Bonsoir cher Duc,
...et merci pour cette nouvelle interrogation qui ouvre de larges horizons de réflexions.
Je dirais pour ma part que, loin d'avoir tué la Révolution, Napoléon s'en est servi comme d'un tremplin pour prendre l'essor fabuleux que nous lui connaissons.
Comme l'a résumé Bruno, Il en avait aimé le début et détesté la suite ; aussi, entreprit-il d'en extraire le meilleur, voulant en faire partager les élans et les espoirs, en approuvant les principes tout en abhorrant les dérives et les désordres.
Accédant au pouvoir à la tête d'un pays exsangue , aux deux adversaires épuisés et titubants qu'étaient les républicains et les royalistes, il sût admirablement incarner deux France et, mieux encore, les réconcilier !
Alors, et c'est bien là le prodige d'un Homme de génie, ayant su utiliser à bon escient les acquis d'un passé aux cendres encore chaudes, car à partir de ce moment, il n'y eût plus ni vainqueurs ni vaincus, mais il y eût à nouveau des Français émerveillés d'un miracle qui, somme toute, ne tenait qu'à eux, et qui cependant, n'aurait jamais pu s'opérer sans le concours de cet intercesseur exceptionnel qu'était Napoléon !...
La déclaration liminaire sur laquelle s'ouvre le Consulat est parfaitement claire, et rejoint le résumé de Bruno :
"La Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée. Elle est finie".
En d'autres termes, l'heure étant venue du bilan et des résultats, on allait conserver les acquis positifs, et liquider le passif.
Pour cela, il ne fallait rien de moins que des circonstances exceptionnels orchestrées par un Homme exceptionnel, un changement de régime et un changement d'homme, et une autorité enfin reconnue pour instituer un nouvel équilibre honorable et avantageux pour chacun des deux partis, sans que l'un ou l'autre n'ait osé le concevoir ...
Jamais, en effet, les républicains n'auraient d'eux-mêmes décrété l'amnistie des émigrés ou rétabli la paix religieuse ;
de même, jamais les royalistes n'auraient spontanément reconnu l'égalité des Droits et la pérennité des biens nationaux ...
... Les Droits de l'Homme, voilà bien un héritage qui permet de dire, entre autres, que la Révolution, pour ce qui est positif ainsi que je l'ai évoqué plus haut, n'a pas expiré, et ceci grâce à Napoléon.
Voilà peut-être, cher Duc, quelques idées à prendre en considération, pour la défense de la seconde partie de votre question.
Je vous souhaite une agréable soirée.
