LE 5 FEVRIER 1819, Un évêque mariait sa fille à Paris
On a déjà vu des civils, voire des militaires, entrer dans les Ordres, alors qu'ils étaient pères de famille. La chose n'est pas incompatible avec les règles de l'Eglise, à condition, cela va de soi, que le veuvage soit survenu antérieurement.
C'est ainsi qu'un curé vous parlera, à votre grande surprise, de son fils. Tout s'explique.
Né à Bitche, le marquis Marc-Marie de Bombelles, d'abord officier aux hussards de Bercheny, puis ambassadeur de France à Lisbonne en 1786, à Venise en 1789, avait épousé Mlle Sophie de Mackau. Ils eurent quatre enfants : trois garçons et une fille.
Pendant la Révolution, le marquis et sa famille émigrèrent, liant leur sort à celui de Mme Adélaïde, qui s'était réfugiée en Autriche. La mort de la marquise, qui survint à Vienne en 1800, causa au marquis un chagrin qu'il estima ne pouvoir apaiser que par son entrée dans les Ordres. Il devint curé de Brünn. en Moravie [On ne sait s'il y rencontra l'Empereur, en décembre 1805].
Entre temps, "ses trois fils avaient été admis à la cour d'Autriche.
A la chute de l'Empire, l'ancien diplomate, maintenant prêtre, revint en France, accompagné de sa fille, fut nommé évêque d'Amiens, puis grand aumônier de la Cour. Il habitait alors rue de la Ville-l'Evêque, nom prédestiné !
Ce fut à cette époque que sa fille épousa le marquis de Castéja, et Mgr de Bombelles officia lui-même, le 5 février 1819. Cas probablement unique dans les annales de l'épiscopat.
L'évêque mourut en 1822, sans se douter qu'une survie de huit années lui eût permis de s'assurer que le destin lui réservait pour bru une ex-impératrice, car son troisième fils, Charles, chambellan à la Cour d'Autriche, épousa secrètement, en 1830, l'archiduchesse Marie-Louise, veuve de Napoléon Ier d'abord, et du comte de Neipperg ensuite. (Voir L'Ai- glon.)
Curieuse conséquence de la Révolution : une archiduchesse autrichienne commençant et terminant sous un nom français son existence de souveraine 1 — Camille Beauchamp. Paris-Soir 7 février 1931
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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