Inscription : 13 Nov 2007 13:45 Message(s) : 1915
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Antoine Charles Louis Lasalle, né à Metz le 10 Mai 1775, mourut trop jeune au champ d'honneur le 6 Juillet 1809, lors du déroulement de la bataille de Wagram ...
Ce Général d'Empire eût une vie trop courte pour accéder au maréchalat, et pourtant sa bravoure dans maints combats, sa détermination, ses qualités humaines avaient très rapidement été remarqués par Napoléon, toujours aussi perspicace pour discerner le mérite personnel de ses hommes.
Notre Général n'avait pas onze ans, lorsqu'il entra dans le régiment d'infanterie d'Alsace, comme sous-lieutenant remplaçant : c'est dire combien sa motivation était déjà grande dans le domaine des armes.
Le 25 Mai 1791, toujours sous-lieutenant, il passa dans la cavalerie ; mais la noblesse de ses origines le contraignit à démissionner en 1792, lui faisant perdre son grade.
C'est alors qu'il rejoint l'Armée du Nord, pour s'engager dans le bataillon des Piques, comme volontaire du 23è Régiment de Chasseurs à cheval. Déjà à cette époque, nommé à la tête des Chasseurs de sa Compagnie, après une attaque il réussit à s'emparer d'une batterie de canons.
Il a dix-sept ans ...
Félicité par son Général en chef pour son intrépidité dans cette action, il se voit aussitôt nommé Officier.
Mais comme nous le savons, Lasalle refusa cette reconnaissance, tout en poursuivant sa mission avec la même détermination et le même courage.
Il fut bien sûr de la Campagne d'Italie, où il suivit Kellerman, après être devenu son aide de camp.
Peu de temps après, devenu Capitaine, Lasalle charge, avec fougue comme il avait coutume de le faire, et avec seulement 18 cavaliers, parvient à mettre cent Hussards en déroute ! Au cours de cette folle poursuite, il se trouva à un moment donné, éloigné de ses soldats. Sommé de se rendre par quatre des Hussards qu'il poursuivait, mais loin de se décourager, il se mit à les combattre et finit par les repousser en les blessant,et traversa à la nage la Bacchiglione pour rejoindre enfin sa petite troupe qui croyait bien avoir perdu son chef pour de bon.
Il n'a que 21 ans quand Napoléon le nomme Chef d'Escadron, après que Lasalle eût encore une fois prouvé son mérite en rapportant au Général en Chef des renseignements d'une extrême importance sur l'Autriche.
Nommé dans le 7è Régiment de Hussards au cours de la même année, il se distingua peu après, à Rivoli : Ayant reçu la mission de chasser les Autrichiens d'un plateau, il chargea de telle manière, à la tête de vingt Chasseurs, qu'il réussit à faire prisonnier le bataillon occupant.
Au passage de la Piave, peu après, il se distingua par de nouveaux exploits, tout comme à Vadrozone où, à la tête de seize Guides et dotée de son habituelle intrépidité, il charge et force à évacuer tout un escadron de Uhlans, les poursuivant ensuite pendant plus d'une lieue ...
Puis vînt l'Egypte et ce mémorable 21 Juillet 1798 de la bataille des Pyramides au cours de laquelle les Turcs faisaient résistance à l'Armée française, repoussant toutes ses attaques, et dessinant par là même une issue tout-à-fait indécise ...
Jusqu'au moment où arrive Lasalle, et ses quelques hommes, pour couper la retraite à l'ennemi, décidant de la victoire par ce mouvement hardi, qui lui valut d'être nommé chef de la 22è brigade de Chasseurs à cheval, par le Général en chef Bonaparte...
Accompagné de Desaix, il remontera le Nil pour participer avec lui, le 11 Août à la bataille de Salalieh ... C'est au cours de ce combat qu'il se distinguera encore plus par son courage à toute épreuve, et son remarquable sang-froid : deux qualités essentielles dont n'ont malheureusement pas été dotés tous les Maréchaux !
Même courage et même intrépidité au combat de Souagui où toute l'Armée fut subjuguée par son talent.
D'autres actions couronnées de succès sont à mettre à l'actif du Général Lasalle, lorsqu'il poursuivit son périple aux côtés de Davout. Depuis le Caire, le 22è de Chasseurs eût pour mission de contenir Belbeys, aux fins d'établir les liaisons entre Le Caire et Salahieh : Ce fut encore un succès pour Lasalle.
Nous arrivons en 1800, et Lasalle revenu en France reçoit le commandement du 10è Hussards.
Par la suite, le Premier Consul lui décerne un sabre et des pistolets d'honneur, en témoignage de la reconnaissance du gouvernement.
A la tête de ce 10è régiment de Hussards, il frôla la mort par trois fois, ayant eu ses chevaux tués sous lui.
C'est le 25 prairial an XII, qu'ayant été classé Membre de droit dans la Légion d'Honneur, le Général Lasalle reçut la distinction de Commandant de l'Ordre.
Devenu alors Général de brigade, il ne tarda pas à recevoir le commandement d'une brigade de Dragons, stationnée à Amiens. C'est avec eux qu' il participera à la bataille d'Austerlitz ...
Vinrent ensuite les Campagnes de Prusse et de Pologne où la fameuse "brigade infernale" menée par Lasalle multiplia ses actions spectaculaires.
La liste de ces actions est longue, trop longue pour tout relater ici.¨Pour ne prendre qu'un exemple, lorsque le 28 Octobre 1806, Lasalle entra à Prentelau, les succès de cette journée furent intimement liés aux charges brillantes de ce fougueux Général !...
Et si la prise de Stettin reste gravée dans nos mémoires, c'est bien parce que Lasalle assura le succès avec seulement deux régiments de cavalerie , prenant la forteresse en faisant des simulacres de canons en bois !
L'ingénuosité de Lasalle, son audace extraordinaire et sa détermination farouche, lui firent à nouveau accomplir des actions déterminantes.
Le 30 Décembre 1806, il est nommé Commandant de cavalerie légère. En juillet de l'année suivante, l'Empereur lui remet la Croix de la Couronne de Fer , avant de l'envoyer en Espagne, sous les ordres du non moins brave Jean-Baptiste Bessières ...
Arrivé en Espagne en Février 1808, Lasalle avec sa cavalerie défait allègrement des Corps d'insurgés espagnols, à Torquemada, et les repoussent dans la montagne.
A Valladolid, il attaque et bat des troupes régulières, rétablissant l'ordre en entrant dans ces lieux.
Il se distingua encore à la fameuse bataille de Medina del Rio Seco, où il détermina la victoire par une charge des plus brillantes. L'habileté de ses manoeuvres lui valut cette fois de l'Empereur la nomination de Grand Officier de la Légion d'Honneur, puis Comte de l'Empire.
Les exploits continuent ...
Burgos, Novembre 1808 : Lasalle concourt au succès de la journée. Villa-Vigo, Medelin ... partout il se distingue en prenant drapeaux et pièces de canons.
Pour en revenir à la bataille de Medellin, le 28 Mars 1809, il est à noter que cette journée reste parmi les plus glorieuses de Lasalle. Il commandait alors toute la cavalerie, et avait en plus sous ses ordres une division d'infanterie allemande. Au moment où le feu de l'ennemi commençait à devenir meurtrier, le Maréchal Victor ordonna un mouvement de repli. Mais à peine exécuté, le mouvement ne dissuada guère l'infanterie espagnole soutenue par une cavalerie nombreuse, qui, tous avançaient audacieusement sur les Français ...
C'est alors que Lasalle, jugeant du caractère dangereux de la poursuite de la retraite, le pont de Meddlin étant très étroit, s'élança courageusement à la tête du 26è régiments de Dragons sur un carré de quelques six mille hommes, les renversant, et laissant ainsi la possibilité aux troupes françaises de marcher à l'ennemi, qui fut ainsi enfoncé, grâce à l'intrépidité du Général Lasalle.
Après ce dernier fait d'armes en Espagne, où il fut surnommé "Picaro", il partit prendre le commandement d'une division de cavalerie de la Grande Armée, durant la Campagne d'Allemagne et d'Autriche, où il se distingua encore à Essling, en Mai 1809, ainsi qu'au Siège de Raab, en Juin 1809.
Sa dernière action, nous ne la connaissons que trop bien, puisqu'elle lui coûta la vie, dans la fougue de ses 34 ans , alors qu'il tentait de disperser un bataillon ennemi ...
Nous sommes donc au soir de Wagram ...
La destinée devait le mettre dans la ligne de tir d'un grenadier hongrois retraitant ...
Il fut heureux ce beau et brave Général, heureux de servir fidèlement l'Empereur, heureux d'avoir vécu toutes les batailles auxquelles il participa, avec cette foi, cette bravoure, ce souci constant de ses hommes, même en pleine action, et cette hardiesse qui fait basculer une action indécise en victoire déterminante.
Imaginons la fougue chevaleresque d'un tel homme à Waterloo, lui, Lasalle, aux élans s'apparentant à ceux d'un Ney, la réflexion et le bon sens en plus, imaginons cet homme à la fin de l'Empire, devenu sans nul doute Maréchal, et dont le dévouement à l'Empereur, dans un coeur aussi pur, non seulement n'aurait pas fait défaut, mais aurait certainement eu le souffle suffisamment puissant pour redynamiser ceux des Officiers et Maréchaux du Grand Homme qui avaient perdu confiance en eux et ... en leur Chef suprême ! ... 
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