L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 31 Mars 2006 15:13 
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Hinkelbein se distingua au siège de Dantzig, et l'Empereur, en lui donnant la croix à Bayonne, en 1808, lui dit : "Jeune homme, tu es un brave; mais afin qu'on le sache ailleurs que sur un champ de bataille, je te fais chevalier et t'autorise à en porter les marques."

Plus tard, en Espagne, il fut chargé de conduire une colonne de prisonniers. En faisant l'appel, il aperçut un sergent qui, un mois auparavant, commandait un détachement qui l'avait conduit lui-même prisonnier à Santander. Ce sous-officier l'avait alors fort maltraité. Hinkelbein s'approcha de lui et le trouva marchandant un morceau de pain. L'Espagnol n'avait pas assez d'argent pour l'acheter; il demandait par grâce qu'on voulût bien lui en vendre la moitié. "Me reconnais-tu ? lui dit Hinkelbein en s'approchant de lui. Te rappelles-tu les mauvais traitements que tu m'as fait essuyer ?... les coups que tu m'as donnés ? Aujourd'hui tu es malheureux, je ne me souviens plus de tes injures; tu as faim, tu es sans argent, prends ces douros et n'oublie jamais que c'est toujours de la sorte qu'un Français se venge."

Lorsque, en 1814, la patrie menacée fit appel à tous ses enfants, Hinkelbein reparut l'épée d'une main, une béquille de l'autre. Il fut nommé lieutenant au siège Laon, où il repoussa deux fois l'ennemi avec une poignée d'hommes. Il se battit encore sous les murs de Paris.

De tels exemples sont à méditer.


Tiré du livre Le patriotisme en France, par ED. Goepp et G. Ducoudray, 1880


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 Sujet du message : Lasalle, héros plus connu...
Message Publié : 31 Mars 2006 18:08 
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"un hussard qui n'est pas mort à trente ans, est un Jean-Foutre !" Il n'allait pas dépasser ce terme de plus de trois ans...

Lasalle, par Marbot:

<<Le général Lasalle, tué à Wagram, fut vivement regretté par l'Empereur ainsi que par l'armée. C'était l'officier de cavalerie légère qui entendait le mieux la guerre des avant-postes et possédait le coup d’œil le plus sûr. Il explorait en un instant toute une contrée, et se trompait rarement; aussi les rapports qu'il faisait sur la position de l'ennemi étaient-ils clairs et précis.

Lasalle était un bel homme, spirituel, mais qui, quoique instruit et bien élevé, avait adopté le genre de se poser en sacripant. On le voyait toujours buvant, jurant, chantant à tue-tête, brisant tout, et dominé par la passion du jeu. Il était excellent cavalier et d'une bravoure poussée jusqu'à la témérité.

Cependant, bien qu'il eût fait les premières guerres de la Révolution, il était peu connu avant la célèbre campagne de 1796 en Italie, alors que simple capitaine du 7e de hussards, il se fit remarquer du général en chef Bonaparte, à la bataille de Rivoli. On sait qu'elle eut lieu sur un plateau très élevé, bordé d'un côté par une partie rocailleuse très escarpée, au bas de laquelle coule l'Adige, que longe la route du Tyrol. Les Autrichiens, ayant été battus par l'infanterie française, s'éloignèrent du champ de bataille par toutes les issues. Une de leurs colonnes espérait s'échapper, en gagnant la vallée à travers les rochers; mais Lasalle la suit avec deux escadrons dans ce passage difficile. En vain on lui représente qu'il est impossible d'engager de la cavalerie sur un terrain aussi dangereux; il s'élance au galop dans la descente, ses hussards le suivent; l'ennemi, étonné, précipite sa retraite, Lasalle le joint et lui fait plusieurs milliers de prisonniers, sous les yeux du général Bonaparte et de l'armée qui, du haut des monts voisins, admiraient un tel courage. A compter de ce jour, Lasalle fut en très grande faveur auprès de Bonaparte, qui l'avança promptement et l'emmena avec lui en Égypte, où il le fit colonel. Dans un des nombreux engagements qui eurent lieu contre les mameluks, le cordon qui retenait le sabre de Lasalle à son poignet s'étant rompu, cet officier met bravement pied à terre, au plus fort de la mêlée, et, sans s'étonner du danger, il ramasse son arme, remonte lestement à cheval et s'élance de nouveau sur les ennemis ! Il faut avoir assisté à un combat de cavalerie pour apprécier ce qu'exige de courage, de sang froid et de dextérité l'exécution d'un tel acte, surtout en présence de cavaliers tels que les mameluks.

Lasalle était intimement lié avec une dame française de haut parage, et pendant son séjour en Égypte, leur correspondance fut saisie par les Anglais, puis injurieusement imprimée et publiée par leur gouvernement, dont l'acte fut généralement blâmé, même en Angleterre. Cet éclat entraîna le divorce de la dame, et Lasalle l'épousa à son retour en Europe. Devenu officier général, Lasalle fut mis par l'Empereur à la tête de l'avant-garde de la Grande Armée. Il se distingua dans la campagne d'Austerlitz et surtout dans celle de Prusse, où, avec deux régiments de hussards, il eut l'audace inouïe de se présenter devant la place forte de Stettin et de la sommer de se rendre... Le gouverneur, effrayé, s'empressa de lui apporter les clefs. Si ce dernier s'en fût servi pour fermer les portes de sa forteresse, toute la cavalerie de l'Europe n'aurait pu la prendre; mais il n'y songea pas. Quoi qu'il en soit, la reddition de Stettin fit le plus grand honneur à Lasalle et accrut infiniment l'affection que lui portait l'Empereur. Il le gâtait à un point vraiment incroyable, riant de toutes ses fredaines et ne lui laissant jamais payer ses dettes. Lasalle était sur le point d'épouser la dame divorcée dont j'ai parlé plus haut, et Napoléon lui avait fait donner deux cent mille francs sur sa cassette. Huit jours après, il le rencontre aux Tuileries et lui demande : « A quand la noce ? » « Elle aura lieu, Sire, quand j'aurai de quoi acheter la corbeille et les meubles. » «Comment ! Mais je t'ai donné deux cent mille francs la semaine dernière... Qu'en as-tu fait? » « J'en ai employé la moitié à payer mes dettes, et j'ai perdu le reste au jeu ». Un pareil aveu aurait brisé la carrière de tout autre général; il fit sourire l'Empereur, qui, se bornant à tirer assez fortement la moustache de Lasalle, ordonna au maréchal Duroc de lui donner encore deux cent mille francs.

A la fin de la bataille de Wagram, Lasalle, dont la division n'avait pas encore été engagée, vint solliciter de Masséna l'autorisation de poursuivre l'ennemi. Le maréchal y consentit, à condition que ce soit avec prudence. Mais à peine Lasalle a-t-il pris les devants, qu'il aperçoit une brigade d'infanterie ennemie qui, restée en arrière et serrée de près, se hâtait de gagner le bourg de Léopoldau, afin d'y obtenir une capitulation en règle, tandis qu'en plaine elle redoutait la furie du vainqueur. Lasalle devine le projet du général autrichien, et craignant qu'il n'échappe à sa cavalerie, il parle à ses hommes, leur montre le soleil prêt à se coucher : « La bataille va finir, s'écrie-t-il, et nous sommes les seuls qui n'ayons pas contribué à la victoire. Allons, suivez-moi !» Il s'élance, le sabre à la main, suivi de nombreux escadrons, et pour empêcher les bataillons ennemis d'entrer dans le bourg, le général se dirige dans l'espace très resserré qui existait encore entre Léopoldau et la tête de colonne des ennemis. Ceux-ci, se voyant coupés de l'asile qu'ils espéraient gagner, s'arrêtent et commencent un feu roulant dès plus vifs. Une balle atteint Lasalle à la tête, et il tombe raide mort. Sa division perdit une centaine de cavaliers et eut beaucoup de blessés. Les bataillons autrichiens s'ouvrirent un passage et occupèrent le bourg; mais à l'approche de nos divisions d'infanterie, ils mirent bas les armes, et les chefs déclarèrent que telle avait été leur intention, en cherchant un refuge dans Léopoldau. La charge exécutée par Lasalle était donc inutile, et il paya bien cher l'insertion de son nom au bulletin.

Sa mort laissa un grand vide dans la cavalerie légère, dont il avait perfectionné l'éducation militaire. Mais, sous un autre rapport, il lui avait beaucoup nui, car les masses imitant les travers et les ridicules des chefs qu'elles aiment, parce qu'ils les conduisent à la victoire, les exemples donnés par le général Lasalle furent pernicieux pour la cavalerie légère, où la tradition s'en est longtemps perpétuée. On ne se serait pas cru chasseur, et surtout hussard, si, prenant le célèbre Lasalle pour modèle, on n'eût été, comme lui, sans gêne, jureur, tapageur et buveur. Bien des officiers copièrent les défauts de ce général d'avant-garde, mais aucun d'eux n'acquit les grandes qualités qui les lui faisaient pardonner.>>

Sources : Mémoires du Général Marbot ed. Librairie Hachette 1966.


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Message Publié : 03 Avr 2006 9:44 
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L'art d'être tantôt très audacieux et tantôt très prudent est l'art de réussir. N.


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Message Publié : 03 Avr 2006 21:12 
L'épopée regorge de telles figures emblématiques.
Mais j'apprécie particulièrement les deux exemples que vous avez sélectionnés en ce sens qu'ils illustrent parfaitement deux aspects caractéristiques des hommes qui ont forgé la légende : l'humanité pour l'un, la bravoure pour l'autre.
Merci pour ces évocations pittoresques ! :2:


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Message Publié : 04 Avr 2006 9:16 
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AUBERT (Pierre-Nicolas-Joseph),

Grenadier à la 8e demi-brigade d'infanterie de ligne, né à (?) département de l'Eure.

Le 26 avril 1800, les grenadiers du 2e bataillon de la 8e demi-brigade furent placés à l'entrée du village de Grissen. Une partie des troupes autrichiennes occupant une position en face de ce village, fit sur eux une décharge de mousqueterie des plus vives. Ils ripostèrent ; mais comme ils avaient ordre de ne faire aucun mouvement, l'ennemi en prit occasion de venir les insulter. Un soldat du corps des manteaux-rouges s'étant avancé fort près de nos grenadiers pour les narguer, le brave Aubert voulut mettre fin à d'aussi insolentes provocations, en le défiant à un combat singulier. Le défi fut accepté ; les deux adversaires se placèrent sur la grande route, à environ cent pas l'un de l'autre, et se battirent à coups de fusil, en pré­sence des deux camps. Trois décharges successives n'amenèrent aucun résultat; mais à la quatrième, Aubert renversa son ennemi sur la place. Après chaque coup, le grenadier s'avançait vers le manteau-rouge, et il n'en était pas distant de quarante pas, lorsqu'il lui fit mordre la poussière. Les grenadiers, électrisés par cette action, sollicitèrent et obtinrent la permission d'aller attaquer les ennemis, et de se battre contre eux corps à corps.

D'après la recommandation du général Sainte-Suzanne, le gouvernement décerna un fusil d'honneur au grenadier Aubert.

Sources : "Dictionnaire des braves de Napoléon" , aux éditions " Le Livre Chez Vous "


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-Thinlot François, Sergent : Fusil d’honneur le 18 Avril 1802


Dernière édition par jiem le 04 Avr 2006 9:20, édité 3 fois.

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Message Publié : 04 Avr 2006 9:16 
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AUTIÉ (Jean-François-Etienne),

Colonel du 8e régiment d'infanterie de ligne, officier de la Légion d'honneur, né à Villeneuve, département de l'Hérault.

Autié donna dans plusieurs circonstances importantes des preuves d'une rare intrépidité. Le 14 juillet 1795, étant employé à l'armée des Pyrénées, en qualité de capitaine-adjoint, il fut chargé de porter à un général l'ordre d'enlever les retranchements de Saint-Clément, près de Rozes ; il lui fut recommandé de ne revenir qu'après que la position serait emportée. Le général, ne se croyant pas assez fort, refuse de tenter cette attaque. Autié reconnaît parmi les officiers un capitaine de grenadiers dont la bravoure a été éprouvée dans vingt combats. Cet officier est le vaillant Breda : aussitôt s'adressant à lui, il lui persuade de tenter l'entreprise avec sa compagnie. Breda accepte ; alors ils marchent ensemble à la tête des grenadiers, franchissent les palissades, et en un clin d'œil, les Français, animés par l'exemple des deux officiers, sont maîtres de la redoute. Le 26 janvier 1797, étant aide-de-camp du général Ménard, Autié et le chef de bataillon Moranger franchirent les premiers le pont de Carpenedolo, défendu par deux pièces de canon soutenues par trois mille Autrichiens, et culbutèrent l'ennemi, qui eut deux mille hommes tués et perdit neuf cents prisonniers, dont un major et douze officiers. Il servit en Suisse, contribua en janvier 1798 à l'évacuation du pays de Vaud par les troupes bernoises, devint colonel du 8e régiment de ligne, et fut envoyé en Espagne en 1808. Après s'être distingué au siège de Cadix, il combattit à Barrosa, où il fut tué en se précipitant au milieu des bataillons anglais; les Français eurent à regretter dans cette journée le général de brigade Chaudron-Rousseau, officier plein de bravoure, et le général de division Ruffin, qui fut fait prisonnier, après avoir reçu une blessure mortelle. Ruffin, né à Yvetot, département de la Seine-Maritime, était un officier général des plus distingués. Il avait été aide-de-camp de Jourdan, adjudant-général chef d'état-major du général Ney, pendant la campagne de 1800 en Italie, où il s'était fait remarquer par plusieurs faits d'armes. La petite ville de Bourbonne-les-Bains, département de la Haute-Marne, s'honore d'avoir donné naissance au général Chaudron-Rousseau.

Sources : "Dictionnaire des braves de Napoléon" , aux éditions " Le Livre Chez Vous "


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Message Publié : 04 Avr 2006 9:16 
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PAINVIN,

Sous-lieutenant au 8e régiment d'infanterie de ligne.

Le 25 janvier 1807, le 8e régiment d'infanterie de ligne ayant reçu l'ordre de se porter sur la route de Kœnigsberg avec quatre compagnies du 16e régiment d'infanterie légère, un escadron de dragons, et deux pièces de campagne, fut attaqué par une colonne de deux mille Russes, soutenue d'une nombreuse artillerie. Cette petite troupe résistait depuis plusieurs heures aux chocs réitérés de l'ennemi, lorsqu'une décharge de mitraille mit hors de combat le sergent de remplacement ainsi que les deux premières files de la compagnie dont faisait partie lebrave Painvin, alors caporal. "Nous vous vengerons," s'écrie aussitôt cet intrépide militaire, qui venait d'avoir les deux cornes de son chapeau emportées, et ses vêtements criblés de coups de feu. En même temps il recharge son arme, et tue un des canonniers ennemis.

Sources : "Dictionnaire des braves de Napoléon" , aux éditions " Le Livre Chez Vous "


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Message Publié : 04 Avr 2006 9:34 
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C'était des braves, ceux du 8ème ! :2:


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Message Publié : 04 Avr 2006 22:53 
Merci à Jiem d'avoir complété fort opportunément cette galerie de portraits. :2:
Chacune de ces individualités a un point en commun : une incontestable bravoure.
Nous ne pouvons qu'être fiers d'aussi illustres exemples et par leur esprit de corps et leur solidarité, les reconstitueurs de la 8ème cherchent à s'en montrer dignes. :4:


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