L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Combat d'Etauliers...
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6 avril 1814: le général L'Huillier et ses 2.000 hommes sont battus par les 2.500 hommes du général anglais Dalhousie. Les Français perdent 20 officiers, 300 hommes et 2 canons. Les alliés ne perdent qu'une vingtaine d'hommes.

Source: Dictionnaire des batailles de Napoléon par Alain Pigeard.

Etauliers se situe au nord de la Dordogne, au nord-est de Blaye, dans le département de la Gironde et à proximité de la Charente-Maritime.

Les pertes françaises données par Pigeard me paraissent trop élevées...


Dernière édition par Bruno Roy-Henry le 19 Fév 2007 15:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message : Biographie du général...
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François L'Huillier de Hoff, né le 21 janvier 1759, à Cuisery (Saône-et-Loire), militaire français.

Il servit d'abord comme soldat dans le régiment du Roi-Infanterie depuis le 19 mars jusqu'au 8 septembre 1786, époque à laquelle il obtint son congé et fit, sur les côtes de l'Océan, les campagnes de 1779, 1780, 1781, 1782 et 1783, sous les ordres de Bouillé.

Lorsqu'une coalition vint menacer les frontières françaises, il s'empressa de reprendre les armes et fut nommé chef de bataillon, commandant le 8e bataillon de Saône-et-Loire, le 11 vendémiaire an II. Il fit à l'armée des Alpes la campagne de l'an II, et celles des ans III, IV et V à l'armée d'Italie.

Désigné par le général en chef pour commander le 13e bataillon de grenadiers le 9 prairial an III, il se distingua à la tête de ce corps d'élite, dont il conserva le commandement jusqu'au 1er nivôse an IV, époque à laquelle il rentra dans le 8e de Saône-et-Loire. Le 16 prairial suivant, incorporé dans la 85e demi-brigade , il continua de faire partie de l'armée d'Italie.

Le 27 brumaire an V, il combattit à Rivoli; mais, blessé d'un coup de feu à la jambe gauche, il tomba au pouvoir de l'ennemi, et ne fut échangé que le 1er messidor suivant.

Embarqué avec l'armée expéditionnaire d'Orient, il fit en Égypte et en Syrie les guerres des ans VI, VII, VIII et IX, se trouva à la descente de l'île de Goso (Malte), aux affaires d'Alexandrie, les 14 et 17 messidor an VI, à la bataille des Pyramides, le 3 messidor suivant, et fut dirigé sur Alexandrie, d'où Marmont l'envoya à Rosette.

Le 7 thermidor an VII, il contribua à la bataille d'Aboukir, fut ensuite envoyé au Caire, et plus tard au camp de Salahieh, qu'il ne quitta qu'après la violation de la convention d'El-Arich. Le 29 ventôse an VIII, il se distingua à la bataille d'Héliopolis, où les Turcs eurent une défaite complète.

Il se trouva à la prise du Caire le 7 floréal suivant, et fut nommé chef de brigade de la 75e de ligne, par le général en chef Menou, le 1er vendémiaire an IX.

Le 18 ventôse de cette dernière année, un corps de 12 000 Anglais, sousle commandement du général Abercrombie, ayant opéré son débarquement près d'Aboukir, L'Huillier, à la tête de la 75e marcha à sa rencontre et déploya dans cette circonstance la plus éclatante bravoure. Il fut blessé le 30 du même mois à la bataille d'Alexandrie.

Rentré en France par suite de la capitulation conclue le 12 fructidor an IX, et confirmé dans son grade de chef de brigade par arrêté des consuls du 16 messidor an X, il fut employé au camp de Saint-Omer sous les ordres du maréchal Soult pendant les ans XII et XIII.

Nommé membre de la Légion-d'Honneur le 19 frimaire an XII, il devint officier de l'Ordre le 25 prairial suivant, et fut désigné pour faire partie du collège électoral du département de Saône-et-Loire.

Il fit les campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne, de l'an XIV à 1807, se fit remarquer à Austerlitz, où il fut blessé d'un coup de feu à la cuisse droite. L'Empereur le nomma commandant de la Légion-d'Honneur le 4 nivôse an XIV, et chevalier de la Couronne de Fer le 12 janvier 1807.

Le 6 février suivant, à Hoff, il soutint pendant plusieurs heures un combat très-meurtrier contre l'arrière-garde russe, et y reçut un coup de feu à la poitrine. Sur le rapport qui fut fait de la conduite du colonel L'Huillier, l'Empereur le nomma général de brigade le 10 du même mois, pour être employé au 3e corps de la Grande Armée.

Créé baron de l'Empire par décret du 19 mars 1808, il prit part aux opérations de l'armée d'Allemagne pendant la guerre de 1809.

Promu au grade de général de division le 31 juillet 1811, et désigné pour être employé à l'armée du Midi, en Espagne, cette désignation n'eut pas de suite, et, le 10 septembre de la même année, il fut appelé au commandement de la 11e division militaire (Bayonne) qu'il conserva jusqu'en 1814.

Nommé chevalier de Saint-Louis par Louis XVIII, le 14 novembre, il fut admis à la retraite le 24 décembre de la même année, et fut créé grand officier de la Légion-d'Honneur le 17 janvier 1815.

Lors de son retour de l'île d'Elbe, l'empereur Napoléon Ier lui confia le commandement de la 10e division militaire (Toulouse), par décret du 21 mai.

Au second retour, une ordonnance royale du 26 juillet remplaça le général L'Huillier et le mit à la retraite à compter du 1er janvier 1816.

Le gouvernement, par une ordonnance du 12 février 1817, insérée au Bulletin des Lois, 7e série, t. IV, page 144, a autorisé le général L'Huillier à s'appeler dorénavant L'Huillier de Hoff.

Il est mort à Orléans le 8 mai 1837.


Etat de services [modifier]
23 septembre 1800 : Chef-de-Brigade du 75e demi-brigade d'infanterie de ligne
1803 : Colonel du 75e régiment d'infanterie de ligne
10 février 1807 : General-de-Brigade
31 juillet 1811 : General-de-Division
24 décembre 1814 : Admis à la retraite

Décorations, titres, honneurs,...
19 frimaire an XII : Fait membre de la Légion d'honneur
25 prairial an XII : Fait officier de la Légion d'honneur
4 nivose an XIV : fait Commandant de la Légion d'honneur
12 janvier 1807 : chevalier de la Couronne de Fer
26 octobre 1808 : Baron d'Empire, de Hoff (du nom d'une bataille ou il s'est particulierement distingué)
14 novembre 1814 : Fait chevalier de Saint-Louis
17 janvier 1815 : Fait Grand officier de la Légion d'honneur

Source
« François L'Huillier de Hoff », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852


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Message Publié : 19 Fév 2007 15:28 
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Comme on doit bien le penser, cette défaite d'Etauliers fut facilitée par les menées royalistes et découle des manoeuvres opérées pour faire tomber Bordeaux:

"
[Note 28: Le conseil royal était composé de MM. Taffard, Lynch, de
Gombauld, de Budos, Alexandre de Saluces, de Pommiers, Queyriaux aîné et
Luetkens.]

Il arriva le soir. M. Bontemps-Dubarry était parti le matin, envoyé par
M. Taffard, sous prétexte de commerce, pour avertir lord Wellington que
la ville de Bordeaux était sans défense, que l'on désirait vivement la
présence de monseigneur le duc d'Angoulême. Ce rapport acheva de décider
lord Wellington; il ordonna au maréchal Beresford de se diriger, avec
trois divisions, sur Bordeaux. M. Bontemps revint sur-le-champ rendre
compte de sa mission; il courut de grands risques de Saint-Sever à
Bordeaux, et ne s'en tira que par beaucoup de courage et de sang-froid.
Le lendemain de son départ, l'armée anglaise se mit en marche, et M.
de La Rochejaquelein, qui partait avec l'avant-garde, alla prendre les
derniers ordres de S.A.R.: monseigneur lui dit que lord Wellington,
qu'il venait de quitter, était toujours persuadé que Bordeaux n'oserait
pas se déclarer. Alors M. de La Rochejaquelein affirma que Bordeaux
ferait le mouvement; qu'il en répondait sur sa tête; qu'il lui demandait
seulement la permission de précéder les Anglais de trente-six heures.
«Vous êtes donc bien sûr de votre fait?--Autant qu'on peut l'être d'une
chose humaine.» Monseigneur reprit vivement: «J'ai confiance en vous;
partez.»

M. de La Rochejaquelein se tint avec les troupes légères jusqu'à Langon
d'où il alla chez M. Alexandre de Saluces, à Preignac; de-là, M. de
Valens[29] lui servit de guide pour entrer dans la ville, à travers des
détachemens de troupes françaises et de gendarmerie, et il arriva à
Bordeaux, le 10 mars, à dix heures du soir. Il apprit que le conseil
venait d'envoyer prier le maréchal Beresford de retarder son mouvement,
afin qu'on eût le temps de mieux préparer les esprits, de prendre des
mesures, de réunir les royalistes des environs à ceux de la ville, etc.
M. de La Rochejaquelein représenta vivement l'inconvénient de ce délai;
qu'il ne fallait pas laisser le temps de la réflexion aux esprits
timides; qu'on devait profiter de l'élan des royalistes; que c'était par
un mouvement spontané que l'opinion de la ville se manifesterait. On
revint à son avis, et successivement MM. Luetkens, François Queyriaux,
Valens, d'Estienne et de Canolle, furent envoyés à la rencontre du
prince et des Anglais, pour les supplier de hâter leur marche.

[Note 29: Aujourd'hui garde-du-corps de la compagnie du duc de
Luxembourg.]

Pendant ce temps, toutes les autorités supérieures avaient quitté
Bordeaux, ainsi que le peu de troupes qui y étaient. Cette ville n'avait
aucune défense du côté des landes. Le gouvernement avait cependant
envoyé M. Auguste Baron pour fortifier la rivière de Leyre; mais,
tout dévoué au roi, il ne s'occupa qu'à rejoindre Monseigneur le duc
d'Angoulême.

Enfin le 12, à huit heures du matin, tout fut prêt pour recevoir
Monseigneur le duc d'Angoulême; on se réunit à l'hôtel-de-ville. Les
hussards anglais commençaient à entrer dans la ville; on craignit
qu'arrivant ainsi, avant que les habitans fussent prévenus de ce qui
allait se passer, il n'en résultât quelque inconvénient; M. de La
Rochejaquelein monta vite à cheval avec M. de Pontac, et se rendit
auprès du maréchal Beresford, pour le prier de faire sortir les
hussards, afin que le mouvement royaliste fût fait avant l'entrée des
Anglais. Il l'obtint, et demeura avec le maréchal. M. de Puységur resta
à l'hôtel-de-ville pour y proclamer le roi en même temps qu'il le serait
hors des portes.

La garde royale avait eu ordre de se rendre sur la route avec des
armes cachées; les chefs suivaient, sans affectation, le cortége de la
municipalité. M. Lynch était en voiture; il descendit hors la ville,
et dit en substance au maréchal, que s'il entrait à Bordeaux comme
vainqueur, il lui laissait prendre les clefs, n'ayant nul moyen de les
défendre; mais que si c'était au nom du roi de France et de son allié le
roi d'Angleterre, il les lui remettrait avec joie. Le maréchal répondit
qu'il avait l'ordre d'occuper et de protéger la ville; qu'elle était
libre de prendre le parti qu'elle voudrait. Aussitôt M. Lynch cria vive
le roi! et mit la cocarde blanche; toutes les personnes de la garde
royale en firent autant: on vit au même instant le drapeau blanc arboré
sur le clocher de Saint-Michel par plusieurs royalistes qui l'y avaient
apporté la veille et s'y étaient enfermés. Aussitôt on répandit
parmi les royalistes et les curieux qui avaient suivi M. Lynch, que
Monseigneur le duc d'Angoulême arriverait dans la journée. Alors les
cris de vive le roi! furent universels; chacun se faisait des cocardes
de papier blanc, et courait dans les rues en annonçant cette nouvelle
imprévue. Quand, une heure après, M. le duc de Guiche annonça
Monseigneur le duc d'Angoulême, la joie anima tous les cours; et
oubliant tout danger, on peut dire que la ville entière sortit avec M.
Lynch et son cortège. Presque tout le monde se jetait à genoux; des gens
du peuple criaient: «Celui-là est de notre sang!» Tous voulaient
toucher ses habits et son cheval; on le porta, pour ainsi dire, dans
la cathédrale où l'attendait Monseigneur l'archevêque; il fut pendant
quelques momens séparé de sa suite, et pensa être étouffé par la foule.

Cependant, le premier des voeux, comme le premier des besoins, était
de faire parvenir, en Angleterre, au roi de France, une si importante
nouvelle. Cette honorable mission fut confiée, au nom de la ville, à M.
Both de Tauzia, adjoint du maire, qui, ami de M. Luetkens, et confident
des projets des chefs royalistes, avait, par son zèle et ses soins
vigilans, si utilement contribué à préparer le 12 mars. Monseigneur le
duc d'Angoulême lui adjoignit M. de la Barthe, qui l'avait accompagné à
Bordeaux.

Leur traversée fut si heureuse, que, partis de cette ville le 14 mars,
et, obligés d'aller s'embarquer au port du Passage en Espagne, ils
arrivèrent à Hartwell le 25 [30].

[Note 30: C'était le jour de l'Annonciation. On célébrait la messe.
Le roi et Madame n'interrompirent pas leurs prières, malgré les cris
de vive le roi! qui retentissaient dans les cours, et la vue de la
cocarde blanche. La piété de Madame, duchesse d'Angoulême, ne
manqua pas d'observer une si remarquable époque. Ainsi, par un de ces
singuliers rapprochemens que la Providence semble quelquefois se plaire
à ménager pour manifester sa protection, surtout dans les événemens
extraordinaires, le même jour de l'Annonciation, on annonça à Bordeaux
la nouvelle importante de l'heureuse entrée de MONSIEUR en France par
la Franche-Comté; à Paris, celle de la rupture des négociations de
Châtillon; et au roi de France, à Hartwell, avec quel courage et quels
transports de joie son neveu avait été reçu à Bordeaux.]

Je n'avais pas le bonheur de jouir de ce spectacle; j'étais restée à
la campagne. Le souvenir de la guerre de la Vendée, qui avait commencé
vingt-un ans auparavant le 12 mars, remplissait mon ame de tant
d'émotions, que je restai plus de trente heures anéantie et dans un état
de stupeur.

Dès la veille, la petite ville de Bazas cria vive le roi! sans savoir
si Bordeaux en ferait autant, et cela, dès que le prince y arriva, et
malgré lui, car sa bonté lui faisait craindre que les royalistes ne se
compromissent par un mouvement partiel.

M. de La Rochejaquelein demanda sur-le-champ à Monseigneur le duc
d'Angoulème la permission de lever un corps de cavalerie. Le prince,
qui arrivait dans un pays ruiné et accablé de tant de sacrifices, d'où
toutes les caisses publiques avaient été emportées, et ne voulant rien
demander aux habitans, ne pouvait avoir des fonds pour former des corps
soldés; cette cavalerie se composa donc de volontaires équipés à leurs
frais. MM. Roger, François de Gombauld et de la Marthonie obtinrent
aussi la permission de former des compagnies; mais M. de La
Rochejaquelein, se regardant toujours comme destiné à combattre dans la
Vendée, ne se chargeait que provisoirement de ce commandement.

Un des premiers soins des Anglais devait être de forcer l'entrée de
la rivière, pour établir la communication des deux rives, et pour se
préserver des attaques d'une flotille assez nombreuse que l'on avait
équipée à la hâte, et qui menaçait sans cesse le Médoc et même Bordeaux.
On expédia un courrier pour Saint-Jean-de-Luz, afin que de là on
envoyât des ordres à l'escadre anglaise; mais on pensa que ces ordres
arriveraient plus tôt en faisant partir un aviso du petit port de la
Teste. Lord Dalhousie confia ses dépêches à MM. Eugène de Saluces,
Paillès et Moreau. La Teste était le 12 mars, occupée par un poste
d'infanterie et trois cents gardes nationaux d'élite. MM. de Mauléon
et de Mallet de Roquefort, qui commandaient ces derniers, leur firent
prendre la cocarde blanche; ils trouvèrent de la résistance dans les
habitans et les soldats de ligne; ils coururent de grands dangers: leur
fermeté seule les sauva. Ils arrivèrent à Bordeaux, amenant une grande
partie de leurs gardes nationaux et du détachement d'infanterie; le
reste alla, de son côté, rejoindre les troupes françaises qui étaient à
Blaye. Cependant M. de Saluces et ses compagnons ne purent, s'embarquer
à la Teste, comme ils l'avaient cru; le maire et quelques habitans
s'opposèrent à leur départ: il fallut revenir à Bordeaux. S. A. R.
chargea alors M. de La Rochejaquelein de se porter sur la Teste avec
deux cent cinquante Anglais, une partie des gardes nationaux de M.
de Mallet, et quelques volontaires. Les habitans furent d'abord
très-effrayés; mais comme ils connaissaient M. de La Rochejaquelein, et
qu'il était chargé par le prince de leur porter des paroles de bonté et
d'indulgence, tout se passa à l'amiable; les trois plus mutins furent
seulement mis en prison pour quelques jours. Mon mari en passa huit à
la Teste, s'occupant à faire reconnaître l'autorité du roi sur toute la
côte, à dissiper les préventions des habitans, et à réunir la poudre et
les canons des batteries pour les envoyer à Bordeaux.

Peu de jours après, lord Dalhousie partit pour attaquer
Saint-André-de-Cubzac et Blaye: il proposa à M. de La Rochejaquelein de
venir avec lui, à cause de la connaissance qu'il avait du pays, et de
l'espoir d'établir des relations avec l'intérieur, surtout avec la
Vendée; sa compagnie de volontaires voulait le suivre; lord Dalhousie la
refusa, et voulut qu'il vînt seul. On rencontra les troupes françaises à
Etauliers: elles étaient inférieures en nombre, et furent repoussées. M.
de La Rochejaquelein courut là de grands dangers, ayant chargé avec le
panache et l'uniforme bordelais, au milieu des troupes anglaises.


Mon mari profita du passage des rivières pour faire repartir M. de
Ménard, gentilhomme des environs de Luçon, qui était venu, à travers
mille périls, prendre les ordres du prince pour la Vendée. M. de Ménard
fut arrêté à Saintes, et sauvé par le général Rivaux, qui, au milieu
de toutes ces circonstances, fermait les yeux sur les démarches des
royalistes, et voulait empêcher d'inutiles rigueurs: il arriva dans la
Vendée; il courut sur-le-champ pour faire insurger ce pays; mais
les nouvelles de Paris ne lui en donnèrent pas le temps. M. de La
Rochejaquelein n'avait pu réussir, jusque-là, à faire parvenir l'ordre
de soulèvement.

Tout de suite après le combat d'Étauliers, M. de La Rochejaquelein
vit arriver M. Louis d'Isle. Celui-ci, depuis long-temps dans la
conspiration, était venu sur-le-champ près de Monseigneur le
duc d'Angoulême, et avait porté ses ordres à M. de Beaucorps, à
Saint-Jean-d'Angely, pour faire soulever la Vendée. Il était revenu en
traversant les troupes françaises pendant le combat, et avait couru
des risques inouis pendant toute sa mission. Il venait annoncer que le
soulèvement aurait lieu le lundi de Pâques. Presque en même temps,
M. Bascher arriva à Etauliers. Mon mari l'avait vu dans les gardes
d'honneur; il avait déserté de Troyes, et s'était caché chez un de
ses parens, près de Nantes, où il avait trouvé M. de Suzannet, qui
l'envoyait à M. de La Rochejaquelein. Il venait annoncer que tout était
prêt dans l'Ouest, que l'ardeur des paysans était de plus en plus
vive; que le tocsin sonnerait dans la semaine après Pâques, et que les
paroisses de notre ancienne armée désiraient M. de La Rochejaquelein
pour les commander. On demandait quinze mille fusils, et surtout de la
poudre dont on manquait absolument: il n'y avait besoin d'aucune troupe
pour débarquer ces objets puisque le pays devait se soulever auparavant.

Cette mission de M. Bascher lui avait fait courir beaucoup de risques:
il avait été poursuivi. Enfin, à travers le désordre des troupes
françaises, il était parvenu jusqu'à Étauliers. Mon mari l'envoya
sur-le-champ au prince, que M. d'Isle était allé retrouver.

Lord Dalhousie revint à Bordeaux pour préparer l'attaque de la citadelle
de Blaye; l'amiral Penrose la bombardait déjà du côté de la rivière dont
il avait forcé le passage. M. Deluc, maître de la ville, avait, dès le
13 mars, fait assurer S. A. R. de son dévouement, et avait fait de vains
efforts pour décider la garnison à se rendre.


Cependant on n'était pas sans inquiétude à Bordeaux: une forte division
française arrivait par Périgueux; les Anglais n'étaient pas nombreux. On
ignorait que le marquis de Buckingham, avec cinq mille hommes de milice
anglaise, avait demandé et obtenu de s'embarquer pour défendre Bordeaux,
dès qu'on avait su l'insurrection de cette ville; le vent contraire les
empêchait d'entrer dans la Gironde. On n'avait pas eu le temps de former
assez de corps français; mais les royalistes redoublaient d'ardeur:
l'amour pour le prince s'augmentait de la manière la plus vive. Il
sortait tous les jours pour visiter les postes militaires, accompagné
seulement de deux ou trois personnes, allant au pas dans les rues, et
au milieu d'une foule qui, de plus en plus charmée de sa bonté et de sa
confiance, ne cessait de crier: Vive le roi! vive Monseigneur le duc
d'Angouléme! On était électrisé par l'idée qu'il affrontait tous les
dangers pour le salut de la France, et chacun aurait donné sa vie pour
lui. Le comte Etienne de Damas donnait l'exemple du dévouement: chargé
de toutes les affaires de Monseigneur, il sera à jamais cher aux
Bordelais, par l'affabilité et le zèle infatigable avec lesquels il
y travaillait jour et nuit. On se rassurait aussi en pensant que
l'insurrection de l'Ouest allait enfin éclater. Lord Dalhousie, qui
montrait autant d'habileté que d'attachement au prince, avait consenti
à tout ce qui pouvait faciliter ce mouvement. Le jour était fixé au
13 avril, pour le départ de M. de La Rochejaquelein; sa compagnie de
volontaires voulait le suivre; on lui donnait la poudre et les armes
demandées, on expédiait un aviso à Jersey pour Monseigneur le duc de
Berry qui ne demandait qu'à se jeter dans la Vendée. Nous étions dans
toutes ces agitations si vives de crainte et d'espérance, le 10 avril
jour de Pâques, quand le courrier arriva à quatre heures. Apprenant
que Paris avait reconnu le roi, et que tout était fini, l'ivresse
fut générale et impossible à décrire; toute la ville se livra à
l'enthousiasme du bonheur. Monseigneur le duc d'Angoulême donna à M.
de La Rochejaquelein la récompense la plus flatteuse, en daignant le
charger de porter à Paris ses dépêches pour Monsieur, et d'aller prendre
les ordres du roi. Il arriva un instant avant Sa Majesté à Calais.
Quand le duc de Duras le nomma, le roi dit: «C'est à lui que je dois le
mouvement de ma bonne ville de Bordeaux,» et tendit la main à M. de La
Rochejaquelein qui se jeta à ses pieds.

Tiré des mémoires de la Marquise de La Rochejacquelin:

http://books.reseau.org/en/page15642-158.htm


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Petite chronologie des évènements, vu depuis la citadelle de Blaye:

11 mars 1814 Déclaration en état de siège de la Citadelle de Blaye, menacée par les Anglais.
12 mars 1814 Une compagnie de canonniers et 42 ouvriers-artilleurs arrivent d'urgence de Bordeaux à la Citadelle de Blaye pour en organiser la défense.
27 mars 1814 La flotte anglaise entre en Gironde en vue d'investir la Citadelle de Blaye.
30 mars 1814 Investissement de la ville et de la citadelle de Blaye par les troupes anglaises, qui venaient d'occuper Bordeaux.
1er avril 1814 Des péniches de la flotte anglaise capturent la flottille française à hauteur du bois du Bernu. Les Anglais, qui avaient débarqué pour poursuivre les marins français dans le marais, sont chargés par le commandant Merle qui, à la tête de trois cents soldats de la garnison de Blaye, les force à se rembarquer, après leur avoir tué ou blessé quarante hommes et fait un prisonnier.
3 avril 1814 En ce dimanche des Rameaux à 1 heure de l'après-midi, le « Belzébuth », frégate anglaise mouillée derrière l'île Sans-Pain, commence à bombarder la citadelle et la ville de Blaye. Sauve qui peut général des Blayais dans la campagne. Une bombe tombe dans la rue des Nollettes (actuellement rue Jaufré Rudel), une autre dans la rue des Maçons, une troisième défonce la voûte du réservoir de la Fontaine sur les Allées des Soupirs.
4 avril 1814 Le maire de Blaye, comte Deluc et le curé de Saint-Romain, l'abbé Descrambes s'embarquent à Bugeau sur un canot et vont à Pauillac supplier l'amiral anglais Penrose de ne plus bombarder la ville de Blaye. Ce dernier leur en donne la promesse. Ce même jour, une partie de la division anglo-portugaise, venant de Saint-André de Cubzac, occupe le bourg de Cars. Vers 4 heures du soir, un détachement, envoyé en reconnaissance du côté du Monteil est repoussé par une sortie de la garnison de Blaye.
6 avril 1814 A 8 heures du matin, le Conseil de défense de la Citadelle de Blaye, réuni sous la présidence du chef de bataillon Merle, commandant d'armes, décide que,, vu les désertions qui commencent à se manifester parmi les hommes envoyés aux avant-postes de Sainte-Luce, du Mouton et du faubourg de l'Hôpital, ces postes seraient relevés et qu'il n'en serait plus placé à l'extérieur de la Citadelle. Ce même jour, le lieutenant-général Dalhousie, commandant les troupes alliées, envoie au commandant Merle un parlementaire qui lui remet une lettre l'engageant à rendre la place pour éviter l'effusion de sang et les horreurs d'un bombardement. Il envoie, avec son parlementaire, un officier chargé des pouvoirs de S.A.R. Monseigneur le duc d'Angoulême, au nom de S.M. très chrétienne Louis XVIII. Les membres du Conseil de défense, à l'unanimité, rejettent les propositions de l'ennemi, et le commandant Merle répond au lieutenant-général Dalhousie que la Citadelle de Blaye lui ayant été confiée, par l'empereur Napoléon, les lois de l'honneur, lui font un devoir de ne pas entrer en pourparlers avant d'être attaqué.
7 avril 1814 Les Anglais ayant établi une batterie d'obusiers sur les hauteurs du Mouton, près de la route, de SaintAndré-de-Cubzac, bombardent la Citadelle de Blaye jusqu'à midi. Ce même jour, la bombarde anglaise " Le Beelzébuth ", revenant à son mouillage de l'île Sans-Pain, lance trente bombes sur la Citadelle. Plusieurs bâtiments français sont endommagés, par le feu de l'ennemi.
9 avril 1814 Sur ordre du Conseil de défense de la. Citadelle de Blaye, à 3 heures de l'après-midi, une sortie est faite par deux cents, hommes de la garnison, dirigés en trois colonnes, l'une vers Sainte-Luce, la deuxième vers le Monteil, la troisième à l'extrémité du faubourg de l'Hôpital pour se renseigner sur la position de l'ennemi. Au cours de cette sortie, les Français ont quatre blessés, dont un mortellement, mais les pertes des Anglais sont bien plus considérables.
12 avril 1814 Deux parlementaires anglais s'étant présentés à la Citadelle, porteurs de dépêches annonçant l'abdication de l'empereur Napoléon à Fontainebleau, une suspension d'armes est conclue entre les troupes alliées et celles de la garnison de Blaye. Le siège de la ville est terminé.
16 avril 1814 Le maire de Blaye, comte Deluc, adresse une proclamation aux habitants de Blaye leur demandant de se rallier au roi Louis XVIII.
21 avril 1814 La division anglaise quitte Blaye, regagnant Bordeaux.


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Très interessant ! je ne savai pas que les anglais étaient montés si haut au nord de Bordeaux ! :15:


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