L'Énigme des Invalides

A deux reprises j'ai eu le grand bonheur d'aller me recueillir sur la tombe du général Louis Friant qui vécut ses dernières années è Seraincourt, bourgade aux confins du Val d'Oise, òu se trouve sa dernière demeure.

Son chateau, en fort mauvais état, est toujours visible, actuelle propriété d'un club de golf.

Friant, ce nom évoque le légendaire IIIème Corps d'Armée de Davout. Avec ses compagnons d'armes, les divisionnaires Gudin et Morand, il fut de toutes les batailles, de tous les combats òu le IIIème Corps s'llustra.

Devant la façade de son petit chateua délabré, l'esprit palpitant au souvenir plein de fracas d'Auesterlitz, d'Auerstadt, d'Eckmuhl, une question me vint à l'esprit : que ressentait ce Héros, qui eut la chance de survivre aux guerres successives de Valmy à Waterloo, avant de quitter cette terre ?

Et cette qustion vaut pour tous les Héros qui ont survécu à cette Aventure. Comment ont_ils supporté le silence de la vieillesse après cette prodigieuse chevauchée ?

Quelles furent leurs pensées au soir de leur vie ?

Friant pensa-t-il une dernière fois à son frère d'armes, Gudin, tué au combat de La Valoutina en Russie le 22 aout 1812 ?

Revoyait-il le dernier acte tragique de l'Epopée, Waterloo où lui, le Fidèle, était présent ?

Ces qustions ne cessent de me hanter.


Cordialement

Cher Lourmarin, votre interrogation ne manque pas d'intérêt !...
Merci à Vous, de l'avoir livrée à notre réflexion...

Le Comte Louis FRIANT fut, à n'en pas douter, l'un des généraux qui comptent parmi ceux s'étant montrés les plus fervents défenseurs de leur Patrie.

Entré dans la vie militaire en 1781, ce brillant Général divisionnaire fut digne et fidèle jusqu'au bout, et aurait largement mérité les honneurs du maréchalat ...

Sa carrière militaire est constellée d'actions éclatantes, et d'actes d'héroïsme ...

Pour la seconde partie de votre intervention, Cher Lourmarin, il est une certitude, c'est que tous cs Héros de la Grande Epopée Impériale, n'ont pas du vivre dans ce que vous nommez "le silence de leur vieillesse" ...

Moi, je les imagine plutôt, l'esprit sans cesse harcelé par d'innombrables souvenirs, des souvenirs palpitants, où le courage associé à la bravoure leur faisaient frôler la mort si souvent ...

Des souvenirs heureux, lorsqu'apparaissant dans leur mémoire, si précise à cet âge au fur et à mesure que le temps s'éloigne, la silhouette de cette redingote et de ce petit chapeau, silhouette respectée, attendue, et si réconfortante dans les instants les plus critiques !

Des souvenirs de misère aussi, lorsque les pieds dans la boue et de l'eau jusque par-dessus les chevilles, dans le froid qu'aiguisait encore plus la faim, il fallait rester debout et continuer à se battre, parce que la victoire et l'Honneur étaient à ce prix ...

Et, dans tous ces souvenirs, en toile de fond, le son du canon, l'image immortalisée des rideaux de fumée, et cette odeur âcre qui imprégnait leur quotidien ...

Pour sûr, ils l'ont aimé leur "Petit Caporal", et sûr aussi qu'ils l'ont pleuré, malgré tout ce que la guerre leur avait fait subir ...
Mais ils avaient le bons sens, et savaient bien que leur unique Grand Chef ne les emmenait pas à la guerre par plaisir !

La Grande Armée, c'était hier disait Georges Blond ...
Même si, aujourd'hui encore, nous la reconstituons aussi fidèlement que possible, nous n'en vivrons jamais les exaltants moments, ceux où les coeurs battaient au rythme des charges et des tambours les accompagnant ...

Mélancolie d'un temps passé trop vite, sans nous avoir attendu ...

Mélancolie qu'ils ont su transmettre aux plus "fidèles" d'entre nous ...