L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 20 Avr 2024 3:47

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 23 Jan 2006 12:43 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15631
Ils furent au nombre de 61... Beaucoup plus que je ne le pensais !

Ce chiffre est donné par Stéphane Calvet, professeur d'histoire, qui rédige actuellement une thèse sur les Officiers de la Grande Armée en Charente.

A Cognac, j'assiste donc à sa conférence, organisée par le GREH (Groupe de Recherches et d'Etudes Historiques de la Charente Saintongeaise.

Le total des officiers pour la Charente fut de 600 environ.

Ceux du Cognaçais ne constitue que 10% des effectifs environ, principalement dans l'infanterie (92%).

On compte deux généraux, dont le général Jean Etienne de Saint-Martin, enterré à Cognac au cimetière du Breuil (1762-1828). Général de brigade et baron d'Empire. C'est un des officiers nommés sous Louis XVI. Il sert d'abord au régiment d'Aunis qui deviendra par la suite, le 31ème régiment d'infanterie. Saint-Martin fait plusieurs campagnes Outre-Mer. Chef de bataillon en 1796, il se distingue au siège de Saint-Marc, pendant la campagne de Saint-Domingue. Après huit ans passé dans les colonies, il participe aux campagnes de la Grande Armée. Colonel du 1er régiment de ligne, il s'illustre à la bataille de Sacile (26 avril 1809), en Italie où il est blessé. Puis à plusieurs combats en Espagne. Nommé général de brigade en 1812. Pendant les Cent jours, il est chargé de la défense de Valenciennes. Après l'abdication de l'Empereur, il refuse de rendre la place aux Anglais et déclare ne vouloir rendre Valenciennes qu'au roi de France. Cette conduite loyale lui vaut d'être présenté à Louis XVIII.

La plupart sortirent du bataillon de réquisition formé en 1792, ainsi appelé parce qu'il ne comportait pas que des volontaires. Ce bataillon formera l'ossature du 12ème régiment d'infanterie.

Plus de 30 d'entre-eux furent blessés, mais trois seulement sont notés comme ayant été tués par le feu. Trois autres décéderont des suites de leurs blessures.

On connait le célèbre capitaine Jobit, de Chateauneuf (et dont je parle dans mon livre consacré à l'Expédition d'Irlande).

Mention spéciale à propos du chef d'escadron Dupuy qui a laissé un témoignage remarquable sur la bataille de Waterloo et qui sera exploité notamment par Bernard Coppens. Protégé du général Jacquinot, il revient à la vie civile sans être inquiété comme négociant. Faisant partie des notables de Cognac, il sera d'abord désigné comme conseiller d'arrondisement, avant d'être nommé Sous-préfet de Cognac sous la monarchie de Juillet. Considéré comme très bon élément, il est apprécié pour ses manières douces et affables, un peu trop porté au compromis, mais il est jugé assez ferme pour faire face à des troubles éventuels... Il semble avoir mieux réussi comme Sous-préfet que comme négociant. Dupuy consacre son temps à l'élevage des cheveaux et on lui prête le projet d'avoir voulu améliorer la race chevaline !

On peut citer encore les deux fils de Samuel Turner, négociant aisé à Cognac. Tous les deux sortent de l'école de Fontainebleau (qui deviendra Saint-Cyr). Placés en demi-sode dès 1814, ils ne paraissent pas avoir repris du service.

Il en est bien d'autres qui m'étaient -pour la plupart- inconnus. Je cite de mémoire, Jean Bellet, Pellegrin, le colonel Nivet, etc. Des noms de vieilles familles cognaçaises: Pelluchon, Reverchon, etc.

Un lieutenant Viaud qui servira dans un régiment d'infanterie de marine.

M. Calvet nomme également Paul Aimé Lecoq de Boisbaudran qui assiste à la bataille de Waterloo sans y participer avec le grade de lieutenant (1795-1885). Sans doute la raison pour laquelle il refusera plus tard la médaille de Sainte-Hélène. Marié à Alexandrine Joubert, il est le père du célèbre chimiste Paul Emile Lecoq de Boisbaudran, également né à Cognac et qui découvrit le gallium.

Une anecdote à propos de Hardouin, chef de bataillon, fils naturel d'un négociant de Jarnac et d'une mûlatresse de Saint-Domingue. Il joue un rôle important lors de la bataille de Castlebar, comme je le note encore dans mon ouvrage. L'orateur ne l'évoque pas mais en parle avec moi avant le début de son exposé:Hardouin aurait été désigné comme adjudant de place à Angoulême en 1808. A ce titre, il était chargé du maintien de l'ordre. Or voici que les Polonais, en route pour l'Espagne, se conduisent en garnement et plus ivres que vifs, sèment le désordre dans la ville habituée à plus de calme...

Personne n'en vient à bout et les plaintes des notables assaillent le commandant de place. Résolu à remettre les Polonais dans le droit chemin, Hardouin se décide à faire appel aux prisonniers prussiens (je suis d'ailleurs surpris qu'il y en ait encore en 1808...). Il harangue les volontaires et leur remet des bâtons en leur promettant une prime.

Et voilà que les vétérans prussiens par groupe de 10 parcourent la place sous la surveillance d'officiers français et rossent d'importance les récalcitrants qui refusent d'obtempérer.

Au bout de deux jours, nos Polonais étaient calmés ! Ils vont prendre sagement la route de l'Espagne où ils se couvriront de gloire, à Sommo-Sierra...

Beaucoup de ces officiers furent placés en demi-solde à la Restauration. Ils furent l'objet d'enquêtes continuelles car on craignait leur éventuel bonapartisme, mais aucun ne semblen avoir donné dans l'agitation politique. Trois d'entre-eux seulement sont réputés avoir appartenu à la Franc-maçonnerie.

Plusieurs seront élus comme conseiller d'arrondissement ou comme conseiller général. Aucun des survivants en 1848 ne paraît s'être distingué dans les rangs bonapartistes.

Hormis les officiers en retraite, ils renonceront très vite à faire valoir leur qualité d'ancien officier dans les actes civils. Mais ces mentions sont notées jusqu'en 1821 environ...

En tout cas, cette étude qui sera reprise globalement pour les officiers Charentais de la Grande Armée, mérite certainement d'être publiée.


Dernière édition par Bruno Roy-Henry le 07 Avr 2006 16:16, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
 Sujet du message :
Message Publié : 23 Jan 2006 20:21 
Ceci tend à prouver que le Cognaçais ne produit pas que le divin breuvage.
Ce qui est issu de cette terre de prédilection est généralement d'excellente qualité. :4:


Haut
  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 40 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB