Bon article de Dimitri Casali qui déplore l'effacement complet du 1er empire des programmes (commentaires navrants et stupides à la suite) :
http://www.huffingtonpost.fr/dimitri-ca ... 20576.htmlEt bien entendu, prime à la dénonciation du rétablissement de l'esclavage...
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Histoire: Napoléon escamoté et journée de l'esclavage
HISTOIRE - Au moment où est annoncée la disparition de Napoléon Bonaparte dans les nouveaux programmes d'Histoire en cycle 3 primaire, nous célébrons la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage. Le Président François Hollande en déplacement aux Antilles évoquera le sujet et les amateurs d'histoire guettent avec impatience son intervention.
L'année dernière lors de son discours du 10 mai 2014, sur la traite et l'esclavage, le Président de la République avait affirmait que la France de Napoléon Bonaparte n'était pas la France...: "la France de cette époque-là n'était déjà plus la nation universaliste de la Révolution, c'était la France du Consulat, la France de Bonaparte".
Comme si le fondateur de la France moderne devenue le Français le plus influent de tous les temps, comme le confirme une étude récente du Massachusett Institute of technology (MIT) ne faisait pas partie intégrante de l'Histoire de France. Le créateur du Code civil et des institutions de granits une simple parenthèse?
Coïncidence ou hasard du calendrier, le Conseil supérieur des programmes (CSP), vient de remettre les nouveaux programmes d'histoire à la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem et une information est totalement passé inaperçue: Napoléon est escamoté des nouveaux programmes d'Histoire au primaire... En effet, (tableau ci-joint) les cours d'histoire au CM1 s'achève par l'étude Louis XVI et la Révolution et reprennent en CM2 en 1892 avec le thème "la République fête c'est 100 ans", soit un trou béant d'un siècle! Cette impasse est totalement incompréhensible, pourquoi un tel acharnement?
Les programmes scolaires reflètent l'état d'esprit dans lequel, historiens, sociologues, mais aussi politiques, gouvernant et lois mémorielles expliquent aujourd'hui le passé. Depuis le 10 mai 2006 est célébrée la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions", issue de la loi Taubira qui reconnait la traite occidentale comme crime contre l'humanité (2001). Napoléon a effectivement commis la faute de rétablir l'esclavage en 1802 mais il est devenu rétroactivement et sans tenir compte du contexte historique de l'époque, "l'Homme qui a rétabli l'esclavage", coupable de crime contre l'Humanité.
Rappelons, une fois encore, qu'il ne s'agit pas de nier les crimes commis par les Européens lors des traites négrières, ni même de les éluder. Il est cependant lourd de conséquences pour l'enseignement d'une histoire équilibrée et apaisée que l'anachronisme règne en maitre dans les esprits. Non seulement, cet événement n'est pas replacé dans le contexte historique de cette époque où l'esclavage était malheureusement pratiqué à l'échelle mondiale et où un Africain sur quatre était l'esclave d'un autre Africain selon les travaux de Catherine Coquery-Vidrowitch.
Mais enfin et surtout il faut savoir que Napoléon était loin d'être convaincu de cette mesure et qu'il s'est opposé un temps au Conseil d'Etat. Il finit par céder aux pressions des puissants lobbies des armateurs nantais et bordelais sans oublier l'influence de Joséphine de Beauharnais, issue d'une grande famille de planteurs. La position de Napoléon se caractérise plus par le pragmatisme que par une inclination "idéologique" quelconque, son objectif majeur reste avant tout le continent européen. Il est vrai toutefois que cette faute indélébile précipite la perte de Saint-Domingue et met fin à ses ambitions coloniales. Mais alors, que dire de sa décision prise à son retour de l'île d'Elbe, de supprimer la traite négrière sans restriction, le 29 mars 1815? Cette loi prononçait la confiscation des navires pris faisant la traite et l'interdiction de leurs capitaines. Personne n'en parle?
On ne peut pas changer l'Histoire, l'Histoire, une fois écrite, ne s'efface pas. L'Histoire, on doit l'assumer. C'est autant glorieux qu'honteux. C'est l'Histoire! La France de 2015 après les terribles événements de janvier, a besoin de pouvoir se rassembler autour de grandes figures tutélaires comme Napoléon. Il reste une leçon d'énergie, un symbole de ce courage politique dont le pays a besoin aujourd'hui... Il symbolise l'imagination au pouvoir, la volonté, le rêve, l'inventivité, l'enthousiasme, l'accomplissement... Il éclaire à jamais ce qui constitue les valeurs de l'identité française : la méritocratie, les Lumières, l'ouverture, l'intégration réussie, l'autorité de l'Etat. Ce petit Corse qui est arrivé dans notre pays à 10 ans sans parler un seul mot de notre langue, suscite l'admiration du monde entier et devrait être une fierté pour tout Français!
Avec la journée du 10 mai, nous célébrons un événement historique pour sa portée morale qui permet de le détacher de tout contexte historique. Il en reste une Histoire qui se confond avec la morale, mais qui n'est plus de l'histoire. La France est fatiguée d'être un pays qui cultive une forme de culpabilité nationale. Le mal n'est pas une maladie héréditaire. Actuellement le fait colonial fait l'objet avec les politiques de mémoires d'un surinvestissement sans cesse grandissant.
Mais peut-on réinterpréter l'ensemble du développement de l'Occident et de la France à travers le prisme du colonialisme et de ses crimes? Cela tend à attiser la haine de soi dont souffrent les Français et la grave crise identitaire qu'ils traversent depuis trente ans. Naturellement, il faut étudier la colonisation et l'esclavage à condition de ne pas laisser sous-entendre que ce sont des exclusivités occidentales, ni une séquelle de l'idéologie victimaire ambiante. En 2015 le pays a besoin plus que jamais de cohésion nationale et il faut cesser de creuser le fossé qui sépare inexorablement les Français entre eux. Au lieu de faire sans cesse acte de repentance, soyons fiers d'avoir été une des premières nations avec l'Angleterre à avoir aboli l'esclavage et occupons nous des 22 millions esclaves (selon l'ONU) qui souffrent aujourd'hui à travers le monde.
Attaquons-nous à ces réseaux, aux trafiquants, à ces nouveaux esclavagistes qui reproduisent à l'échelle internationale une traite que l'on pensait disparue. Pour combattre l'esclavage, il faut instruire et éduquer afin de pouvoir assumer sereinement le passé, tout le passé, tous nos héritages -même et surtout Napoléon- et ainsi mieux affronter l'avenir...