Aujourd'hui vingt huit du mois de décembre de l'an mil huit cent vingt-quatre vers les deux heures du soir nous soussignés Pierre Armand, brigadier de la Gendarmerie Royale et Joseph Reynal, Gendarmes Royaux, à la résidence de Castillonnés, certifions et attestons que d'après les renseignements qu'il nous on été donné par plusieurs personnes, que l'on avoit mis aux feux la nommée Anne Duval, du lieu de Campiac, de la Commune de Bournel, Canton de Villeréal, Y avons été de suite. Et étant arrivé à la maison de la nommée Anne Duval l'avons trouvée dans sont lit dans la plus cruelle souffrance, sa fille nous l'a découverte pour nous faire voir dans la position qu'elle étoit. Et nous avons vu que tous son corps ne formait qu'une plaie, avons demandé à la nommée Anne Duval s'il était vrai que l'on l'a mise dans le feu et si elle connaissoit les personnes qu'il l'avoit fait elle nous à répondu avec beaucoup de peine, d'après la grande souffrance où elle se trouve, attendu que sa vie est en danger, que le douze du courant, vers une heure du soir, qu'il étoit venu chez elle la nommée Barbançonne fille, de la même commune de Bournel, et la nommée Coustoune mère de la commune de Mazière, même canton de Villeréal. Et lui ont dit de les suivre chez la nommée Barbançonne. Elle faisoit beaucoup de difficulté pour y aller alors la nommée Barbançonne fille et la Coustoune mère l'ont faite marcher par force en lui disant : " Vieille sorcière, marche! ". Et lui on donné plusieurs coups de bâton sur la tête, et par tout son corps pendant toute la route, étant arrivées à la maison de la Barbançonne qui est à environ cinq cent pas de la maison de la nommée Anne Duval. Que sitôt qu'elle fut entrée, elle leur demanda ce qu'on lui voulait. La nommée Coustoune mère lui dit : " Vieille sorcière, nous allons te le faire voir! ". Alors, elle dit à sa fille de faire son devoir. La fille prit de suite des allumettes pour faire brûler le feu qui étoit composé de bûches et de broches de fagots. Sitôt que le feu fut allumé, les nommées Barbançonne mère et fille, et les nommées Coustoune mère et fille saisirent la nommée Anne Duval par les bras, et par les jambes, et lui attachèrent les bras avec des cordes, lui levèrent les jupes jusques aux reins, et lui écartèrent bien les jambes, et la portèrent au milieu de ce gros feu, et la tinrent là pendant un temps infini. Elle leur demandait grâce de la finir plutôt que de la faire tant souffrir. Elles dirent toutes les quatre qu'il falloit aller chercher la hache au grenier, et qu'il falloit lui couper le cou. Mais, cependant, elles l'ont pas fait. Après qu'elle a été toute brûlée, elles l'ont mise à la porte. Le nommé Jean Bonnet, mari de la nommée Barbançonne était dehors de la maison qui faisoit faction pendant le temps que ses quatre barbares faisoit cette abomination. La nommée Marie Boisserie, voisine de la nommée Anne Duval, nous a dit qu'elle avoit vu quand la nommée Coustoune mère amenait Anne Duval chez la Barbançonne, et que la fille Barbançonne lui appliquait des coups de bâton pendant toute la route pour la faire marcher.
Avons demandé à la nommée Anne Duval si elle n'avoit pas des témoins. Elle nous a dit que : 1) la nommée Marie, épouse de Jean Fuma, 2) Jean Rudelle fils, cultivateur, 3) l'adjoint du maire de Bournel, 4) Perrette dit Burlat, 5) Valet, métayer, 6) et la nommée Doffine.
Voilà tous les meilleurs renseignements que nous avons pu prendre, sur quoi nous avons rédigé notre présent procès-verbal. Fait et clos à Castillonés ce jour, mois et an susdit. Et avons signé.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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