L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 26 Avr 2009 23:52 
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« Les merveilles de la science » de L. Figuier, tome 3, p. 237. 1869

"Dupré, né aux environs de Grenoble, était orfèvre à Paris. En essayant de fabriquer de faux diamants, il avait découvert, dit-on, une liqueur inflammable d’une activité prodigieuse. Chalvet, qui rapporte ce fait dans sa Bibliothèque du Dauphiné, assure que cette liqueur consumait tout ce qu’elle touchait, qu’elle brûlait dans l’eau, et reproduisait, en un mot, tous les effets anciennement attribués au feu grégeois.
Dupré fit instruire Louis XV de sa découverte, et sur l’ordre du roi, il exécuta quelques expériences à Versailles, sur le canal, et dans la cour de l’Arsenal, à Paris.
C’était en 1755 ; on était engagé contre les Anglais dans cette guerre désastreuse qui devait amener la ruine de notre puissance navale. Dupré fut envoyé dans divers ports de mer, pour essayer contre les vaisseaux l’action de sa liqueur incendiaire. Les effets que l’on produisit furent si terribles, que les marins eux-mêmes en furent épouvantés. Cependant Louis XV, cédant à un noble sentiment d’humanité, crut devoir renoncer, malgré les pressantes nécessités de la guerre, aux avantages que lui promettait cette invention. Il défendit à Dupré de publier sa découverte, et pour assurer son silence, il lui accorda une pension considérable et la décoration de Saint-Michel.
Dupré est mort sans avoir trahi son secret ; mais Chalvet avance une atrocité inutile, lorsqu’il prétend que l’opinion commune accusa Louis XV d’avoir précipité sa mort.
Selon M. Coste, un artificier nommé Torré aurait retrouvé, sous le ministère du duc d’Aiguillon, un secret analogue à celui de Dupré.
« Le secret du feu grégeois, dit M. Coste, a été retrouvé en France, sous le ministère du duc d’Aiguillon, par un metteur en œuvre qui ne le cherchait certainement pas et qui travaillait au Havre à des pierres de composition. Mon témoignage à cet égard est irrécusable, car c’est moi qui ai rédigé le Mémoire au conseil, par lequel cet honnête artiste faisait hommage au roi de sa funeste découverte, lui demandait ses ordres, et offrait d’enfermer dans un canon de bois, qu’un seul homme pourrait porter, sept cents flèches remplies de sa composition, lesquelles s’enflammeraient, éclateraient et mettraient le feu en tombant. Cet appareil et le canon de bois, qui devaient porter le feu grégeois à huit cents toises étaient de l’invention de l’artificier Torré (1).

(1) Essai sur de prétendues découvertes nouvelles, in-8°, 1803.

Toutefois cette idée n’a jamais eu de suite. Il en a été autrement de l’invention du mécanicien Chevallier, sur laquelle la fin tragique de son auteur appela quelques temps l’attention du public.
Chevallier, ingénieur et mécanicien de Paris, avait réussi à préparer des fusées incendiaires qui brûlaient dans l’eau, et dont l’effet était,dit-on, aussi sûr que terrible.
Les expériences, faites 30 novembre 1797 à Meudon et à Vincennes, en présence d’officiers généraux de la marine, et reprises à Brest, le 20 mars suivant, montrèrent que ces fusées, qui avaient quelques rapports avec nos fusées modernes à la Congrève, reproduisaient une partie des effets que l’on rapporte communément au feu grégeois.
Chevallier s’occupait à perfectionner ses compositions incendiaires, lorsqu’il périt victime d’une fatale méprise. Depuis le commencement de la Révolution, il s’était fait remarquer par l’exaltation de ses idées républicaines ; en 1795, il avait déjà été arrêté comme agent d’un complot jacobin et mis en liberté à la suite de l’amnistie de l’an IV. En 1800, dénoncé à la police ombrageuse de l’époque comme s’occupant dans un but suspect, de fusées incendiaires et de préparations d’artifices, il fut emprisonné sous la prévention d’avoir voulu attenter aux jours du premier consul. Cette affaire ne pouvait avoir aucune suite sérieuse, et Chevallier s’apprêtait à sortir de prison, lorsque, par une coïncidence déplorable, arriva l’explosion de la machine infernale. Chevallier n’avait eu évidemment aucune relation avec les auteurs de ce terrible complot ; cependant il fut traduit quelques jours après devant un conseil de guerre, condamné à mort, et fusillé le même jour à Vincennes."

Il n'est pas impossible que les Anglais (instruits de ces expériences) soient parvenus à faire croire au 1er Consul qu'eux-mêmes étaient parvenus à mettre au point une arme aux effets identiques, ce qui aurait pu le dissuader de tenter le franchissement de la Manche...




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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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