Inscription : 14 Déc 2002 16:30 Message(s) : 15832
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En fait, non. Napoléon n'a pas hésité à Düben. Jusqu'au 11 octobre au soir, il veut passer l'Elbe, en tout cas, détruire Bernadotte et Blücher, même s'il pressent que ce dernier se retire pour éviter tout combat. Aux 1ère heures du 12 octobre, il apprend que Blücher s'est retiré sur Halle, qu'il pourra ainsi s'abriter derrière la Saale et descendre vers Leipzig. Instantanément, il rappelle toutes ses troupes pour marcher vers Leipzig. Problème : Reynier, Souham et Mac-Donald sont déjà trop loin pour revenir prestement.
https://www.napoleon-histoire.com/corre ... re-1813/4/
Düben, 11 octobre 1813, trois heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Düben.
Mon Cousin, accusez au duc de Tarente la réception de sa lettre de Falkenberg. Réitérez-lui l’ordre de partir aujourd’hui à six heures du matin et de passer de bonne heure sur la rive droite; que toute l’armée ennemie paraît centralisée à Dessau ; que mon intention est de marcher par la rive droite sur les ponts de Roslau; que l’ennemi a une quantité immense de bagages.
Donnez ordre au général Bertrand de partir à la pointe du jour, de s’assurer que le pont de Wartenburg est levé, d’y laisser des observateurs, et de se diriger du côté de Wittenberg aussitôt qu’il se sera bien assuré que le pont est levé.
Faites connaître au général Sébastiani la nécessite de partir aujourd’hui, de bonne heure, pour pouvoir passer dans la journée sur la rive droite, à Wittenberg.
Écrivez au prince de la Moskova et au général Reynier qu’il est nécessaire que le général Reynier et le général Dombrowski soient de bonne heure à Wittenberg et passent sur-le-champ sur la rive droite, afin de faire place au général Bertrand, au duc de Tarente et à tout le reste de l’armée, qui s’y porte également. Vous ferez connaître au prince de la Moskova que je pense qu’il est nécessaire qu’il reste aujourd’hui à Graefenhaynchen, pour observer les routes de Dessau, de Raguhn, de Jessnitz et Mühlbeck; que, pendant ce temps, les généraux Reynier et Dombrowski, Bertrand et le duc de Tarente, passeront la rivière ; que je me porte à Kemberg, et que toute ma Garde s’y réunit et sera en position de le soutenir.
Donnez ordre au duc de Raguse de passer aujourd’hui la Mulde, aussitôt que Düben sera désencombré. Il laissera les généraux Lorge et Normann sur la rive gauche, et leur donnera pour instruction de faire courir des partis sur Delitzsch et Bitterfeld. Le duc de Raguse dirigera avec cette cavalerie, sur Bitterfeld, l’infanterie nécessaire pour obliger l’infanterie ennemie à évacuer cette position. Il dirigera l’opération et fera partir des troupes une heure avant le jour, de manière à savoir de bonne heure l’intention de l’ennemi sur Bitterfeld et Jessnitz.
Donnez ordre au général Latour-Maubourg de partir aujourd’hui, à six heures du matin, pour se rendre à Kemberg.
Faites-moi connaître l’heure à laquelle le grand quartier général, l’équipage de pont et le parc sont arrivés à Laussig. Donnez ordre que l’arrière-garde que le général Curial a laissée à Wurzen y reste aujourd’hui pour garder le pont de Wurzen. Recommandez que cette troupe se garde militairement.
Düben, 11 octobre 1813, trois heures du matin.
Au général comte Drouot, aide-major de la Garde impériale, à Düben.
Écrivez au général Curial de donner l’ordre à l’arrière-garde deux bataillons qu’il a laissée à Wurzen d’y rester aujourd’hui tout la journée, en prenant une position militaire et en s’éclairant du côté de Grimma. Le commandant de cette arrière-garde ferait connaitre tout ce qu’il arriverait de nouveau de Leipzig.
Donnez ordre que les quatre divisions de la jeune Garde et vieille Garde se tiennent prêtes à partir. Faites-moi connaître à quel distance l’une de l’autre il serait nécessaire qu’elles partissent, afin de ne point s’encombrer sur les routes.
Faites mettre en mouvement, à six heures du matin, le parc de réserve pour se rapprocher de Düben et marcher avec la vieille Garde. Donnez ordre au général Ornano de rester en position à Schkœna, en s’éclairant du côté de Bitterfeld, pour savoir ce que l’ennemi a à Bitterfeld et sur les autres points.
Faites connaître au général Lefebvre-Desnoëttes qu’il arrive aujourd’hui de Leipzig à Eilenburg un grand convoi, et que mon intention est qu’il tienne la campagne pour protéger ce convoi, composé d’artillerie, de munitions, etc.; qu’il le dirige sur-le-champ d’Eilenburg sur Laussig. Il est nécessaire que ce général se maintienne toute la journée en communication avec Leipzig.
S. Vous viendrez, à six heures du matin, me faire connaître si les routes sont désencombrées, et si les parcs des 3e et 7e corps, etc., sont passé.
Düben, 11 octobre 1813.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Lindenhayn.
Le major général vous donne des ordres pour passer aujourd’hui sur la rive droite, aussitôt que Düben sera désencombré. Vous laisserez votre cavalerie sur la rive gauche, pour maintenir libre la route d’ici à Leipzig et observer les mouvements de l’ennemi. Avant de repasser sur la rive droite, mon intention est que vous fassiez marcher sur Bitterfeld 4 ou 5,000 hommes de toutes armes, et les échelonnant de manière à forcer l’ennemi d’évacuer cette position et à bien savoir ce qu’il y avait à Jessnitz. Mettez cette colonne en mouvement avant le jour, afin qu’on sache promptement à quoi s’en tenir.
Düben, 11 octobre 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Graefenhaynchen.
Mon Cousin, l’ennemi avait beaucoup de monde à Jessnitz ; il n’y a plus personne ce matin. Je suppose que vous êtes à Graefenhaynchen. Le duc de Tarente sera ce soir à Rackith. Je pense qu’il serait convenable que vous eussiez du monde à Oranienbaum, pour couvrir la route de Dessau à Wittenberg et connaître ce qui se passe. Quelques renseignements porteraient à penser que l’ennemi lèvera ses ponts et restera sur la rive gauche, vis-à-vis Roslau. Si cela est, où est-ce qu’il faudrait marcher pour l’attaquer, s’emparer de Dessau et le bloquer sur sa tête de pont ? J’aurai ici un équipage de pont avec lequel en peu d’heures on pourrait jeter cinq ou six ponts. Donnez-moi des renseignements là-dessus.
Mandez au général Reynier de tâcher d’envoyer des partis sur Coswig et Zahna, afin d’avoir des indices sur ce que veut faire l’ennemi; qu’il prenne position en avant de Wittenberg, aussitôt qu’il aura chassé les cinq ou six bataillons qui observaient la place; qu’il fasse passer la cavalerie de Latour-Maubourg et tout ce qui se présentera , et qu’il place tout cela en avant. Il paraît que nous n’avons point de ressources vis-à-vis de Wittenberg; qu’il y a beaucoup de grains, à la vérité, mais peu de farines et peu de moyens de mouture. Recommandez bien au général Reynier d’envoyer vis-à-vis l’embouchure de l’Elster, afin d’obliger l’ennemi à lever ses ponts de Wartenburg, et qu’on fasse sur-le-champ raser ses têtes de ponts.
J’attends encore à Düben, où je me trouve plus à portée des nouvelles. Peut-être dans la nuit me porterai-je à Kemberg.
N’avez-vous aucune nouvelle des partis que vous avez envoyés sur Dessau et sur les autres points de l’Elster?
Düben, 11 octobre 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Eilenburg.
Monsieur le Duc de Bassano, je reçois votre lettre du 10 à midi. Je suppose qu’à l’heure qu’il est le convoi de Leipzig sera arrivé. Faites-moi connaître de combien de voitures il se compose et ce qu’il porte.
Donnez ordre que les équipages du 6e corps se dirigent sur Düben. Donnez ordre qu’on réunisse les hommes isolés appartenant aux différents corps d’armée; qu’on y mette des officiers et qu’on les dirige sur Düben.
Dites au général Curial que, puisqu’on a appelé des Bavarois à Eilenburg, il faut qu’il ait soin de ce poste important et qu’il fournisse tout ce qui y sera nécessaire; le général Lefebvre-Desnoëttes en avait été chargé; il fournira la cavalerie nécessaire pour couvrir ce poste.
Je suppose qu’il n’y a plus rien à Wurzen. Envoyez-y un de vos jeunes gens pour s’en assurer, afin que, si je fais évacuer ce poste, on n’y laisse rien.
Je suppose que vous avez des nouvelles de Leipzig; je n’en ai pas depuis celles que m’a apportées l’auditeur Maussion, et c’est pour en attendre que je reste ici.
S. J’ai pensé que le roi avait besoin de repos ; je vous écrirai ce soir pour son départ de demain. Je n’ai pas reçu la lettre du roi.
Düben, 11 octobre 1813, midi.
Au général comte Reynier, commandant le 7e corps de la Grande Armée, à Wittenberg.
Je reçois votre lettre. Il parait que la place de Wittenberg a beaucoup de blé, mais pas de farine et peu de moyens de moudre. Je suppose que la division qui bloquait la place s’en sera allée; chassez-la bien loin, afin de requérir des farines de tous les points de la rive droite et de la rive gauche.
Le général Latour-Maubourg doit arriver ; faites-lui passer sur-le-champ le pont. Avec la cavalerie saxonne, les Polonais et Latour-Maubourg, on peut battre la plaine et avoir quelques indices de ce que fait l’ennemi à Dessau. A-t-il quelques projets de repasser sur la rive droite et de livrer bataille, ou se propose-t-il de replier son pont et de rester sur la rive gauche ? Si l’on pouvait aller sur Coswig, on aurait beaucoup de renseignements.
Faites marcher aussi du côté de Wartenburg, afin d’obliger l’ennemi à lever ses ponts. Ordonnez qu’on travaille aussitôt à raser la tête de pont. Le général Bertrand a dû s’y porter directement. Cette opération faite, le général Bertrand passera aussi le pont. Le duc de Tarente croit ne pas pouvoir aller ce soir plus loin que Rackith; si sa cavalerie est devant, écrivez- lui de passer le pont. Aussitôt que vous serez éclairé, prenez position en avant de la ville, afin de faire place à tous les corps qui, dans la nuit et dans la journée de demain, vont passer.
Toute la Garde est en marche et sera ce soir près de Wittenberg.
Düben, 11 octobre 1813, trois heures après midi.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant les 3e, 4e et 7e corps de la Grande Armée, à Graefenhaynchen.
Des agents sûrs donnent la nouvelle qu’à Raguhn il n’y avait rien hier, à huit heures du soir, personne, et qu’il y avait peu de monde à Dessau. L’ennemi paraissait s’être retiré sur Cœthen et Radegast. Envoyez de fortes reconnaissances sur Raguhn et Dessau pour avoir des nouvelles positives.
Düben, 12 octobre 1813, trois heures du matin.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant les 3e, 4e et 7e corps de la Grande Armée, à Graefenhaynchen.
J’ai reçu votre lettre de Graefenhaynchen le 11, à cinq heures du soir. Tous les renseignements que je puis avoir disent que, dans la journée du 10, le général Blücher s’est dirigé sur Halle; que le quartier général de l’armée ennemie était près de Radegast, et qu’il y avait beaucoup de bagages à Cœthen.
Wittgenstein a eu un combat à Borna avec le roi de Naples. Wittgenstein a été battu. Le 11, à onze heures du matin, Wittgenstein et les Autrichiens du prince Schwarzenberg s’étaient mis en retraite sur Frohburg. Dans cette situation des choses, je désire que le général Reynier et le général Dombrowski poussent vivement sur Roslau. Le duc de Tarente est à Rackith; il sera demain de bonne heure à Wittenberg. Si l’ennemi oppose de la résistance à Roslau, il passera pour appuyer le général Reynier; si, au contraire, l’ennemi n’oppose point de résistance, il ne passera pas. Je n’ai point de nouvelles du général Bertrand, qui a dû se porter sur Wartenburg; son opération faite, il pourra se rapprocher de Dessau. Il n’y avait certainement, le 11 au matin, à Dessau, que 5 à 6,000 hommes, et personne à Raguhn et à Jessnitz , où les ponts étaient brûlés. Je pense qu’il est convenable que vous vous portiez de bonne heure sur Dessau, avec le 3e corps et la cavalerie qui est à votre disposition, pour occuper Dessau et la tête de pont. Aussitôt que le général Reynier, maître de Roslau, aura rendu celle tête de pont intenable, vous ferez raser la tête de pont, occuper la ville en force, et faire deux ponts.
Si votre cavalerie peut déboucher dans la plaine de Dessau, je pense qu’elle fera beaucoup de mal à l’ennemi, qui paraît entièrement occupé de ses opérations offensives. Vous pourrez attirer à vous le général Bertrand, quand il aura fini son opération sur Wartenburg, et s’il n’était pas nécessaire sur la rive droite. Le duc de Reggio restera à Graefenhaynchen et observera Raguhn, qu’il fera occuper par une avant-garde, ainsi que le point de Jessnitz.
Je dirige le duc de Raguse du côté de Delitzsch, afin d’être en mesure d’observer Halle et Leipzig. Le duc de Trévise se trouve à deux lieues en deçà de Kemberg; je ne lui ordonne aucun mouvement pour cette journée, vu que je pense que, si l’ennemi continue à se disséminer, j’aurai besoin de ma Garde pour marcher sur lui avec le duc de Raguse. Le général Sébastiani passera à Wittenberg pour battre la rive droite. Le général Latour-Maubourg restera à Kemberg jusqu’à ce que j’aie de plus amples renseignements sur tout ceci, afin de le faire revenir si cela est nécessaire.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures du matin.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Eilenburg.
Monsieur le Duc de Bassano, le roi de Naples a eu le 10, à Borna, une affaire avec Wittgenstein : Wittgenstein a été battu. Le Roi me marque qu’hier à onze heures du matin le prince Schwarzenberg et Wittgenstein se mettaient en retraite sur Frohburg. Il paraît assez constant que de ce côté-ci la plus grande partie de l’armée alliée était en marche dans la direction de Halle et de la basse Saale. Les généraux Reynier et Dombrowski ont passé hier soir l’Elbe à Wittenberg et se portent sur Roslau. Le prince de la Moskova se porte sur Dessau. Le duc de Raguse est entre Leipzig, Dessau et Halle, pour observer ce qui se fait. Le roi et le quartier général ne feront aujourd’hui aucun mouvement. Le général Curial doit continuer à occuper Wurzen par son arrière-garde.
Faites connaître au général Lefebvre-Desnoëttes toutes les nouvelles que vous avez des Cosaques : c’est à lui à en purger le pays.
On n’a envoyé de Leipzig qu’une partie du convoi; le plus important, qui était les 31,000 paires de souliers, a été retenu à Leipzig; chargez un peu Rumigny de voir pourquoi : y aurait-il là-dessous quelque projet de friponnerie ?
Donnez les nouvelles au roi de Saxe. Nous aurons aujourd’hui les plus grands développements sur toutes les opérations de l’ennemi.
S. Faites passer la lettre ci-jointe au duc de Padoue.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Düben.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Padoue de diriger sur Eilenburg tous les gardes d’honneur et tout ce qu’il y a à Leipzig appartenant à la Garde, infanterie, cavalerie et artillerie. À moins d’événement à Leipzig, tout cela partira aujourd’hui.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures du matin.
Au général comte Reynier, commandant le 7e corps de la Grande Armée, à Wittenberg.
Le 11 au matin il n’y avait que 5 à 6,000 hommes à Dessau, sur les deux rives se trouvaient toute l’artillerie et les bagages l’armée ennemie. L’ennemi avait évacué Raguhn, Jessnitz et Bitterfeld; ses colonnes ont défilé toute la journée du 10 pour se porter, de Raguhn, de Jessnitz et de Bitterfeld, dans la direction de Halle. Le quartier général de l’armée ennemie était près de Radegast. Le prince de Schwarzenberg et Wittgenstein étaient près de Borna. Des colonnes légères s’étaient dirigées du côté de la haute Saale. Le 10, Wittgenstein avait eu à Borna un combat où le roi de Naples l’avait battu. Le 11, à midi, l’armée autrichienne paraissait s’être mise en retraite sur Frohburg.
J’espère que votre cavalerie aura déjà battu la rive droite. Cependant je n’ai pas encore de renseignements. Je m’attendais que dans la journée du 11 vous auriez battu la rive droite et m’auriez envoyé des nouvelles importantes.
L’ensemble des dispositions de l’ennemi me fait penser que Roslau n’est pas gardé en force, et que, si vous marchez avec votre corps et Dombrowski, vous vous emparerez des ponts de l’ennemi et de beaucoup de bagages. Le duc de Tarente est au pont de Wittenberg; il vous appuiera. Mon intention est qu’il ne passe qu’autant que vous auriez devant vous des forces qui s’opposeraient à votre opération. Quant au général Sébastiani, je lui donne ordre de passer, afin que vous ayez de la cavalerie pour battre toute la plaine de la rive droite.
Portez le désordre partout et emparez-vous des bagages. L’ennemi peut bien avoir compté sur l’incursion de quelques partis sortant de Wittenberg, mais il n’a pas prévu une opération sérieuse. Si vous ne trouvez pas de forces supérieures aux vôtres, je désire que le duc de Tarente ne passe pas, afin qu’il puisse se porter ailleurs. Le prince de la Moskova se porte sur Dessau.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures du matin.
Au maréchal Oudinot, duc de Reggio, commandant les 1e et 2e divisions de la Jeune Garde, à Graefenhaynchen.
Faites occuper Raguhn par une avant-garde d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, et faites-y rétablir le pont. Que le général Ornano fasse battre la plaine, et envoie de fortes patrouilles à Jessnitz pour en chasser l’ennemi ; il pourra même y tenir un poste fixe de cavalerie let d’infanterie.
Pendant l’opération que fait le prince de la Moskova, tenez-vous en communication avec lui. Ne faites du reste aucun autre mouvement, afin que vos troupes soient disponibles pour se porter où les circonstances l’exigeraient, suivant les mouvements de l’ennemi.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures du matin.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Lindenhayn.
Choisissez une position d’où vous puissiez couvrir à la fois Düben, Jessnitz et Leipzig. Vous pourriez peut-être vous couvrir de la branche de la Mulde qui passe à Delitzsch, si toutefois elle n’est pas guéable; alors vous vous trouveriez en communication avec le duc de Reggio, qui a une avant-garde à Raguhn et à Jessnitz. Vous couvririez parfaitement Düben, dont vous vous placeriez à trois lieues, et vous seriez à portée de vous rendre, en une petite marche, sur Leipzig, et surtout de tomber sur le flanc du corps qui marcherait de Halle sur Leipzig. Votre corps, baraqué ainsi dans une bonne position, serait d’un effet très-avantageux. Il ferait le prolongement de la ligne de Dessau par Jessnitz jusqu’à Borna, où se trouve le roi de Naples.
Vous couvririez par ce moyen Eilenburg, et le général Lefebvre-Desnoëttes pourrait se porter en avant pour éclairer votre gauche. En cas de nécessité, la Garde débouchera sur vous par Düben et par Eilenburg. Vous placerez des avant-gardes de cavalerie, artillerie et infanterie à une ou deux, lieues en avant sur les routes de Halle, de Cœthen et de Leipzig. Aussitôt que vous aurez choisi une position, et que votre corps se sera mis en mouvement pour s’y rendre, vous ferez connaître au duc de Padoue, avec lequel il faut que vous ayez une correspondance très-sûre et très-rapide.
Düben. 12 octobre 1813, neuf heures et demie du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Düben.
Donnez ordre au prince de la Moskova de partir avec toutes ses troupes, au reçu du présent ordre, pour se porter sur Düben, passer la rivière et se porter sur Taucha, où il devra être arrivé le 14, mon intention étant d’y livrer bataille avec toutes mes forces réunies. En conséquence, il ne laissera rien derrière.
Ordre au duc de Tarente de se porter aussitôt que possible su Düben, où il est indispensable qu’il arrive le 14 dans la matinée.
Ordre au général Reynier et au général Dombrowski de revenir sur Düben, où il est nécessaire qu’ils arrivent le 13, pour être le 14 à Taucha, où j’ai intention de livrer bataille à l’ennemi.
Ordre aux généraux Bertrand, Sébastiani et Latour-Maubourg d se diriger aussitôt sur Düben.
Düben, 12 octobre 1813, dix heures du matin.
NOTES SUR LA REUNION DES DIFFÉRENTS CORPS D’ARMÉE A TAUCHA.
Je donne ordre à Ney de se porter sur Düben.
Ney ne recevra pas cet ordre avant deux heures de l’après-midi ses troupes se mettront en marche à trois heures; elles ne pourront passer le pont de Düben que demain 13 (la Garde alors l’aura passé) il peut être le 13 au soir, sans difficulté, à Taucha.
Latour-Maubourg étant à Kemberg, il n’y a non plus aucune difficulté.
Le duc de Tarente ne recevra l’ordre qu’à trois heures; s’il a passé le pont de l’Elbe, il lui faudra la nuit pour repasser; il ne sera à Düben que demain 13; et pendant la journée du 14 il se mettra en marche sur Taucha.
Le général Reynier, qui marche sur Roslau, ne pourra être que cette nuit à Wittenberg; il pourra être le 15 à Taucha. Celui-là peut venir par Eilenburg.
Il en est de même pour le général Sébastiani. Quant aux ducs de Trévise et de Reggio et à la réserve de la Garde, tout cela passe le pont de Düben aujourd’hui et sera demain à Taucha, de bonne heure.
Le Roi est aujourd’hui 12 à Crœbern ; il sera demain 13 à Leipzig . et à Taucha, où je serai arrivé demain avec Curial, la vieille et la jeune Garde et le duc de Raguse, près de 40,000 hommes; ce qui, l avec les 50,000 hommes du Roi, fera près de 90,000 hommes.
Ces 90,000 hommes seront renforcés dans la journée de de-I .main 13, où nécessairement l’ennemi ne peut pas attaquer, par Ney, Bertrand et Latour-Maubourg.
Le 15, toute notre armée sera réunie.
Demain 13, l’ennemi arrive à Crœbern. Il saura que la Grande Armée est arrivée. On passera la journée du 14 à se mettre en bataille. J’ai donc le 13 et le 14 pour réunir. Je dis plus : quand toute l’armée serait à Düben, elle ne pourrait pas arriver avant, à moins d’avoir cinq ou six débouchés.
Le roi de Naples est à Crœbern le 12, le maréchal Marmont à Lindenhayn; ils peuvent être demain 13 à Taucha, bonne position; ma Garde, aujourd’hui à Düben et à Eilenburg, sera demain facilement à Taucha; Oudinot et Mortier seront aujourd’hui à Düben avec Ornano, Walther et Latour-Maubourg.
Demain, tout cela à Taucha.
J’aurai donc demain à Taucha :
En première ligne, le roi de Naples, 50,000 hommes, y compris la garnison de Leipzig, qui y restera; Marmont, 20,000 hommes d’infanterie, 2,000 de cavalerie; la Garde, 30,000 hommes d’infanterie, 8,000 de cavalerie; Latour-Maubourg, 3,000 hommes de cavalerie; total, près de 120,000 hommes demain à Taucha;
En deuxième ligne, le duc de Tarente, ce soir 12, à Kemberg, demain à Düben ; le prince de la Moskova, ce soir à Graefenhaynchen, demain à Düben; Bertrand, demain à Düben; Sébastiani, demain à Düben; Dombrowski et Reynier, le 13, demain, à mi-chemin de Düben.
Le 14, tout peut me rejoindre: Tarente, 20,000 hommes d’infanterie, 2,000 hommes de cavalerie; Moskova, 12,000 hommes d’infanterie, 2,000 hommes de cavalerie; Bertrand, 10,000 hommes; Sébastiani, 3,000 hommes; Dombrowski et Reynier, 20,000 hommes.
Ainsi : première ligne, près de 120,000 hommes; seconde ligne, 70,000 hommes; total, environ 190,000 hommes.
Düben, 12 octobre 1813, dix heures du matin.
A Joachim Napoléon, roi de Naples, à Crœbern.
J’ai reçu votre lettre du 11 à neuf heures du matin, ainsi que la relation de l’affaire de Borna. Faites-moi connaître la perte que nous avons éprouvée. Le duc de Raguse avec la division Lorge prend position entre Düben, Leipzig et Halle. J’ai déjà plus de 60,000 hommes sur la rive droite, qui marchent aujourd’hui sur le pont de Roslau, en même temps que je fais attaquer Dessau. On m’assure que l’ennemi est entre Halle et Dessau. Vous ne me faites pas connaître quelle est la force présumée des Autrichiens que vous avez devant vous.
Düben, 12 octobre 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Düben.
Mon Cousin, le duc de Reggio restera aujourd’hui à Graefenhaynchen et il enverra une avant-garde d’infanterie, cavalerie et artillerie, à Raguhn, où il fera rétablir le pont ; ce parti enverra des patrouilles à Jessnitz.
Le duc de Trévise ne bougera point de la position qu’il occupe, non plus que le parc de la Garde, la cavalerie du général Latour-Maubourg et la cavalerie du général Walther, de la Garde. Toutes ces troupes doivent se tenir prêtes à revenir ici, si elles en reçoivent l’ordre.
Le quartier général sera placé à Priestaeblich, ainsi que le parc d’artillerie et du génie et l’équipage de pont. Tout cela n’aura pas d’ordre de mouvement aujourd’hui. La division Priant, de la vieille Garde, restera aujourd’hui à Düben. La division Curial restera à Eilenburg, et continuera à occuper Wurzen par son arrière-garde. La division Lefebvre-Desnoëttes restera sur la rive gauche de la Mulde, et protégera le chemin d’Eilenburg et de Leipzig. Le duc de Raguse prendra une position entre Düben, Leipzig et Delitzsch.
Düben, 12 octobre 1813, trois heures après midi.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Delitzsch.
Je n’ai point reçu de nouvelles de vous aujourd’hui; j’espère ne pas tarder à en recevoir. Je suppose que vous vous serez placé à quatre lieues de Leipzig.
Nous nous sommes emparés des ponts de l’ennemi sur l’Elbe, et il paraît que l’armée de Berlin s’est portée sur la rive droite. D’un autre côté, le roi de Naples occupe la position de Crœbern, qu’il a prise ce matin; je lui mande de la conserver toute la journée de demain 13. Mon intention est que, ce prince conservant cette position, vous partiez à trois heures du matin, pour prendre une position sur la route de Düben, ayant votre gauche à Taucha. Je me mettrai en marche de Düben avec la vieille Garde pour vous rejoindre; la division Curial se mettra en marche d’Eilenburg avec la division Lefebvre; de [sorte que demain, vers midi, nous serons 70,000 hommes réunis à portée de Leipzig.
Toute mon armée se mettra en mouvement; dans la journée du 14 elle sera toute arrivée, et je pourrai livrer bataille à l’ennemi avec 200,000 hommes.
Faites-moi connaître les renseignements que vous auriez de votre côté sur l’armée de Silésie, et sur les positions que l’on pourrait à prendre contre cette armée et contre l’armée qui viendrait par Halle ou par Dessau.
Faites-moi bien connaître la position que vous occuperez et à quelle heure vous pourrez être rendu à portée de Leipzig.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures après midi.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Eilenburg.
Monsieur le Duc de Bassano, faites donner un cheval, n’importe lequel, à l’officier qui vous portera cette lettre, afin qu’il soit avant sept heures à Leipzig. Voici l’état de la question : le roi de Naples est en position à Crœbern ; il a devant lui des forces qu’il évalue à 60,000 hommes; s’il peut tenir avec ses propres forces toute la journée de demain 13, je me rendrai sur Leipzig et y livrerai bataille à l’ennemi. Dans ce cas, le duc de Raguse, qui est déjà entre Düben et Leipzig, s’approcherait dans la nuit jusqu’à Taucha, et je partirais, immédiatement après la réception de la réponse du Roi, avec ma Garde; de sorte que demain, dans la journée, j’aurais 80,000 hommes à Taucha, et, dans la journée du 14, tout le reste de l’armée arriverait. Si, au contraire, le Roi ne peut pas tenir, je réunirai toute mon armée sur la Mulde, le Roi formant la gauche à Grimma et Wurzen, et le reste de l’armée depuis Wurzen jusqu’à Eilenburg et Düben. Je manœuvrerai alors pour livrer bataille à l’ennemi.
Nous nous sommes emparés des ponts et de la tête de pont de Wartenburg. Le général Reynier et le général Dombrowski se sont à cette heure emparés de Roslau et de Dessau. Ainsi l’ennemi n’a plus de pont sur l’Elbe. On m’assure que le prince royal et toute l’armée de Berlin ont passé sur la rive droite; je recevrai avant minuit la confirmation de cette nouvelle, et alors, m’étant débarrassé ainsi de 40 à 50,000 ennemis, je me placerai avec toute mon armée su Leipzig et livrerai bataille à l’ennemi.
Faites donner un cheval à l’officier porteur de cette lettre, et tenez prêts deux autres chevaux pour les officiers qui vont revenir de Leipzig. Que ces deux chevaux soient tout sellés dans votre écurie, de manière qu’on ne perde pas un moment.
Düben, 12 octobre 1813, quatre heures après midi.
Au général Arrighi, duc de Padoue, gouverneur de Leipzig.
Monsieur le Duc de Padoue, je vous envoie ouverte la lettre que j’écris au roi de Naples : prenez-en connaissance. J’ordonne au duc de Bassano de tenir dans ses écuries, à Eilenburg, deux chevaux tout sellés. Le premier sera pour l’officier que vous m’enverrez une demi-heure après avoir reçu la présente lettre, pour me faire connaître si, d’après les derniers renseignements que vous avez, vous pensez que le roi de Naples puisse garder sa position, et vous la ville de Leipzig, toute la journée de demain 13. Cet officier pourra être à neuf heures du soir à Eilenburg; il y trouvera, comme il a été dit, un cheval sellé dans les écuries du duc de Bassano et pourra être ici à onze heures.
Aussitôt que vous aurez reçu la réponse du roi de Naples, vous m’expédierez un autre officier, qui prendra à Eilenburg le second cheval tenu prêt dans les écuries du duc de Bassano. Faites en sorte que ce second officier arrive à Düben avant une ou deux heures du matin. Par le premier officier vous me ferez connaître à quelle heure est arrivé l’officier d’état-major, et à quelle heure arrivera l’officier que vous expédiez au roi de Naples.
Si vous êtes pour l’affirmative, il est convenable que vous envoyiez un officier sur la route de Düben pour instruire directement le duc de Raguse de ce qu’aura répondu le roi de Naples, puisqu’il se portera aussitôt qu’il la connaîtra sur Taucha.
Faites-moi connaître la double position qu’on pourrait prendre contre une armée débouchant de Halle et de Dessau, et contre celle qui débouche de la Bohême.
Je suppose que vous avez déjà fait palissader la tête de pont de Lindenau, et occuper en force ce débouché important et tous les ponts aboutissant de droite et de gauche sur la rivière.
Si vous deviez évacuer Leipzig, n’y laissez pas les 30,000 paires de souliers dont nous avons un si grand besoin.
Düben, 12 octobre 1813.
A Joachim Napoléon, roi de Naples, à Crœbern.
Le major général vous fait connaître mes intentions. Dans la journée de demain 13, je puis être à Taucha avec 70,000 hommes, et dans la journée du 14 toute mon armée peut y être réunie; je ne puis donc être dans le cas de donner bataille que le 15, en conservant Leipzig.
Pouvez-vous, sans vous compromettre, garder, toute la journée de demain 13, votre position et Leipzig ? Vous serez renforcé dans le courant de la journée dans votre position actuelle; ou bien, dans la nuit du 13 au 14, vous prendrez une position qui appuie votre gauche à Connewitz et votre droite vers Wurzen. Vous serez augmenté de 80,000 hommes, que je vous amènerai, et, le 14, de tout le reste de l’armée. Nous aurons le 15 au matin 200,000 hommes.
Consultez le duc de Bellune, le général Lauriston et le prince Poniatowski. Je crois que toute l’armée de Berlin a repassé sur la rive droite, et qu’ainsi nous pouvons livrer bataille sans elle.
Si Vous ne pouvez pas garder votre position, faites votre mouvement sur Taucha et Wurzen.
Düben, 12 octobre 1813.
Au comte Daru, directeur de l’administration de la Grande Armée, à Düben.
Monsieur le Comte Daru, vous verrez par la distribution des souliers que j’en ai destiné une partie au 2e corps et une partie au 5e corps, lesquels se trouvent avec le Roi, du côté de Borna. Il ne faut pas qu’on fasse venir ces souliers ici, mais qu’on les leur envoie directement. Ce sera donc, sur les 31,000 paires de souliers, 21,000 paires à envoyer ici. Il est important que cela soit distribué sans délai.
Düben, 12 octobre 1813, sept heures du soir.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Eilenburg.
Monsieur le duc de Bassano, mes troupes sont entrées à Dessau avec tant de rapidité que le pont de la Mulde a été conservé. On a pris deux pièces de canon et fait 800 prisonniers. J’attends à chaque instant des nouvelles de la marche du général Reynier sur Roslau.
Le duc de Castiglione était hier soir à Weissenfels ; on l’attend aujourd’hui 12 à Leipzig.
Communiquez ces nouvelles au roi de Saxe.
Düben, 12 octobre 1813, huit heures du soir.
A Joachim Napoléon, roi de Naples, à Wachau.
Un adjoint d’état-major du général Belliard arrive; il est parti à trois heures après midi; j’ai reçu votre lettre écrite à neuf heures du matin. Cet officier m’annonce que le duc de Castiglione est arrivé.
Organisez sur-le-champ le 5e corps de cavalerie, et faites connaître au général Pajol la confiance que j’ai en lui. Ce corps va se trouver fort de plus de 5,000 chevaux. Ayez soin que sur-le-champ toutes les Compagnies soient tiercées, afin que les anciens soldats soient avec les nouveaux. Le 5e corps a un régiment de marche de 1,000 chevaux avec le duc de Padoue ; ce régiment faisait partie de la division Margaron : faites-le dissoudre. Faites-moi connaître à qui vous donnez le commandement de la division de cavalerie légère. Le prince de la Moskova est entré à Dessau; il a pris deux pièces de canon et fait 7 à 800 prisonniers; les restes du Bataillon de la Vengeance en font partie. J’attends à chaque instant des nouvelles du général Reynier, qui marche sur Aken par la rive droite; tous les bagages de l’armée de Silésie sont sur cette rive.
Je compte que vous avez actuellement 60,000 hommes. Le duc Ide Raguse couchera cette nuit à quatre lieues de Leipzig; si je ne prends pas le parti d’y aller moi-même, je vous l’enverrai, ce qui vous fera 85 à 90,000 hommes; avec cela vous devez pouvoir gagner quelques jours. Une bonne ruse serait de faire tirer des salves en réjouissance de la victoire remportée sur l’autre armée. II faudrait aussi faire passer une revue d’apparat comme si j’étais là et faire crier : Vive l’Empereur! Il ne faut pas se dissimuler qu’il est d’une grande importance de conserver Leipzig. Cette nuit, vers une heure du matin, je recevrai mes rapports de tous côtés et je prendrai mon parti.
J’ai de bonnes nouvelles de Dresde : c’est Bennigsen qui est devant cette ville, avec un tas de recrues mal habillées et que nos gens ont déjà houspillées d’importance.
Je suppose que le duc de Raguse vous aura donné des renseignements sur ce qui peut se présenter du côté de Landsberg. Il parait que du côté de Zœrbig il y a eu le corps de Blücher; il y en a qui prétendent qu’il marche dans la direction de Rothenburg près Könnern, mais cela me paraît fort apocryphe. C’est pour lui en imposer que j’ai spécialement envoyé le duc de Raguse, comme tête de colonne, dans cette direction.
On dit que du côté de Schkenditz est la bonne position à prendre contre l’armée qui viendrait de Halle. Faites reconnaître le terrain.
Il est bon de faire un tambour en palissades au dernier pont du village de Lindenau, et successivement aux autres ponts.
Düben, 12 octobre 1813, minuit.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Delitzsch.
Je reçois votre lettre que m’apporte l’officier d’ordonnance Gourgaud; elle est datée d’aujourd’hui à neuf heures du soir.
Le prince de la Moskova s’est emparé de Dessau; il a fait 2,500 prisonniers dont 50 officiers. Il me mande, à trois heures après midi que le général Tauenzien a passé les ponts à Dessau pour aller du côté de Roslau, et qu’on voit sur la rive droite des colonnes immenses de bagages et de parcs qui remontent la rivière; et toutes les probabilités sont que l’armée de Berlin tout entière a passé sur la rive droite, aux ponts de Dessau et surtout à Aken. Le général Reynier, le général Dombrowski et le duc de Tarente avaient passé, à Wittenberg, sur la rive droite; à trois heures, nos avant-postes avaient passé Coswig. À quatre heures, on a entendu une canonnade très-vive qui a duré jusqu’à six heures ; je n’en connais point encore le résultat : c’était l’attaque du général Reynier et du général Dombrowski sur la rive droite, à Roslau. L’ennemi paraissait être dans une grande épouvante.
Le duc de Castiglione est arrivé à Leipzig; il a eu, il y a trois jours, une affaire avec Thielmann et Liechtenstein ; il a battu complètement ce dernier, l’a mis en déroute et lui a fait 1,200 prisonniers.
Le roi de Naples occupe la position de Crœbern, où il me mande qu’il tiendra toute la journée de demain 13. Mon intention est que vous vous mettiez en marche pour vous rapprocher de Leipzig, et que vous envoyiez demander des ordres au roi de Naples. Je compte donc que vous serez à sept ou huit heures du matin, comme vous 1e proposez, sur Hohenleina. Je vous écrirai du reste de nouveau. Votre réunion au roi de Naples lui complétera 90,000 hommes.
Si le général Reynier ne s’est pas emparé aujourd’hui de Roslau, cela me donnera !e temps de m’en .emparer demain, de bien battre l’armée de Berlin et de terminer toutes ces affaires-là.
Je suppose que les reconnaissances que vous aurez envoyées du côté de Halle vous auront enfin donné des nouvelles; envoyez de fortes reconnaissances dans cette direction.
Marchez de manière à pouvoir surtout secourir Leipzig, et envoyez demander des ordres au Roi pour entrer en bataille. Le moment décisif paraît être arrivé ; il ne peut plus être question que de se bien battre.
Si vous entendez la canonnade du côté de Leipzig, pressez votre marche et prenez part à l’affaire.
Düben, 13 octobre 1813, minuit et demi.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Eilenburg.
Monsieur le Duc de Bassano, je reçois des nouvelles de Dessau à trois heures de l’après-midi. Nous y avons fait 2,100 prisonniers dont 50 officiers, tous Prussiens du corps de Tauenzien; nous étions maîtres de la ville et nos tirailleurs étaient sur la tête de pont. Le général Reynier et le général Dombrowski avaient dépassé Coswig et marchaient sur Roslau. Une grande canonnade s’est fait entendre de ce côté, à quatre heures après midi. Le prince de la Moskova me mande qu’on voit sur la rive droite des colonnes immenses de bagages et de parcs qui remontent la rivière et viennent du pont d’Aken. ll n’y a donc plus de doute que toute l’armée de Berlin a repassé sur la rive droite. Le roi de Naples ayant reçu le renfort du duc de Castiglione, et le duc de Raguse ayant ordre de se rapprocher de la ville, cela fera au roi de Naples près de 90,000 hommes, ce qui me donnera le temps de finir demain les opérations contre l’armée qui a passé sur la rive droite.
Je vous écris dans le premier moment, pour que vous expédiiez un courrier au duc de Padoue et au roi de Naples pour leur donner ces nouvelles. Je vous écrirai probablement une autre lettre dans deux heures pour vous instruire de ce qui se sera fait à Roslau. Nous avons remarqué dans les prisonniers que, pour la première fois, il y avait beaucoup de Cosaques; reste à savoir si ce sont de vrais Cosaques ou seulement des hommes habillés en Cosaques. On a détruit un bataillon qui s’appelait Bataillon de la Vengeance, et on lui a pris ses deux pièces de canon. Je pense que c’est bon à écrire à Bacher, pour qu’il en fasse un bulletin. Que dans tout cela il ne soit pas question de moi; qu’on ne sache pas où je suis. Qu’on fasse connaître aussi les prisonniers et le grand nombre de voitures qui ont été enlevées avant-hier.
Je vous le répète, faites connaître ces nouvelles au roi de Naples et au duc de Padoue, par courrier extraordinaire. Donnez-en communication au roi de Saxe à son lever.
Faites écrire par le général Curial à Wurzen que tous les malades et les vivres qui sont à Wurzen doivent être dirigés sur Torgau et qu’on doit se procurer à cet effet tous les moyens de transport nécessaires.
Düben, 13 octobre 1813, une heure du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Düben.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Raguse d’être rendu aujourd’hui 13, à sept heures du matin, à trois lieues de Leipzig, et de prendre les ordres du roi de Naples pour sa position, pour entrer en ligne.
Donnez ordre au duc de Castiglione de prendre les ordres du roi de Naples.
Donnez ordre au général Pajol de prendre le commandement de tout le 5e corps de cavalerie.
Donnez ordre que tous les régiments et détachements du 5e corps de cavalerie soient réunis et que les trois divisions soient formées. Le général Milhaud et le général Lhéritier commanderont chacun une division de dragons. Le roi de Naples désignera quelqu’un pour prendre le commandement de la division de cavalerie légère.
Le régiment de marche du 5e corps sera dissous, et tous les détachements qui le composent seront réunis à leurs régiments respectifs; les compagnies seront tiercées dans la matinée d’aujourd’hui, de manière que les nouveaux soldats et les anciens soient mêlés ; ce qui mettra dès aujourd’hui dans la main du roi de Naples un corps de trois divisions, fort de 5,000 bons chevaux, et sous les ordres du général Pajol. Mandez au Roi qu’il pourrait mettre sous les ordres du duc de Castiglione la division composée de troupes de Leipzig, que je le laisse maître de cette disposition.
Faites connaître au duc de Castiglione que tout le 5e corps de cavalerie est directement sous les ordres du général Pajol et du roi de Naples.
Düben, 13 octobre 1813, une heure du matin.
A Joachim Napoléon, roi de Naples, à Freyberg.
Le duc de Raguse est à Delitzsch; il a ordre d’être rendu à sept heures du matin à Hohenleina, et pourra par conséquent entrer en bataille; ce qui, avec le duc de Castiglione et la garnison de Leipzig, vous fera de 80 à 90,000 hommes.
Toute l’armée de Berlin a repassé sur la rive droite. Le général Tauenzien était hier 12, à midi, à Roslau; une de ses divisions gardait Dessau ; elle a été culbutée par le prince de la Moskova, qui lui a fait 2,500 prisonniers et pris deux pièces de canon; le reste s’est éparpillé et l’on espère le ramasser; il s’est emparé de la ville et du pont, qui n’était pas brûlé. Le général Reynier est sur la rive droite ; on a entendu de son côté une canonnade dont on ne connaît pas encore l’issue. J’ai reçu des nouvelles de Dresde; elles sont bonnes. Le maréchal Saint-Cyr poussait aussi avant qu’il convenait.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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