L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : En leur âme et conscience ...
Message Publié : 22 Avr 2008 22:07 
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Docteur en Histoire
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Après que nous nous soyons replongés dans la prodigieuse épopée des Cent Jours, depuis quelques jours, j'essaie de faire l'analyse du comportement de trois grands militaires, dont deux Maréchaux, lors du retour de leur Empereur, en Mars 1815 ...

Je pense tout particulièrement aux Maréchaux Ney et Moncey, ainsi qu'à La Bédoyère ...

Tous trois furent, de très longues années durant, attachés à Napoléon, le servant avec dévouement, bravoure et fidélité...

Pourtant, chacun d'eux présenta des motivations différentes, dans ces mêmes circonstances.

Le Maréchal Ney, nous l'avions vu, se rallia contre son gré ; ce ne fut guère un élan spontané qui le conduisit devant l'Empereur ...
Il faut dire que déjà, en 1814, il avait été l'un des plus prompts à réclamer l'abdication, à Fontainebleau ...
Pour lui, c'est une évidence, ce sont les soldats qui le poussèrent à se rallier à l'Empereur, grâce à leur extraordinaire enthousiasme non contenu ...

La Bédoyère se rallia, lui aussi, mais son hésitation fut de très courte durée, et, bientôt, il s'empressa de sortir de sa poche son ancienne Aigle impériale pour la présenter à ses troupes, conquis également par l'enthousiasme et les "VIVE L'EMPEREUR" de ces dernières ...

Enfin, il y eût Moncey, grand fidèle et fervent serviteur de Napoléon ...
Et pourtant ...

Prisonnier d'une conscience par trop inflexible, peut-être balancé entre son coeur et son serment au roi, mais voulant garder sa droiture envers ce dernier bien que fuyant le trône, il fit connaître sincèrement ses intentions à Napoléon :

-' Vous êtes mon bienfaiteur, Sire, et ma reconnaissance est éternelle ; je ne quitterai donc pas la France où vous revenez, mais je ne saurais vous servir, car ma conscience est lié par un serment ..."

Tout ceci m'amène à quelques réflexions, voire quelques interrogations que je me permets de vous soumettre ...

Je ne reparlerai plus de Ney qui, lui, n'a pas réagi de façon personnelle.

Mais entre La Bédoyère et Moncey, je reste perplexe ...

En effet, si l'on peut ne rien reprocher au Maréchal Moncey, pour ce qu'il a nommé de la "droiture", comment, à contrario, reprocher à La Bédoyère, son ralliement instinctif, non forcé mais au contraire, profondément souhaité et assumé jusqu'à la mort ?

Comment se retrancher derrière un serment fait à un roi qui s'enfuit de son trône ?

N'est-il pas plus amoral de refuser son service à l'Empereur redevenu le Souverain de la France entière ?

Où se situe donc la liberté de Moncey ?

Prisonnier de sa conscience qui lui dicte ce qu'il a cru être le meilleur des choix, n'a-t-on pas lu, maintes et maintes et fois , qu'il fût déchiré d'avoir pris une telle décision ?
Comment être touché par ces états d'âme, lorsque l'on a le choix d'une autre décision ?
N'y faut-il pas associer quelques intérêts personnels, plutôt que de n'y voir, au contraire, qu'une attitude totalement désintéressée ?

Pour moi, toutefois ces deux grandes figures de l'Epopée napoléonienne avait chacune une conscience irréprochable au moment de leur mort.

Celle du duc de Conegliano lui permit encore de veiller deux ans sur le repos de son Empereur, après avoir tenu ) assister à la cérémonie des Cendres, aux Invalides ... Chacun se souvient de son mot si touchant :

"- Maintenant, rentrons mourir ..."

Alors pourquoi a-t-il abandonné Napoléon en Mars 1815 ?

Quant au brave Colonel, Charles de la Bédoyère, il paya de sa vie son attachement infaillible à l'Empereur ...

En conclusion de tout cela, nous trouvons un Empereur au coeur grand et généreux, qui ouvrira les bras au plus versatile des trois, reconnaissant, devant Las Cases, son admirable comportement :

-"La Bédoyère était éminemment français. Il fut guidé par les sentiments les plus nobles et les plus chevaleresques, dans la démarche qu'il fît à Grenoble, dévouement alors admirable, car tout était douteux" ...

Ney fut accueilli sur la route, les bras de l'Empereur grands ouverts pour le recevoir et tout lui pardonner !

¨Pour Moncey, enfin, l'Empereur, là encore, fit preuve d'une très grande ouverture d'esprit ; et à la lettre citée plus haut, qu'il reçut du Maréchal, Il répondit le lendemain, en ces termes si généreux, qu'il me touche toujours autant :

"- Mon cousin, j'ai reçu votre lettre du 22. Je crois à la sincérité des sentiments que vous m'exprimez, car je connais depuis longtemps votre caractère. J'approuve que vous vous retiriez à votre campagne. Votre fils, que j'ai élevé dès son jeune âge, peut compter qu'il trouvera en moi un second père. Dans toutes les circonstances, vous pouvez compter sur mon désir de vous être utile et agréable" ...


CHAPEAU BAS et MILLE FOIS :
VIVE L'EMPEREEEEEEEEEEUUUUUURRRR !


:VE2: :VE2: :VE2:





:salut:


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Message Publié : 22 Avr 2008 23:48 
Le titre de votre sujet résume bien à lui seul les motivations qui ont poussé ces deux hommes à prendre la décision qui fut la leur.
Deux conceptions de l'honneur qui, si elles débouchèrent sur un choix opposé, ne sont finalement pas si éloignées qu'il n'y paraît.
Et Napoléon eut la pusillanimité de le reconnaître.


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