La réponse de Miss Anne Paulerville est parue :
"Réponse auctoriale par Anne Paulerville Le 10 janvier à 10:53 D’abord, je tiens à remercier le commentateur du 1er décembre pour la modération et la justesse de son intervention.
Et si je puis me permettre de répondre à celui du 30 novembre, je voudrais dissiper un malentendu, et éclaircir quelques erreurs qui ne laissent pas de chagriner un peu.
1°) Le supposé « manque de respect », d’abord : Faire rire avec l’histoire, ce n’est pas lui manquer de respect, bien au contraire : c’est l’aimer assez pour la faire découvrir à ceux qui ne se tourneraient pas vers elle sans cela. Et c’est la servir plus, peut-être, que de la cantonner dans des marmonnements poussiéreux qui ne prêchent que les convaincus et rebutent les autres, pour être sûr de bien rester entre soi, scribes ésotériques et obscurs. Ce n’est pas non plus manquer de respect à Napoléon et Joséphine que de parler de la somptueuse traîne impériale comme d’un tablier de cuisine : l’énormité de la comparaison en fait une antiphrase et la garantit contre toute assimilation réaliste. Qui pourrait songer un instant confondre les deux ? En outre, choisir d’illustrer le billet par l’éblouissant tableau de David affirme une splendeur qui n’a pas besoin d’une flagorneuse paraphrase pour s’imposer avec évidence. Il peut y avoir de l’affection dans une irrévérence un peu moqueuse, et nul mépris ! Enfin, regretter que, dans un billet de quelques lignes sur le XIX, on ne parle pas des errances du XXième laisse pantois.
2°) L’ « inculture » ensuite. Humour et culture ne sont pas incompatibles. Les spécialistes n’ont pas le monopole de la culture, heureusement pour elle ! L’Histoire n’est pas une chasse gardée et un territoire à marquer. Ce n’est pas parce qu’on mêle à dessein les registres de langue pour la réveiller et lui insuffler une énergie nouvelle qu’on manque de culture. D’où, dans ce billet, peut-on déduire une supposée inculture ? En revanche, affirmer, comme vous le faites, que Louis-Napoléon Bonaparte ne songeait pas à imiter son oncle en choisissant le 2 décembre pour transformer la 2de République en 2d Empire ne manque pas de drôlerie ! Quelle étrange coïncidence que cette nouvelle inédite ! Mais bien sûr : s’il a voulu devenir empereur et organisé son coup d’état le 2 décembre 1851, c’était uniquement en fonction de la météo et parce qu’il n’avait rien d’autre inscrit dans son agenda ce jour-là ! Il n’avait aucun idée de ce qui s’était passé le même jour en 1804, pas plus que de la fulgurante victoire d’Austerlitz en 1805, restée dans l’Histoire comme le Soleil d’Austerlitz. Le hasard fait vraiment bien les choses ! : ))
Est-ce aussi être inculte que pouvoir citer de mémoire (sans pouvoir le prouver par écrit, vous l’excuserez) les dix régimes politiques évoqués (même si l’on peut ergoter sur le terme de « régime ») avec leurs dates : Jusqu’en 1792 : Fin de l’Ancien Régime et de plus d’un millénaire de monarchie plus ou moins agitée ou absolue selon les temps et les gens 1792 : Proclamation de la Première République. 1795 : Directoire jusqu’au coup d’état du 18 brumaire an VIII, soit le 9 novembre 1799, qui établit le Consulat, antichambre du Premier Empire, instauré le 2 décembre 1804 avec le sacre de Napoléon, jusqu’à la morne plaine de Waterloo qui ramena Bonaparte dans une île et la monarchie dans la France, sans oublier la parenthèse des Cent Jours. 1815 : Restauration de la royauté avec le ventripotent Louis XVIII suivi de l’atrabilaire Charles X, jusqu’en … 1830 : Insurrection des Trois Glorieuses qui assouplit la royauté en une Monarchie de Juillet Louis-Philippique modérément débonnaire. 1848 : le printemps des peuples souffles sur les nations d’Europe et instaure en France la brève Seconde République jusqu’en … 1852, puisque le 2 décembre 1851, (le revoilà) le coup d’état de Napoléon III fonde le Second Empire, jusqu’à la défaite de Sedan en 1870 où le désastre est tel que la Commune est proclamée à Paris, avant d’être violemment réprimée pour instaurer la Troisième République qui, elle, eut besoin de la défaite de 1940 pour succomber.
Enfin, j’appellerai votre attention sur un détail supplémentaire qui vous aura sans doute échappé : l’expression « son auguste césar de tonton » était une allusion masquée aux deux premiers noms de la liste des empereurs romains que tout latiniste qui se respecte connaît par cœur : César, Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin, Lucius, Marc Aurèle, etc…
D’autres questions ?
Respectueusement."
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
|