L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 04 Oct 2012 10:14 
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Notes de l’Empereur:

1° L’ennemi se dirigeant sur la route de Kief, son but est évident: c’est qu’il attend des renforts de l’armée de Moldavie. Marcher à lui, c’est agir dans le sens de ses secours, et se trouver sans points d’appui pendant les cantonnements de l’hiver, ayant notre droite et notre gauche en l’air, tandis que l’ennemi se trouverait avoir ses flancs et ses derrières assurés. Moscou, se trouvant abandonné de ses habi­tants et brûlé, n’entre plus pour nous dans aucune considération: cette ville ne peut contenir nos blessés et nos malades; les ressources qui s’y trouvent une fois épuisées, elle ne peut en fournir d’autres; enfin, elle n’offre aucun moyen d’organiser le pays.

2° Toute opération sur Kalouga n’est raisonnable que dans le cas où elle aurait pour but d’arriver dans cette ville, de se déployer sur Smolensk.

3° Si l’armée se reploie sur Smolensk, est-il sage d’aller chercher l’ennemi et de s’exposer à perdre, dans une marche qui aurait l’air d’une retraite, quelques milliers d’hommes devant une armée con­naissant bien son pays, ayant beaucoup d’agents secrets et une nom­breuse cavalerie légère? Quoique l’armée française soit victorieuse, le mouvement qu’elle ferait se trouverait tel, qu’elle aurait l’infé­riorité, puisqu’une troupe d’arrière-garde perd chaque jour des hommes, tandis qu’une avant-garde en acquiert, et qu’enfin l’arrière-garde est destinée à abandonner chaque jour le champ de bataille, perd ses blessés, ses traîneurs et ses maraudeurs.

4° A ces considérations il faut ajouter celle qu’il est probable que l’ennemi, ayant fortifié quelque bonne position et ayant déjà reçu la tête de ses renforts, peut nous disputer le terrain et donner 3 à 4000 blessés; cela aurait bien l’air d’une défaite. Un mouvement rétrograde de cent lieues, avec des blessés et des événements que l’ennemi peindrait à son gré, lui donnerait l’avantage dans l’opinion, quoique battu.

5° Voulant se replier pour passer ses quartiers d’hiver sur la Pologne, vaut-il mieux se reployer directement par la route sur laquelle nous sommes venus? On n’aurait pas l’ennemi sur soi; on connaît bien la route et elle est plus courte de cinq marches; nous pouvons aller aussi vite que nous voudrons; nous pouvons même recevoir à mi-chemin nos convois venant de Smolensk. L’armée por­terait d’ailleurs facilement quinze jours de farine, et on arriverait à Smolensk sans être obligé de marauder. On pourrait même s’arrêter à Viazma, le temps que l’on voudrait; on y trouverait des subsistances et des fourrages, en s’étendant de droite et de gauche.

Nous sommes vainqueurs, nous sommes organisés, et, si nous avions des affaires et des blessés, on serait dans la position où nous étions en venant, à l’égard des blessés qu’a eus l’avant-garde. A la vérité, on peut prévoir de l’embarras pour les fourrages; mais on s’en procurerait à deux ou trois lieues; ce ne serait donc pas là une difficulté de premier ordre.

1° Il n’y a aucune espèce de doute que, si Smolensk et Vitebsk étaient des pays comme Königsberg et Elbing, le projet le plus sage serait celui dont il vient d’être parlé ci-dessus, se rendant dans un beau pays pour y passer ses quartiers d’hiver et y refaire l’armée.

2° Dans la situation ci-dessus, on ne pourrait cependant pas se dissimuler que la guerre traînerait en longueur; mais elle tournerait bien plus en longueur vers les mauvais pays, tels que Smolensk et Vitebsk, qui offrent si peu de ressources et où on serait si médio­crement établi pour passer huit mois de quartiers d’hiver.

De ce qu’il conviendrait de faire:

1° Quel but a-t-on à remplir?

■Placer l’Empereur le plus près possible de France, et donner à l’Empire la confiance que l’Empereur est au milieu d’un peuple ami pendant ses cantonnements d’hiver;
■Cantonner l’armée dans un pays ami, la rapprocher de ses ressources d’habillement et d’équipement;
■Se mettre dans une position qui appuie les négociations de paix que l’Empereur fait faire en menaçant Saint-Pétersbourg;
■Soutenir l’honneur des armes à la hauteur où l’a élevé cette glorieuse campagne.
2° Sans contredit, une manœuvre qui réunirait les quatre condi­tions ci-dessus serait parfaite.

Cette manœuvre serait la suivante :

Le maréchal Victor, avec son corps renforcé de quatre bataillons saxons, de deux bataillons westphaliens, de deux ou trois bataillons d’Illyrie, de deux bataillons du 129e régiment d’infanterie, ce qui doit approcher ce corps d’armée d’une force de 40000 hommes, partirait de Smolensk le premier jour de l’opération pour se porter sur Velije et Velikié-Louki, où il pourrait arriver le huitième ou le neuvième jour; de Velikié-Louki, il prendrait sa ligne d’opérations sur Polotsk et Vitebsk. Le maréchal Saint-Cyr, partant de sa position de Polotsk, le rejoindrait en six jours de marche.

Le maréchal Macdonald lui enverrait, des environs de Dinabourg, une brigade d’infanterie pour le rejoindre. Le maréchal Victor, comme le plus ancien, commanderait toutes ces troupes réunies à Velikié-Louki, où, le dixième jour à partir du premier où l’expédition serait mise en mouvement, se trouverait réunie une armée de 70000 hommes. De Velikié-Louki, l’armée du maréchal Victor tirerait ses vivres de Polotsk et de Vitebsk.

Le jour où il commencerait son mou­vement, l’Empereur avec l’armée partirait de Moscou pour marcher sur Velije, passant par Voskresensk, Volokolamsk, Zoubtsov, Bieloï, pour arriver à Velije, la tête de l’armée le dixième jour de marche, et la queue le treizième ou le quatorzième. De Velije, l’armée tirerait ses vivres également de Vitebsk et de Polotsk. Ainsi, pendant que le maréchal Victor menacerait Saint-Pétersbourg de sa position de Velikié-Louki, l’armée se trouverait derrière lui sur la Dvina; le 3e corps d’armée et le corps du général Junot, formant au moins 15000 hommes, se porteraient de Moscou et de Mojaïsk sur Smolensk par Viazma.

Tous les régiments de marche d’infanterie et de cavalerie qui sont en marche pour rejoindre l’armée se dirigeraient sur Vitebsk et Velije, pour se rencontrer avec l’armée et s’y incorporer à son arrivée. L’Empereur, avec sa Garde à cheval, sa jeune et vieille Garde à pied, marcherait en tête, de sorte à pouvoir se porter sur le maréchal Victor si, contre toute attente, ce secours lui était nécessaire. Enfin, le douzième jour de l’opération, c’est-à-dire du mouvement de l’armée, la position se trouverait ainsi qu’il suit:

Le maréchal Victor, avec le maréchal Saint-Cyr et une brigade du maréchal Macdonald, formant un corps de 60 à 70000 hommes, serait à Velikié-Louki, ayant une avant-garde à plusieurs marches de lui, sur la route de Saint-Pétersbourg.

L’Empereur, avec la Garde et le corps du vice-roi Eugène, formant 40000 hommes, serait à Velije.

Le maréchal Murat, avec ses troupes et le corps du Davout, formerait une espèce d’arrière-garde ou corps d’observation à trois journées en arrière, sur la direction de Bieloï.

L’armée ennemie ne pourrait entrer à Moscou que le sixième jour de l’opération, et déjà le général Wittgenstein serait en retraite; le maréchal Victor aurait passé la Dvina et menacerait Saint-Pétersbourg.

L’armée ennemie, arrivée à Moscou six jours après notre départ, suivrait notre mouvement pour nous livrer bataille à Velije, et alors le maréchal Murat, le maréchal Davout, le maréchal Ney nous auraient joints, tandis que les secours que l’ennemi attend de Moldavie ne l’auraient pas joint et se perdraient sur les grands che­mins. Il arriverait donc sur nous avec des forces très inférieures qui diminueraient tous les jours, tandis que les nôtres augmenteraient.

Le maréchal Victor, cinq jours après son arrivée à Velikié-Louki, renforcé du corps qui marcherait avec l’Empereur, pourrait, s’il était nécessaire, se porter sur Novgorod.

Saint-Pétersbourg ainsi menacé, on doit croire que l’ennemi fera la paix, et, si les circonstances des mouvements de l’ennemi ne por­taient pas à avancer, on resterait à Velikié-Louki.

Ordre au maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou:

Armement.

■Les douze premières pièces de canon qui seront placées au Kremlin le seront dans la journée d’aujourd’hui et celle de demain, dans les emplacements ci-après: une à la tour n° II, deux à la tour n° IV, une à la tour n° VIII, ce qui armera le coté de la rivière, qui est long de 350 toises; une à la tour n° 1, deux à la tour n° XVI, une à la tour n° XIV, ce qui armera le côté opposé, qui a 420 toises.
■L’autre côté du trapèze a près de 500 toises; on placera deux pièces à la tour n° XII, une pièce à la tour n° XI et une pièce à la tour n° IX.
■Ces douze pièces, obusiers, pièces de 12 et pièces de 3, seront dans le cas de donner des feux sur tout le pourtour de l’enceinte et de la flanquer entièrement.
■Dix-huit autres pièces seront destinées à achever l’armement du Kremlin. Le général d’artillerie fera connaître les lieux où il faudra les placer.
Fortifications.

Les ouvrages les plus importants à faire au Kremlin sont :

■Démolir le bâtiment qui est adossé entre la tour n° 1 et la tour n° 11.
■Ouvrir quatre des cinq portes et les environner d’un tambour, de sorte qu’on puisse se servir de ces quatre portes pour déboucher et faire des sorties, et qu’en même temps ces portes se trouvent à l’abri d’être enfoncées par les coups de canon, moyennant les palis­sades et ouvrages en terre qui seront placés devant.
■Couper plusieurs murailles dans l’intérieur, afin qu’on puisse en faire le tour rapidement.
■Rétablir, en forme de lunettes, les lunettes H, K et L, en les rattachant à la muraille et les bien palissadant, de manière qu’on puisse y mettre beaucoup d’artillerie.
■Achever le fossé et établir des espèces de chemins couverts et de petits glacis, du côté de l’enceinte, entre les tours XI et VIII, aux lieux qui paraissent la partie la plus faible de la place.
■Démolir tous les bâtiments qui se trouvent autour du Kremlin, surtout ceux qui sont entre la tour n° XIV et la tour n° VIII, et spé­cialement une mosquée à plusieurs clochers.
Napoléon 1er, Empereur des Français, à Moscou, le 1er octobre 1812.

Source: D’après l’original. Dépôt de la guerre

Merci au Carré Impérial.

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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Message Publié : 15 Déc 2012 22:35 
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