L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Un acte de grand héroîsme ...
Message Publié : 12 Août 2008 21:18 
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Dans les évènements qui lui donnèrent les plus fortes impressions de bonheur, l'Empereur aimait à citer cette fameuse "marche de Cannes à Paris" ...

Bien sûr, en finalité, les résultats escomptés ne s'accomplirent point, et forts de cela, beaucoup aujourd'hui considèrent cette période des Cent Jours comme un véritable fiasco ...

Et pourtant, si l'on veut prendre la peine d'y regarder de plus près, si l'on s'entend à analyser les circonstances de cette décision et son déroulement avec sincérité, il y a bien plus à se réjouir qu'à se lamenter.

Et tout d'abord, la décision par elle même, ne fut-elle pas un acte de courage et d'héroïsme que seul pouvait engendrer le génie d'une grande âme ?

Imaginons un instant le Grand Homme, seul, sans un sou vaillant, quasiment sans troupes, seul contre le monde entier conjuré pour le faire disparaître, seul contre toutes les forces matérielles d'un peuple, organisées initialement pour lui barrer la route, et qu'Il sût reconquérir en même temps que son Empire, sans verser le sang !

N'était-ce point là une superbe revanche qui suffisait à laver de ses péchés cette grande âme qui avait dû, jusque là, broyer tant de vies, au nom de la Patrie , n'était-ce point là la revanche inattendue d'une invincible pureté ?

Et puis il y eût dans la citation qui va suivre, toute la justification de sa politique, qui reposait sur cette affirmation bien juste que les Bourbons n'avaient aucun droit légal au trône, parce que celui-ci ne leur avait pas été confié par la Nation, alors que Lui, Napoléon, par ses plébiscites, pouvait amplement prouvé qu'Il avait reçu mandat de celle-ci.

"Je viens de demeurer une année à l'île d'Elbe, et là, comme dans un tombeau, j'ai pu entendre la voix de la postérité. Je sais maintenant ce qu'il faut éviter, je sais maintenant ce qu'il faut vouloir : la paix et la liberté".

Ce débarquement n'eut pas sur la population ce choc instantané que l'on aurait pu imaginer, choc qui aurait pu engendrer la répulsion ou l'enthousiasme spontané.

Non, ce ne fut pas cela qui se produisit, mais bien plutôt une espèce de propagation progressive, mais de plus en plus rapide au fil des jours qui passaient, d'une nouvelle qui eût pour effet de polariser les populations qu'elle atteignait.

Sidérés, ces populations finirent pas être complètement transportés de joie par cette nouvelle.

Le deuxième atoût de Napoléon se situait dans le coeur de ses Soldats, qu'Il savait pouvoir rallier, et ce malgré les protestations de leurs officiers.
Ils allaient à Lui, Napoléon, non seulement par dégoût à l'égard du régime mis en place, mais encore et surtout par ce sentiment infaillible d'une fidélité renouvelée à l'égard de l'Empereur.

Dans les faits, nous connaissons la suite de ce grand évènement de l'Epopée.

L'Empereur fut contraint de passer outre ses déclarations de paix, parce que l'Europe entière ne lui laissait guère le choix : en réarmant à l'annonce de son débarquement, elle entraînait inexorablement et de nouveau l'Empereur sur les champs de bataille ...

Car Napoléon ne songait nullement à faire la guerre en débarquant à Golfe Juan, mais Il souhaitait installer, solidement et à juste titre, sa puissance en France.

Toutefois, il est un fait à ne pas occulter, c'est bien le comportement de Murat à la nouvelle du débarquement de l'Empereur ...
Il venait en effet de prendre les armes contre l'Autriche et de se faire battre par Adam de Neipperg...

C'est alors, qu'apparaissant au Champ de Mai, aux côtés de Napoléon,il apportera déjà la défaite, et avec lui le sentiment que tout ce qu'il y aura de fait sera désormais inutile ...

En effet, suite à son incommensurable excès de zèle, Murat fit à nouveau sentir l'odeur du sang aux Alliés, leur laissant à penser que "la bête fauve" allait se ruer sur leurs apanages immémoriaux, sur leurs héritages venus du fond des siècles ...

C'est alors qu'ils décideront d'une immense chasse à courre, une grande battue, au cours de laquelle chaque pays courant à ses armes, criera : "Sus à Napoléon!".

Mais d'autres points sont à considérer, notamment au regard de la réorganisation politique de l'Empereur, comme la nomination de Carnot au Ministère de l'Intérieur, choix significatif et très habile, car le nom de celui qui fut "l'organisateur de la Victoire" avait ainsi son nom associé au mot "liberté" ...

La presse recevra une totale liberté également.

Enfin, beaucoup d'anciens Républicains arrivèrent avec la ferme résolution de sauver l'indépendance nationale, et aussi d'assurer la liberté.
C'est groupés autour de Carnot que ces hommes apporteront leur soutien à Napoléon, ne voyant en lui que le généralissime d'une patrie réellement en danger...




:VE2: :AI:




:salut:


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Message Publié : 13 Août 2008 13:14 
Ma chère Rose,

Nulle doute que vous ne fussiez une indétrônable admiratrice de Napoléon... Personnellement je suis davantage nuancé ayant, sur ce site comme sur d'autres, affirmé mon "détournement de l'illustre personnage après Tilsitt".

Permettez moi de répondre à votre longue et romantique déclamation sur les cent jours, entreprise qui pour la petite histoire coûta quand même 60000 morts...
D'une part vous parlez de patrie en danger ; personnellement et même si je ne suis pas un fervent admirateur du gros roi, force est de constater qu'il sut prendre - malgré l'avis des ultras - des dispositions plutôt clémentes vis à vis des anciens du régime impérial (à l'exception de l'armée qui de toute façon n'était plus royaliste depuis des décennies, avant même la révolution)...
En réalité où trouvez vous que la patrie était en danger au moment de l'Ile d'Elbe ? Laissée exangue en juin 1814, elle reçut la charte de Louis XVIII qui n'était pas des plus extrémiste... Certes il était fait état de rétablissement de la noblesse et de ses privilèges, mais il en était fini des conscriptions sauvages et la rente boursière remontait lentement...

J'ai toujours trouvé l'aventureuse épopée de 1815 comme lamentable...Nous ne sommes pas dans les romans du XIXème et le romantisme doit être mis de côté...Napoléon ne pouvait ignorer avant son départ :
1/ la versatilité du peuple français (fort bien rendue par deux tableaux de Heim sur le départ des tuileries de Louis XVIII et l'arrivée de Napoléon par le même escalier).
De fait l'enthgousiasme du vol de l'aigle commença par un couac à Antibes, et comme un piège incontournable, s'évanpouit en Province au fur et à mesure que Napoléon montait, montait...par des routes repérées à l'avant et sans danger...
En se lançant sans aucun appui international (il le savait bien avant son départ d'Elbe, trop informé et intelligent pour l'ignorer), Napoléon connaissait l'issue de son coup de force et sa condamnation ultérieure car, même sans le sou, même avec la menace d'être dès Elbe déporté sur Saint-Hélène ou Sainte Lucie, il savait également parfaitement que le congrès de Vienne se prenait politiquement les pieds dans le tapis et qu'il disposait d'un homme qui n'avait pas encore pris totalement en aversion son illustre personne (Alexandre III). Cet empereur, en mal de reconnaissance, aurait même pu (simple hypothèse) prendre Napoléon sous son aile en Russie (ce qui l'aurait grandi aux yeux de son peuple).
En 1814 l'Angleterre n'était pas souveraine, mais après Waterloo tout fut différent...

Il faut savoir raison garder...Napoléon a fait preuve non d'Héroïsme -ou alors Stendalien- ni de courage...Cela s'appelle un coup de bravache qui, au risque de me répéter, non seulement coûta 60000 hommes, mais certainement sa déportation à Saint Hélène voire, peut être, le trône à son fils après une régence de la mère...En 1814, rien ne dit que cela ne fut impossible...Mais ce n'est qu'un avis


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Message Publié : 13 Août 2008 14:53 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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marc a écrit :
Permettez moi de répondre à votre longue et romantique déclamation sur les cent jours, entreprise qui pour la petite histoire coûta quand même 60000 morts...


Ces 60 000 morts furent causés par ceux qui déclarèrent la guerre. En l'occurence, les Coalisés !

Citer :
D'une part vous parlez de patrie en danger ; personnellement et même si je ne suis pas un fervent admirateur du gros roi, force est de constater qu'il sut prendre - malgré l'avis des ultras - des dispositions plutôt clémentes vis à vis des anciens du régime impérial (à l'exception de l'armée qui de toute façon n'était plus royaliste depuis des décennies, avant même la révolution)...


Le moins qu'on puisse dire, c'est que le gros roi ne bénéficiait pas de l'assentiment de ses "sujets". Quel était son titre pour régner sur la France ? Merci de me le présenter, si vous le connaissez... :4:

Citer :
En réalité où trouvez vous que la patrie était en danger au moment de l'Ile d'Elbe ? Laissée exangue en juin 1814, elle reçut la charte de Louis XVIII qui n'était pas des plus extrémiste... Certes il était fait état de rétablissement de la noblesse et de ses privilèges, mais il en était fini des conscriptions sauvages et la rente boursière remontait lentement...


Les Ultras réclamaient le retour à l'Ancien Régime. Il ne faut pas croire que les Ultras sont apparus spontanément au cours de la Terreur Blanche. Ils existaient bien avant !

Citer :
J'ai toujours trouvé l'aventureuse épopée de 1815 comme lamentable...Nous ne sommes pas dans les romans du XIXème et le romantisme doit être mis de côté...


Je ne comprends pas bien comment une épopée peut être lamentable, puisque -par définition- une épopée est une suite d'actions sublimes... Mais l'aventure en soi n'a rien eu de lamentable, bien au contraire, même si elle se termine par un échec !

Citer :
Napoléon ne pouvait ignorer avant son départ :
1/ la versatilité du peuple français (fort bien rendue par deux tableaux de Heim sur le départ des tuileries de Louis XVIII et l'arrivée de Napoléon par le même escalier).
De fait l'enthgousiasme du vol de l'aigle commença par un couac à Antibes, et comme un piège incontournable, s'évanpouit en Province au fur et à mesure que Napoléon montait, montait...par des routes repérées à l'avant et sans danger...


La versatilité des Français ? Mais -en dehors des régions royalistes parfaitement identifiées- où donc les Français en ont-ils fait preuve ?

Citer :

En se lançant sans aucun appui international (il le savait bien avant son départ d'Elbe, trop informé et intelligent pour l'ignorer), Napoléon connaissait l'issue de son coup de force et sa condamnation ultérieure car, même sans le sou, même avec la menace d'être dès Elbe déporté sur Saint-Hélène ou Sainte Lucie, il savait également parfaitement que le congrès de Vienne se prenait politiquement les pieds dans le tapis et qu'il disposait d'un homme qui n'avait pas encore pris totalement en aversion son illustre personne (Alexandre III). Cet empereur, en mal de reconnaissance, aurait même pu (simple hypothèse) prendre Napoléon sous son aile en Russie (ce qui l'aurait grandi aux yeux de son peuple).
En 1814 l'Angleterre n'était pas souveraine, mais après Waterloo tout fut différent...


Cette analyse ne reflète pas les faits. On sait parfaitement aujourd'hui que l'Autriche a hésité. Et que la Russie aurait cessé ses armements en cas de victoire de Napoléon. Le problème était de savoir si les Coalisés s'inclineraient ou pas devant le retour victorieux de Napoléon ou bien feraient une guerre d'intérêt dynastique en faveur des Bourbons contre la Révolution. 1815 n'a rien changé à la prépondérance maritime de l'Angleterre. Quant au traité de Vienne, il était quasiment signé avant le 1er mars 1815...

Citer :
Il faut savoir raison garder...Napoléon a fait preuve non d'Héroïsme -ou alors Stendalien- ni de courage...Cela s'appelle un coup de bravache qui, au risque de me répéter, non seulement coûta 60000 hommes, mais certainement sa déportation à Saint Hélène voire, peut être, le trône à son fils après une régence de la mère...En 1814, rien ne dit que cela ne fut impossible...Mais ce n'est qu'un avis


Je pense que s'avancer devant 400 hommes dont on sait qu'ils ont reçu l'ordre de tirer, n'est pas à la portée de n'importe qui... A ma connaissance, c'est sans précédant et cela n'a jamais été essayé depuis... Parler d'un coup de bravache me semble donc largement excessif, pour ne pas dire plus... :7:

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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Message Publié : 13 Août 2008 21:26 
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Cher Marc,

Ayant globalement la même vision de l'évènement que Bruno, dont je viens de lire l'intervention, je ne reprendrai pas l'ensemble de vos propos, mais seulement quelques points, pour apporter peut-être un complément à ce qui vient d'être dit.

Petite parenthèse tout-à-fait personnelle, si je puis accepter le qualificatif "d'admiratrice indétrônable" de Napoléon, je me réjouis de n'être pas, pour autant, tomber dans l'excès au point de méconnaître certaines facettes du Grand Homme.

Beaucoup s'y sont trompés, et j'admire en vous la perspicacité qui vous confère cette subtile faculté de discernement. :4:

Vous évoquez le romantisme de ma "déclamation" ...
J'y verrai plutôt un côté romanesque, car cet épisode ressembla à un roman à grand spectacle, dans tous les sens du terme, car il fut certainement le plus fantatisque passage d'une carrière non moins fantastique !

Sur le comportement du gros Louis, il y aurait beaucoup à dire, et son mot célèbre à Beugnot qu'il recevait à St Ouen : "Le plus fort es fait !" prouve bien que le gros roi se faisait des illusions !

Rien en effet n'allait être aussi compliqué que cette première Restauration, contrairement à la seconde, installée plus aisément.
Il ne faut pas oublier en effet que seul 1/10ème de la population s'était ralliée avec enthousiasme ; pour le reste, et la grande majorité des Français, c'était l'hésitation, la défiance, voire l'hostilité face à ce retour de la royauté ...

Quant à la fameuse Charte, elle contenait bien plus de motifs de mécontentement que de raisons de s'enthousiasmer !

A l'île d'Elbe, les visiteurs français et les lettres arrivant de France se faisaient extrêmement rares, puisque la police du littoral s'opposait à tout cela.
Mais Napoléon lisait les journaux et trouvait à sa disposition quelques agents capables de le renseigner fort utilement sur les fautes du gouvernement en place et aussi sur l'état général des esprits.

Ainsi, grâce à Colonna d'Istria, à Cipriani, ou Campbell lui-même, Il avait connaissance des intrigues et des divisions des différentes puissances ...
Il savait le discrédit porté sur le gros Louis, il savait l'Europe complètement désunie et, partant, prête à s'entre-combattre !

Considérant tout ceci, l'occasion me semble fort propice pour la tentative réalisée par l'Empereur.
Si cela n'est pas le degré extrême d'une "Patrie en danger", tous les ingrédients étaient assurément réunis pour qu'elle ne tarda pas à le devenir ...

Pour le chemin décidé par Napoléon, bien sûr qu'il fut préparé à l'avance, rien de plus logique pour une telle expédition que de savoir où l'on va mener sa petite troupe ; mais dire qu'elle ne représenta aucun danger pour Lui, il me semble que vous simplifiez un peut les choses ...

En effet, il aurait suffit que trois ou quatre Officiers déterminés jusqu'au bout pour en terminer rapidement avec celui qui "dérangeait" par trop !
Nous ne sommes pas au théâtre, Cher Marc, et lorsque l'Empereur a ouvert sa redingote en invitant celui qui le souhaitait, à tirer sur Lui, un seul coup de feu suffisait pour que le rideau tombe ... définitivement !

Plus que sur la "versalité" du peuple français, Napoléon comptait toujours sur sa bonne étoile, les facettes infinies de son génie, et l'effet de surprise qu'Il n'allait pas manquer de provoquer en se présentant à nouveau à son peuple.

Toutefois, Napoléon, à mon avis, ne pouvait pas être parfaitement certain de l'issue d'une telle entreprise, trop d'évènements pouvant survenir tout au long de cette marche périlleuse.

Pour conclure, je confirmerai que, selon mes convictions personnelles, cette période historique s'apparente au sublime pour la détermination, le courage et l'héroïsme de son auteur, ainsi que pour le déferlement d'enthousiasme et de bonheur dans les coeurs qui palpitaient à la vue du petit chapeau et de la redingote grise, scandant sans relâche des " VIVE L'EMPEREUR" ! et laisse dans l'Histoire la trace d'une éblouissante Comète, dont l'habituelle destinée a ceci de dramatique, qu'elle s'inscrit dans un laps de temps bien trop court ...




:salut:


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Message Publié : 15 Août 2008 23:12 
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Bonsoir,

Je reviens un moment sur ce sujet attachant qu'est l'épisode des Cent Jours.

Les uns et les autres, ici ou là, avons donné notre avis sur le bien-fondé d'une telle expédition, glorieuse pour certains et dépourvue de bon sens pour d'autres.

Mais pour ceux qui n'en tirent que des conclusions négatives, se sont-ils posés la question de l'autre alternative, et surtout de ses conséquences ?

Autrement dit, imaginez que l'Empereur, malgré les échos de plus en plus clairs d'un projet de déportation dans une île lointaine, se soit résigné à attendre l'évolution des évènements sur l'île d'Elbe ...

Pensez-vous réellement que cette décision eût recueilli votre approbation ?

N'était-ce point ridicule autant qu'insensé de vouloir se défendre dans l'île d'Elbe, avec seulement quelques centaines d'hommes et seize canons ?
Et quelle issue fatale que cette lutte, aussi injuste qu'inégale, entre Napoléon et toutes les puissances réunies à Vienne !

Personnellement, je ne vois aucun autre choix réfléchi que celui retenu par l'Empereur, qui décida de quitter l'île d'Elbe pour tenter de regagner son trône.

De cette manière, Il échappait au piège indigne qui lui était tendu, avec ce courage admirable qui l'incita à prendre pour seul arbitre de sa décision, la France, sa France, son Pays où moins d'un an auparavant, il avait été conspué ; cette France qui venait de faire l'essai d'un nouveau gouvernement, hé bien c'est à elle, et à elle seule, qu'Il venait demander de faire ce choix loyal et libre de Le livrer à ses ennemis, ou de Le défendre contre eux !

La suite, dans cet enthousiasme populaire et militaire enfin, nous la connaissons.

Et forts de l'issue heureuse d'une entreprise aussi audacieuse, peut-être pouvons-nous nous poser une autre question, celle de se demander si avant son départ de l'île d'Elbe, Il avait le droit de compter sur un résultat aussi prodigieux ?

Je ne le pense pas, car il eût fallu rêver, et l'Empereur était tout, excepté un Rêveur ...

Mais, ayant imaginé la piteuse fin qui aurait pu se produire, d'être repris et relégué tel un malfaiteur, pour achever ses jours sur un rocher perdu dans l'Océan, il s'était certainement dit que, dénouement pour dénouement, il lui fallait en tous les cas garantir encore l'honneur de son nom, l'avenir de son fils, ce petit roi de Rome, et que de fait, Il ne pouvait pas "finir" comme un vulgaire usurpateur, vaincu et dégradé, méprisé et "jeté" n'importe où par ses ennemis victorieux !

Quoi de plus légitime pour un être humain, qui plus est, pour le Grand Homme que de former dans son esprit de telles pensées ?

Pour Lui, mourir pour mourir, il valait mieux tomber sur ce chemin qu'Il entreprit du Golfe Juan à Paris.
En outre, n'était-ce pas aussi l'unique chance qui lui restait de retrouver peut-être quelque bonheur intime, si tant est que le succès de son entreprise eût pu ramener près de Lui son épouse autrichienne et son Fils ?

Tout ceci enfin ne suffit-il pas à expliquer qu'un Homme aussi hardi, aussi judicieux et aussi stoïque que Napoléon, aimât mieux risquer sa vie dans une entreprise aussi hasardeuse, dans cette tentative suprême au bout de laquelle il voyait encore luire l'espérance, plutôt que de se résigner d'avance, sans révolte aucune, face à cet enterrement anticipé et à cette inévitable déportation vers Sainte Hélène ?

Non, bien sûr, Napoléon n'était pas Homme à subir les évènements, dès l'instant où Il entrevoyait l'espoir d' une quelconque issue plus favorable.

Et c'est bien là l'une des facettes de sa personnalité qui le rend si Grand et si attachant...



:VE2:




:salut:


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Message Publié : 16 Août 2008 22:05 
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Inscription : 20 Juin 2008 15:29
Message(s) : 110
Qui peut imaginer qu'il allait attendre tranquillement la mort sur l'île d'Elbe ?

C'est insensé d'avoir une telle pensée d'un homme qui avait une oeuvre à accomplir....

Ses geôliers ne respectaient même pas leurs engagements...l'idée de le déporter à Sainte-Hélène trainait dans quelques têtes britanniques.

Merci Rose pour Votre foi.


:AI:


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