IV.
Le combat de Hagelsberg, livré le 27: Août 1813.
Explications, pour l'intelligence du plan.
Lorsque après l'armistice les hostilités: recommencèrent, le général de Hirschfeld' fut chargé de couvrir l'aile droite de l'armée alliée du nord, et d'observer en même tems la place de Magdeburg et les mouvemens de sa nombreuse garnison. Pour remplir ce double but le corps principal prit position à Brandenburg, pendant qu’un détachement composé de 6 bataillons, 3 esc. et 3 pièces fut poussé jusques aux environs de Magdeburg. Le général de Puttlitz, qui le commandait, se plaça à Königsborn avec le 4me bat. du 1er régt. de réserve, le 1er et 3me bat., du 6me régt. de L. W., l'escadron Finkenstein du 3me régt. de cavalerie et les canons; is envoya. deux bataillons (le 4me du 3me régt. et le 4me du 6me) avec l'escadron du capitaine Erxleben du 5me régt.. de cavalerie vers la droite à Gerwisch et Büderitz, et le 2me bat. du 6me régt. avec l'escadron Kriegsheim du. 6me régt. de cavalerie à gauche vers Pechau.. Un camp ennemi se trouva entre Crakáu' et Prester.. Dans la matinée du 21. Août le général Girard sortit de Magdeburg avec 18 bat. 22 canons et environ 6'esc. composés de troupes françaises et allemandes, et se dirigea sur Königsborn. Le lieutenant-colonel de Kyckpusch fut envoyé avec le 3me bat. du 6me régt:, l'escadron Finkenstein et une pièce de canon pour soutenir les avant-postes entre Gübs ét Königsborn, où cet escadron fit une attaque heureuse sur la cavalerie ennemie. Ce petit avantage ne put pas arrêter le mouvement de fortes colonnes, qui s'avancerent entre Menz et Königsborn, ce qui détermina le général de Puttlitz à se replier d'abord jusqu'à Neu-Königsborn, et ensuite jusques sur les hauteurs entre Woltersdorf, Körbelitz et Büden, où l'escadron Kriegsheim arriva de Pechau. Dans ce mouvement rétrograde les troupes de l'aile droite eurent à se defendre contre des attaques de cavalerie, et pour ne pas les compromettre le général de Puttlitz resolut d'attaquer l'ennemi à son tour. Il fondit sur lui avec le peu de troupes, qu'il avait, au moment, où il déboucha de Woltersdorf, et réussit à l'arrêter jusqu'à ce que ces bataillons l'eurent rejoint. Le capitaine d'Erxleben avait fait une reconnaissance le matin, et s'était porté jusqu'au Herrenkrug, en donnant l'allarme au camp ennemi de Prester; après quoi il s'avantura jusqu'au glacis de la place, où il fut canonné des ouvrages extérieurs.
Le général de Puttlitz se retira par Körbelitz et Burg à Genthin, et alla le lendemain à Plauen, sans être inquiété de l'ennemi. Le 23. il arriva à Brandenburg, et occupa les ouvrages qu'on y avait construits. Le 2me bataillon du 6me régt. y vint par la route directe de Pechau. Le même jour le 2me bat. du 3me régt. et l'escadron Finkenstein avec une pièce de canon furent envoyés à Plauen, à la garde du pont jeté sur la Havel; deux jours après ce détachement fut rappelé, et n'y laissa qu'une compagnie d'infanterie.
Le 21. le général de Hirschfeld avait détaché le lieutenant-colonel de Marwitz avec le 1er et le 3me bat, du 3me régt. et 3 esc. du 3me régt. de cavalerie à Bathenow, pour soutenir le général de Puttlitz dans le cas où il serait forcé à la retraite, ou de faire lui-même une incursion dans la vieille Marche. Mais ce général s'étant replié à Brandenburg, ce détachement fut rappelé, et y rentra le 23. L'ennemi avait pris position à Ziesar. Les avant-postes occupaient Viesen, et ceux du général de Puttlitz s'étendaient jusqu'au Radkrug.
N'étant que fort imparfaitement informe de la force, et des intentions de l'ennemi le général de Puttlitz chargea le lieutenant-colonel de Marwitz de faire une reconnaissance, après l'avoir renforcé de deux bataillons du 6me régt., de l'escadron Erxleben et d'un canon. Cet officier se mit en mouvement le 24. et laissant deux bataillons avec le canon près de la ferme appelée, das mittelste Vorwerk, et les deux autres au Radkrug, il se porta en avant avec la cavalerie seulement. Le lieutenant Lessing ayant la tête avec 30 chevaux, rencontra des hussards ennemis près de Viesen, et les culbuta jusqu'au delà de Rogäsen, leur faisant quelques prisonniers.
Le lieutenant-colonel de Marwitz laissa un escadron près de cet endroit et suivit avec le reste la digue nommée Fiener-Damm. Le lieutenant de Bredow fut détaché avec 30 chevaux à Zitz pour surprendre une troupe de cuirassiers fourageant dans ce village. Le capitaine Erxleben l'accompagna dans cette expédition; mais au lieu de cuirassiers il tomba sur une compagnie du 26me régt légèr, qui à son approche se forma en masse. Malgré cela il l'attaqua et l'enfonça avec une légère perte (de 6 blessés). Un capitaine, un lieutenant et 98 hommes furent faits prisonniers, 22 h. restèrent sur la place.
Par ces prisonniers on eut les premières nouvelles de la force ennemie, et l'on apprit que son infanterie était campée à Ziesar, la cavalerie à Bückewitz. La dernière ne manqua pas de paraître, mais n'osa pas approcher. Vers le soir le lieutenant-colonel de Marwitz se reploya à Brandenburg. Le lendemain l'ennemi se mit en marche, en prenant la direction de Glienicke et de Wollin.
Sur un ordre exprès du prince royal de Suède le général de Hirschfeld avait quitté sa position de Brandenburg le 22, et était venu le 23. se mettre en bataille à Sarmund, pendant qu'on se battait à Gross-Beeren, laissant le 1er et 3me bat. du 7me régt. dans les retranchemens de Potsdam. Le 1er régt. de réserve s'avança jusqu'aux environs de Ruhlsdorf. Le 24. tout ce corps revint sur ses pas, et alla joindre le 25. les troupes du général de Puttlitz à Brandenburg. Le 1er bat. du régt. *de l'Elbe avec une pièce de eanon, faisant partie de la 4me brigade, était venu se réunir à lui.
Le général de Hirschfeld avait l'ordre de chercher le général Girard afin de le combattre. Par consequent il envoya de suite le général de Puitlitz à Golzow, et se mit à le suivre avec tout son corps à l'entrée de la nuit. A Golzow l'on apprit que l'ennemi s'était d'abord avancé jusqu'aux environs de Brück, mais qu'il s'était rabattu ensuite vers Belzig. Sur cela le général de Hirschfeld, faisant un mouvement par sa droite, vint camper le 26. aux environs de Görzke et de Ziesar, où il fut informé que le général Girard avait pris une position à Lübnitz près de Belzig. Dans la nuit on intercepta des dépeches, qui montrèrent, que l'ennemi était dans l'incertitude, s'il devait s'en retourner à Magdeburg, ou prendre la direction de Wittenberg. A Lübnitz il s'était posté selon les apparences purement pour attendre les nouvelles qu'on venait de saisir.
Sur cela toutes les troupes furent immédiatement concentrées près de la ferme de Wendlobbese aux environs de Görzke, et mises en marche sur deux colonnes le lendemain matin vers le moulin de Benken. Le général de Hirschfeld, allant lui-même faire une reconnaissance, s'assura que toute l'attention du général Girard était tournée du côté de Belzig, et qu'il ne paraissait pas être informé, ni regarder ce qui se passait sur ses derrières. Le général de Hirschfeld ignorait que les cosaques sous les ordres du général Czerniczew avaient harcelé les Français depuis la veille, et que dans ce moment ils étaient en position au delà de Belzig (L), pendant que le général Girard s'était porté avec 4 bataillons, 4 canons et un détachement de cavalerie sur le Galgenberg en deça de cette ville (K). Le corps du général de Hirschfeld se trouvait à Benken (A, B, C, D, E, F) *) justement sur les derrières de l'ennemi, qui campait en arrière de Lübnitz (J). Cette position fournit une nouvelle preuve, combien il est avantageux de manoeuvrer près de sa base d'opérations. Le général Girard avait la place de Wittenberg devant son front, et celle de Magdeburg sur son flanc droit. Une attaque à dos ne pouvait pas produire de grands resultats stratégiques; il était plus important de le prendre par sa gauche, pour l'empêcher de se réunir avec le corps, qui venait de tenter une entreprise sur la capitale.
A l'exception du 1er régiment de réserve le corps du général de Hirschfeld n'était composé que de Landwehr de la Marche électorale, qu'il disposa de la manière suivante:
Avant-garde commandée par le major de Langen. 1er bat. major de Reckow' Le 1e' régt. de réserve 2me de Lemcke 3me de Römigk
Brigade de l'aile droite, commandée par le général de Puttlitz.
4me bataillon du 1er régt. de réserve, major de Rembow 1er bataillon de Bönigke le 6me régt. L. W. de la 2 mede Streit Marche élect. comm. par 3me de Delitz le major de Rohr.
4me 2me bataillon du 7me régiment de Held de Voisky
Brigade de l'aile gauche, commandée par le colonel de Boguslawsky. 2me bataillon du zmo régiment major de Bornstädt du 4 me de Liewen 5me dito de Schwerin
2me Brigade de réserve, commandée par le lieutenant-colonel de Marwitz. 5me régiment L. W. 1er bataillon major de Zschüschen zme de Lavière 4me 1 er du 7me
Détachement commandé par le lieutenant-colonel de Reuss. 1er bataillon du 4me régiment major de Grolman Ozarowsky du régiment de l'Elbe de Stutterheim i esc. du žme régiment de cavalerie, le capt. de Bornstädt 1 pièce prussienne.
ler Cavalerie, commandée par le colonel de Bismark. 3 escadrons du 3me régiment 4 du 5mo 4 du 6ma 10 pièces russes sous le capitaine comte Chamborau.
La force de ces troupes est évaluée à 10,350 h. d'infanterie, et 960 h. de cavalerie. Le 5me bat. du 7me régt. et la 5me comp. du 2me bat. du régt. de réserve étaient détachés à Grebs sur la route de Brandenburg. Une compagnie du 4me bat du 3me régt. se trouvait encore à Plauen, et la 1ere comp. du 5me bat. du même régt. à Drewitz. Le 4me bat. du 7me rég: était en garnison à Spandau depuis le 18.
La position des Français s'appuyait à gauche à un bois, qui n'était ni occupé ni observé. Le général de Hirschfeld profita de cette faute pour porter de ses forces sur le flanc gauche de l'ennemi. Il se mit en marche par sa gauche sur une seule colonne (G), l'avant-garde à la tête, ensuite toute la cavalerie, la batterie russe couverte sur sa droite par les tirailleurs du 1er bat. du régiment de réserve; la brigade Boguslawsky ainsi que le général de Puttlitz suivaient, et le lieutenant-colonel de Marwitz termina la marche. L'attaque devait commencer par la gauche en échelon.. Le lieutenant-colonel de Reuss eut ordre de longer la lisière du bois jusqu'à Steinsdorf, et de se jeter sur l'ennemi au moment, où il serait attaqué de l'autre côté..
Vers une heure les troupes se mirent en mouvement. Les trois bataillons de l'avant-garde, après avoir débouché, se placerent sur la lisière du bois. On aperçuť un camp de cavalerie ennemie à gauche de Lübnitz, et le gros en avant des détachemens à cheval faisant mine de se retirer. Le colonel de Bismark avait l'intention de les attaquer avec le 6me régt., qui venait de déboucher; mais le zèle impétueux des soldats, qui brulaient d'envie de se battre, était cause que tous les trois régimens se déployérent et se précipitėrent à la fois sur l'ennemi, qui fut culbuté et poursuivi jusqu'au village. Par cette attaque brusque ces régimens s'étaient débandés, et le colonel de Bismark avait de la peine à les rallier, lorsque l'ennemi avança avec de l'infanterie et du canon sur le flanc droit du village. Il n'y avait que l'escadron Kriegsheim du 6me régt., qui s'était reformé, et qui repoussa une troupe de cavalerie placée à l'aile droite de l'ennemi. Cette échaffourée avait donné à l'infanterie la facilité de se ranger en ordre de bataille en échelon par la gauche. Le colonel de Bismark se replia dans la plaine à mesure qu'elle se porta en avant, et laissant le 3me régt. pour garder l'artillerie, alla veiller sur le flanc gauche (O). Les trois bataillons de l'avant-garde formant le premier échelon s'ébranlèrent pour marcher à l'attaque (M). La batterie russe fut placée à droite en arrière sur le front de la brigade Boguslawsky (N). Le lieutenant-colonel de Reuss s'était arrêté derrière l'angle saillant du bois en poussant son escadron jusqu'à Steinsdorf (H). Lorsque le combat commença, il se porta en avant et prit position à la droite de cette ferme, la cavalerie à droite, le 1er bat du 7me régt. à côté d'elle, le bataillon de l'Elbe au centre, le canon et le 1er bat. du 4me régt. à gauche (s). L'ennemi lui opposa une batterie, dont le feu supérieur l'empêcha de faire des progrès (T).
Le village de Lübnitz, après avoir été incendié, fut pris par le 2me bat. du žme régt. et par les tirailleurs de l'avant-garde, qui enlevèrent à l'ennemi une pièce de canon. Celui-ci se retira du côté de Hagelsberg, pour prendre position sur les hauteurs environnantes. En même tems le général Girard fit revenir le détachement envoyé dans la matinée à Belzig contre les cosaques,' et le posta dans le bois de Belzig; un bataillon avec deux canons occupa une hauteur, dite Hüttenberg, sur son flanc droit (U). Le major de Langen dirigea son attaque d'abord contre ce bois, et fut soutenu à gauche par le 2mé et 3me bat. du 4ime régt. (V), que le général de Hirschfeld lui detacha au moment, où ils s'avançaient vers Lübnitz. La 1ere et 2me, comp. du 2me bat. furent obligées par un ravin, de se placer en crochet sur la droite en arrière.
Le 2me bat. du gre régt. traversa le village de Lübnitz pour suivre l'ennemi en retraite (X). Arrivé à la hauteur du bois de Belzig il fut joint à gauche par le major de Langen avec le 2me et 3me bat. du régt. de réserve, et à droite par la brigade Reuss, qui pivotant sur sa droite s'avança à travers le bois de bouleaux. Le 3me régt. de cavalerie se plaça à l'extrême droite de ces six bataillons.
L'ennemi voulant s'établir sur les hauteurs en avant de Hagelsberg ne put s'y maintenir contre la vivacité des assaillans, et fut forcé à continuer son mouvement rétrograde. La brigade Reuss resta pour garder cette position, pendant que les autres troupes poursuivirent leurs avantages. L'ennemi étant encore en possession du bois de Belzig situé sur le flanc gauche, le major de Langen trouva nécessaire d'occuper Klein-Glien. Le major de Bornstädt continua seul à serrer l'ennemi, qui venait de concentrer toutes ses forces sur une colline en avant de la ferme de Gros-Glien. Cet officier, n'y supposant qu'une faible arrière-garde, et comptant sur la bravoure de sa troupe, ordonna l'attaque. Mais inopinément il fut reçu par un feu de mitraille et de mousqueterie, qui lui fit perdre beaucoup de monde.
Malheureusement tous les canons étaient restés en arrière et la pluie empêcha les soldats de se servir de leurs fusils. Ce bataillon isolé, étant ouvertement trop faible pour faire face aux forces supérieures de l'ennemi, fut obligé de battre en retraite. L'ennemi le poursuivit en le serrant de près. Le 3me régt. de cavalerie tâcha de le dégager par des attaques réiterées; le major, de Langen et le lieutenant-colonel de Reuss vinrent successivement à son secours. Mais l'apparition d'un détachement ennemi sur leur flanc gauche les força à retrograder jusqu'au bois de bouleaux. Les les et 2me bat. du 6me régt., qui par suite du mouvement, qu'ils exécutaient, se trouvèrent sur la ligne du combat, furent enveloppés dans cette retraite, et tachèrent de s'y soustraire par un mouvement à gauche. M
Sur ces entrefaites la brigade Puttlitz avait débouché et s'était mise en bataille en échelon par la gauche (Q). La brigade Marwitz, ne trouvant pas de place à droite, passa à gauche, et se forma en masses par bataillons sur le flanc gauche (P). Elle se mit en marche vers le bois de Belzig, lorsque les trois bataillons de la gauche de la brigade Puttlitz (le 2.du 7me, et le 4me et 3me du 6me régt.) se mirent en mouvement pour prendre cette direction (W).
Le 2me et 3me bat. du 4me régt. y avaient été seuls exposés à la canonnade ennemie après le départ de la brigade Langen. Ce feu, auquel on ne pouvait pas riposter, causa d'abord de la fluctuation, et finit par produire un mouvement retrograde, qui se communiqua bientôt à l'un et à l'autre de ces bataillons. Dans ce moment le lieutenant-colonel de Marwitz arriva avec sa brigade, qu'il mit en bataille sur la droite de la cavalerie. Les deux bataillons du 4 me régt. furent bientôt ralliés et ramenés en ligne à côté de la brigade Marwitz. Les trois bataillons de la brigade. Puttlitz s'avancèrent pour prolonger cette ligne à droite. Le 2me bat., du 7me et le 4mo du Gme régt. rencontrèrent une ligne d'infanterie ennemie déployée sur le revers d'une hauteur, et furent accueillis, sans s'y attendre, par une décharge générale, qui les mit en désordre. Le général de Puttlitz fut entrainé et eut le malheur de faire une chute et de se casser la clavicule. Le major de Rohr parvint à retablir l'ordre, et mena ces bataillons de nouveau en avant contre le bois de Belzig. Ils furent joints à droite par le zme bat. du 6me régti, de sorte que la ligne, marchant à l'attaque de ce bois, était composée de 8 bataillons.. Le 1er et 2me bat. du 6me régt. se dirigerent plus à droite, et furent enveloppés, comme il a déjà été dit, dans la retraite de l'aile droite. Le 4me bat.. du régt. de réserve resta pour couvrir la batterie.
Le lieutenant-colonel de Marwitz ne put d'abord opposer au feu de l'artillerie ennemie que la bonne contenance de sa troupe; mais peu après il obtint deux pièces, avec lesquelles il commençait à riposter, lorsqu'on aperçuť une colonne de cavalerie marchant sur le chemin de Belzig á Gross-Glien sur les derrières, de l'ennemi (a). Avant même qu’on fut informé que c'était le général Czerniczew avec les cosaques, le bataillon placé avec deux canons sur le Hüttenberg se mit en retraite. Le lieutenant-colonel de Marwitz fit attaquer le bois par ses tirailleurs. Il commençait à gagner du terrain, lorsqu'il reçut du général de Hirschfeld l'ordre de marcher à l'aile droite, que l'on a déjà vue en pleine retraite. n se mit en mouvement, passant derrière les autres bataillons, qui se joignirent à ses tirailleurs pour continuer l'attaque. Le 3me bat. du 4me régt. tenait toujours la gauche avec le 2me bat. du même régt.; le 2re du 7me régt. était au centre et le 4me et gme du fme régt. à la droite. Le ame bat. du 4me régt. resta d'abord en arrière, parceque des hussards ennemis se montrèrent à gauche dans un chemin creux; mais quand ils eureut disparu, il suivit les autres troupes. Le eme bat. du qme régt. reçut l'ordre de se porter à l'extrême droite, où il arriva vers la fin de la journée et occupa le parc de Schmerwitz.
Le lieutenant-colonel de Marwitz ayant dépassé le bois de Belzig deployà ses bataillons dans l'entre-deux de ce bois et de celui de bouleaux à droite, où les bataillons de l'aile droite venaient de se retirer. L'ennemi, au lieu de les poursuivre, s'arrêta sur les hauteurs de Hagelsberg, et leur laissa le tems de se remettrè. Trois escadrons du 3me régt. de cavalerie se placèrent à la gaiche de la brigade Marwitz, tandisque le 3me bat. du régt. de réserve, les restes du bataillon commandé par le major de Bornstädt, et la' brigade Reuss, dans son ordre primitif, occupèrent la droite. L'escadron Finkenstein et les deux bataillons restans du régt. de réserve furent envoyés à l'extrême droite (Z), parceque un rapport, trouvé faux dans la suite, avait annoncé, que cette aile était menacée d'être tournée par l'ennemi. Par la même raison le 5me régt. de cavalerie fut posté auprès du moulin de Lübnitz pour observer le terrain jusqu'à Steinsdorf et Benken. Les deux canons, attachés à la brigade Marwitz, étant placés d'abord sur une colline à sa gauche, furent bientôt joints par le reste de la batterie. Le 4me bat. du régt. de réserve, qui l'avait couvert jusqu'alors, entra en ligne à gauche de la brigade Reuss. Le colonel de Bismark se mit avec le 5me régt. de cavalerie en réserve derrière l'infanterie *). *) Yoyés le plan (2)
Le général Girard avail concentré toutes ses forces sur les hauteurs en avant de Hagelsberg (Y), où il s'établit des deux côtés une vive canonnade. L'ennemi, quoique supérieur en artillerie, ne fit pas beaucoup de mal, parce qu'il tirait avec trop d'élévation. Le général Caerniczew étant arrivé à l'entrée du bois y laissa un régiment pour couvrir la route (d), et après avoir détaché le colonel de Benkendorf avec deux régimens vers la gauche pour prendre l'ennemi à revers (c), il se porta lui-même en avant avec les deux autres régimens, qu'il plaça au débouché du bois (b), pendant qu'il allait de sa personne s’aboucher avec le général de Hirschfeld. Il ne le trouva que vers la fin de la journée, ce qui les empêcha de concerter leurs mouvemens.
Pendant qu'on se canonnait à la droite, l'aile gauche avait emporté le bois de Belzig (Z). Le 3me bat. du 4me. régt soutenu du zme bat. du 6me régt. s'avança sur le village de Hagelsberg: Le 4me bat. de ce dernier régiment resta sur la lisière du bois pour leur couvrir le flanc droit. Le temps était si sombre, que le major de Rohr, qui commandait ces troupes, ne put pas distinguer, que ce flanc était déjà assuré par l'ordre de bataille. Les tirailleurs de la brigade Marwitz, se trouvant toujours à gauche, s'étaient portés jusques sur les derrières de la position ennemie, où ils prirent un obusier démonté..
Le major de Rohr étant couvert par un ravin, situé à l'entrée de Hagelsberg, en profita. pour disposer. ses bataillons en colonne d'attaque, et pénétra dans ce village. Une batterie placée sur la butte du moulin commença à tirer sur eux à mitraille; en même tems un bataillon ennemi, posté devant le débouché en face de Lübnitz, changea de front pour diriger son feu sur le village. Les troupes du major Rohr ne pouvant tenir contre ce feu croisé, furent obligées de reculer. L'ennemi detacha deux bataillons à leur poursuite, qui allèrent ensuite occuper le bois de Grützendorf, tandisque trois de ses escadrons avec du canon tournèrent ce bois par la droite, apparemment pour faire face aux cosaques, et pour chasser les tirailleurs de la brigade Marwitz, qui incommodaient les derrières de l'ennemi. Ces tirailleurs furent forcés de se replier.
Le 2me bat. du 4me régt. déboucha du bois de Belzig pour marcher à l'attaque de Hagelsberg au moment, où le major de Rohr ramena ses bataillons. L'apparition de l'ennemi sur le flanc gauche empêcha son mouvement; mais en attendant une troupe de 300 tirailleurs de plusieurs bataillons se réunirent pour attaquer conjointement les deux bataillons ennemis au bois de Grützendorf. Ceux-ci furent d'abord chassés et poursuivis jusques dans la plaine, où, se voyant entourés au passage d'un bas-fonds et assaillis de tous côtés, ils se rendirent au nombre de 33 officiers et 1320 soldats (e). Les rapports officiels attribuent l'issue de cette altaque glorieuse principalement à l'activité du lieutenant Hergass, à présent capitaine au 27me rég.. Les cosaques, voyant l'infanterie ennemie faite prisonnière, fondirent sur la cavalerie et la défirent entièrement en lui enlevant une pièce de canon et 500 prisonniers (f). Le 2me bat. du 4me régt. continua son mouvement vers Hagelsberg ; mais avant d'y parvenir il fut rappelé pour être envoyé à l'aile droite, toujours par la crainte d'être tourné. Ce mouvement fut cependant contremandé; mais le combat ayant été decidé dans l'intervalle, ce bataillon retourna à Lübnitz et se mit en ligne à côté du 6me régt. de cavalerie.
Sur ces entrefaites le général de Hirschfeld avait ordonné une attaque générale sur la position ennemie, qui devait commencer par la droite.. Le major de Grolman, s’apercevant que cet ordre tardait à être exécuté, sortit de la ligne avec son bataillon, qui était le 1er du 4me régt., et marcha à l'ennemi. Il fut joint à gauche par le major de Rembow, chef du 4me bat.du régt. de réserve; le major de Bornstädt suivit plus à gauche avec son bataillon à la débandade..
Dans cet instant on vit deux masses ennemies sortir de Hagelsberg et' se porter vers le centre de la position prussienne. Le général Hirschfeld envoya. le major de Zschüschen de la brigade Marwitz avec son bataillon combattre l'une, pendant que l'autre devait être attaquée par le 3me régt:. de cavalerie. Le lieutenant-colonel' de Marwitz; qui revint justement de l'aile droite, fit partir le 4me bat. du 3me régt. pour soutenir le major de Zschüschen, et suivit lui-même avec le 3me bataillon *).. *). Voyés le plan..
Les bataillons Grolman et Rembow culbuterent l'ennemi, lui enlevèrent deux pièces, et se mirent en possession des hauteurs. Par cette manoeuvre la ligne de l'ennemi fut enfoncée et ses ailes désunies. Le major de Grolman le poursuivit jusqu'au village la bayonnette aux reins; le major de Rembow gardait la position.
Plus à gauche le major de Zschüschen prit deux canons, 'culbuta un bataillon ennemi, et l'accula contre les murs des jardins, où il fut cerné de tous les côtés tant par ce bataillon que par les tirailleurs d'autres bataillons, qui accoururent. On en vint aux mains, et il y eut une melée sanglante. Les soldats de la Landwehr, peu habiles à manier la bayonnette, se servirent de la crosse, et ce bataillon fut presque entièrement détruit. Le 4me bat. du 3me régt. tomba sur un autre bataillon ennemi, qui était soutenu d'une troupe de cavalerie. L'ennemi se defendant courageusement, ce bataillon hésita et commença à retrograder; mais le major Schönholz, son à chef, assisté de tous les officiers, parvint à le rallier et le ramena à l'attaque. L'ennemi fut culbuté à son tour et mis en deroute. Il tacha de se sauver dans le village; mais il fut atteint et perdit beaucoup de monde.
Le 3me régt. de cavalerie rencontra beaucoup d'obstacles dans le terrain. C'étaient des champs labourés, séparés par des bornes en grosses pierres, qui n'offraient qu'un passage dans leur longueur. Aussi cette cavalerie ne réussit-elle qu'à la troisième charge, où l'ennemi fut repoussé. Il fit sa retraite par le village; mais le major de Grolman, qui y arrivait de l'autre côté, y fondit après une décharge générale, et le défit entièrement.
A l'extrême gauche le major de Rohr avançait avec le jer et 2me bat: du 6me régt. contre ce village, et le 1er bat. du 7me régt. s'y portait aussi de l'aile droite. Toute l'aile droite de l'ennemi, consistant en six bataillons, avait été refoulée dans le village. Le carnage y fut général, et toutes les issues étant occupées, il n'échappa presque personne. Le général Girard lui-même fut grievement blessé.
L'aile gauche de l'ennemi se mit en retraite dés le commencement de la melée. Elle ne fut d'abord poursuivie que par le 1er et 2me bat. du rég. de réserve, et par celui de l'Elbe, commandés par le major Langen, mais peu après cet officier fut renforcé par 2 canons et son 3me bataillon. Le reste de l'artillerie russe s'avança jusqu'à la butte du moulin et canonna les colonnés ennemies en retraite. Le 5me bat. dú 5me et le 4me du 6me régt. s'y établirent pour couvrir la batterie.
L'ennemi parut faire de la resistance à Klein-Glien; mais lorsque le 1er bat. du 6me régt se porta vers ce village, il continua sa retraite. Le jer et 4me bat du 6me régt. et le 1er du qme (k) le poursuivirent à gauche jusqu'au delà de Klein-Glien, et le major de Langen à droite (h). Le colonel de Bismark arriva avec le 5me régt. de cavalerie (1). L'ennemi prit encore une position devant Gros-Glien (g), après quoi il se divisa en deux colonnes, dont l'une prit la direction par Schlammau de Magdeburg, et l'autre celle par Wiesenburg de Wittenberg (m, m.) Il faisait nuit; les cosaques continuèrent la poursuite, et ramassèrent encore quantité de prisonniers. Le général de Hirschfeld ramena ses troupes à la position de Lübnitz, à l'exception d'un détachement, qui campa sur le champ de bataille.
Le combat'avait duré cinq heures, depuis 2 jusqu'à 7. L'ennemi perdit 5000 prisonniers, 5 canons, 2 obusiers, 20 chariots de munition, et tout le bagage. D'après des rapports particuliers il ne rentra à Magdeburg que 1700 fantassins et 45 cavaliers en état de servir. On ramassa 6000 fusils de l'ennemi sur le champ de bataille. La perte du général de Hirschfeld s'éleva en tout à 39 officiers et 1642 soldats.
Renvoy du plan. A. La cavalerie.. B. L'avant-garde. C. La brigade Reufs.
Le corps d'armée du général de Hirschfeld concentré au moulin : D. Puttlitz. de Benken. E. Boguslawsky. F. Marwitz. G. Marche de ce corps à l'attaque. H.. Position de la brigade Reuss derrière l'angle saillant du bois, son escadron à Steinsdorf. 1
J. Le camp français. K. Détachement français près de Belzig. 1. Les cosaques derrière cet endroit. M. La brigade Langen se porte en avant. N. La batterie russe, et la brigade Boguslawsky derrière elle. 0. Les 5me et Gre régt. de cavalerie sur le flanc gauche. P. •La brigade Marwitz. Q. La brigade Puttlitz en bataille. R. Troupes françaises faisant face aux Prussiens. S. Position de la brigade Reuss. T. Batterie française, qui la contient. U. Le détachement français, revenu d'auprès de Belzig, occupe le bois. V. Attaque de la brigade Langen, qui est soutenue par deux bat. de la brigade Boguslawsky. W. Marche de la brigade Marwitz à gauche et de trois bataillons de la brigade Puttlitz à droite. X. Position du 2me bat. du 3me régf. après la prise de Lübnitz. Y. Position des Français à Hagelsberg. z. Position des Prussiens.
Marche des cosaques. b. Deux de leurs réginens avançant par le bois.
Deux rég. qui tournent à gauche, pour prendre l'ennemi à révers. d. Un régt. en réserve. Endroit, où deux bataillons français ont été faits prisonniers par les tirailleurs prussiens. f. Les cosaques culbutant quelques escadrons ennemis. 8.
Dernière position des Français. h. La brigade Langen avec deux canons et le bataillon de l'Elbe à la poursuite. k. Les 1er et 4 me bataillons du 6me et le jer du 7me rég. de même. 1. Le 5me régt. de cavalerie. Retraite finale de l'ennemi sur deux colonnes.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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