Dans les évènements qui lui donnèrent les plus fortes impressions de bonheur, l'Empereur aimait à citer cette fameuse "marche de Cannes à Paris" ...
Bien sûr, en finalité, les résultats escomptés ne s'accomplirent point, et forts de cela, beaucoup aujourd'hui considèrent cette période des
Cent Jours comme un véritable fiasco ...
Et pourtant, si l'on veut prendre la peine d'y regarder de plus près, si l'on s'entend à analyser les circonstances de cette décision et son déroulement avec sincérité, il y a bien plus à se réjouir qu'à se lamenter.
Et tout d'abord, la décision par elle même, ne fut-elle pas un acte de courage et d'héroïsme que seul pouvait engendrer le génie d'une grande âme ?
Imaginons un instant le Grand Homme, seul, sans un sou vaillant, quasiment sans troupes, seul contre le monde entier conjuré pour le faire disparaître, seul contre toutes les forces matérielles d'un peuple, organisées initialement pour lui barrer la route, et qu'Il sût reconquérir en même temps que son Empire, sans verser le sang !
N'était-ce point là une superbe revanche qui suffisait à laver de ses péchés cette grande âme qui avait dû, jusque là, broyer tant de vies, au nom de la Patrie , n'était-ce point là la revanche inattendue d'une invincible pureté ?
Et puis il y eût dans la citation qui va suivre, toute la justification de sa politique, qui reposait sur cette affirmation bien juste que les Bourbons n'avaient aucun droit légal au trône, parce que celui-ci ne leur avait pas été confié par la Nation, alors que Lui, Napoléon, par ses plébiscites, pouvait amplement prouvé qu'Il avait reçu mandat de celle-ci.
"
Je viens de demeurer une année à l'île d'Elbe, et là, comme dans un tombeau, j'ai pu entendre la voix de la postérité. Je sais maintenant ce qu'il faut éviter, je sais maintenant ce qu'il faut vouloir : la paix et la liberté".Ce débarquement n'eut pas sur la population ce choc instantané que l'on aurait pu imaginer, choc qui aurait pu engendrer la répulsion ou l'enthousiasme spontané.
Non, ce ne fut pas cela qui se produisit, mais bien plutôt une espèce de propagation progressive, mais de plus en plus rapide au fil des jours qui passaient, d'une nouvelle qui eût pour effet de polariser les populations qu'elle atteignait.
Sidérés, ces populations finirent pas être complètement transportés de joie par cette nouvelle.
Le deuxième atoût de Napoléon se situait dans le coeur de ses Soldats, qu'Il savait pouvoir rallier, et ce malgré les protestations de leurs officiers.
Ils allaient à Lui, Napoléon, non seulement par dégoût à l'égard du régime mis en place, mais encore et surtout par ce sentiment infaillible d'une fidélité renouvelée à l'égard de l'Empereur.
Dans les faits, nous connaissons la suite de ce grand évènement de l'Epopée.
L'Empereur fut contraint de passer outre ses déclarations de paix, parce que l'Europe entière ne lui laissait guère le choix : en réarmant à l'annonce de son débarquement, elle entraînait inexorablement et de nouveau l'Empereur sur les champs de bataille ...
Car Napoléon ne songait nullement à faire la guerre en débarquant à Golfe Juan, mais Il souhaitait installer, solidement et à juste titre, sa puissance en France.
Toutefois, il est un fait à ne pas occulter, c'est bien le comportement de Murat à la nouvelle du débarquement de l'Empereur ...
Il venait en effet de prendre les armes contre l'Autriche et de se faire battre par Adam de Neipperg...
C'est alors, qu'apparaissant au Champ de Mai, aux côtés de Napoléon,il apportera déjà la défaite, et avec lui le sentiment que tout ce qu'il y aura de fait sera désormais inutile ...
En effet, suite à son incommensurable excès de zèle, Murat fit à nouveau sentir l'odeur du sang aux Alliés, leur laissant à penser que "la bête fauve" allait se ruer sur leurs apanages immémoriaux, sur leurs héritages venus du fond des siècles ...
C'est alors qu'ils décideront d'une immense chasse à courre, une grande battue, au cours de laquelle chaque pays courant à ses armes, criera : "Sus à Napoléon!".
Mais d'autres points sont à considérer, notamment au regard de la réorganisation politique de l'Empereur, comme la nomination de Carnot au Ministère de l'Intérieur, choix significatif et très habile, car le nom de celui qui fut "l'organisateur de la Victoire" avait ainsi son nom associé au mot "liberté" ...
La presse recevra une totale liberté également.
Enfin, beaucoup d'anciens Républicains arrivèrent avec la ferme résolution de sauver l'indépendance nationale, et aussi d'assurer la liberté.
C'est groupés autour de Carnot que ces hommes apporteront leur soutien à Napoléon, ne voyant en lui que le généralissime d'une patrie réellement en danger...
