L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 05 Juin 2015 20:11 
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Il me semble que la situation politique a incité Napoléon à ne surtout plus tenter une seconde "campagne de France" - il avait bien compris un an avant que la France n'allait pas se sacrifier pour lui si elle endurait les sévices d'une guerre sur son propre territoire.
Par contre remporter une victoire à l’étranger avec (peut-être) en prime une annexion régionale et un bonus moral pour l'armée pouvait le placer en position de force par rapport à l'opposition ou le doute intérieur.
Après... on ne saura jamais. :4:

:sourire1:

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Cordiales salutations,

Henri André


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Message Publié : 06 Juin 2015 20:19 
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Bonjour

Je reprend ce fil avec un peu de retard

Bruno Roy-Henry a écrit :
Quant à celui de Baudus, il suffira de dire que ses mémoires ont été publiés en 1841, époque où le maréchal Soult était ministre de la Guerre et président du Conseil des ministres. En tant qu'ancien aide de camp du maréchal Soult, il va sans dire que Baudus n'a rien publié qui ne soit en accord avec les souvenirs dudit maréchal. Son témoignage aurait eu une autre valeur s'il avait été publié pendant la Restauration. Ce n'est pas le cas. Aussi ce dernier témoignage ne présente rien d'irréfragable, bien au contraire !


Que Baudus ait rédigé son témoignage à la gloire de Soult, notamment pour contrer les attaques venues de Siante-Hélène, ne fait pas débat. Ce qui m'intéresse est que Baudus va contredire la version napoléonienne en affirmant que ce n'est pas Napoléon qui a le premier vu les prussiens mais Soult lui même. Au delà de la querelle de savoir qui de Soult ou de Napoléon voit le plus loin, c'est bien le fait que les prussiens étaient visibles au début de la bataille depuis le QG qui est important pour notre débat, ainsi que son récit de la capture du prussien et du billet écrit au crayon.
Plus loin Baudus va même dénoncer vigoureusement le mensonge de Napoléon sur la prétendue venue de Grouchy. Pourquoi Baudus accuserait Napoléon de mentir alors que lui même viendrait selon vous de reprendre le mensonge de Napoléon sur la découverte des prussiens ? Pour ne pas contredire la légende Napoléonienne qu'il veut lui même contredire ?

Autre point que nous avons abordé sur l'autre forum, la fameuse hauteur sur laquelle les prussiens ont été vu.
Vous affirmez que cette hauteur ne peut être à Chapelle-Saint-Lambert puisque c'est physiquement impossible de l’apercevoir depuis Belle-Alliance. Soit. Puisque je n'ai pas visité le champ de bataille, je veux bien l’admettre avec vous.
Ce que j'ai plus de mal à admettre avec vous c'est que puisque La Chapelle est invisible alors toutes les hauteurs en direction de Saint Lambert le seraient également et que toute découverte des prussiens serait impossible depuis Belle-Alliance. Si les prussiens n'ont pas été vu à Chapelle-Saint-Lambert, c'est qu'ils ont été vu ailleurs, puisque les français et les anglais les ont vu au même moment entre 11h et midi, soit exactement l'heure à laquelle les prussiens sont effectivement arrivés.
Je rappelle que Bulow n'est pas le seul corps prussien en approche du champ de bataille. L'avant garde de Ziethen s'est elle aussi approchée par Ohain dès la mi-journée. Il y a une hauteur entre Ohain et la Chapelle, sur l'autre rive du ruisseau. C'est de ce côté là que je chercherais s'il est possible de voir Belle-Alliance.


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Message Publié : 07 Juin 2015 10:08 
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Inscription : 08 Août 2010 14:24
Message(s) : 60
Bonjour McDonald,

Il serait intéressant, si vous passez dans la région, de voir tout cela sur le terrain. Je pense qu'on pourrait organiser une petite sortie avec quelques intéressés pour l'occasion.
:boire:
:sourire1:

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Cordiales salutations,

Henri André


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Message Publié : 07 Juin 2015 15:52 
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Pourquoi "ouvre-t-il" cette campagne qui relève plus, selon moi, du pari que d'un objectif calculé? (Henri André)

Excellente question, en effet. toutefois, et sans vouloir parler réellement de "pari", ce mot est tout de même plus juste que
celui d'un intervenant qui avance "campagne hasardeuse" !

Car dans les plans établis minutieusement par Napoléon, aucune place n'avait été laissé au hasard.

Qu'y avait-il de plus beau et de plus habile que cette combinaison qui lui fit réunir en quelques jours, sur la frontière,
quelques 124 mille hommes, à l'insu de l'ennemi ? Combinaison qui donna Charleroi à Napoléon en l'espace de quelques heures,
qui le plaçait entre les Prussiens et les Anglais, lui permettant ainsi de les combattre séparément, tout en lui laissant encore le temps
d'aller faire face aux Autrichiens et aux Russes grâce aux forces qui achevaient de s'organiser pendant qu'il combattrait ?!

Bien sûr, si le plan échoua, certains y verront encore LA faute de Napoléon, faisant subtilement abstraction des fautes commises
par ses lieutenants, oubliant également les intempéries et un nombre insuffisant de combattants ...
Un orage épouvantable retarda la bataille du 18 juin, qui ne commença qu'à midi. A cet instant, tout en présageait le succès : le plan du Chef, l'ardeur des troupes ... Mais voilà que l'armée prussienne fait son apparition sur la droite, armée que Grouchy devait suivre et ne suivit pas ...
C'est alors une fois de plus le grand Capitaine qui doit réparer l'erreur, ou du moins, tenter de le faire, en divisant ses forces autant que son esprit, pour combattre deux ennemis à la fois !
Ce faisant, avec prudence et fermeté, pour se débarrasser des Prussiens d'abord et revenir ensuite sur les Anglais, voilà Ney qui, ne se contenant plus, épuisa avant l'heure la formidable ressource qu'était la cavalerie. Et lorsque Napoléon, ayant eu raison des deux tiers de l'armée prussienne, veut se joindre à Ney pour en finir avec les Anglais, le reste des Prussiens que Grouchy avait laissés passer, assaillirent Napoléon ...

Dans tout cela, aucune faute militaire, mais les fautes morales et politiques de tout un règne, de quinze années de règne. Ces généraux troublés sans pour autant être moins braves, le fanatisme de ces soldats combattant avant d'en avoir reçu l'ordre, tant d'efforts pour tomber finalement dans une confusion épouvantable, ces ennemis voulant mourir plutôt que céder, cet extraordinaire héroïsme restait l'ouvrage de Napoléon, son ouvrage de quinze ans ...

Et durant ces trois jours de campagne désastreuse à bien des égards, il avait su rester le "Grand Capitaine".



:salut:


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Message Publié : 07 Juin 2015 19:08 
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Inscription : 21 Déc 2004 18:23
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Localisation : Belgique
Bonjour Macdonald.
Il me semble que vous partez du principe que les Français ont vu les Prussiens à Chapelle-Saint-Lambert, puisqu'il y a deux témoignages qui l'attestent : Napoléon et Baudus (j'expliquerai à une autre occasion pour quelle raison celui de Rogniat, si souvent brandi par M. Rollet, ne doit pas être pris en compte).
Vous admettrez que celui de Napoléon peut être tenu pour suspect et demande à être confirmé par d'autres témoignages. Il n'y en a aucun avant la publication du 1er récit de Sainte-Hélène (Gourgaud), et celui-ci est en contradiction totale avec le bulletin dicté par Napoléon le 20 juin 1815.
Moi, je pars du principe que ni Napoléon, ni Soult, n'ont vu les Prussiens parce que ceux-ci n'ont rencontré aucune opposition au cours de leur progression (ce qui est en contradiction totale avec les affirmations de Napoléon quant aux ordres qu'il prétend avoir donné aux divisions Domon et Subervie) et que les Prussiens ont eu le sentiment d'avoir surpris l'armée de Napoléon qui, d'après leurs constatations et à leur grand étonnement, ne se gardait pas sur son flanc droit.
C'est un fait établi et un fait, disent nos amis Anglais, est plus fort qu'un lord-maire. La déroute totale de l'armée de Napoléon suite à la panique due à la surprise de l'irruption de l'armée prussienne, est un fait qui peut difficilement être révoqué en doute.
Et qui suffit à lui seul à me convaincre que Napoléon n'a pas vu les Prussiens « sur les hauteurs de Chapelle-Saint-Lambert ».
Mais il y a tous les autres témoignages qui viennent corroborer cette conviction, que vous trouverez dans « les Mensonges de Waterloo ».
Venons-en au témoignage de Baudus. Vous écrivez :
McDonald a écrit :
Pourquoi Baudus accuserait Napoléon de mentir alors que lui même viendrait selon vous de reprendre le mensonge de Napoléon sur la découverte des prussiens ? Pour ne pas contredire la légende Napoléonienne qu'il veut lui même contredire ?
D'abord, il n'est pas nécessaire de savoir pourquoi un témoin ment ou se trompe, pour constater que son témoignage est faux. Les replis de l'âme humaine sont assez complexes pour que les historiens ne puissent les pénétrer tous.
Mais dans le cas qui nous occupe, il y a une explication qui me paraît évidente : si Baudus, comme vous l'admettez, ne veut pas nuire à Soult, il ne peut pas avouer que l'armée française a été surprise, ce qui accuserait autant l'Empereur que son major-général, qui aurait dû veiller à ce que toutes les précautions soient prises pour ne pas se laisser surprendre.
Mais il se pourrait aussi, pourquoi pas, que Baudus soit de bonne foi. On ne peut plus, de nos jours, aligner tous les témoignages et leur accorder une valeur égale, comme on le faisait du temps de Houssaye. La science a quand même fait des progrès depuis lors et l'on sait aujourd'hui que le temps entame la fiabilité des souvenirs et produit des "distorsions mnésiques".
"la reconstruction des souvenirs, et les erreurs que cela peut induire, est un mécanisme général du fonctionnement de la mémoire : personne ne serait finalement immunisé contre les faux souvenirs !"
http://psychotemoins.inist.fr/?Faux-sou ... plus-doues
Autre citation :
"Une étude menée par le psychologue William Hirst à la New School de New York a ainsi passé au crible les témoignages des personnes présentes dans les tours du World Trade Center lors des attentats du 11 septembre 2001. Elle a recueilli leurs récits après une semaine, un mois, trois mois, un an, trois ans…, et les a comparés les uns avec les autres.
Résultat : si les premiers récits sont confus et font une large place aux émotions et aux sensations, notamment olfactives, les faits véhiculés par les médias et repris dans les familles sont progressivement réintégrés aux souvenirs individuels. Les pompiers, figures héroïques de ces événements, sont plus systématiquement mentionnés, ainsi qu’Al-Qaida, dont on ignorait pourtant l’implication durant ces heures tragiques.
"
https://lejournal.cnrs.fr/articles/comm ... collective
De 1815 à 1841, il y a 26 ans...
Voir aussi :
http://psychotemoins.inist.fr/?+Parutio ... souvenirs+
http://www.deboecksuperieur.com/titres/ ... enirs.html
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=133
http://memovocab.perso.sfr.fr/glossaire ... venir.html

Vu l'influence qu'ont eue sur la reconstruction de la mémoire collective les récits dictés dans son exil par Napoléon, qui était considéré comme une autorité incontestable et parfois même comme un demi-dieu, il faut, pour retrouver la vérité de ce qui s'est passé le 18 juin 1815, reconstruire les événements à partir des témoignages écrits avant 1818 et discerner dans les autres la part des souvenirs qui n'a pas été touchée par ces récits.

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J'appelle un chat un chat, ... (Boileau, Satires, I)


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Message Publié : 07 Juin 2015 19:27 
Rose a écrit :
sans vouloir parler réellement de "pari", ce mot est tout de même plus juste que
celui d'un intervenant qui avance "campagne hasardeuse" !



Par définition, un pari ne repose-t-il pas sur une grande part de hasard ?
J'ai donc du mal à comprendre votre réflexion, si ce n'est pour tenter de me disqualifier aux yeux des autres membres du forum.
Et plutôt que de me nommer "un intervenant", osez utiliser mon pseudo dans vos commentaires.
Un peu de courage, que diantre ! :diablotin:

Citer :
Car dans les plans établis minutieusement par Napoléon, aucune place n'avait été laissé au hasard.


Après Ligny, tabler sur une défaite telle des Prussiens qu'elle les mettrait hors jeu pour plusieurs jours, n'est-ce pas laisser une place au hasard ?
A Waterloo, ne pas protéger son flanc droit d'une éventuelle attaque alors même que, selon certains témoignages, l'avant-garde prussienne aurait été repérée sur les hauteurs de Chapelle-Saint-Lambert en fin de matinée, n'est-ce pas également confier son sort au hasard ?

Ou alors, faut-il parler de légèreté coupable ?
Dans un cas comme dans l'autre, il y a bel et bien faute !


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Message Publié : 07 Juin 2015 19:39 
Citer :
Dans tout cela, aucune faute militaire, mais les fautes morales et politiques de tout un règne, de quinze années de règne. Ces généraux troublés sans pour autant être moins braves, le fanatisme de ces soldats combattant avant d'en avoir reçu l'ordre, tant d'efforts pour tomber finalement dans une confusion épouvantable, ces ennemis voulant mourir plutôt que céder, cet extraordinaire héroïsme restait l'ouvrage de Napoléon, son ouvrage de quinze ans ...

Et durant ces trois jours de campagne désastreuse à bien des égards, il avait su rester le "Grand Capitaine".


Ce qu'il y a de bien avec vous, c'est que la propagande impériale a trouvé son égérie ! :diablotin:

A vous lire, on a en effet l'impression de parcourir un succédané du Mémorial de Sainte-Hélène : aucune faute n'est à reprocher à l'Empereur qui reste à vos yeux ce génie infaillible et incapable de la moindre erreur de jugement.
Il en résulte subséquemment que tout ce qui n'a pas fonctionné est à mettre soit sur le compte des circonstances, soit sur le dos des incompétents notoires que sont à vos yeux les Ney et Grouchy, oublieuse que vous êtes qu'ils firent partie intégrante de l'épopée et qu'ils furent parmi ceux qui en écrivirent les plus belles pages.

Les idolâtres applaudiront à deux mains, les autres, s'interrogeront sur votre légendaire sens de l'objectivité. :hahaha:


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Message Publié : 07 Juin 2015 20:57 
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Bernard Coppens a écrit :
Moi, je pars du principe que ni Napoléon, ni Soult, n'ont vu les Prussiens parce que ceux-ci n'ont rencontré aucune opposition au cours de leur progression (ce qui est en contradiction totale avec les affirmations de Napoléon quant aux ordres qu'il prétend avoir donné aux divisions Domon et Subervie) et que les Prussiens ont eu le sentiment d'avoir surpris l'armée de Napoléon qui, d'après leurs constatations et à leur grand étonnement, ne se gardait pas sur son flanc droit.


Et bien pour ma part je n'oppose pas par principe une découverte des prussiens par Napoléon (de visu et/ou par le courrier intercepté) et la surprise évoquée par certains officiers du 6e corps lors de la venue des prussiens par le sud du Bois de Paris.
Il suffit de s'entendre sur ce qu'on appelle découvrir la menace prussienne et ce qu'on appelle surprise. Ce n'est pas parce qu'il y a découverte que cela signifie que Napoléon savait tout avec exactitude des mouvements prussiens et ce n'est pas parce qu'il y a surprise que cela signifie au contraire qu'il ignorait absolument tout.

Il est clair pour moi que Napoléon ne s'attendait pas en début de bataille à voir arriver les prussiens. Il a donc forcément été surpris au moment où il l'a appris (quelque soit ce moment).
Il est pour moi également acquis qu'il n'a jamais su (ou bien trop tard) que toute l'armée prussienne marchait sur lui. La preuve en est le bulletin qui ne mentionne que le corps de Bulow dont "on supposait que le corps prussien, qui pouvait être en mesure vers le soir, pouvait être de quinze mille hommes". La lettre de 13h à Grouchy ne mentionne elle aussi que le seul corps de Bulow.
J'en déduit que le fameux prisonnier n'a donné à Napoléon qu'une information très partielle et a minimisé la force réelle du corps de Bulow.
Avec cette information partielle, Napoléon a estimé vers 13h que le corps de Bulow, trop faible pour le déborder à lui seul, chercherait à se joindre à la gauche anglaise et marcherait donc par Ohain sur Papelotte.
C'est pour cela qu'à mon avis il a déployé le 6e corps face à Frichermont, attendant les prussiens de pied ferme, et que celui ci a été surpris de voir deux divisions prussiennes déboucher sur sa droite par le sud du Bois de Paris.
Alors soit les patrouilles françaises ont mal éclairé la droite du Bois de Paris et n'ont pas été en mesure de détromper Napoléon, soit ce dernier, auto-persuadé de détenir "la" vérité grâce à son prisonnier a peut être sous estimé la gravité et l'urgence de la menace prussienne sur son extrême droite.
Voici en résumé ma vision des choses. J'ai longuement développé tous ces arguments sur l'autre forum mais je peux les reproduire ici s'il le faut.

Bernard Coppens a écrit :
La déroute totale de l'armée de Napoléon suite à la panique due à la surprise de l'irruption de l'armée prussienne, est un fait qui peut difficilement être révoqué en doute.
Et qui suffit à lui seul à me convaincre que Napoléon n'a pas vu les Prussiens « sur les hauteurs de Chapelle-Saint-Lambert ».


Vous mélangez deux moments de la bataille. L'arrivée du corps de Bulow vers 16h30 a certes surpris partiellement le 6e corps de flanc, mais n'a pas conduit à la déroute de l'armée française. C'est l'intervention de Ziethen après 19h qui a surpris totalement l'armée et a conduit à la déroute.

Bernard Coppens a écrit :
On ne peut plus, de nos jours, aligner tous les témoignages et leur accorder une valeur égale, comme on le faisait du temps de Houssaye. La science a quand même fait des progrès depuis lors et l'on sait aujourd'hui que le temps entame la fiabilité des souvenirs et produit des "distorsions mnésiques".
"la reconstruction des souvenirs, et les erreurs que cela peut induire, est un mécanisme général du fonctionnement de la mémoire : personne ne serait finalement immunisé contre les faux souvenirs !"
http://psychotemoins.inist.fr/?Faux-sou ... plus-doues
Autre citation :
"Une étude menée par le psychologue William Hirst à la New School de New York a ainsi passé au crible les témoignages des personnes présentes dans les tours du World Trade Center lors des attentats du 11 septembre 2001. Elle a recueilli leurs récits après une semaine, un mois, trois mois, un an, trois ans…, et les a comparés les uns avec les autres.
Résultat : si les premiers récits sont confus et font une large place aux émotions et aux sensations, notamment olfactives, les faits véhiculés par les médias et repris dans les familles sont progressivement réintégrés aux souvenirs individuels. Les pompiers, figures héroïques de ces événements, sont plus systématiquement mentionnés, ainsi qu’Al-Qaida, dont on ignorait pourtant l’implication durant ces heures tragiques.
"
https://lejournal.cnrs.fr/articles/comm ... collective
De 1815 à 1841, il y a 26 ans...
Voir aussi :
http://psychotemoins.inist.fr/?+Parutio ... souvenirs+
http://www.deboecksuperieur.com/titres/ ... enirs.html
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=133
http://memovocab.perso.sfr.fr/glossaire ... venir.html

Vu l'influence qu'ont eue sur la reconstruction de la mémoire collective les récits dictés dans son exil par Napoléon, qui était considéré comme une autorité incontestable et parfois même comme un demi-dieu, il faut, pour retrouver la vérité de ce qui s'est passé le 18 juin 1815, reconstruire les événements à partir des témoignages écrits avant 1818 et discerner dans les autres la part des souvenirs qui n'a pas été touchée par ces récits.


Vous conviendrez sans doute qu'on ne peut pas non plus écarter a priori tout témoignage au seul motif qu'il a été écrit après 1818. Pour ma part je cherche d'abord à rassembler tous les témoignages et ensuite à trouver le plus petit dénominateur commun. En procédant ainsi, on trouve souvent bien plus de points communs entre des témoignages qui peuvent sembler contradictoires. D'autant plus que les principales divergences portent le plus souvent sur la chronologie des événements plus que sur la véracité des faits.
Et quand bien même Napoléon n'aurait pas vu les prussiens et n'aurait pas capturé de prussiens à 13h ni même avant 16h, ce que je ne crois pas, cela ne signifierait pas pour autant que l'épisode de la capture est fausse, seul l'horaire serait faux. Mais je ne crois pas qu'il faille pour autant traiter de menteur ceux qui ont vu un prisonnier prussien aux côtés de Napoléon.


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Message Publié : 09 Juin 2015 10:50 
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McDonald a écrit :
...
C'est pour cela qu'à mon avis il a déployé le 6e corps face à Frichermont, attendant les prussiens de pied ferme, et que celui ci a été surpris de voir deux divisions prussiennes déboucher sur sa droite par le sud du Bois de Paris.

Nous n'avons aucune trace d'un ordre demandant au VIe corps de se déployer face à Fichermont et, s'il avait été réellement envoyé à cet effet, pourquoi être surpris au débouché des 15e et 16e brigades prussiennes qui, compte tenu des détachements, devaient aligner environ 13000 hommes à 16h?
McDonald a écrit :
Alors soit les patrouilles françaises ont mal éclairé la droite du Bois de Paris et n'ont pas été en mesure de détromper Napoléon, soit ce dernier, auto-persuadé de détenir "la" vérité grâce à son prisonnier a peut être sous estimé la gravité et l'urgence de la menace prussienne sur son extrême droite.

Sur le premier point, c'est une évidence, y compris dans les témoignages français provenant de cette cavalerie légère.
Que Napoléon pense détenir la vérité, c'est très probable mais le prisonnier de la mi-journée pourrait plutôt être un hussard noir (8e hussard) accompagnant les attaques après 16h30 et envoyé à Napoléon pour qu'il accepte de croire que les Prussiens débouchent (selon le récit de Grouchy dont le fils était avec Domon).
Napoléon a juste décalé l'horaire de la découverte des Prussiens dans ses écrits et fait coïncider celui-ci avec une soi-disant découverte du corps de Bulow sur les "hauteurs de Chapelle-st-Lambert".

McDonald a écrit :
Bernard Coppens a écrit :
La déroute totale de l'armée de Napoléon suite à la panique due à la surprise de l'irruption de l'armée prussienne, est un fait qui peut difficilement être révoqué en doute.
Et qui suffit à lui seul à me convaincre que Napoléon n'a pas vu les Prussiens « sur les hauteurs de Chapelle-Saint-Lambert ».


Vous mélangez deux moments de la bataille. L'arrivée du corps de Bulow vers 16h30 a certes surpris partiellement le 6e corps de flanc, mais n'a pas conduit à la déroute de l'armée française. C'est l'intervention de Ziethen après 19h qui a surpris totalement l'armée et a conduit à la déroute.

Chronologiquement oui, mais c'est bien le IVe corps en entier suivi de 2 brigades du IIe (Pirch) qui débouchent sur le flanc et l'arrière de l'armée impériale. Zieten débusque Durutte car il vient renforcer la gauche alliée dont les réserves sont renvoyée au centre pour contrer l'attaque de la garde.
Durutte, dont les troupes ont combattu jusqu'au soir, est sur la liste des "coupables" désignés pour justifier la défaite. Mais, stratégiquement, à quoi servait que la "charnière" résiste si tout le flanc droit était emporté?

McDonald a écrit :
Vous conviendrez sans doute qu'on ne peut pas non plus écarter a priori tout témoignage au seul motif qu'il a été écrit après 1818.

Certainement mais vous avez montré vous-même sur l'autre forum combien Mauduit avait "pompé" Napoléon pour les points les plus stratégique qu'il ne pouvait obtenir de simple témoins locaux.
Je suis fort enclin à suivre l'analyse de Bernard Coppens concernant le fait que de nombreux témoins n'ont jamais imaginé devoir mettre en doute les récits de Ste-Hélène et en on récupéré les parties dont ils ne pouvaient attester directement eux-mêmes.

McDonald a écrit :
Pour ma part je cherche d'abord à rassembler tous les témoignages et ensuite à trouver le plus petit dénominateur commun. En procédant ainsi, on trouve souvent bien plus de points communs entre des témoignages qui peuvent sembler contradictoires. D'autant plus que les principales divergences portent le plus souvent sur la chronologie des événements plus que sur la véracité des faits.

Oui et c'est ce qui change tout.
McDonald a écrit :
Et quand bien même Napoléon n'aurait pas vu les prussiens et n'aurait pas capturé de prussiens à 13h ni même avant 16h, ce que je ne crois pas, cela ne signifierait pas pour autant que l'épisode de la capture est fausse, seul l'horaire serait faux.

C'est toute l'intelligence de Napoléon dans sa réécriture: il concilie des faits très probablement réels (capture d'un hussard...) avec d'autres horaires (avant 13h) pour les utiliser comme preuve d'évènements qui ne se sont vraisemblablement jamais produits (découverte des Prussiens à 8 km, envoi de patrouilles lointaines...).
McDonald a écrit :
Mais je ne crois pas qu'il faille pour autant traiter de menteur ceux qui ont vu un prisonnier prussien aux côtés de Napoléon.

Non mais leur souvenirs se sont adaptés aux faits réécrits surtout lorsqu'il les ont mis sur papier des années (voire des décennies) plus tard après (pour beaucoup) avoir lu les récits très détaillés de Napoléon sur le sujet.

Avec, pour le moment, des interprétations différentes, il me semble que nous cherchons dans la même direction mon cher McDonald.
:sourire1:

_________________
Cordiales salutations,

Henri André


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Message Publié : 09 Juin 2015 16:50 
Citer :
Avec, pour le moment, des interprétations différentes, il me semble que nous cherchons dans la même direction mon cher McDonald.


C'est bien là l'essentiel ! :4:

Et pour cela, guère besoin d'un vélite afin d'indiquer la voie à suivre... :diablotin:


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