Drouet Cyril a écrit :
6 mai :
Réception d’une députation du gouvernement provisoire et d’un aide de camp de Pelage. Accueil glacial de Richepance. Les députés s’offrent en otages.
Les instructions de Richepance portaient de mettre fin aussi vite que possible à l'autorité de l'administration provisoire.
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L’escadre entre dans le port de Point-à-Pitre. Il est ordonné à Pelage de faire disperser la garde d’honneur qu’il avait réuni pour l’occasion.
Richepance, sur le point de débarquer, préfère s’en retourner à bord de la Pensée et attendre la descente de l’ensemble des troupes.
C'était clairement dire qu'on ne faisait pas beaucoup de cas du "proconsulat" de Pelage
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Les postes occupés par les Noirs sont relevés et leurs défenseurs désarmés. Ordre est donné d’en faire de même avec les garnisons des principaux forts. A celui de la Victoire, considérant l’évacuation comme déshonorante, Ignace refuse d’obéir. Face à l’avancée des troupes du capitaine Rougier, la garnison s’enfuit.
Ceci allait de pair avec le comportement à adopter envers les anciennes autorités provisoires. Les mêmes instructions avaient été données à Leclerc par Bonaparte (mais seulement pour les généraux).
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Grande revue du restant des troupes coloniales dans la plaine de Stiwenson. Les Noirs sont désarmés et embarqués sans ménagement sur les navires de l’escadre. Une petite partie préfère se répandre dans la campagne.Les députés otages sont libérés. Pelage est placé sous surveillance.
Pour le moins, un manque de diplomatie évident.
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7 mai :
Proclamation de Richepance où ce dernier annonce son intention de maintenir l’ordre et de châtier toute forme de résistance.Richepance décide d’embarquer pour Basse-Terre, mais les vents ne sont pas favorables.Arrivée à Basse-Terre d’un soldat noir fuyant la Pointe-à-Pitre. Ce dernier annonce l’arrivée de Lacrosse et le commencement des pires représailles.L’officier noir Noël-Corbet rejoint Basse-Terre. La vérité est rétablie. Le désarmement et l’embarquement forcée des troupes jettent l’effroi.Annonce à Basse-Terre de la proclamation de Richepance, comprise comme l’avant-goût du retour au pouvoir de Lacrosse.
Basse-Terre est mise en état de défense.
C'est là que tout se joue. A la base, il y a l'exagération d'un fuyard, involontaire ou dans l'intention de nuire. L'histoire a-t-elle retenu le nom de ce soldat ? N'aurait-il pas été un agent anglais ? Ce n'est qu'une supposition. Mais il annonce deux fausses nouvelles: l'arrivée de Lacrosse, honni par toute la colonie et le commencement des massacres, ce qui est totalement faux.
Même si l'officier Noël-Corbet rétablit la vérité, les premières mesures prises par Richepance sont bien de nature à accentuer la fermentation des esprits. Sa déclaration -toute martiale- ne pouvait séduire les noirs...
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8 mai :
Comme les vents sont toujours mauvais, on opte pour le transbordement des troupes des frégates sur les navires mouillés au Gosier.Arrivée d’Ignace à Basse-Terre.
Où il rencontre Delgrès et se concerte avec lui.
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9 mai :
Le transbordement est achevé, l’escadre peut faire voile sur Basse-Terre.
Harangue de Delgrès : « Mes amis, on en veut à notre liberté ; sachons la défendre en gens de cœur, et préférons la mort à l’esclavage ! »
C'est une déclaration de guerre. Delgrès n'a pas la moindre preuve que Richepance a pour mission de rétablir l'esclavage. Sur de simples soupçons, il prend la responsabilité d'une révolte contre l'autorité légitime. C'est bien une entreprise de sédition. A cette date, des noirs ont-ils été passés par les armes ? Pendus ? C'est là un point crucial.
Dans quelle mesure s'est-il concerté avec Pelage ? Avait-il un plan ? Pensait-il pouvoir venir à bout de 4 000 Français, commandés par un des généraux les plus habiles ?
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10 mai :
Proclamation de Delgrès.
C'est une belle proclamation, dans le style de l'époque. Mais c'est un acte de sédition, à n'en pas douter. Delgrès y affirme la collusion de Richepance et de Lacrosse. Or, il n'en est rien. A moins de me tromper, à cette date, Lacrosse est encore réfugié à la Dominique.
Dans ces conditions, Delgrès ne pouvait s'attendre à être traité par Richepance autrement que le furent les Vendéens.
Blancs ou Noirs, pour les "Bleus", c'était la même chose: des brigands qu'il fallait réduire par tous les moyens...
Ajoutons que le 20 mai, à Paris, l'esclavage n'est pas rétabli en Guadeloupe, ni même à Haïti (pas plus qu'en Guyane). Il est seulement maintenu là où il n'a pas été aboli...