Après Waterloo, comme après la Campagne de France, les survivants de la Grande Armée avaient retraversé la France, à petites journées, un bâton à la main, pour rentrer chez eux ...
L'épreuve, aussi intense avait-elle pu être, s'était trouvée beaucoup moins longue que lors de la Campagne de France , aussi, nos Soldats étaient-ils moins en haillons et moins maigres...
Toutefois, "se retrouver", retrouver un état dans le monde des civils, ou tout simplement retrouver de quoi vivre, était alors loin d'être évident.
Beaucoup de ces démobilisés étaient jeunes et sans métier, et aussi sans argent.
Pour se reconnaître entre eux, ils avaient opté pour une tenue civile, constituant pour eux un genre d'uniforme : chapeau à larges bords, redingote bleue très longue et pincée à la taille, pantalon large et resserré au cou-de-pied, canne torsadée à gros pommeau, moustache, oeikket rouge à la boutonnière, et bien entendu, le ruban rouge, "la croix" comme ils avaient coutume de dire ...
Et ils étaient nombreux à avoir reçu la Légion d'Honneur ...

ô combien méritée !
Prenant l'habitude de se réunir, ils se racontaient leurs Campagnes, à la manière des vieux Soldats, et ils parlaient à voix haute et forte de façon à irriter les royalistes ...
Entre-eux, les insultes et les bagarres n'étaient pas rares, lorsque les premiers se sentaient contredits ou moqués ...
C'est le triste temps où Ney, La Bédoyère ainsi que quatre autre Officiers généraux avaient été fusillés ...
Le Maréchal Brune , assassiné ...
A Marseille, treize anciens Mameluks de la Garde avaient connu le même sort ...
Et pourtant, rien n'empêcha cette éclosion de la ferveur napoléonienne, essentiellement alimentée par les récits des survivants de la Grande Armée ...
VIVE L'EMPEREUR et sa GRANDE ARMEE !
