L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Les indicateurs militaires ...
Message Publié : 09 Nov 2008 13:00 
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Docteur en Histoire
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Comme tous les Chefs d'armée, Napoléon mit à son service, dès le début de son règne, ces auxiliaires aussi utiles que méprisés, que l'on appellait les "indicateurs militaires" ...

Toutefois, le nombre d'espions britanniques repérés dans le Boulonnais, à l'époque de la Grande Armée, fut si impressionnant que Napoléon décida d'organiser poiur lui-même, un service complet de renseignements, dont il tira maints avantages par la suite.

En outre, à cette époque du Premier Empire, la géographie militaire étant assez mal déterminée, il manquait aux Officiers de nombreux renseignements techniques ou régionaux.

C'est à partir de l'année 1800 que Bonaparte fit appel notamment à un certain Schulmeister, qui joua un rôle important entre 1805 et 1809, comme l'attestent de nombreux rapports consultés aux Archives de la Guerre et aux Archives nationales ...

Certaines notes concernant ce personnage sont des plus curieuses ...

D'une habileté extraordinaire, cet homme aux ressources infines, parlait aussi bien le français que l'allemand, et changeait de physionomie aussi facilement que de nom ; ainsi se fit-il appeller tantôt Burgermeister, Charles, Mr de Meinau ou encore Frédérick.

En parcourant sa vie, on le voit évoluer dans les camps, ou suivre les Corps d'armée, comme marchand d'eau-de-vie, de saucisson ou de tabac...

Se trouve-t-il poursuivi ? Il entre alors dans une maison, gravit l'escalier jusqu'en haut, se débarrasse de ses habits dans une soupente, et tenant à la main une savonnette, le visage à demi couvert de mousse, descend tranquillement l'escalier, tout en recommandant aux Soldats qui le recherchent de s'écarter afin de ne pas se blesser avec le rasoir qu'il tient à la main ...
Et tous de se ranger pour le laisser passer ...

Une autre fois, on le voit revêtu d'un costume de général pour se faire rendre les honneurs militaires par les postes avancés, qu'il vient ainsi inspecter audacieusement ...

Un jour qu'il se trouve cerné dans sa propre maison, alors qu'on lui somme d'ouvrir la porte, il se grime si bien qu'il peut ensuite aller ouvrir lui-même aux agents qui, ne le reconnaissant pas, le prennent pour un domestique :

"- Où est votre maître ?"

'- Dans la chambre du premier, répond Schulmeister, affectant d'être terrorrisé ; Oh ! ne me faites pas de mal ... Je suis disposé à tout vous dire si vous voulez bien m'épargner, moi, pauvre serviteur innocent ; attendez que mon maître soit couché, il est sur le point de se mettre au lit, et vous pourrez alors vous en saisir sans danger. Mais, de grâce, laissez-moi m'éloigner, car il a juré que s'il était pris, j'étais un homme perdu ...

Et aussitôt, il reçoit un sauf-conduit, de la part de ceux-là mêmes qui avaient pour mission de le ramener mort ou vif ! ...

Ainsi, ses ressources d'imagination variaient à l'infini ...

Il alla même jusqu'à corrompre une infirmière, pour s'échapper caché dans un cercueil, lorsque poursuivi et sa tête ayant été mise à prix, il s'était réfugié dans un hôpital ...
Il fit le mort pour avoir la vie sauve ! Et la ruse lui réussit encore à merveille.

Au début de la campagne de 1805, cet émissaire démontra une activité extraordinaire, pendant que Napoléon prolongeait son séjour à Boulogne afin de dissimuler ses projets ; et ce plan fonctionna si bien que la Coalition ne comprit vraiment la marche de l'Armée française que lorsque les belligérants se trouvèrent quasiment face à face ...

Ce dont nous pouvons être sûrs, c'est que "l'espion de Napoléon" lui sauva la vie plus d'une fois, doté de cette habileté à révéler à temps les conspirations dirigées contre la personne de l'Empereur ...

Si Schulmeister fut très largement payé de ses services, il ne put cependant jamais obtenir la Croix, qu'il désirait plus que tout le reste ...

Un jour qu'il venait de faire preuve d'une habileté particulière, l'Empereur s'adressant à lui dans un moment de bonne et belle humeur lui dit :

-"Allons, je n'ai rien à te refuser, que désires-tu ?"

- "Sire, je vous en prie, répondit-il d'un ton suppliant, rappelez-vous la précieuse récompense que vous avez accordée, à Boulogne, à ceux qui vous ont bien servi ..."

-"La Croix pour toi ? Oh non, jamais ! répliqua l'Empereur. De l'argent tant que tu voudras ... Mais la Légion d'Honneur, je la réserve pour mes braves."

C'est dire qu'il fallait avoir juré à l'Empereur d'aller jusqu'au sacrifice de sa vie, au champ de bataille, dans l'honneur et la sauvegarde de sa Patrie, pour pouvoir prétendre à cette distinction honorifique ...

Si le Grand Homme revenait parmi nous, il tomberait à la renverse en constatant l'usage galvaudé qui est fait de cette médaille !




:salut:


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