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					| La bataille d'Orthez - 27 février 1814
 D'après "British Battles on Land and Sea" by James Grant, 3 volumes
 éditeur: Cassel Petter & Galpin, London, Paris & New York (vers 1880)
 
 Traduction: Albert Benhamou
 
 
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 Orde de bataille français - Ordre de bataille Alliés
 
 Après les affrontements autour de Bayonne en 1813, les armées ont pris leur quartier d'hiver et rien ne se passa jusqu'en février 1814 lorsque Wellington décida de tromper Soult sur sa position près de Bayonne.
 
 Le 14, la division Hill passe la Nive et oblige les Français à se retirer au nord vers St Palais. Le général Harispe laissa une garnison à St Jean Pied de Port qui fut alors assiégée par les Espagnols sous le commandement de Espoz-y-Pina, mais qui repassa ensuite la Bidassoa.
 
 Le 23 à 1 h du matin, l'aile gauche des anglais entame sa marche sur Bayonne et pousse les avant postes français devant eux. La traversée de l'Adour sur une flottille de bateaux se déroula le soir, face aux français. La précision du tir d'artillerie anglaise permit de contenir les assauts français contre les passages des anglais sur l'Adour. Le passage de l'Adour par la 1e division anglaise et la cavalerie a pris toute la journée du lendemain, le 24, jusqu'au soir. Le 26, un deuxième pont est établi par les anglais au sud de la ville, ce qui leur ouvre la route vers Bordeaux. Le soir du 27, Bayonne était assiégée par l'armée de John Rope (aile gauche anglaise).
 
 Pendant ce temps, le corps principal de Wellington passe la Gave d'Oléron en plusieurs points. Il pousse les Français hors de leur tête de pont à Peyrehorade qui était défendu par un ancien château flanqué de deux tours massives et commandant les communications dans la région entre la Gave d'Oléron et la Gave de Pau.
 
 Le corps de Soult se trouvait alors isolé sur Bayonne et voyait la route de Bordeaux ouverte aux anglais. Soult resta un temps à St Boes, village culminant sur la grande route de Dax. Cette région est parsemée de collines. La ville d'Orthez est elle-même située en retrait de la Gave de Pau et en haut d'une colline abrupte. Orthez n'avait connu aucun évènement historique majeur
 à l'exception des guerres de religion au XVIe siècle. Les Huguenots avaient alors passé la garnison par le fil de l'épée et jeté tous les moines du haut du pont.
 
 Le général Reille composait la droite et le centre français de St Boes à Orthez avec les divisions Taupin, Roquet, et Pain. Le Comte d'Erlon, avec les comtes de Foy et d'Armagnac, formait la gauche de Reille et contrôlait la route de Peyrehorade. La division Villatte et la cavalerie étaient postées auprès du village de Routun sur des collines découvertes : ils contrôlaient ainsi visuellement la droite et la gauche de l'armée française et pouvaient ainsi leur porter un appui éventuel. Le général Harispe contrôlait Orthez et le pont enjambant la Gave de Pau : il y disposa 12 canons. 12 autres canons protégeaient le centre français et la position au delà de St Boes. 16 autres canons étaient en réserve sur la route de Dax.
 
 Le 27 février au matin, Wellington passa plus d'une heure à reconnaître le terrain et la position française, à partir d'un ancien camp romain au dessus d'une colline avoisinante. Cette colline était dégarnie à cette époque, mais à présent est couverte de cultures et d'arbres.
 
 http://www.histoire-empire.org/1814/images/orthez.jpg
 
 
 
 Plan de la bataille
 
 A 9 h, Wellington ordonne l'attaque. A la gauche, les 3e et 6e divisions gagnent progressivement le terrain contre Foy et le pied des collines qu'il contrôlait, mais leur progression est lente du fait de l'escarpement de la position. A la droite, les forces de Lowry Cole attaquent St Boes avec les corps de Ross et les portugais de Vasconcellos : son but est d'ouvrir un passage sur le terrain découvert et ensuite de contourner la droite de Soult. Les engagements dans ce secteur sont féroces et à la baïonnette. Ross (qui devait ensuite tomber à La Nouvelle Orléans) réussi à mener ses forces cinq fois au travers de cette position et cinq fois est obligé de reculer au travers des morts et des mourants à cause des canons français auxquels il se heurte. Le sergent Donaldson, de la brigade des Scots, a ainsi raconté que " les Français ont opposé une résistance obstinée à l'aide d'une canonnade par laquelle beaucoup de nos hommes furent décapités ". La mêlée continue ainsi jusqu'à ce que les colonnes de Taupin arrivent en support aux cris de " Vive l'Empereur " et " Tue ! Tue ! ". Cette action force Cole à reculer des terrains découverts et se retirer sur St Boes. C'est pendant cette retraite que Ross est blessé gravement. Au même moment, une tentative de Picton, au centre, est repoussée par Foy .
 
 Ces opérations initiales durent à peu près trois heures. Soult, confiant dans sa victoire, s'exclame alors " Enfin je le tiens " en parlant de Wellington. Cependant, l'historien Napier note alors qu'un nuage noir se forme au dessus du champ de bataille et déverse un orage d'une violence inouïe. Wellington, remarquant alors la force de la position de St Boes, change de plan. Il demande à la division Arson en réserve de supporter Ross ; il retire sa 7e division ainsi que la cavalerie de Hussey Vivian en direction de la route de Dax et renforce donc cette position. En parallèle, il demande aux 3e et 6e divisions de se jeter sur la gauche française. Enfin, il demande à Colborne, qui dirige l'infanterie légère Oxford, de descendre du camp romain, de traverser les marais afin d'attaquer les flancs de la poussée française qui menaçait la position anglaise sur St Boes. Ces hommes valeureux du 52e traversent les marécages sous le feu français, se jettent ensuite, pleins de boue, sur le flanc français entre Foy et Taupin, déciment un bataillon français sur leur passage en furie, et créent un désordre dans les rangs français. Dans cette attaque furieuse, le général Béchaud est tué et Foy est gravement blessé. Le chaos français se répercute alors sur les forces de Reille qui prennent une nouvelle position en retrait. Le passage derrière St Boes est alors momentanément ouvert et Wellington en profite pour y lancer ses 4e et 7e divisions ainsi que la cavalerie de Vivian et 2 bataillons d'artillerie.
 
 De l'autre cote, les 3e et 6e divisions réussissent enfin à gagner le terrain sur d'Armagnac. Elles établissent alors une batterie d'artillerie sur une éminence qui percent les masses françaises trop agglomérées. Un escadron de chasseurs à cheval fonce, sabre au clair, sur la batterie anglaise, mais s'engage trop loin et se trouve acculé dans un cul-de-sac: hommes et chevaux sont alors décimés par le feu d'artillerie anglais.
 
 Les 3e et 7e divisions avancent alors sur un front anglais à présent unifié aux deux ailes. Soult concentre ses forces sur les collines de la route de Dax, et, avec les divisions Pain, Roquet, Taupin et d'Armagnac, il entreprend de secourir l'infanterie de Foy en désordre. Mais, dans le changement de plan de Wellington, Hill et ses 12000 hommes ont reçu l'ordre de traverser la Gave afin d'empêcher Harispe de tomber sur le flanc de sa 6e division et aussi afin de lancer une attaque finale pour gagner la victoire. Le corps de Hill traverse la Gave au niveau de Souars, occupe les hauteurs au dessus de la rivière et bloque ainsi toute retraite française sur la route de Pau.
 
 Soult s'aperçoit de sa position précaire et ordonne une retraite générale. Ce mouvement est néanmoins hasardeux du fait de la géographie de la contrée. Le progrès de la retraite française se fait donc lentement, pas à pas, en laissant beaucoup de morts de part et d'autre des deux camps. Mais Hill, voyant le mouvement rétrograde des français, fait alors avancer rapidement sa division et parvient à l'éminence opposée à la retraite française. Devant ce danger imminent de voir leur retraite coupée, la retraite française devient plus rapide et confuse. Mais Hill force le pas contre les français. Les français debandent alors en toutes directions, vers la Gave, et vers Sault de Navailles.
 
 Il est alors 15 h. La cavalerie anglaise se mêt à la poursuite des français et le 7e hussard tombe d'abord sur le corps de Harispe. Pendant une des charges, 300 soldats sont sabrés et 2000 jetent leurs armes. Plus loin, le 7e Hussard prend 17 officiers et 700 hommes près de Sault de Navailles. La poursuite continue vers la rivière Luy de Bearn, à 7 km du champ de bataille. Donaldson narre qu' " il y a tant de soldats qui mettent leurs armes au sol qu'il devient difficile de se frayer un passage ".
 
 A la tombée de la nuit, le gros des troupes de Soult réussit cependant à passer la Luy de Bearn. Wellingtona été lui aussi blessé, par balle, au dessus du fessier. Soult continue sa retraite pendant la nuit jusqu'à St Sever, en détruisant tous les ponts derrière lui.
 
 Le lendemain, Wellington continue la poursuite sur trois colonnes. A St Sever, les Français se sont retranchés au delà de la rivière et ont detruit le pont. Soult continue au nord sur l'Adour et envoie le général Clausel dans Aire sur Adour en amont de la rivière, avec ses magasins et son artillerie. Wellington envoie alors Hill, avec ordre de capturer ou détruire ce corps français. Il arrive en vue de Aire le 2 mars à 3 h du matin. Aire est une ville antique qui possède les ruines du château d'Alaric le Wisigoth. Elle se situe sur les flancs d'une colline sur la rive gauche de l'Adour. Les forces de Hill consistent en deux divisions d'infanterie, une brigade de cavalerie, et quelque artillerie à cheval. Clausel l'attend de pied ferme avec les divisions Villate et Harispe ainsi que des pièces de canon en position sur une cote raide et couverte de bois. Sur la gauche, s'étend une plaine où se trouve la route de Pau. Sur la droite, un ravin escarpé empêche tout mouvement en cette direction.
 
 William Stewart, connu sous le sobriquet de Old Grog Willie à cause des rations de rhum qu'il donnait à ses soldats en marche, commence l'attaque sur le flanc droit. Une brigade portugaise commandée par Da Costa attaque le centre. Alors que Stewart gagne le flanc droit, l'attaque de Da Costa est repoussée à la baïonnette au sommet de la colline. Stewart lui envoie alors le 50e Régiment et le 92e Highlander en renfort. Le nouvel assaut repousse les français sur leurs réserves. Harispe est repoussé en désordre vers la rivière, Lees et Villatte au travers de la ville de Aire, qui est ensuite prise par le colonel Cameron et ses Highlanders. Deux généraux français, Dauture et Gasquet, sont blessés. Tous les conscrits d' Harispe jettent leurs armes et retournent dans leurs foyers. Les canons et les magasins sont saisis par Hill.
 
 Par sa vaillante conduite et la discipline imposée à ses soldats à la suite de la prise de Aire, le colonel John Cameron fut honoré par le Roi.
 
 L'armée du maréchal Soult a été battue aux batailles d'Orthez et d'Aire; ses officiers ont perdu confiance, ses conscrits ont fui l'armée, ses vétérans ont été dispersés, et ses magasins ont été capturés. Soult se dirige alors vers Toulouse pour opérer une jonction avec l'armée de Suchet en provenance de Catalogne.
 
 Les pertes en hommes furent, des deux cotés, importantes: 2472 tués ou blessés, 1346 prisonniers du coté français, 1941 tués ou blessés, 79 prisonniers du coté des alliés (Digby Smith)
 
 Le 12 mars, le marshal Beresford et le duc d'Angoulême entrent dans la ville de Bordeaux à la tête des 4e et 7e divisions. L'accueil de la population est très enthousiaste et le drapeau blanc des Bourbons a déjà remplacé le drapeau tricolore. Louis XVIII y est officiellement proclamé Roi de France. Wellington, jugeant que la situation à Bordeaux ne nécessite pas une force importante, rappelle Beresford pour poursuivre les Français sur Toulouse. Georges, le comte de Dalhousie, ainsi que 5000 hommes restent sur Bordeaux.
 
 
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 À Orthez, Le Vieux-Pont, qui couvrait l'entrée de la ville lors des combats du 27 février 1814, existe toujours. À la sortie de la ville, sur la droite de la route qui mène à Dax, un monument rappelle les évènements. Plus loin (3 km environ), au croisement des départementales 947 et 46, monument érigé à l'emplacement où le général Foy fut blessé.
 
 Notre ami Albertuk serait-il étranger à cette traduction ?
   
 Ordre de bataille français à Orthez
 
 Sous le commandement du maréchal Soult, sont réunis environ 35000 hommes
 
 (Source: Digby Smith - Napoleonic Wars Data Book)
 
 Reilhe
 Marinsin
 Barbot 4e léger 3700 hommes
 
 50e ligne
 40e ligne
 Rouget 27e ligne
 34e ligne
 59e ligne
 Taupin
 
 Rey
 12e léger
 5455 hommes
 
 32e ligne
 43e ligne
 Gasquet 47e ligne
 
 55e ligne
 58e ligne
 Clauzel
 Villate
 Saint-Pol 21e léger 5084 hommes
 
 86e ligne
 96e ligne
 106e ligne
 Lamorandière 103e ligne
 119e ligne
 28e léger
 Harispe
 Dauture 9e léger
 25e léger
 34e léger
 Baurot 10e ligne
 45e ligne
 81e ligne
 115e ligne
 116e ligne
 117e ligne
 Drouet d'Erlon
 Foy
 
 Darmagnac
 Fririon 76e ligne 3839 hommes
 
 
 
 69e ligne
 36e ligne
 Berlier 65e ligne
 39e ligne
 Lescur 31e léger 5022 hommes
 
 75e ligne
 51e ligne
 Menne 118e ligne
 120e
 Cavalerie
 Paul Soult 15e chasseurs 7270 hommes
 21e chasseurs
 22e chasseurs
 Réserve (Travot)
 Pourrailly et Vuillemont Nouvelles recrues
 
 Ordre de bataille des Alliés à Orthez
 
 Sous le commandement du marquis de Wellington, sont réunis environ 26.800 anglais et 17.600 portugais
 
 (Source - Digby Smith - Napoleonic Wars Data Book)
 
 2e Division
 (Stewart)
 Brigade Barnes 2013 hommes 7780 hommes
 
 Brigade Byng 1805 hommes
 
 Brigade O'Callapghan 1664 hommes
 Brigade Harding 2298 hommes
 3e Division
 (Picton)
 Brigade Brisbane 2491 hommes 6626 hommes
 Brigade Keane 2006 hommes
 Portugais power 2129 hommes
 4e Division
 (Cole)
 Anson 1814 hommes 5952 hommes
 Ross 1735 hommes
 Portugais Vasconcellos 2385 hommes
 6e Division
 (Clinton)
 Pack 1415 hommes 5571 hommes
 Lambert 2300 hommes
 Portugais Douglas 1856 hommes
 7e Division
 (Walker) Gardiner 1865 hommes 5643 hommes
 Inglis 1420 hommes
 Portugais Doyle 2358 hommes
 Division légère
 (Alten) 52e et 95e 1777 hommes 3480 hommes
 Portugais 1703 hommes
 Division Portugaise
 (Le Cor)
 Da Costa 2109 hommes 4465 hommes
 
 Buchan 2356 hommes
 Cavalerie
 (Stapleton Cotton)
 Fane 765 cavaliers 3373 cavaliers
 Vivian 989 cavaliers
 Somerset 1619 cavaliers
 
 Nous remercions Robert Ouvrard et le site histoire-empire.org de cette éminente contribution.
 
 
 
 
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