Le 26, le corps de Woïnof vint à Slonim. Le 27, l'avant-garde et la réserve marchèrent à Polonka, où l'on transféra le quartier-général. Le corps de Woïnof séjourna à Slonim. Le détachement de Tschaplits se porta de Slonim à Dworets. Le lendemain, l'amiral, avec l'avant-garde et la réserve, arriva à Stolowiczi. Le corps de Woïnof partit de Slonim et arriva à Gorki. Une nouvelle avant-garde, fournie par ce corps et composée de quatre bataillons, de quatre escadrons, de deux régiments kosaques et de douze pièces de canon, fut mise sous les ordres du général-major comte Orourk, et poussa jusqu'à Dworets. Le général Tschaplits revint de Dworets à Slonim pour former l'arrière-garde de l'armée, et couvrir sa marche contre les entreprises des Autrichiens. Le colonel Czernychef, avec son régiment de kosaques, reçut l'ordre de se porter rapidement par Nowogroudeck et Radochkowiczi vers Lepel, pour tâcher d'ouvrir une communication directe avec le comte Wittgenstein, et donner à ce dernier des renseignements positifs sur les mouvements de l'amiral. Le 29, l'avant-garde du comte Orourk se porta à Nowogroudeck, et le corps de Woïnofà Dworests. Le général Tschaplits demeura à Slonim. Le lendemain le corps de Woïnof poussa jusqu'à Nowogroudeck, où il trouva encore son avant-garde, que la fatigue des chevaux avait obligée de séjourner. Le général Tschaplits se porta à Stalowiczi. L'amiral, avec la réserve, vint à Snow. L'avant-garde du comte Lambert occupa Neswige. La ville de Minsk, devenue le point de mire des opérations de l'amiral, renfermait un des grands dépôts de l'armée de Napoléon, et n'avait pour sa défense qu'un corps de 6 à 7 mille hommes environ, aux ordres du général Bronikowski, gouverneur de la ville. Ce général, trompé par de faux avis, ne sentit pas que la marche de l'amiral était un mouvement prononcé de l'armée russe. Il s'imagina, au contraire, que les troupes qui de Slonim se dirigeaient sur Neswige et Nowogroudeck, n'étaient que des détachements de partisans lancés pour la petite guerre, et il crut pouvoir les arrêter en leur opposant un corps de 4 à 5 mille hommes tirés de sa garnison, qu'il plaça à Nowoï-Swergenn, sous les ordres du général Kossecki. Ce corps était trop faible pour s'opposer à la marche de l'amiral, mais il pouvait être renforcé par la division Dombrowski, postée comme nous l'avons dit à Sloutsk; par le corps d'Oudinot qui, à cette époque, avait déja atteint la route de Borissow à Orcha, près de Bobr, et même par la division Loison, qui, détachée du 11o corps, venait d'arriver à Wilna. Pour empêcher la réunion de toutes ces forces, qui auraient composé une armée presque égale en nombre à celle de l'amiral, il fallait se hâter de se porter sur Minsk. Le 31, le comte Lambert quitta Neswige avec une partie de son avant-garde, et passant par Gorodeza, il suivit un chemin de traverse qui le conduisit à Golowtchina, situé à quatre werstes de Nowoï-Swergenn. Le général Woïnof vint à Koréliczi, et le comte Orourk poussa jusqu'à Tourets. L'amiral, avec la réserve, arriva à Neswige, où il fut joint par le détachement du général Liders venu de Pinsk, et composé d'un régiment d'infanterie et d'un de hulans. Le 1er novembre, à cinq heures du matin, le comte Lambert se remit en marche pour attaquer le général Kossecki, qui venait de s'affaiblir encore par deux détachements envoyés à Mir et sur la route de Neswige, pour observer la marche des Russes. Les ennemis, attaqués à l'improviste, furent défaits et rejetés au-delà du Niémen, sans avoir eu le temps d'en rompre le pont. Le détachement poussé sur la route de Neswige, fut coupé et détruit; celui qui sè trouvait à Mir éprouva le même sort. Pressé d'un côté par le comte Orourk, et de l'autre par un détachement que le comte Lambert dirigea de Nowoï-Swergenn sur Mir, il se vit obligé de mettre bas les armes. La défaite de cette journée coûta à l'ennemi près de 800 prisonniers et un grand nombre de tués. La perte des Russes ne fut que de quarante-deux hommes. Le comte Lambert passa la nuit à Nowoï-Swergenn; le général Woïnof et le comte Orourk à Mir. Le 2 novembre, le comte Lambert s'établit à Micouliczi, après avoir enlevé un poste ennemi qui occupait ce village. Le comte Orourk vint à Jaczenka sur le chemin de Roubégéwiczi. Le général Woïnof se porta à Stolbtsy. Le détachement du général Tschaplits envoyé de Neswige pour flanquer à droite la marche de l'armée, pénétra jusqu'à Pessoczna. Le général Kossecki, qui s'était retiré à Koïdanow, se sentant avec raison hors d'état d'arrêter la marche des Russes, avait sollicité en vain du gouverneur de Minsk la permission de continuer sa retraite, pour se rallier à la division Dombrowski, qui était en marche sur Minsk. Le général Bronikowski, persistant dans son inconcevable aveuglement, s'opiniâtra à croire que ce n'était qu'un corps volant des Russes qui s'avançait sur Minsk, et il ordonna au général Kossecki de tenir ferme à Koïdanow. Le 3, le comte Lambert, avec sa cavalerie et douze pièces d'artillerie à cheval, se porta sur ce bourg. Kossecki, attaqué par des forces supérieures, fut complètement défait. Ses colonnes, coupées et entourées par la cavalerie russe, furent obligées de mettre bas les armes. Deux deux drapeaux et près de 3 mille prisonniers tombèrent entre nos mains. Les ennemis eurent près de mille hommes tués. Le général Kossecki n'arriva à Minsk qu'avec environ 500 hommes. La perte des nôtres fut aussi insignifiante qu'à l'affaire de Nowoï-Swergenn, et ne s'éleva qu'à quarante-huit hommes hors de combat. La cavalerie du comte Lambert poussa le même jour jusqu'à Griczin. Le comte Orourk vint à Wolma, et le général Woinof à Roubégéwiczi. L'amiral avec la réserve se porta à Otséda près de Kolossow. Le général Tschaplits vint à Ouzda. Le 4 (16 novembre), le comte Lambert marcha sur Minsk. Il ne restait au général Bronikowski pour la défense de cette ville que 2 mille hommes environ, même en y comprenant les débris du détachement de Kossecki. Le gouverneur comprit enfin qu'avec cette poignée de monde il ne pouvait défendre une ville ouverte: il l'évacua à l'approche des Russes, et se replia sur Borissow. Le même jour le comte Lambert occupa Minsk, où il trouva dans les hôpitaux 2 mille 300 malades, et des magasins immenses de munitions de guerre et de bouche, que l'ennemi, dans sa consternation, ne songea ni à évacuer ni à détruire. Le général Dombrowski, qui accourait de Sloutsk au secours de Bronikowski, se trouvait déja à Smélo; mais ayant appris la perte de Minsk, il retourna sur ses pas et se dirigea vers Bérézino. Le général Woïnof vint à Wolma, et le comte Orourk à Rakow, d'où il poussa le colonel Paradowskoï avec un régiment de dragons et un de kosaques sur la route de Wilna à Minsk. L'amiral, avec la réserve, se posta à Koïdanow. Le général Tschaplits vint à Doudiczi. Le 5, l'amiral avec la réserve arriva à Minsk. Le général Woïnof se porta à Semkowa, et le comte Orourk à Gorodok. Le colonel Paradowskoï, posté à Radochkowiczi, recueillit près de 2 mille fuyards, qui, de Minsk, cherchaient à percer sur Wilna. Le général Tschaplits vint à Samokhwolowiczi. Le général Ertel, qui devait rejoindre l'armée de l'amiral avec son corps fort de 12 mille hommes, se prévalant de quelques obscurités dans l'ordre qu'il avait reçu, demeura à Mozyr en attendant de nouveaux éclaircissements, et se borna à pousser sur Minsk un détachement de six bataillons, de quatre escadrons et d'un régiment de kosaques. L'amiral, mécontent de sa conduite, donna le commandement de son corps au général-major Touczkof, qu'il envoya à Mozyr. Le 6, les troupes de l'amiral séjournèrent, à l'exception du détachement de Tschaplits, qui vint à Minsk. Le 7, le comte Lambert, renforcé du 7o régiment de chasseurs, de celui de Witebsk infanterie, et d'une compagnie d'artillerie, se remit en marche, et vint à Joukhnowka. Le général Tschaplits, destiné à éclairer la gauche, fut poussé sur Zembin, et pénétra jusqu'à Prilépy. Le colonel Loukoffkin, avec son régiment de kosaques, fut détaché sur la droite vers Jgoumen, pour observer la marche de Dombrowski. Le colonel Paradowskoï rejoignit le comte Orourk. Le 8, le comte Lambert vint à Jodin; sa cavalerie légère pénétra jusqu'à Oupéréwiczi. Le comte Langeron, avec la réserve, se porta aussi à Jodin. Le général Tschaplits occupa Zembin. Le général Woinof, avec tout son corps, marcha à Antopolié, où l'amiral transféra aussi son quartier-général. Le colonel Loukoffkin ayant trouvé à Jgoumen le détachement venu de Mozyr, en prit le commandement, et se porta à Jourewiczi, se dirigeant sur Oucha, pour tâcher de couper l'arrière-garde de Dombrowski, qui de Bérézina filait sur Borissow. Le général Bronikowski s'était replié sur cette ville. Son détachement, renforcé par quelques bataillons de cadres venus de Moscou qu'il recueillit dans sa route depuis Minsk jusqu'à Borissow, se trouva de nouveau fort de 3 mille hommes. Les ouvrages de la tête de pont sur la Bérézina, que les Russes, dans leur retraite au mois de juillet, avaient abandonnés à moitié achevés, furent occupés par un bataillon du 95 régiment français; le reste du détachement de Bronikowski demeura à Borissow, où il fut encore joint par quelques bataillons de cadres, dont Bronikowski confia le commandement au général Pampelone, avec ordre de se porter sur la route de Staroï-Borissow à Wesselowo pour surveiller la haute Bérézina. Le général Dombrowski, arrivé le 8 à Glivin, apprit que les Russes s'approchaient de Borissow, et il se remit en marche sur-le-champ pour voler au secours de ce point important. Vers minuit il arriva près de la ville, et se posta à la droite des retranchements sur le chemin de Borissow à Stakhow, avec six bataillons et six escadrons; un bataillon et deux escadrons qui, sous les ordres du général Pakosz, formaient son arrièregarde, se trouvaient encore en arrière. Le 9, à la pointe du jour, le comte Lambert parut devant les retranchements de la tête de pont, qu'il se disposa à attaquer. Les 14o et 38o régiments de chasseurs devaient assaillir, le premier la droite, le second la gauche des ouvrages; le 7o était destiné à se porter sur le centre, après que les attaques de flanc auraient réussi. Deux batteries de douze pièces chacune protégeaient la marche des colonnes russes. Deux régiments d'infanterie qui restaient de l'avant-garde, et toute la cavalerie, demeurèrent en réserve sur la route de Jodin. Le bataillon du 95o qui gardait la tête de pont se laissa surprendre et fut poussé jusqu'au pont. Le 14o de chasseurs se logea dans la redoute qui appuyait la droite des ouvrages; mais le 38°, qui avait aussi pénétré dans les retranchements, fut culbuté par un bataillon wurtembergeois accouru de Borissow au secours des troupes attaquées. Le comte Lambert fut obligé de soutenir le 38 par le 7o, qu'il mit sous les ordres du général Engelhardt. Ce général, qui sé porta en avant avec résolution, trouva la mort au pied des retranchements ennemis; mais ses troupes se logèrent de nouveau dans la redoute de la gauche des ouvrages. Cependant le général Dombrowski, voyant que les troupes qui occupaient la tête de pont ne se trouvaient pas en état de résister aux Russes, résolut de leur porter du secours en se prolongeant par sa gauche. Pendant qu'il exécutait ce mouvement, une de ses colonnes poussa du village de Dymki, en avant, vers le chemin de Borissow à Logoïsk, pour couper la retraite au 14 de chasseurs. Le comte Lambert opposa à cette colonne le 13° de chasseurs tiré de la réserve. Ce régiment repoussa les ennemis, et les rejeta dans le bois qui s'étend vers Zembin. Toute l'attention des Russes n'était plus dirigée que sur l'attaque des retranchements, défendus maintenant par le gros de la division Dombrowski, lorsque le général Pakosz, avec son arrière-garde venant de Jouchkéwiczi, parut sur leur droite; en même temps, la colonne ennemie, repoussée dans le bois après en avoir longé la lisière, menaça de prendre à revers notre gauche. Le comte Lambert n'avait plus d'infanterie disponible que le régiment de Witebsk; il en envoya un bataillon, avec quatre escadrons de hussards d'Alexandrie, et douze pièces d'artillerie à cheval, à la rencontre
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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