IL Y A 200 ANSRésistance catholique : l'affaire d'Astros ou la petite gué-guerre impériale/papale ...
Le 1er janvier 1811, Paul-Thérèse-David d'Astros, prêtre catholique, était arrêté pour avoir participé à ce que Napoléon considérait comme une conspiration catholique.
Depuis 1805, d'Astros servait en tant que vicaire de Paris et en 1808 était vicaire capitulaire (administrateur provisoire du diocèse) au chapitre de Paris.
Les relations entre Napoléon et le pape étaient alors au point mort. Pie VII étant toujours détenu à Savone, Napoléon avait procédé lui-même, en octobre 1810, à la nomination de l'archevêque de Paris et avait choisi Jean-Siffrein Maury. Cette nomination fut bien sûr condamnée par le pape.
D'Astros s'impliqua dans la circulation de la correspondance de Pie VII et du Quum memoranda par lequel Napoléon avait été excommunié.
Le vicaire capitulaire allait "payer" pour cette opposition.
Le 24 décembre, la police impériale intercepta une lettre de Pie VII (datée du 18 décembre 1810) qui informait d'Astros qu'il retirait à Maury tous les pouvoirs et toute autorité.
Au début 1811, dans sa correspondance, Napoléon faisait mention de ce qu'il appelait « La clique du Pape » [Lettre à Eugène de Beauharnais du 3 janvier 1811].
Un total de huit lettres fut envoyé pendant la première semaine de la nouvelle année et montrait que Napoléon cherchait à prendre des mesures contre l'intervention continuelle du Pape.
Le 1er janvier 1811, après la réception du chapitre pour le nouvel an au Palais des Tuileries, Napoléon laissa éclater sa colère contre d'Astros :
« Il y en a parmi vous qui sèment le trouble dans les consciences et qui s'élèvent contre l'autorité ! C'est à vous que je m'adresse, monsieur l'abbé! [...] Souvenez-vous que ce n'est pas en vain que je la porte.
Je sais que vous êtes en opposition avec les mesures que ma politique prescrit, que vous ne cessez d'agir sourdement pour en paralyser les effets, mais ces projets me sont connus, je saurai les déjouer. »D'Astros fut remis entre les mains de Savary, le chef de la police de Napoléon, qui procéda à l'interrogatoire du prêtre sur ses contacts avec le pape.
Une scène similaire se produisit au Conseil d'Etat, lorsque Napoléon s'en prit au cousin du d'Astros, Joseph Marie Portalis, qu'il accusa d'avoir eu connaissance de la correspondance secrète et d'avoir ainsi trahi l'Empereur.
Portalis fut banni de Paris.
D'Astros fut emprisonné à Vincennes, où il resta jusqu'en 1814.
Avec d'Astros derrière les verrous, Maury reprit ses fonctions au diocèse.
Voilà ce qu'on appelle faire du ménage !
