulu en convenir...


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