L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 24 Fév 2021 23:57 
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Bruno Roy-Henry a écrit :
Faites-vous allusion à l'affaire du "Parc-Carré"; dans le Morbihan, savoir l'enlèvement de l'évêque Pancemont, le 23 août 1806 ?

Tout à fait, une affaire peu connue qui survient au début de l'Empire
J'ai d'ailleurs réalisé une modeste intervention à ce sujet, visible sur ma chaine YouTube :4:
(par contre, de mémoire, je n'y fais pas allusion à Castellane cité à la toute fin de l'article de Claude Langlois)
https://www.youtube.com/watch?v=z0cJI5mVsks&t=116s


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Message Publié : 04 Mars 2021 10:36 
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Napoléon a commis une lourde faute en confiant le commandement de l'armée à Murat ! Eugène aurait fait mieux, à défaut de Davout... Le roi de Naples a foutu le camp à Wilna, réduisant à néant toute chance de résister aux Russes !!!


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Message Publié : 04 Mars 2021 11:45 
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L'Empereur a hésité entre Murat et Eugène. C'est Berthier qui a insisté pour que ce soit Murat, il pensait qu'il fallait une chef de haute stature avec du charisme pour en imposer aux troupes et aux maréchaux ! De plus, en ne choisissant pas Murat, Napoléon était obligé de l'emmener avec lui. Il n'était pas très désireux de le voir partir pour Naples pour y comploter. Il n'en demeure pas moins que cette décision s'est, en effet, révélée catastrophique. Murat ne faisait rien, ne donnait aucun ordre, répliquant à Berthier qui le suppliait de commander de le faire lui-même...

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Message Publié : 03 Mai 2023 20:10 
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Citer :
Il ne pouvait pas de lui-même marcher jusqu'à Torres-Vedras. Il lui aurait fallu 20 jours pour en revenir et gagner la Pologne. Autant pour que la nouvelle de l'attaque russe lui parvienne. C'était 40 jours au moins laissés aux Russes pour prendre Varsovie et entraîner Prusse et Autriche dans la guerre. Il a calculé qu'il valait mieux les avoir avec lui que contre lui...


Il a été indiqué qu'il n'était pas du tout évident que Napoléon ait pu revenir rapidement en quelques jours de Torres-Vedras ; quelques centaines de guerrilleros (voire quelques milliers) auraient été en mesure de l'intercepter avec son escorte militaire... Le délai de 20 jours pour réapparaître au coeur de l'Allemagne aurait été tout théorique et susceptible de prendre beaucoup plus de temps, même en admettant que la prise de risque ne fut pas pour effrayer l'empereur.

C'est une objection valable, en effet. Et c'est sans-doute pourquoi Napoléon n'a pas retenu l'hypothèse portugaise...

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Message Publié : 31 Mai 2023 17:02 
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Affaire capitale que cette campagne de Russie... Du moment que l'Empereur n'avait pas réussi à détruire l'armée russe, il était perdu ! S'en remettre au bon vouloir d'Alexandre, c'était jouer à la roulette belge... On comprend qu'il ait pu aller jusqu'à Moscou pour chercher la destruction de l'armée principale des Russes. Mais, après l'incendie, il aurait dû réaliser qu'il n'y avait plus d'autres solutions. Or, il ne cherche plus à affronter Koutousov et se berce d'illusions. En fait, non car il a imaginé de marcher sur Saint-Petersbourg. Mais ses principaux lieutenants y sont hostiles. Alors, pourquoi ne pas attaquer Koutousov qui s'est installé à Valoutina [Note BRH : non, c'est Taroutino] ? N'est-ce pas ce qu'il souhaitera le 19 octobre ? Au 20 septembre, l'armée n'était pas encore amollie par son séjour à Moscou. Mais l'Empereur préfère attendre une réponse du Tsar à ses ouvertures de paix. Pourquoi ne pas agir comme en 1809, à Vienne ? Il occupe le tiers de l'empire autrichien, mais il sait qu'il doit vaincre l'archiduc Charles. Ce sera chose faite à Wagram. Et là, à Moscou, il temporise... Or tout joue désormais contre lui : l'hiver qui s'approche ; les distances qui changent le cadre de la stratégie... Battre en retraite, c'est s'avouer vaincu !


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Message Publié : 31 Mai 2023 17:23 
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Citer :
Or, il ne cherche plus à affronter Koutousov et se berce d'illusions.


C'est là le noeud de la question : pourquoi ne pas aller jusqu'au bout de son objectif ? Probablement parce qu'il avait compris que Koutousov fuirait encore la bataille. Le généralissime russe avait préféré livrer Moscou plutôt que de se battre. Il était donc illusoire de rechercher une nouvelle bataille : c'était lâcher la proie pour l'ombre. En attendant mieux, il devait se contenter de l'occupation de la vieille capitale des Russes. La retraite était désormais la seule issue possible, à moins que le Czar ne se résigne à la paix. Mais que l'on retourne le problème dans tous les sens, c'était reconnaître l'échec de la campagne. Il fallait donc le dissimuler autant que possible...

Il faut tenir compte aussi de la duplicité de Koutousov qui reçoit Lauriston à son QG début octobre et qui paraît consentir à une sorte d'armistice tacite, ce qui a entretenu les illusions de l'Empereur. C'était un piège grossier, mais Napoléon s'y est laissé prendre... Le Russe a magistralement opéré, après la chute et l'incendie de Moscou. Il a pris suffisamment de distance pour éviter d'être assailli à l'improviste, au risque d'être écrasé ; puis, il s'est installé dans une bonne position (Taroutino) où il pouvait se retrancher en attendant des renforts. Enfin, il cherchait à prolonger l'occupation française à Moscou, ce qui favorisait la suite de la campagne des Russes, basée sur l'interception de la ligne de communications de la Grande Armée et son affaiblissement par l'approche de l'hiver...

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Message Publié : 01 Juin 2023 13:53 
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Ah oui ; Taroutino ! Oups... Cela dit, l'Empereur se sachant réduit à la retraite, a eu le tort de prolonger inutilement son séjour à Moscou. Il serait parti le 15 octobre, il aurait probablement gagné Smolensk sans coup férir. A preuve, le fameux convoi d'artillerie (avec des blessés), parti le 15 octobre de Moscou et qui parvînt intact à Koenigsberg le 28 novembre (source : Castelot)... Il me semble avoir lu que Napoléon attendait un courrier du Tsar pour le 20 octobre !


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Message Publié : 01 Juin 2023 15:32 
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Lire ou relire cette page :

https://www.napoleon-histoire.com/corre ... obre-1812/

Borovsk, 23 octobre 1812

26e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

Après la bataille de la Moskova, le général Koutouzov prit position à une lieue en avant de Moscou ; il avait établi plusieurs redoutes pour défendre la ville; il s’y tint, espérant sans doute en imposer jusqu’au dernier moment. Le 14 septembre, ayant vu l’armée française marcher à lui, il prit son parti et évacua la position en passant par Moscou. Il traversa cette ville avec son quartier général, à neuf heures du matin. Notre avant-garde la traversa à une heure après midi.

Le commandant de l’arrière-garde russe fit demander qu’on le laissât défiler dans la ville sans tirer : on y consentit; mais, au Kremlin, la canaille, armée par le gouverneur, fit résistance et fut sur-le-champ dispersée. 10,000 soldats russes furent le lendemain et les jours suivants ramassés dans la ville, où ils s’étaient épar­pillés par l’appât du pillage; c’étaient d’anciens et bons soldats : ils ont augmenté le nombre des prisonniers.

Les 15, 16 et 17 septembre, le général d’arrière-garde russe dit que l’on ne tirerait plus et que l’on ne devait plus se battre, et parla beaucoup de paix. Il se porta sur la route de Kolomna, et notre avant-garde se plaça à cinq lieues de Moscou, au pont de la Moskova. Pendant ce temps, l’armée russe quitta la route de Ko­lomna et prit celle de Kalouga par la traverse. Elle fit ainsi la moitié du tour de la ville, à six lieues de distance. Le vent y portait des tourbillons de flammes et de fumée. Cette marche, au dire des officiers russes, était sombre et religieuse. La consternation était dans les âmes : on assure qu’officiers et soldats étaient si pénétrés, que le plus grand silence régnait dans toute l’armée, comme dans la prière.

On s’aperçut bientôt de la marche de l’ennemi.

Le duc d’Istrie se porta à Desna avec un corps d’observation.

Le roi de Naples suivit l’ennemi d’abord sur Podolsk, et ensuite se porta sur ses derrières, menaçant de lui couper la route de Kalouga. Quoique le Roi n’eut avec lui que l’avant-garde, l’ennemi ne se donna que le temps d’évacuer les retranchements qu’il avait faits, et se porta six lieues en arrière, après un combat glorieux pour l’avant-garde. Le prince Poniatowski prit position derrière la Nara, an confluent de l’Istia.

Le général Lauriston ayant dû aller au quartier général russe le 5 octobre, les communications se rétablirent entre nos avant-postes et ceux de l’ennemi, qui convinrent entre eux de ne pas s’at­taquer sans se prévenir trois heures d’avance; mais le 18, à sept heures du matin, 4,000 Cosaques sortirent d’un bois situé à demi-portée de canon du général Sébastiani formant l’extrême gauche de l’avant-garde, et qui n’avait été ni occupé ni éclairé ce jour-là. Ils firent un hourra sur cette cavalerie légère dans le temps qu’elle était à pied à la distribution de farine. Cette cavalerie légère ne put se former qu’à un quart de lieue plus loin. Cependant, l’ennemi pénétrant par cette trouée, un parc de douze pièces de canon et de vingt caissons du général Sébastiani fut pris dans un ravin, avec des voitures de bagages au nombre de 30, en tout 65 voitures, au lieu de 100 que l’on avait portées dans le dernier bulletin.

Dans le même temps, la cavalerie régulière de l’ennemi et deux colonnes d’infanterie pénétraient dans la trouée; elles espéraient gagner le bois et le défilé de Voronovo avant nous. Mais le roi de Naples était là ; il était à cheval, il marcha et enfonça la cavalerie de ligne russe dans dix ou douze charges différentes. Il aperçut la divi­sion de six bataillons ennemis commandée par le lieutenant général Müller, la chargea et l’enfonça. Cette division a été massacrée. Le lieutenant général Müller a été tué.

Pendant que ceci se passait, le prince Poniatowski repoussait une division russe avec succès. Le général polonais Fischer a été tué d’un boulet.

L’ennemi a non-seulement éprouvé une perte supérieure à la nôtre, mais il a la honte d’avoir violé une trêve d’avant-garde, ce qu’on ne vit presque jamais. Notre perte se monte à 800 hommes tués, blessés ou pris; celle de l’ennemi est double. Plusieurs offi­ciers russes ont été pris ; deux de leurs généraux ont été tués. Le roi de Naples, dans cette journée, a montré ce que peuvent la pré­sence d’esprit, la valeur et l’habitude de la guerre. En général, dans toute la campagne, ce prince s’est montré digne du rang suprême où il est.

Cependant l’Empereur, voulant obliger l’ennemi à évacuer son camp retranché et le rejeter à plusieurs marches en arrière, pour pouvoir tranquillement se porter sur les pays choisis pour ses quartiers d’hiver, et nécessaires à occuper actuellement pour l’exé­cution de ses projets ultérieurs, avait ordonné, le 17, par le général Lauriston à son avant-garde de se placer derrière le défilé de Vinkovo, afin que ses mouvements ne pussent pas être aperçus.

Depuis que Moscou avait cessé d’exister, l’Empereur avait projeté ou d’abandonner cet amas de décombres, ou d’occuper seulement le Kremlin avec 3,000 hommes; mais le Kremlin, après quinze jours de travaux, ne fut pas jugé assez fort pour être abandonné pendant vingt ou trente jours à ses propres forces. Il aurait affaibli et gêné l’armée dans ses mouvements sans donner un grand avantage. Si l’on eût voulu garder Moscou contre les mendiants et les pillards, il fallait 20,000 hommes. Moscou est aujourd’hui un vrai cloaque malsain et impur. Une population de 200,000 âmes errant dans les bois voisins, mourant de faim, vient sur ses décombres chercher quelques débris et quelques légumes des jardins pour vivre. Il parât inutile de compromettre quoi que ce soit pour un objet qui n’était d’aucune importance militaire, et qui est aujourd’hui devenu sans importance politique.

Tous les magasins qui étaient dans la ville ayant été découverts avec soin, les autres évacués, l’Empereur fit miner le Kremlin. Le duc de Trévise le fit sauter le 23, à deux heures du matin. L’ar­senal, les casernes, les magasins, tout a été détruit. Cette ancienne citadelle, qui date de la fondation de la monarchie, ce premier palais des czars, ont été !

Le duc de Trévise s’est mis en marche pour Vereya. L’aide de camp de l’empereur de Russie, Winzingerode, ayant voulu percer, le 22, â la tête de 500 Cosaques, fut repoussé et fait prisonnier avec un jeune officier russe, nommé Nariskine.

Le quartier général fut porté le 19 au château de Troitskoïe; il y séjourna le 20. Le 21 il était à Ignatovo; le 22 â Fominskiya, toute l’armée ayant fait deux marches de flanc, et le 23 à Borovsk. L’Empereur compte se mettre en marche le 24 pour gagner la Dvina, et prendre une position qui le rapproche de quatre-vingts lieues de Pétersbourg et de Vilna, double avantage, c’est-à-dire plus près de vingt marches des moyens et du but.

De 4,000 maisons en pierre qui existaient à Moscou, il n’en restait plus que 200; on a dit qu’il en restait le quart, parce qu’on y a compris 800 églises; encore une partie en est endommagée. De 8,000 maisons en bois, il en restait à peu près 500. On pro­posa à l’Empereur de faire brûler le reste de la ville pour servir les Russes comme ils le veulent, et d’étendre cette mesure autour de Moscou; il y a 2,000 villages et autant de maisons de campagne ou de châteaux. On proposa de former quatre colonnes de 2,000 hommes chacune, et de les charger d’incendier tout à vingt lieues à la ronde.

Cela apprendra aux Russes, disait-on, à faire la guerre en règle, et non en Tartares; s’ils brûlent un village, une maison, il faut leur répondre en leur en brûlant cent. L’Empereur s’est refusé à ces mesures, qui auraient tant aggravé les malheurs de cette noble nation. Sur 9,000 propriétaires dont on aurait brûlé les châteaux, 100 peut-être sont des sectateurs du Marat de la Russie; mais 8,900 sont de braves gens déjà trop victimes de l’intrigue de quelques misérables. Pour punir 100 coupables, on en aurait ruiné 8,900. Il faut ajouter que l’on aurait mis absolument sans ressources 200,000 pauvres serfs innocente de tout cela. L’Empereur s’est donc contenté d’or­donner la destruction des citadelles et établissements militaires selon les usages de la guerre, sans rien faire perdre aux particuliers, déjà trop malheureux par les suites de cette guerre.

Les habitants de la Russie ne reviennent pas du temps qu’il fait depuis vingt jours. C’est le soleil et les belles journées du voyage de Fontainebleau. L’armée est dans un pays extrêmement riche, et qui peut se comparer aux meilleurs de la France et de l’Allemagne.





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Message Publié : 02 Juin 2023 10:27 
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Ci-joints, les 27 et 28èmes bulletins, moins connus. Ce sont des monuments de propagande destinés à rassurer la France et à calmer les ennemis potentiels. Ils ne laissent guère entrevoir le désastre qui s'enclenche...


XXVIIème BULLETIN.

Vercia, le 27 octobre 1812.

Le 22, le prince Poniatowski se porta sur Vercia. Le 23, l'armée allait suivre ce mouvement, lorsque, dans l'après-midi, on apprit que l'ennemi avait quitté son camp retranché, et se portait sur la petite ville de Maloïaroslawetz. On jugea nécessaire de marcher à lui pour l'en chasser. Le vice-roi reçut l'ordre de s'y porter. La division Delzons arriva, le 23, à six heures du soir, sur la rive gauche, s'empara du pont et le fit rétablir.

Dans la nuit du 23 au 24, deux divisions russes arrivèrent dans la ville et s'emparèrent des hauteurs sur la rive droite, qui sont extrêmement favorables.

Le 24, à la pointe du jour, le combat s'engagea. Pendant ce temps, l'armée ennemie parut toute entière, et vint prendre position derrière la ville. Les divisions Delzons, Broussier et Pino, et la garde italienne furent successivement engagées.

Ce combat fait le plus grand honneur au vice-roi et au 4e corps d'armée. L'ennemi engagea les deux tiers de son armée pour soutenir la position ; ce fut en vain; la ville fut enlevée, ainsi que les hauteurs. La retraite de l'ennemi fut si précipitée qu'il
fut obligé de jeter 20 pièces de canon dans la rivière.

Vers le soir, le maréchal prince d'Eckmûlh déboucha avec son corps, et toute l'armée se trouva en bataille avec son artillerie, le 25, sur la position que l'ennemi occupait la veille.

L'Empereur porta son quartier-général, le 24, au village de Chorodnia. A sept heures du matin, 6,000 cosaques, qui s'étaient glissés dans les bois, firent un hourra général sur les derrières de la position , et enlevèrent 6 pièces de canon qui étaient parquées. Le duc d'Istrie se porta au galop avec toute la garde à cheval : cette horde fut sabrée, ramenée et jetée dans la rivière : on lui reprit l'artillerie qu'elle avait prise et plusieurs voitures qui lui appartenaient ; 600 de ces cosaques ont été tués, blessés ou pris ; 30 hommes de la garde ont été blessés et 3 tués. Le général de division comte Rapp a eu un cheval tué sous lui ; l'intrépidité dont ce général a donné tant de preuves se montre dans toutes les occasions. Le général de brigade Wolff s'est aussi distingué. Au commencement de la charge, les officiers de cosaques appelaient la garde, qu'ils reconnaissaient, muscadins de Paris. Le major des dragons Letort s'est fait remarquer. A huit heures, l'ordre était rétabli.

L'Empereur se porta à Maloïaroslawelz, reconnut la position de l'ennemi, et ordonna l'attaque pour le lendemain, mais, dans la nuit, l'ennemi a battu en retraite. Le prince d'Eckmulh l'a poursuivi pendant six lieues ; l'Empereur alors l'a laissé aller, et a ordonné le mouvement sur Vercia.

Le 26, le quartier-général était à Borowsk, et le 27, à Vercia.

Le prince d'Eckmulh est ce soir à Borowsk ; le maréchal duc d'Elchingen à Mojaïsk.

Le temps est superbe, les chemins sont beaux; c'est le reste de l'automne. Ce temps durera encore huit jours, et, à cette époque , nous serons rendus dans nos nouvelles positions.

Dans le combat de Maloïaroslawetz, la garde italienne s'est distinguée ; elle a pris la position et s'y est maintenue. Le général baron Delzons, officier distingué, a été tué de trois balles. Notre perte est de 1,500 hommes tués ou blessés ; celle des ennemis est de 6 à 7,000. On a trouvé sur le champ de bataille 1,700 russes, parmi lesquels 1,100 recrues habillées de vestes grises, ayant à peine deux mois de service.

L'ancienne infanterie russe est détruite ; l'armée russe n'a quelque consistance que par les nombreux renforts de cosaques récemment arrivés du Don. Des gens instruits assurent qu'il n'y a dans l'infanterie russe que le premier rang composé de soldats, et que les deuxième et troisième rangs sont remplis par des recrues et des milices, que malgré la parole qu'on leur avait donnée, on y a incorporées. Les Russes ont eu trois généraux tués. Le général comte Pino a été légèrement blessé; le lieutenant-général Bailly de Monthion s'est distingué depuis le commencement de la campagne . »



XXVIIIe BULLETIN.

Smolensk, le 11 novembre 1812.

« Le quartier-général impérial était le 1er novembre à Viasma et le 9 à Smolensk. Le temps a été très beau jusqu'au 6 ; mais le 7, l'hiver a commencé, la terre s'est couverte de neige. Les chemins sont devenus très glissants et très difficiles pour les chevaux de trait. Nous en avons beaucoup perdu par le froid et les fatigues ; les bivouacs de la nuit leur nuisent beaucoup.

Depuis le combat de Maloïaroslawetz, l'avant-garde n'avait pas vu l'ennemi, si ce n'est les cosaques, qui, comme les Arabes, rôdent sur les flancs et voltigent pour inquiéter.

Le 2, à deux heures après-midi, 12,000 hommes d'infanterie russe, couverts par une nuée de cosaques , coupèrent la route à une lieue de Viasma, entre le prince d'Eckmùlh et le vice-roi. Le prince d'Eckmiilh et le vice-roi firent marcher sur cette colonne, la chassèrent du chemin , la culbutèrent dans les bois , lui prirent un général-major avec bon nombre de prisonniers, et lui enlevèrent six pièces de canon ; depuis on n'a plus vu d'infanterie russe, mais seulement des cosaques.

Depuis le nouveau temps du 6, nous avons perdu plus de 3,000 chevaux de trait et près de 100 caissons ont été détruits.

Le général Wittgenstein, ayant été renforcé par les divisions russes de Finlande et par un grand nombre de troupes de milices, a attaqué, le 18 octobre, le maréchal Gouvion-Saint-Cyr; il a été repoussé par ce maréchal et par le général de Wrede, qui lui ont fait 3,000 prisonniers et ont couvert le champ de bataille de ses morts.

Le 20, le maréchal Gouvion Saint-Cyr ayant appris que le maréchal duc de Bellune, avec le 9" corps, marchait pour le renforcer, repassa la Dwina et se porta à sa rencontre pour, sa jonction opérée avec lui, battre Wittgenstein et lui faire
repasser la Dwina. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr fait le plus grand éloge de ses troupes. La division suisse s'est fait remarquer par son sang-froid et sa bravoure. Le colonel Guéhéneuc, du 26e régiment d'infanterie légère, a été blessé. Le
maréchal Saint-Cyr a eu une balle au pied. Le maréchal duc de Reggio est venu le remplacer, et a repris le commandement du 2e corps.

La santé de l'Empereur n'a jamais été meilleure. »


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Message Publié : 05 Juin 2023 22:19 
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Le grand projet de Napoléon :

NOTES.

Moscou 1812. [1]

1° L’ennemi se dirigeant sur la route de Kief, son but est évident : c’est qu’il attend des renforts de l’armée de Moldavie. Marcher à lui, c’est agir dans le sens de ses secours, et se trouver sans points d’appui pendant les cantonnements de l’hiver, ayant notre droite et notre gauche en l’air, tandis que l’ennemi se trouverait avoir ses flancs et ses derrières assurés. Moscou, se trouvant abandonné de ses habi­tants et brûlé, n’entre plus pour nous dans aucune considération : cette ville ne peut contenir nos blessés et nos malades; les ressources qui s’y trouvent une fois épuisées, elle ne peut en fournir d’autres; enfin elle n’offre aucun moyen d’organiser le pays.

2° Toute opération sur Kalouga n’est raisonnable que dans le cas où elle aurait pour but, arrivé dans cette ville, de se déployer sur Smolensk.

3° Si l’armée se reploie sur Smolensk, est-il sage d’aller chercher l’ennemi et de s’exposer à perdre, dans une marche qui aurait l’air d’une retraite, quelques milliers d’hommes devant une armée con­naissant bien son pays, ayant beaucoup d’agents secrets et une nom­breuse cavalerie légère ? Quoique l’armée française soit victorieuse, le mouvement qu’elle ferait se trouverait tel, qu’elle aurait l’infé­riorité, puisqu’une troupe d’arrière-garde perd chaque jour des hommes, tandis qu’une avant-garde en acquiert, et qu’enfin l’arrière-garde est destinée à abandonner chaque jour le champ de bataille, perd ses blessés, ses traîneurs et ses maraudeurs.

4° A ces considérations il faut ajouter celle qu’il est probable que l’ennemi, ayant fortifié quelque bonne position et ayant déjà reçu la tête de ses renforts, peut nous disputer le terrain et donner 3 à 4,000 blessés; cela aurait bien l’air d’une défaite. Un mouvement rétrograde de cent lieues, avec des blessés et des événements que l’ennemi peindrait à son gré, lui donnerait l’avantage dans l’opinion, quoique battu.

5° Voulant se replier pour passer ses quartiers d’hiver sur la Pologne, vaut-il mieux se reployer directement par la route sur laquelle nous sommes venus ? On n’aurait pas l’ennemi sur soi; on connaît bien la route et elle est plus courte de cinq marches ; nous pouvons aller aussi vite que nous voudrons ; nous pouvons même recevoir à mi-chemin nos convois venant de Smolensk. L’armée por­terait d’ailleurs facilement quinze jours de farine, et on arriverait à Smolensk sans être obligé de marauder. On pourrait même s’arrêter à Viazma le temps que l’on voudrait ; on y trouverait des subsistances et des fourrages, en s’étendant de droite et de gauche.

Nous sommes vainqueurs, nous sommes organisés, et, si nous avions des affaires et des blessés, on serait dans la position où nous étions en venant, à l’égard des blessés qu’a eus l’avant-garde. A la vérité, on peut prévoir de l’embarras pour les fourrages; mais on s’en procurerait à deux ou trois lieues; ce ne serait donc pas là une difficulté de premier ordre.

1° Il n’y a aucune espèce de doute que, si Smolensk et Vitebsk étaient des pays comme Königsberg et Elbing, le projet le plus sage serait celui dont il vient d’être parlé ci-dessus, se rendant dans un beau pays pour y passer ses quartiers d’hiver et y refaire l’armée.

2° Dans la situation ci-dessus, on ne pourrait cependant pas se dissimuler que la guerre traînerait en longueur; mais elle tournerait bien plus en longueur vers les mauvais pays, tels que Smolensk et Vitebsk, qui offrent si peu de ressources et où on serait si médio­crement établi pour passer huit mois de quartiers d’hiver.

DE CE QU’IL CONVIENDRAIT DE FAIRE.

1° Quel but a-t-on à remplir ? 1° placer l’Empereur le plus près possible de France, et donner à l’Empire la confiance que l’Empereur est au milieu d’un peuple ami pendant ses cantonnements d’hiver ; 2° cantonner l’armée dans un pays ami, la rapprocher de ses ressources d’habillement et d’équipement; 3° se mettre dans une position qui appuie les négociations de paix que l’Empereur fait faire en menaçant Saint-Pétersbourg; 4° soutenir l’honneur des armes à la hauteur où l’a élevé cette glorieuse campagne.

2° Sans contredit, une manœuvre qui réunirait les quatre condi­tions ci-dessus serait parfaite.

Cette manœuvre serait la suivante :

Le duc de Bellune, avec son corps renforcé de quatre bataillons saxons, de deux bataillons westphaliens, de deux ou trois bataillons d’Illyrie, de deux bataillons du 129e régiment d’infanterie, ce qui doit approcher ce corps d’armée d’une force de 40,000 hommes, partirait de Smolensk le premier jour de l’opération pour se porter sur Velije et Velikié-Louki, où il pourrait arriver le huitième ou le neuvième jour ; de Velikié-Louki, le duc de Bellune prendrait sa ligne d’opérations sur Polotsk et Vitebsk. Le maréchal Saint-Cyr, partant de sa position de Polotsk, le rejoindrait en six jours de marche.

Le maréchal duc de Tarente lui enverrait, des environs de Dinabourg, une brigade d’infanterie pour le rejoindre. Le maréchal duc de Bellune, comme le plus ancien, commanderait toutes ces troupes réunies à Velikié-Louki, où, le dixième jour à partir du premier où l’expédition serait mise en mouvement, se trouverait réunie une armée de 70,000 hommes. De Velikié-Louki, l’armée du duc de Bellune tirerait ses vivres de Polotsk et de Vitebsk.

Le jour où le maréchal duc de Bellune commencerait son mou­vement, l’Empereur avec l’armée partirait de Moscou pour marcher sur Velije, passant par Voskresensk, Volokolamsk, Zoubtsov, Bieloï, pour arriver à Velije, la tête de l’armée le dixième jour de marche, et la queue le treizième ou le quatorzième. De Velije, l’armée tirerait ses vivres également de Vitebsk et de Polotsk. Ainsi, pendant que le duc de Bellune menacerait Saint-Pétersbourg de sa position de Velikié-Louki, l’armée se trouverait derrière lui sur la Dvina ; le 3e corps d’armée et le corps du duc d’Abrantès, formant au moins 15,000 hommes, se porteraient de Moscou et de Mojaïsk sur Smolensk par Viazma.

Tous les régiments de marche d’infanterie et de cavalerie qui sont en marche pour rejoindre l’armée se dirigeraient sur Vitebsk et Velije, pour se rencontrer avec l’armée et s’y incorporer à son arrivée. L’Empereur, avec sa Garde à cheval, sa jeune et vieille Garde à pied, marcherait en tête, de sorte à pouvoir se porter sur le duc de Bellune si, contre toute attente, ce secours lui était nécessaire. Enfin, le douzième jour de l’opération, c’est-à-dire du mouvement de l’armée, la position se trouverait ainsi qu’il suit :

Le maréchal duc de Bellune, avec le maréchal Saint-Cyr et une brigade du duc de Tarente, formant un corps de 60 à 70,000 hommes, serait à Velikié-Louki, ayant une avant-garde à plusieurs marches de lui, sur la route de Saint-Pétersbourg.

L’Empereur, avec la Garde et le corps du vice-roi, formant 40,000 hommes, serait à Velije.

Le roi de Naples, avec ses troupes et le corps du prince d’Eckmühl, formerait une espèce d’arrière-garde ou corps d’observation à trois journées en arrière, sur la direction de Bieloï.

L’armée ennemie ne pourrait entrer à Moscou que le sixième jour de l’opération, et déjà le général Wittgenstein serait en retraite; le duc de Bellune aurait passé la Dvina et menacerait Saint-Pétersbourg.

L’armée ennemie, arrivée à Moscou six jours après notre départ, suivrait notre mouvement pour nous livrer bataille à Velije, et alors le roi de Naples, le prince d’Eckmühl, le maréchal duc d’Elchingen nous auraient joints, tandis que les secours que l’ennemi attend de Moldavie ne l’auraient pas joint et se perdraient sur les grands che­mins. Il arriverait donc sur nous avec des forces très-inférieures qui diminueraient tous les jours, tandis que les nôtres augmenteraient.

Le duc de Bellune, cinq jours après son arrivée à Velikié-Louki, renforcé du corps qui marcherait avec l’Empereur, pourrait, s’il était nécessaire, se porter sur Novgorod.

Saint-Pétersbourg ainsi menacé, on doit croire que l’ennemi fera la paix, et, si les circonstances des mouvements de l’ennemi ne por­taient pas à avancer, on resterait à Velikié-Louki.

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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