D'après un rapport de Caraman à l'Empereur, Girard comptait 2 500 soldats, 80 cavaliers et 10 pièces qui avaient pu gagner Wittenberg. Si l'on y ajoute les troupes rendues à Magdeburg telles que comptées par l'ennemi (1700 fantassins et 45 cavaliers en état de servir), cela fait 4 200 fantassins et 125 cavaliers. 12 pièces ont été démontées ou perdues. La perte serait donc d'environ 50%, ce qui est déjà considérable. La mauvaise liaison avec Dombrowski n'explique pas tout...
Dembrowski à Berthier
TeucheI, 21août
« J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Sérénissime qu'aujourd'hui à 7 heures du matin, mes avant-postes sur toute la ligne depuis Zahna jusqu'à Mœllensdorf, près Coswig, ont été attaqués sur différents points. Une colonne de 600 hommes s'est présentée devant Zahna; ce poste, soutenu par sa réserve, a forcé l'ennemi à se retirer.
Une seconde colonne d'environ 200 ou 300 cosaques a attaqué le poste de Kropstœdl qui, malgré la supériorité de l'ennemi, s'est maintenu dans sa position. Une troisième colonne composée d'un régiment de cosaques a attaqué les postes de Straach et Berfcau, les réserves réunies en avant de Straach les ont combattues avec avantage.
Une autre colonne de cinq régiments de cavalerie ayant quatre pièces sous les ordres du général Tschernitchef a débouché sur la route de Treuen-brietzen à Weddin, où j'avais placé un escadron du 4« lanciers avec trois compagnies du 14° d'infanterie et deux pièces de canon sous les ordres du colonel Kostanecki du l" de lanciers malgré la supériorité du nombre, ce poste de Weddin s'est maintenu jusqu'à 11 heures sans perdre de terrain;
j'ai fait marcher deux escadrons et un bataillon que j'avais de disponible au secours de ce poste; à l'arrivée de ce renfort, l'ennemi a commencé à se retirer, et nos troupes l'ont poursuivi une lieue en se battant toujours. La cavalerie ennemie a chargé plus de dix fois, mais toujours sans succès 300 cosaques ont même mis pied à terre pour attaquer en tirailleurs, cette manière de combattre ne leur a pas mieux réussi notre infanterie leur a fait beaucoup de mal de même que les deux pièces d'artillerie qui ont épuisé leurs cartouches à mitraille; nos trois escadrons de cavalerie se sont distingués dans cette affaire d'une manière signalée; il parait que la perte de l'ennemi est considérable, nous avons eu le malheur de perdre le brave colonel Kostanecki qui a été tué; nos soldats, pour venger la mort de leur chef, n'ont point voulu faire de prisonniers, ils ont tué tous ceux qu'ils ont pu prendre un officier de l'état-major du général Tschernitchef a été ramassé blessé huit fois.
J'ai l'honneur de joindre à mon rapport la copie d'une lettre qu'il a écrite à son général et que j'ai envoyée par un trompette; il y a aussi quelques cosaques pris que j'ai envoyés au gouverneur de Wittenberg. Cette affaire fait beaucoup d'honneur à la partie des troupes de ma division elle a eu à combattre dans cette journée environ 6.000 cosaques qui ont été repoussés vigoureusement sur tous les points par mes avant-postes; il parait que l'ennemi avait voulu reconnaître ma force et la place de Wittenberg, mais son but a été manqué.
J'ai reçu ce matin par un officier, au moment oit j'étais aux mains avec l'ennemi, une dépêche de M. le général de division Girard, datée de Magdebourg le 19 courant, par laquelle il m'ordonne de partir pour faire ma jonction avec lui j'en ai tait part à M. le général de division Lapoype, gouverneur de Wittenberg, qui m'a communiqué un paragraphe de la lettre que Votre Altesse Sérénissime lui a écrite le 18 du courant, par lequel ma division est destinée à couvrir Wittenberg. Pour ne point exposer cette place, je me suis décidé à rester dans ma position, d'ailleurs que j'étais attaqué par une grande partie du corps du général Tschernitchef qui commandait en personne à l'attaque de Weddin; la force de ce corps est détaillée dans la relation des prisonniers jointe à la présente l'ennemi a laissé 80 hommes tués sur le champ de bataille dont plusieurs officiers, beaucoup de chevaux, environ 200 ou 300 blessés dont il a emporté une grande partie. De notre côté, nous avons eu 18 hommes tués et le colonel Kostanecki, 7 officiers blessés et S3 hommes et 40 chevaux blessés ou tués. »
Le mystère de l'inaction de Dombrowski es donc levé. Il s'est cru autorisé à demeurer à Wittenberg, par le général Lapoype, qui lui a communiqué ses propres ordres par lesquels Dombrowski était destiné à couvrir Wittenberg. Il y a donc eu carence au niveau de Berthier, qui n'a pas enjoint à Dombrowski de se mettre sous les ordres de Girard... De plus, nous apprenons que Girard était parvenu à Brück, dès le 21 août au soir.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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