Pour ma part, je pense que l'Empereur s'est exagéré le péril représenté par Fouché et Talleyrand... (Bruno) ...Bien que respectant votre pensée, Cher Bruno, je serais plus nuancée sur les agissements secrets des deux compères, qui, il faut bien le souligner, se détestaient jusqu'en Décembre 1808, époque où s'opéra leur rapprochement ...
Alors, quels étaient les mobiles de cette alliance inattendue ? J'en vois un et c'est très certainement le seul, c'est que tous deux avaient bel et bien imaginé le scénario machiavélique de leur Empereur tué en Espagne, et ce scénario, ils l'avaient non seulement imaginé, mais souhaité !
Alors évidemment, il importait de s'unir avant de s'afficher comme étant les deux seuls à pouvoir disposer de l'Empire, pour en assurer la succession à leur plus grand avantage !
Quant au nom du "remplaçant", Murat, sombre personnage en l'occurrence, nul n'ignore qu'il avait avec Fouché des liens très étroits, ce qui laisse à penser que le complot fut mené par le ministre de la Police ...à qui Talleyrand a bien évidemment prêté main forte ...
De son côté, Metternich avait déjà alerté Vienne :
"- Deux hommes tiennent en France le premier rang dans l'opinion et dans l'influence du moment. MM. de Talleyrand et Fouché. Jadis opposés de vues et d'intérêts, ils ont été rapprochés par des circonstances indépendantes d'eux-mêmes"...
Rapprochement conforme aux voeux d'une nation fatiguée à l'excès, avait cru bon de souligner Metternich ...
Alors que Napoléon avait toujours eu pour habitude d'opposer des hommes ou des institutions, jusqu'à ce que les deux comploteurs ne fissent alliance, le Grand Homme se sentait rassuré, pensant qu'une trahison était impossible ...
Il est aisé d'imaginer la colère de l'Empereur lorsqu'il eût connaissance de cette union ; partant, sa décision de regagner Paris me semble justifiée.
En effet, Cher Bruno, lorsqu'une France nous sépare du lieu où sont fomentés de tels troubles, comment réagir efficacement sans se rendre sur les lieux du "crime" ?
Et vous le savez bien, l'Empereur n'était pas homme à laisser pourrir des situations, surtout loesque ces dernières ne pouvaient jouer qu'en sa défaveur.
En regagnant rapidement la capitale, Napoléon cloua tous les becs, et prouva par sa présence qu'il n'était pas question de "passer la main" à qui que ce soit, fut-ce même son beau-frère !
Quoiqu'il en soit, Napoléon a écrit notre Histoire de cette façon, et il reste bien malaisé de porter un jugement définitif sur ses intentions, car, à cette période, trop d'évènements le pressaient de toutes parts et en même temps ...
Rester en Espagne quelques jours de plus ? C'est oublier que l'Autriche se préparait activement et rapidement à une nouvelle déclaration de guerre ; et dix jours peuvent largement suffire pour faire tourner les évènements de manière irrémédiable ...
C'est aussi laisser courir à Paris les rumeurs selon lesquelles Napoléon était en train de s'enliser en Espagne, d'où Il ne reviendrait peut-être jamais !...
